L'appel du pied, appuyé, de Biden aux républicains

Le démocrate, Joe Biden prend un selfie avec la supporter Margarita Rebollal après avoir pris la parole à Las Vegas, Nevada, le 22 février 2020. (Ronda CHURCHILL / AFP)
Le démocrate, Joe Biden prend un selfie avec la supporter Margarita Rebollal après avoir pris la parole à Las Vegas, Nevada, le 22 février 2020. (Ronda CHURCHILL / AFP)
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Publié le Dimanche 30 août 2020

L'appel du pied, appuyé, de Biden aux républicains

  • Le milliardaire républicain courtise également les électeurs ouvertement, en mettant en garde contre l' « anarchie » qui règnerait sous une présidence Biden et qui pourrait mener à la « destruction » des banlieues résidentielles
  • « L'avalanche d'insultes et de vulgarité que nous avons vue ces dernières années doit cesser », ont renchéri les anciens de l'administration Bush

WASHINGTON: Des centaines d'anciens collaborateurs de George W. Bush, de John McCain ou de Mitt Romney et une place d'honneur réservée à des républicains à la convention démocrate: Joe Biden ne ménage pas ses efforts pour afficher le ralliement d'ex-opposants, espérant convaincre des électeurs encore indécis qui pourraient lui donner la victoire face à Donald Trump.

A 50 ans et après deux décennies de vote républicain, Kari Walker, électrice du Wisconsin, compte choisir Joe Biden le 3 novembre.

Elle qui confiait déjà il y a deux semaines à l'AFP qu'elle ne pouvait pas se résoudre à voter Donald Trump, encore "pire président que ce que j'imaginais", a depuis "trouvé convaincant le soutien de ces piliers républicains". 

"J'aurais voté Biden de toutes façons mais j'apprécie que des personnalités républicaines influentes sautent le pas", explique cette co-propriétaire du bar-restaurant Touchdown Tavern dans la petite ville de Reedsburg, dans un comté qui avait basculé pour Donald Trump en 2016 après avoir, deux fois, élu Barack Obama. 

C'est ce type d'électeurs que l'équipe de campagne de l'ancien vice-président américain tente d'attirer avec les gros titres qui se sont multipliés cette semaine: "Plus de 200 anciens responsables de l'administration Bush", "Plus de 100 anciens du réseau McCain", "D'anciens membres de la campagne présidentielle de Mitt Romney 2012", tous "soutiennent Joe Biden".

Si l'ex-bras droit de Barack Obama domine largement Donald Trump dans les sondages nationaux, l'écart se resserre dans certains Etats pivots, qui font et défont les élections en basculant d'un parti à l'autre. La mobilisation de ces électeurs pourrait donc être décisive. 

Le milliardaire républicain les courtise également ouvertement, en mettant en garde contre l'"anarchie" qui règnerait sous une présidence Biden et qui pourrait mener à la "destruction" des banlieues résidentielles. Et en présentant, pendant sa convention, quelques démocrates passés "de l'autre côté".    

 

"Perdu notre sens moral"

Mais les ralliements sont plus nombreux en faveur du candidat démocrate, qui tente de convaincre les électeurs déçus, voire indignés, par le style et la gestion de Donald Trump, notamment de la pandémie qui a fait plus de 180.000 morts aux Etats-Unis. 

Ce "n'est pas une décision facile à prendre pour des républicains", ont écrit des proches du sénateur aujourd'hui décédé John McCain, bête noire de Donald Trump, qui lui rendait bien son dédain. 

"Compte tenu du manque de compétence du président sortant, de ses tentatives pour aggraver plutôt que panser les divisions entre Américains, et de son incapacité à respecter les valeurs américaines, nous estimons qu'élire l'ancien vice-président Biden est à l'évidence dans l'intérêt national", ont-ils poursuivi dans une lettre ouverte.

"L'avalanche d'insultes et de vulgarité que nous avons vue ces dernières années doit cesser", ont renchéri les anciens de l'administration Bush. "Nous avons perdu notre sens moral".

"Je connais personnellement plusieurs de ces personnes et sais à quel point elles sont profondément conservatrices sur de nombreux sujets", a souligné un journaliste et éditorialiste du Washington Post, Glenn Kessler, sur Twitter. "Je n'aurais jamais imaginé qu'elles soutiendraient publiquement un président démocrate".

Dès le printemps, des groupes de républicains anti-Trump, comme le Lincoln Project, avaient annoncé leur soutien. 

Mais à partir de la convention démocrate (17 au 20 août), l'opération séduction a redoublé d'intensité. 

Au premier soir, John Kasich, l'ancien gouverneur de l'Ohio, un Etat-clé dans la présidentielle américaine, a ainsi eu droit à une place de choix pour son discours. Le lendemain, ce fut au tour de Colin Powell, ancien chef de la diplomatie américaine et avocat controversé de la guerre en Irak. 

