Présidentielle en Iran: l’ultraconservateur Raïssi vainqueur

Le religieux ultraconservateur iranien et candidat à la présidentielle Ebrahim Raisi vote lors de l'élection présidentielle, dans la capitale Téhéran, le 18 juin 2021. (Atta Kenare/AFP)
Le religieux ultraconservateur iranien et candidat à la présidentielle Ebrahim Raisi vote lors de l'élection présidentielle, dans la capitale Téhéran, le 18 juin 2021. (Atta Kenare/AFP)
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Publié le Dimanche 20 juin 2021

Présidentielle en Iran: l’ultraconservateur Raïssi vainqueur

Le religieux ultraconservateur iranien et candidat à la présidentielle Ebrahim Raisi vote lors de l'élection présidentielle, dans la capitale Téhéran, le 18 juin 2021. (Atta Kenare/AFP)
  • Chef de l'Autorité judiciaire, M. Raïssi, 60 ans, faisait figure d'archi-favori, faute de concurrence réelle après la disqualification de ses principaux adversaires
  • Réélu en 2017 au premier tour face à M. Raïssi qui avait alors obtenu 38% des voix, le président Hassan Rohani, un modéré qui quittera le pouvoir en août, finit son second mandat à un niveau d'impopularité rarement atteint

TÉHÉRAN : L'ultraconservateur Ebrahim Raïssi a remporté la présidentielle iranienne à en juger par les messages de félicitations qu'il a reçus samedi de ses concurrents et l'annonce par le président sortant d'un vainqueur à l'issue du premier tour de la veille.

Il a obtenu 61,95% des voix, selon les résultats officiels définitifs, qui donnent la participation à 48,8%.

Dans les urnes, M. Raïssi a devancé Mohsen Rezaï, ancien commandant en chef des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique iranienne, arrivé deuxième avec 11,79% des voix, devant l'ex-président de la Banque centrale Abdolnasser Hemmati (8,39%) et le député Amirhossein Ghazizadeh-Hachémi (3,45%).

"Je félicite le peuple pour son choix (...) On sait qui a eu suffisamment de voix lors de cette élection et qui est élu aujourd'hui par le peuple", a déclaré dans un discours télévisé le président sortant Hassan Rohani, sans donner le nom de son successeur.

Dans des messages sur Instragram, sur Twitter ou relayés par les médias iraniens, le député Amirhossein Ghazizadeh-Hachémi, l'ex-commandant en chef des Gardiens de la Révolution Mohsen Rézaï et l'ancien président de la Banque centrale Abdolnasser Hemmati, concurrents de M. Raïssi, ont reconnu à leur manière sa victoire.

Selon les médias d'État, le dépouillement est encore en cours en début de matinée. Les chiffres de la participation et les résultats définitifs sont attendus avant midi (07H30 GMT).

Les données officielles pourraient faire mentir les rares sondages disponibles qui donnaient avant le scrutin une abstention record, de l'ordre de 60%.

Les opérations de vote ont été étendues considérablement, jusqu'à 2H00 du matin samedi (21H30 GMT vendredi) pour permettre une participation maximale dans de bonnes conditions compte tenu de la pandémie de Covid-19 qui a fait officiellement près de 83 000 morts sur une population de 83 millions d'habitants.

"Privations"

Chef de l'Autorité judiciaire, M. Raïssi, 60 ans, faisait figure d'archi-favori, faute de concurrence réelle après la disqualification de ses principaux adversaires.

La campagne électorale a été fade, sur fond de ras-le-bol général face à la crise, dans un pays riche en hydrocarbures mais soumis à des sanctions américaines.

Se présentant comme le champion de la lutte anticorruption et le défenseur des classes populaires au pouvoir d'achat miné par l'inflation, M. Raïssi est le seul des quatre candidats à avoir véritablement fait campagne.

"J'espère qu'il saura (épargner à la population) les privations", a confié vendredi une de ses électrices à Téhéran.

