Menace de grève à Europe 1, de nouveau en pleine tourmente

Photo prise dans un studio d'enregistrement de la radio française Europe 1. (Photo, AFP)
Photo prise dans un studio d'enregistrement de la radio française Europe 1. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 17 juin 2021

Menace de grève à Europe 1, de nouveau en pleine tourmente

  • A l'issue d'une assemblée générale, les salariés ont menacé de se mettre en grève si la direction ne revient pas sur une procédure de sanction visant un journaliste
  • Mis à pied jeudi, ce journaliste est « convoqué pour un entretien préalable » pouvant « aller jusqu'au licenciement », a expliqué à l'AFP Olivier Samain, délégué syndical SNJ

PARIS : Menace de grève, inquiétudes quant aux rapprochements envisagés avec CNews... La tension est montée d'un cran jeudi chez Europe 1, les journalistes redoutant depuis des mois une prise de contrôle de la station du groupe Lagardère par son actionnaire principal, le milliardaire Vincent Bolloré.

A l'issue d'une assemblée générale, les salariés ont menacé de se mettre en grève si la direction ne revient pas sur une procédure de sanction visant un journaliste. 

Mis à pied jeudi, ce journaliste est « convoqué pour un entretien préalable » pouvant « aller jusqu'au licenciement », a expliqué à l'AFP Olivier Samain, délégué syndical SNJ.

A l'origine de cette sanction: les propos « véhéments » mais pas « insultants » tenus par le journaliste à l'encontre d'une employée des ressources humaines lors d'une assemblée générale mercredi. Il l'a surpris « en train d'enregistrer les propos », la soupçonnant de vouloir les transmettre à la direction, a rapporté Olivier Samain. 

Malgré la mobilisation de l'intersyndicale SNJ, CGT, CFTC et FO, la procédure disciplinaire a été maintenue. La direction invoque ses comportements antérieurs, selon un participant de l'assemblée générale. 

Celle-ci a posé un ultimatum à la direction, jusqu'à vendredi 13H, a indiqué Olivier Samain. Et « menace de déclencher un arrêt de travail », a ajouté l'autre source.

Sollicitée par l'AFP, la direction n'a pas souhaité commenter.

Cette crise éclate dans un climat tendu, au sein d'une rédaction déjà « déprimée ». Par le plan de départs volontaires engagé au printemps pour supprimer une quarantaine de postes et redresser les comptes de la radio, dont les audiences peinent à remonter. 

Mais aussi par les synergies que la direction veut développer avec CNews, chaîne d'info du groupe Canal+, filiale de Vivendi, contrôlé par Vincent Bolloré, comme elle l'a annoncé aux salariés en mai.

« Très forte droitisation »

Dans une tribune publiée jeudi sur le site du Monde, la société des rédacteurs d'Europe 1 et l'intersyndicale ont exprimé leurs inquiétudes, refusant « de devenir un média d'opinion » à « l'aube d'une année électorale ».

« En liant son sort à une chaîne qui s'illustre à longueur de journée par un activisme politique fortement ancré à droite, voire parfois à l'extrême droite, Europe 1 va perdre ce qui lui reste de plus précieux: son capital de crédibilité auprès des auditeurs », estiment-ils.

Ils annoncent ainsi saisir « le comité d'éthique de la station », demandant à « Arnaud Lagardère et à la direction de l'information de clarifier leurs positions » pour permettre aux journalistes en désaccord avec la ligne éditoriale de quitter Europe 1 « via une clause de conscience ».

Pour Olivier Samain, la « mainmise » de Vincent Bolloré, nouvel homme fort de Lagardère, sur la station qu'il voulait acheter, « se manifeste par le fait qu'on commence à voir des noms (de journalistes) circuler qui seraient choisis » au « siège de Canal » et « pas directement à Europe 1 ». 

Pour l'énième refonte de sa grille, la radio, qui va notamment se séparer de Pascale Clark et d'Anne Roumanoff et voir partir Julian Bugier, a également signifié à Matthieu Belliard qu'il ne présenterait plus la matinale à la rentrée, assure un journaliste d'Europe 1 à l'AFP. 

D'après Le Parisien, c'est Dimitri Pavlenko, journaliste de Radio classique et intervenant de « Face à l'info » aux côtés d'Eric Zemmour sur CNews, qui tient la corde pour le remplacer sur cette tranche occupée avant lui par Patrick Cohen et Nikos Aliagas. 

Il y avait déjà « une dérive sur le fond, avec la très forte droitisation de la ligne éditoriale qui se profile », amorcée par le recrutement à la rentrée 2020 d'un cadre de Valeurs Actuelles, Louis de Raguenel, comme adjoint au service politique, et illustrée par "la liberté totale" de Sonia Mabrouk, figure de CNews, pour son interview politique sur la station, estime un journaliste d'Europe 1. 

S'y ajoute désormais, avec la mise à pied de son confrère, « une dérive sur la forme » avec « un management par la terreur ».

« Cela ressemble aux méthodes qu'on a vues à l'œuvre dernièrement au service des sports de Canal+ », où une vingtaine de personnes ont été poussées vers la sortie, abonde Olivier Samain. 

 


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.