La Libye, «enfer» pour les femmes sur le chemin de l'Europe

Un Libyen marche dans les décombres, dans le quartier de Bab Al-Aziziya à Tripoli. (AFP)
Un Libyen marche dans les décombres, dans le quartier de Bab Al-Aziziya à Tripoli. (AFP)
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Publié le Dimanche 20 juin 2021

La Libye, «enfer» pour les femmes sur le chemin de l'Europe

  • Pour beaucoup de migrants, la Libye, devenue depuis 2014 une plaque tournante vers l'Europe, est synonyme de racket et de violences, voire de tortures
  • Mais pour les femmes, c'est aussi un risque majeur de sévices sexuels, viols ou prostitution forcée dans un contexte d'impunité totale

MEDENINE : L'esclavage sexuel, pour Aïcha, ça n'arrivait qu'aux autres, dans les reportages télévisés. Mais quand elle s'est retrouvée en Libye, enfermée dans une chambre après avoir fui une vie difficile en Guinée, elle s'est cru "foutue": "j'avais quitté un cauchemar pour tomber en enfer".

Pour beaucoup de migrants, la Libye, devenue depuis 2014 une plaque tournante vers l'Europe, est synonyme de racket et de violences, voire de tortures.

Mais pour les femmes, c'est aussi un risque majeur de sévices sexuels, viols ou prostitution forcée dans un contexte d'impunité totale.

Aïcha a fui la Guinée en 2019 après cinq fausses couches: pour sa belle-famille et le voisinage, elle était stérile ou sorcière. En fait, la jeune femme était diabétique.

Désespérée face aux médisances et conflits familiaux, cette jeune diplômée en hôtellerie a voulu "juste disparaître" de son pays.

Elle a pris contact avec une ancienne amie ayant visiblement réussi en Libye, qui lui a fait miroiter un succès similaire et lui a avancé de l'argent pour la rejoindre.

"Je n'ai même pas vu le pays: dès mon arrivée, on m'a enfermée, j'étais esclave", dit-elle. 

Détenue dans une chambre équipée d'un sanitaire, elle était forcée d'avoir des rapports sexuels avec des clients, sans rien percevoir, et n'apercevait sa logeuse que lorsque celle-ci lui posait de la nourriture "comme à un chien".

«Presque systématique»

"Les hommes venaient ivres, je préfère ne pas me souvenir", raconte Aïcha, encore tremblante, "j'ai cru que ma vie était foutue".

Après trois mois de calvaire, un Libyen vient à son secours, menace la femme qui l'exploite, lui donne 300 dinars libyens (55 euros) et la met dans un bus pour la Tunisie, où elle tente aujourd'hui de se reconstruire en apprenant l'informatique.

Soignée pour son diabète, elle a fini par accoucher fin 2020 d'une petite fille, Merveille.

Elle rêve désormais d'Europe, mais pas question de retourner en Libye: "Même mon pire ennemi, je ne peux l'encourager à aller là-bas".

Depuis deux ans, elle habite dans un foyer à Médenine, dans le sud de la Tunisie, avec d'autres femmes migrantes. Beaucoup arrivent de Libye, soit après avoir fui via la frontière terrestre, soit tenté sans succès la traversée de la Méditerranée.

"Il est rare qu'elles n'aient pas subi de viol ou d'agressions sexuelles", indique Mongi Slim, dirigeant du Croissant-Rouge local. "Certaines, protégées par un homme, s'en sortent mieux, mais pour des femmes seules, c'est presque systématique".

A tel point que selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), certaines "se sont vu conseiller avant le départ (pour la Libye) une piqûre de contraceptifs efficaces trois mois". D'autres voyagent avec la pilule du lendemain.

Mariam, une Ivoirienne orpheline, a quitté son pays avec 1.000 euros pour rejoindre la Libye via le Mali et l'Algérie.

Elle espérait ensuite gagner l'argent nécessaire pour rallier l'Europe mais au final, sur un an dans ce pays, elle a passé six mois en prison, exploitée sexuellement, avant de s'enfuir en Tunisie en 2018.

"J'ai travaillé pendant six mois dans une famille, puis j'ai pris la mer depuis Zouara", port de l'ouest de la Libye, indique Mariam, 35 ans. 

«Enfermée là»

"Des hommes armés nous ont attrapés, emmenés en prison et ont abusé de nous en nous menaçant", raconte-elle.

Selon elle, ils appartenaient à des milices gérant des camps de migrants clandestins où se pratiquent extorsion, viols et travail forcé.

Les centres officiellement sous le contrôle du gouvernement, où les gardes-côtes financés par l'Union européenne envoient les candidats à l'exil après les avoir interceptés, sont également gangrénés par la corruption et la violence, y compris sexuelle, selon l'ONU.

Dans le centre où a été conduite Mariam, "chaque matin un chef choisissait des filles destinées à des Libyens qui avaient des chambres spécialement louées" pour ces relations tarifées, raconte-elle.

"On me donnait du pain, des sardines, de la salade et je restais enfermée là pendant un mois, jusqu'à ce qu'on me change de lieu", se souvient-elle, la colère dans la voix: "Ils étaient armés, ils se droguaient, ils payaient le chef mais pas moi".

Des hommes et des garçons sont également victimes de sévices sexuels, rapportent des défenseurs des droits humains.

Ces crimes se sont accentués avec l'intensification du conflit libyen à partir de 2014.

Trois centres de détention ont été fermés par Tripoli il y a deux ans. L'arrivée en mars d'un gouvernement unifié laisse espérer un recul de l'impunité et des violences.

Face aux crimes sexuels commis dans "des centres de détention, des prisons de la police, et contre des migrants habitant en ville", l'ONU a décidé en 2020 de déployer des agents de protection.

Mais ils n'ont pas encore été recrutés, et les migrants continuent d'être refoulés vers la Libye, au grand dam des organisations internationales. 

Le 12 juin, un nombre record de personnes interceptées en Méditerranée, plus de 1.000, ont ainsi été renvoyées vers les geôles libyennes, selon le HCR.


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.