L'ancien QG de Kadhafi, squatté par des dizaines de familles

 Le dirigeant libyen Mouammar Khadafi  le 12 juin 2011. (Archives/AFP)
Le dirigeant libyen Mouammar Khadafi le 12 juin 2011. (Archives/AFP)
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Publié le Dimanche 20 juin 2021

L'ancien QG de Kadhafi, squatté par des dizaines de familles

  • Rasé par les bombardements de l'Otan en 2011 puis vandalisé par les rebelles, l'ancien QG est en grande partie en ruine, mais toute une zone de l'enceinte a été transformée en véritable quartier résidentiel par des familles alors sans logement
  • En tout, des «centaines» de Libyens sont venus vivre «après la révolution» dans cette zone auparavant réservée aux militaires, raconte Bachir, 68 ans. Lui-même vit depuis 2012 dans une maison de 400 m2 qu'il a restaurée

TRIPOLI : Tombé en ruine après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, l'ancien quartier général du dictateur libyen est squatté par des dizaines de familles, devenant le symbole de la crise de logement qui affecte Tripoli.

Surmontée de citernes d'eau et d'antennes paraboliques, l'épaisse clôture métallique qui protège Bab Al-Aziziya, l'ancien complexe fortifié de Kadhafi, semble interminable. Devant la porte d'entrée, des voitures vont et viennent tandis qu'à l'intérieur, des jeunes Libyens tapent dans un ballon.

Rasé par les bombardements de l'Otan en 2011 puis vandalisé par les rebelles, l'ancien QG est en grande partie en ruine, mais toute une zone de l'enceinte a été transformée en véritable quartier résidentiel par des familles alors sans logement.

Elles vivent dans des dizaines de maisonnettes naguère occupées par des soldats ainsi que les villas d'anciens hauts gradés, construisant parfois de manière rudimentaire des garages et d'autres bâtiments.

En tout, des "centaines" de Libyens sont venus vivre "après la révolution" dans cette zone auparavant réservée aux militaires, raconte Bachir, 68 ans. Lui-même vit depuis 2012 dans une maison de 400 m2 qu'il a restaurée.

"Je ne me plains pas", dit-il en tirant sur sa cigarette, un béret vissé sur la tête. Mais "ça m'a coûté cher. La maison avait brûlé, ça m'a pris un an pour la rénover", ajoute-t-il.

«Je ne partirai pas»

Ancienne résidence personnelle de Kadhafi et QG de l'ancien régime, l'enceinte érigée au début des années 80 et renforcée après le bombardement américain de 1986 s'étend sur 6 km. Située dans la banlieue sud-ouest de Tripoli, elle comprenait un zoo, une piscine, une caserne et même des tentes, Kadhafi ayant toujours assuré suivre le mode de vie bédouin.

La forteresse comportait aussi des tunnels qui permettaient au colonel de se déplacer discrètement à travers Tripoli. 

Après la chute du régime, les autorités de la transition ont songé à le reconvertir en zone verte, en parc d'attraction ou encore en monument à la mémoire des "martyrs", mais le chaos politique qui a suivi a enrayé tout projet.

Les familles qui s'y sont installées vivent sous la menace d'une expulsion alors qu'à Tripoli, les pelleteuses rasent les constructions anarchiques qui ont fleuri au fil des ans.

Selon des informations obtenues par l'AFP, les autorités envisagent désormais de transformer l'ancien QG en lieu de promenade.

"Je ne partirai pas", tempête Hassan, dont le prénom a été changé à sa demande et qui a dépensé l'équivalent de 27.000 euros pour rénover sa maison. 

"Elle était dans un état lamentable, sans portes ni fenêtres", se souvient le quadragénaire qui s'y est installé "quand Kadhafi était vivant, peu avant sa capture".

Dix ans après la traque mortelle du dictateur dans son fief de Syrte (nord-centre) en octobre 2011, la situation politique du pays reste instable, après des années de violences et d'affrontements entre factions ennemies.

Le quotidien des Libyens reste marqué par d'importantes pénuries de liquidités, d'essence, d'électricité, auxquelles s'ajoute une crise du logement. Avec un salaire minimum qui varie entre 450 et 600 dinars (75 à 100 euros) pour les fonctionnaires et un secteur bancaire à la traîne, il est très difficile d'obtenir un prêt immobilier. 

"Les logements sont rares, les chantiers à l'arrêt et les prix ont flambé", résume Bachir.

"Avant la révolution, se loger était possible, il y avait moins de monde (à Tripoli, NDLR). Aujourd'hui, un petit appartement coûte autour des 400.000 dinars (75 000 euros). Où trouver cet argent?", lance-t-il.

Logement décent

"La situation sécuritaire a poussé les entreprises étrangères de construction à partir, laissant en chantier quelque 200.000 logements", explique l'économiste Kamal Al Mansouri.

"Avec la croissance démographique couplée à la pression sur les grandes villes en raison des déplacements dus aux combats, il est devenu difficile de trouver un logement décent", souligne-t-il.

Les affrontements autour de la capitale et les violences sanglantes dans l'Est ont mis sous pression Tripoli, qui a vu affluer des dizaines de milliers de familles affectées par la guerre.

"Les prix des loyers ont plus que doublé en dix ans", constate un agent immobilier à Tripoli.

Récemment installé pour mener la transition d'ici la tenue d'élections législatives en décembre, le nouveau gouvernement a fait de l'amélioration du quotidien et la reconstruction du pays sa priorité.


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.