Réélu en 2017 au premier tour face à M. Raïssi qui avait alors obtenu 38% des voix, le président Hassan Rohani, un modéré qui quittera le pouvoir en août, finit son second mandat à un niveau d'impopularité rarement atteint.

A Téhéran, il n'est pas compliqué de trouver des abstentionnistes accusant le gouvernement de n'avoir "rien fait" pour le pays ou ne voyant pas l'intérêt de participer à une élection courue d'avance, voire selon eux "organisée" pour permettre à M. Raïssi de gagner.

Face à des appels au boycottage lancés par l'opposition en exil, et par quelques dissidents en Iran, le guide suprême Ali Khamenei a multiplié les appels à participer en masse au scrutin.

Sans appeler à l'abstention, l'ancien président Mahmoud Ahmadinejad, populiste qui avait vu sa candidature invalidée en mai, a dénoncé une élection organisée "contre les intérêts du pays" et annoncé sa décision, à titre personnel, de ne pas participer à "ce péché".

Répression

Le président a des prérogatives limitées en Iran, où l'essentiel du pouvoir est aux mains du guide suprême.

Le bilan de M. Rohani est entaché par l'échec de sa politique d'ouverture après le retrait des Etats-Unis, en 2018, de l'accord sur le nucléaire iranien conclu avec les grandes puissances.

Ce retrait et le rétablissement de sanctions américaines punitives qui a suivi ont plongé le pays dans une violente récession en privant notamment le gouvernement de ses recettes pétrolières à l'exportation.

En décembre et janvier 2017-2018 et en novembre 2019, deux vagues de contestation ont été violemment réprimées.

Sur la question du nécessaire redressement de l'économie, les quatre candidats à la présidentielle s'accordent pour dire que la solution passe par la levée des sanctions américaines, objet de négociations pour sauver l'accord de Vienne en y réintégrant les États-Unis.

Pour l'opposition en exil et des défenseurs des droits humains, M. Raïssi est l'incarnation de la répression et son nom associé aux exécutions massives de détenus de gauche en 1988, drame dans lequel l'intéressé nie toute participation.

Il figure sur la liste noire des responsables iraniens sanctionnés par Washington pour "complicité de graves violations des droits humains".

 


Soudan : attaque de drones sur la capitale Khartoum pour la troisième journée consécutive

Entrée dans sa troisième année, la guerre au Soudan a tué des dizaines de milliers de personnes, déplacé près de 12 millions d'habitants et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde". (AFP)
Entrée dans sa troisième année, la guerre au Soudan a tué des dizaines de milliers de personnes, déplacé près de 12 millions d'habitants et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde". (AFP)
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  • "À quatre heures du matin, j'ai entendu le bruit de deux drones passer au-dessus de nous, et peu de temps après, j'ai entendu le son de tirs de défense aérienne près de la Brigade militaire et l'unité médicale", a relaté un témoin du sud d'Omdourman
  • Un autre témoin dans le sud de la capitale a rapporté avoir vu des drones se diriger vers l'aéroport, cible d'attaques depuis trois jours consécutifs

KHARTOUM: Des drones ont visé jeudi la capitale soudanaise Khartoum et son aéroport, tenus par l'armée, pour la troisième journée consécutive, ont rapporté à l'AFP des témoins.

"À quatre heures du matin, j'ai entendu le bruit de deux drones passer au-dessus de nous, et peu de temps après, j'ai entendu le son de tirs de défense aérienne près de la Brigade militaire et l'unité médicale", a relaté un témoin du sud d'Omdourman.

Un autre témoin dans le sud de la capitale a rapporté avoir vu des drones se diriger vers l'aéroport, cible d'attaques depuis trois jours consécutifs.

"Après quatre heures, le bruit des drones était fort. Je les ai vus se diriger vers l'aéroport et j'ai entendu des explosions", a-t-il indiqué.

Depuis mardi, l'aéroport de la capitale, hors service depuis deux ans et sur le point de rouvrir, est en proie à des attaques de drones attribuées aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), engagées depuis avril 2023 dans une guerre pour le pouvoir contre l'armée régulière.

