Régionales: abstention record en vue

Le Premier ministre français Jean Castex prononce un discours pour soutenir le candidat du parti libéral au pouvoir La République en marche à la présidence de la région Auvergne-Rhône-Alpes Bruno Bonnell lors d'une réunion politique avant les élections régionales qui se tiendront les 20 et 27 juin, à Lyon, le 17 juin 2021. JEFF PACHOUD / AFP
Le Premier ministre français Jean Castex prononce un discours pour soutenir le candidat du parti libéral au pouvoir La République en marche à la présidence de la région Auvergne-Rhône-Alpes Bruno Bonnell lors d'une réunion politique avant les élections régionales qui se tiendront les 20 et 27 juin, à Lyon, le 17 juin 2021. JEFF PACHOUD / AFP
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Publié le Vendredi 18 juin 2021

Régionales: abstention record en vue

  • «On continue de s'inscrire dans une démocratie qui devient dans plus en plus une démocratie de l'abstention»
  • La pandémie, en empêchant par exemple les grands meetings et les porte-à-porte jusqu'au 9 juin, n'a pas facilité le travail de mobilisation électorale

S'il est un résultat qui semble déjà acquis pour le 1er tour dimanche des élections régionales et départementales, c'est le faible niveau de participation qui fera une nouvelle fois des 20 millions d'absentionnistes annoncés le premier parti de France.

Il est en revanche un peu plus délicat de prévoir les forces politiques qui pourraient en tirer profit électoralement. 

Les anticipations des sondeurs convergent en tout cas sur la tendance: 54% des électeurs inscrits ont l'intention de s'abstenir au premier tour des régionales le 20 juin, selon un sondage Ifop pour le JDD réalisé les 8 et 9 juin.

Une enquête Elabe pour BFMTV publiée jeudi et menée les 15 et 16 juin, est encore plus pessimiste puisqu'elle prévoit une participation entre 36% et 41%, soit une abstention entre 59% et 64%.

Cela constituerait un niveau record pour un premier tour des élections régionales, bien au-dessus des 50,09% du scrutin de 2015 et surtout du précédent pic de 2010 (53,67%).

Ce nouveau désaveu électoral confirmerait une tendance lourde des dernières décennies que le quinquennat Macron n'aura pas réussi à inverser, avec plus de la moitié des électeurs boudant les urnes depuis son élection à chaque suffrage, des législatives de 2017 aux municipales de 2020, à l'exception notable du sursaut inattendu des européennes de 2019 (50,12% de participation).

Démocratie de l'abstention

"On continue de s'inscrire dans une démocratie qui devient dans plus en plus une démocratie de l'abstention", résume une spécialiste du sujet, la politiste Céline Braconnier.

"On s'attend plutôt à une accentuation de l'abstention parce que vont se cumuler aux facteurs structurels (socio-économiques) des facteurs liés à la crise sanitaire et aussi aux questionnements des citoyens de plus en plus importants à l'égard de la politique, des institutions, des professionnels de la politique", explique sur France Culture la professeure de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye.

Parmi les raisons expliquant l'abstention, selon un sondage Viavoice pour Libération, les Français placent en tête le fait que "les candidats et leurs projets ne répondent pas aux attentes des Français" (44%), devant "la lassitude des Français face aux débats politiques" (42%), le fait que "les élus et dirigeants politiques ne comprennent pas les préoccupations des Français" (41%), et "la volonté de manifester un mécontentement à l'égard des politiques" (37%).

"Atonie de la campagne, illisibilité des règles du jeu et de l’offre politiques, nationalisation des enjeux: les citoyens peinent à s'approprier ce double scrutin", déplore pour sa part Rémi Lefebvre, professeur de science politique à l'université de Lille dans une tribune publiée par Libération.

Il est vrai que la pandémie, en empêchant par exemple les grands meetings et les porte-à-porte jusqu'au 9 juin, n'a pas facilité le travail de mobilisation électorale.

«Electorat RN chauffé à blanc»

Mais certains partis pourraient néanmoins tirer leur épingle du jeu, grâce à ce que les spécialistes des élections appellent la mobilisation différentielle, que le sondeur Frédéric Dabi (Ifop) résume ainsi: "avec une abstention si forte, ce qui serait intéressant de voir ce sont les logiques de mobilisation entre des camps qui vont voter massivement et d'autres qui vont sûrement s'abstenir plus fortement que la moyenne".

"L'abstention profite aux électorats les plus mobilisés, c’est-à-dire habituellement aux extrêmes", met en garde le président du Modem François Bayrou.

Pierre Lefébure, politiste de l'Université Sorbonne-Paris Nord, penche aussi pour cette hypothèse. "Plus l'abstention monte et plus, en pourcentage des votes exprimés, les offres extrêmes sur le spectre politique ont à y gagner", "surtout le RN avec un électorat très motivé et chauffé à blanc par un matériel électoral qui met partout en avant la photo de Marine Le Pen à un an de la présidentielle", explique-t-il à l'AFP.

Et pas certain, selon lui, que l'on assiste au second tour à un regain de mobilisation (plus de 8 points au plan national) comme celui qui avait permis en 2015 de faire barrage au Front national dans plusieurs régions. 

"Pour cela il faudrait une grande clarté politique pour que ce soit très lisible pour les électeurs intermittents, et là, avec les tergiversations sur le front républicain, ça n'en prend pas le chemin", avertit-il.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.