France: l'échec de Macron et Le Pen aux régionales, possible avertissement pour 2022

Le président français Emmanuel Macron assiste à une réunion avec la chef du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN) Marine Le Pen à l'Elysée à Paris, France, le 6 février 2019 (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron assiste à une réunion avec la chef du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN) Marine Le Pen à l'Elysée à Paris, France, le 6 février 2019 (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 21 juin 2021

France: l'échec de Macron et Le Pen aux régionales, possible avertissement pour 2022

Le président français Emmanuel Macron assiste à une réunion avec la chef du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN) Marine Le Pen à l'Elysée à Paris, France, le 6 février 2019 (Photo, AFP)
  • «Comme aux municipales (de 2020), l'ancien monde montre qu'il est toujours là», remarque le politologue Bruno Cautrè
  • «Pour la première fois depuis quatre ans où on nous explique que nous sommes condamnés à un duel de second tour entre M. Macron, et Mme Le Pen, (...) le résultat montre exactement l'inverse», estimait le dirigeant des Socialistes Olivier F

PARIS: La mauvaise performance aux élections régionales dimanche en France des partis du président Emmanuel Macron et de la figure de l'extrême droite, Marine Le Pen, interroge le scénario de leur affrontement au second tour de la présidentielle de 2022, mais toute extrapolation est rendue hasardeuse par une écrasante abstention.  

Depuis la présidentielle de 2017 quand Emmanuel Macron avait accédé au pouvoir en siphonnant droite et gauche par le centre et en battant Marine Le Pen au second tour, observateurs et sondages estiment qu'une réédition est possible en 2022, tant les partis historiques semblent englués dans les contradictions et luttes de personne.  

Mais le premier tour des élections régionales et départementales dimanche a esquissé un autre panorama.  

« Le retour en force du clivage droite-gauche » analysait le journal de droite Le Figaro, au lendemain de ce vote marqué par la bonne performance de la droite (Les Républicains) et de la gauche (Parti socialiste) traditionnels, qui ont bénéficié à plein de la prime aux élus sortants.  

« Comme aux municipales (de 2020), l'ancien monde montre qu'il est toujours là », remarque le politologue Bruno Cautrès. A droite comme à gauche, on veut espérer que cette performance a du sens en vue de 2022.  

Xavier Bertrand, le candidat des Républicains dans les Hauts-de-France (Nord), qui est déjà candidat à l'élection présidentielle, s'est lui réjoui d'avoir « brisé les mâchoires » du Rassemblement national, le parti de Mme Le Pen.  

« Pour la première fois depuis quatre ans où on nous explique que nous sommes condamnés à un duel de second tour entre M. Macron, et Mme Le Pen, (...) le résultat montre exactement l'inverse », estimait dimanche soir le dirigeant des Socialistes Olivier Faure.  

« Tout peut arriver »   

« Ne tirons pas de conclusions hâtives sur les élections présidentielles », a mis en garde lundi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur France 2. »A 70% d'abstention, tout peut arriver au second tour » dimanche prochain.  

De fait, la principale certitude de ce premier tour de scrutin  celle de l'insondable désintérêt des quelques 48 millions d'électeurs, comme en atteste une abstention historique de près de 70%.  

« Je ne veux pas être dans une forme d'euphorie qui serait prématurée et hors de propos au beau milieu d'une crise démocratique », a estimé M. Faure lundi matin.  

Avec une telle abstention, « il n'est pas évident » que le résultat « corresponde à une réalité du pays. C'est la part la plus légitimiste de l'électorat français, très souvent un électorat plus âgé », qui s'est déplacée, juge ainsi Stéphane Zumsteeg, expert électoral chez Ipsos.   

« Certains parlent d'un tour de chauffe à dix mois de la présidentielle. On se réveille plutôt avec l'impression que le moteur de notre démocratie tourne à vide », estime le journal catholique La Croix dans son éditorial »Un peuple d'abstentionnistes ».  

« Ce sont des élections marquées par la sortie de la pandémie, par une indifférence pour les enjeux spécifiques de cette élection, que les Français ont du mal à discerner, et par le fait que pour eux, le vrai rendez-vous, ce n'était pas ce dimanche, c'est la présidentielle dans onze mois », analysait le politologue Brice Teinturier sur la radio France Inter.  

Il n'empêche que sur le fond, l'addition est salée pour le parti présidentiel d'Emmanuel Macron, La République en marche (LREM) et le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, deux formations sans fiefs.  

LREM, jeune parti créé pour permettre l'accession d'Emmanuel Macron au pouvoir en 2017, visait 15% des voix mais a plafonné à environ 10 ou 11% et les ministres candidats ont dans l'ensemble échoué.  

« Bien sûr qu'on a des déceptions » a reconnu le patron du parti, Stanislas Guerini, sur RTL.  

Malgré cela, « rien ne dit qu'(Emmanuel Macron) ne tirera pas son épingle du jeu en 2022. Il faut différencier des élections intermédiaires d'un scrutin national avec deux candidats qu'il faut départager », estime Christèle Lagier, maîtresse de conférence en Sciences politiques à l'université d'Avignon (Sud).  