Sa réouverture, initialement prévue mercredi" a été suspendue "jusqu'à nouvel ordre, a déclaré à l'AFP un responsable de l'aéroport sous couvert d’anonymat.

Malgré la reprise de Khartoum par l'armée au printemps, la ville demeure largement dévastée, marquée par des coupures d'électricité récurrentes et des frappes de drones des FSR.

Plus d'un million de personnes déplacées y sont retournées au cours des dix derniers mois, selon l'agence des migrations de l'ONU.

Depuis quelques semaines, le gouvernement s'efforce d'y rétablir les services, dont l'aéroport, afin de relocaliser des institutions clés depuis Port-Soudan, port de la Mer Rouge, devenue capitale de facto depuis le début de la guerre.

Entrée dans sa troisième année, la guerre au Soudan a tué des dizaines de milliers de personnes, déplacé près de 12 millions d'habitants et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".


Israël expulse 32 militants étrangers venus en Cisjordanie pour la récolte des olives

Le ministre israélien de la Justice a indiqué mercredi avoir ordonné l'expulsion de 32 militants étrangers venus assister des Palestiniens à récolter des olives en Cisjordanie occupée, au motif qu'ils avaient enfreint un ordre militaire. (AFP)
Le ministre israélien de la Justice a indiqué mercredi avoir ordonné l'expulsion de 32 militants étrangers venus assister des Palestiniens à récolter des olives en Cisjordanie occupée, au motif qu'ils avaient enfreint un ordre militaire. (AFP)
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  • La récolte des olives est cette année particulièrement violente, avec plusieurs actes de vandalisme et d'attaques de colons israéliens, ont constaté des journalistes de l'AFP
  • Les militants étrangers estiment que leur présence est dissuasive contre ce genre d'incidents dans les zones rurales de Cisjordanie

RAMALLAH: Le ministre israélien de la Justice a indiqué mercredi avoir ordonné l'expulsion de 32 militants étrangers venus assister des Palestiniens à récolter des olives en Cisjordanie occupée, au motif qu'ils avaient enfreint un ordre militaire.

L'ordre d'expulsion signé par le ministre, Yariv Levin, fait suite à une plainte déposée par le président du conseil des colonies du nord de la Cisjordanie, Yossi Dagan, contre les "provocations" d'"anarchistes".

Rudy Schulkind, un Britannique de 30 ans, figure parmi les personnes expulsées. Joint par téléphone, il a indiqué à l'AFP être venu en Cisjordanie pour apporter son soutien à des agriculteurs palestiniens.

La récolte des olives est cette année particulièrement violente, avec plusieurs actes de vandalisme et d'attaques de colons israéliens, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les militants étrangers estiment que leur présence est dissuasive contre ce genre d'incidents dans les zones rurales de Cisjordanie.

Rudy Schulkin a raconté à l'AFP avoir été détenu pendant 72 heures avant d'être expulsé le 19 octobre.

"Nous avons été arrêtés après que la zone où nous récoltions a été déclarée zone militaire", a-t-il expliqué, décrivant une tactique selon lui courante contre les Palestiniens.

Il a ajouté que les 32 bénévoles internationaux avaient tous été arrêtés dans une oliveraie près de la ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie.

Rudy Schulkin a ajouté qu'ils "n'avaient jamais été présentés devant un juge".

Le ministre israélien de la Justice a déclaré que l'expulsion avait été cosignée par le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, et a accusé les militants d'avoir violé "un ordre du commandant militaire" et d'appartenir à l'UAWC, l'Union des comités de travail agricole.

L'UAWC est une organisation palestinienne à but non lucratif dédiée au développement agricole. Israël l'a qualifiée d'organisation terroriste en 2021, ainsi que cinq autres ONG, dans une décision condamnée par l'ONU.

M. Schulkind n'a pas révélé le nom de l'organisation dont il était membre, mais Fouad Abou Seif, directeur général de l'UAWC, a déclaré à l'AFP que les volontaires participaient à une "campagne nationale" organisée par de nombreuses ONG palestiniennes et le ministère palestinien de l'Agriculture.