« Nos électeurs ne se sont pas déplacés », a déploré lundi matin Jordan Bardella (RN) sur BFM-TV, accusant les dirigeants successifs du pays d'avoir « dégoûté les gens de la politique ». Le RN, que les sondages annonçaient en tête dans plusieurs régions, perd neuf points par rapport à 2015.  

« L'erreur, ce serait de considérer que (...) c'est forcément une débâcle pour Marine Le Pen et que ça va se répercuter sur sa campagne de 2022, en l'occurrence, je ne pense pas qu'il faille mettre en relation ces deux scrutins. Ils ont des dynamiques complètement différentes », estime Antoine Bristielle, de la fondation Jean-Jaurès. 


Dermatose: Lecornu demande «une accélération de la stratégie vaccinale», va recevoir les syndicats

Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
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  • Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence
  • Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français"

PARIS: Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet.

Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence. Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français", appelant à "garantir" une "disponibilité des doses" de vaccins "plus forte".

Il a également demandé un "état des lieux des contrôles sur les transports interdits d'animaux", "un plan d’accompagnement pour les petits élevages" ainsi qu'"un plan de repeuplement adapté à l’Occitanie".


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."


Le musée du Louvre resté fermé lundi en raison d'une grève

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.  Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron. Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
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  • Les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public
  • Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR"

PARIS: Le musée du Louvre à Paris est resté fermé lundi en raison d'une "grève reconductible" de ses agents, une nouvelle épreuve pour une institution dans la tourmente depuis le spectaculaire cambriolage du 19 octobre et la mise à nu de ses dysfonctionnements.

A 9H00 (8H00 GMT), les portes du musée sont restées closes devant une file de visiteurs, puis la direction a annoncé la fermeture pour "toute la journée".

"Je suis vraiment déçu, le Louvre était la raison principale de notre venue à Paris, parce que nous voulions voir Mona Lisa", le célèbre tableau de La Joconde de Léonard de Vinci, a déclaré à l'AFP Minsoo Kim, 37, Coréen, en lune de miel.

"C'est normal qu'ils fassent grève s'ils ont besoin de meilleures conditions de travail. Bien sûr, en tant que touriste, ce n'est pas génial d'être ici et que le musée soit fermé, mais nous avons réussi à reporter notre visite, donc ça n'est pas un problème", a estimé de son côté Patricia, une touriste brésilienne qui n'a pas souhaité donner son nom.

Un peu plus tôt, les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public.

Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR".

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.

Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture.

"Nous avons eu quelques avancées en matière de rémunération, mais cela reste insuffisant et nous attendons une proposition écrite du ministère - certainement mardi - pour nous prononcer", a déclaré à l'AFP Alexis Fritche, du syndicat CFDT-Culture, à l'issue de deux heures de réunion.

Selon lui, "pas d'avancée" non plus sur les emplois: "On nous annonce 28 postes pour la surveillance, mais ils proviennent de redéploiements".

A l'issue de l'AG, le délégué du syndicat CGT Christian Galani avait rappelé que la filière accueil et surveillance avait "perdu 200 équivalents temps plein en l'espace de 15 ans, alors que la fréquentation a augmenté de moitié".

Une prochaine AG est prévue mercredi à 9H00 locales, le mardi étant le jour de fermeture hebdomadaire du Louvre.

Conflit social et réorganisation 

"On est en colère", "nous ne sommes pas d'accord avec la manière dont Le Louvre a été géré", a dit devant la presse Elise Muller, agente de surveillance du syndicat Sud Culture.

Valérie Baud, représentante CFDT, s'était félicitée d'un mouvement "interprofessionnel", regroupant métiers de la "conservation, agents d'accueil et de surveillance, professions support, juristes, graphistes".

En parallèle de ce conflit social, le musée doit faire face à une réorganisation à marche forcée et continuer de répondre aux interrogations sur les failles qui ont permis à un commando de s'emparer de huit joyaux de la Couronne, toujours introuvables.

Fragilisée, la présidente du Louvre, Laurence des Cars, devra travailler en tandem avec Philippe Jost, le haut fonctionnaire chargé du chantier de reconstruction de Notre-Dame, à qui la ministre française de la Culture Rachida Dati a confié vendredi la mission de "réorganiser en profondeur le musée".

Audition de la présidente mercredi 

"Des mesures indispensables sont à prendre, bien au-delà de la sûreté et de la sécurité", a déclaré Mme Dati.

"Toute réflexion sur l'avenir du Louvre ne saurait se limiter à une approche technico-organisationnelle", avait réagi la CFDT.

Le ministère de la Culture a précisé que la mission de M. Jost serait menée en janvier et février et que ses recommandations étaient attendues "fin février".

Des sénateurs vont par ailleurs poursuivre leur quête de réponses sur les dysfonctionnements du musée.

Mardi, ils doivent entendre pour la première fois l'ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez, destinataire pendant son double mandat (2013-2021) de deux audits alarmants peu suivis d'effets.

Mercredi, ce sera Mme des Cars, à la tête du musée depuis fin 2021, pour comprendre notamment comment ces deux audits n'ont été découverts par l'actuelle direction qu'après le casse du 19 octobre.