Fouad Abou Seif a précisé que l'UAWC était membre de cette campagne, mais n'en était pas l'organisateur. De son côté, le ministère palestinien des Affaires étrangères a condamné ces arrestations.


Israël: la Knesset vote pour l'examen de projets de loi visant à annexer la Cisjordanie

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  • "Je ne permettrai pas à Israël d'annexer la Cisjordanie", a déclaré Trump aux journalistes à la Maison Blanche le 26 septembre. "Non, je ne le permettrai pas. Cela n'arrivera pas."
  • Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser l'examen en première lecture des projets de loi

JERUSALEM: Le Parlement israélien (Knesset) s'est prononcé mercredi pour l'examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie occupée, en pleine visite du vice-président américain JD Vance en Israël.

Le président américain Donald Trump, allié d'Israël dans sa guerre contre le mouvement islamiste Hamas, s'est prononcé contre toute annexion de la Cisjordanie par Israël, que soutient l'extrême droite israélienne.

"Je ne permettrai pas à Israël d'annexer la Cisjordanie", a déclaré Trump aux journalistes à la Maison Blanche le 26 septembre. "Non, je ne le permettrai pas. Cela n'arrivera pas."

Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser l'examen en première lecture des projets de loi.

Le premier texte, proposé par le chef du parti nationaliste Israël Beiteinou (opposition), Avigdor Lieberman, visant à étendre la souveraineté israélienne à Maalé Adumim, une colonie de plus de 40.000 habitants située juste à l'est de Jérusalem, a été adopté par 32 députés contre 9.

Le deuxième projet de loi, proposé par le député d'extrême-droite Avi Maoz, lui aussi dans l'opposition, visant à appliquer la souveraineté israélienne sur l'ensemble de la Cisjordanie, a été adopté en lecture préliminaire par 25 députés pour et 24 contre.

Selon les médias, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait ordonné aux députés de son parti, le Likoud, de s'abstenir pendant les votes.

Le Likoud a qualifié les votes de "provocation de l'opposition visant à nuire à nos relations avec les États-Unis et aux grandes réalisations d'Israël" dans la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par le Hamas, dans un communiqué.

"La véritable souveraineté ne s'obtient pas par une loi symbolique (...) mais par un travail efficace sur le terrain et par la création des conditions politiques propices à la reconnaissance de notre souveraineté, comme cela a été fait dans le Golan et à Jérusalem", ajoute le texte.

Israël a approuvé en août un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie, dénoncé par l'ONU et plusieurs dirigeants étrangers.

Selon ses détracteurs, ce projet, baptisé E1, couperait la Cisjordanie en deux et empêcherait définitivement la création d'un éventuel Etat palestinien.

Lors d'un événement organisé à Maalé Adoumim le 11 septembre, M. Netanyahu avait affirmé qu"il "n'y aura pas d'Etat palestinien" et dit vouloir "doubler la population de la ville".

Hors Jérusalem-est, occupée et annexée par Israël, quelque trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, aux côtés d'environ 500.000 Israéliens installés dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international.

La colonisation de la Cisjordanie, frontalière de la Jordanie, s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite, depuis 1967.

Ces derniers mois, plusieurs ministres israéliens d’extrême droite ont appelé ouvertement à l'annexion de la Cisjordanie.

Mercredi dans un communiqué, le ministère jordanien des Affaires étrangères a dit "condamner fermement" ces votes qu'il qualifie de "violation flagrante du droit international et d'atteinte grave à la solution à deux Etats".

De son côté, le ministère palestinien des Affaires étrangères, basé à Ramallah, a condamné le vote de la Knesset, déclarant qu'il "rejette fermement les tentatives de la Knesset d'annexer des terres palestiniennes ".

"Le ministère a souligné que les territoires palestiniens occupés en Cisjordanie, y compris à Jérusalem, et la bande de Gaza, constituent une seule et même unité géographique sur laquelle Israël n'a aucune souveraineté", a-t-il déclaré, selon l'agence de presse officielle palestinienne Wafa.