En tout, un temps de parole bien plus long que celui notamment accordé à la célèbre élue progressiste du Congrès, Alexandria Ocasio-Cortez, a-t-on grincé dans l'aile gauche du parti. 

Et au premier jour de la convention républicaine, lundi, l'équipe Biden a annoncé le ralliement de plus d'une vingtaine d'ex-élus républicains du Congrès.

"Ces (responsables) républicains déçus sont emblématiques des nombreux ex-électeurs républicains concentrés dans les zones résidentielles prospères, affichant un niveau élevé d'éducation et qui ont déserté le parti sous l'ère Trump", souligne Kyle Kondik, analyste politique de l'université de Virginie.

Mais le suspense reste entier. "Je ne sais pas si ces soutiens vont motiver d'autres électeurs à déserter le camp Trump".


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Frappes ukrainiennes sur les raffineries et forte demande: en Russie, l'essence devient chère

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
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  • Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde
  • A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro)

MOSCOU: "Doucement mais sûrement": Oleg fait le plein d'essence à Moscou et vitupère contre la hausse des prix nourrie par une demande accrue et les frappes ukrainiennes contre les infrastructures pétrolières, secteur clé de l'économie russe que les Occidentaux veulent sanctionner.

"Tout le monde l'a remarqué", tonne Oleg, retraité de 62 ans: les prix des carburants vont crescendo à la pompe. Au 1er septembre, l'essence au détail coûtait 6,7% de plus que fin 2024, selon Rosstat, l'agence nationale des statistiques.

Ce renchérissement s'inscrit dans un contexte de hausse générale des prix, avec une inflation annuelle qui a été de 8,14% en août, à l'heure où la Russie intensifie l'offensive qu'elle a lancée en 2022 en Ukraine.

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg.

Et depuis le début de l'été, les réseaux sociaux sont saturés de vidéos montrant des files d'attente devant les stations-service de l'Extrême-Orient russe, en Crimée - région que la Russie a annexée au détriment de Kiev en 2014 -, et dans certaines régions du sud proches de l'Ukraine, pour cause de pénurie.

Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde.

Raffineries frappées 

A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro). Ce prix, qui reste bien inférieur à ceux affichés dans de nombreux pays européens, surprend le consommateur russe, habitué à ne pas payer cher l'essence et au revenu moyen moindre.

Artiom, un Moscovite qui ne souhaite pas donner son nom de famille, observe cette augmentation "depuis le début de l'année". "Pour des personnes ordinaires, 300 ou 400 roubles en plus par plein (3 à 4 euros, ndlr), cela commence à être sensible", dit-il.

Sur le site Gazeta.ru, Igor Iouchkov, analyste au Fonds national de sécurité énergétique, met en avant l'augmentation d'"environ 16%" du droit d'accise (impôt indirect) depuis le 1er janvier et la baisse de subsides versés aux compagnies pétrolières.

Car, comme l'explique à l'AFP Sergueï Teriochkine, expert en questions énergétiques, "plus les subventions sont faibles, plus la rentabilité est faible", ce qui pousse les pétroliers à "répercuter" ces pertes sur les prix au détail.

La demande a, elle, été dopée par les départs en vacances et les engins agricoles.

Restent - surtout - les frappes contre les raffineries et dépôts de pétrole que l'Ukraine a multipliées afin de toucher Moscou au portefeuille et d'entraver sa capacité à financer son offensive.

"Les frappes ont ciblé de grandes raffineries dans la partie européenne de la Russie", notamment dans les régions de Samara, Riazan, Volgograd et Rostov, énumère Alexandre Kots, journaliste russe spécialiste des questions militaires, sur Telegram.

"Ce n'est rien!" 

L'une de ces attaques, à la mi-août, a touché la raffinerie de Syzran, dans la région de Samara, selon l'état-major ukrainien. Le complexe se trouve à plus de 800 km de la frontière ukrainienne. Il est présenté par Kiev comme le "plus important du système Rosneft", géant russe des hydrocarbures.

Moscou n'a pas quantifié l'impact de ces frappes, mais dans le journal Kommersant, l'analyste Maxime Diatchenko parle d'une baisse de la production "de près de 10%" depuis le début de l'année.

"C'est rien!", assure Alexandre, un homme d'affaires moscovite, après avoir rempli le réservoir de sa berline allemande. "Une frappe, deux frappes, trois frappes, ça n'est rien pour le marché en général ou pour les prix".

"Le pays a besoin d'argent. L'augmentation du prix de l'essence, c'est une façon d'augmenter le revenu de l'Etat", estime de son côté Vladimir, un Moscovite de 50 ans.

Pour tenter de stabiliser la situation, Moscou a prolongé une interdiction d'"exporter de l’essence pour les automobiles" jusque fin octobre.

La Russie reste par ailleurs un exportateur majeur de pétrole brut, des exportations que les Occidentaux entendent étouffer pour tarir une des principales sources de financement de l'offensive russe en Ukraine, pays qui compte l'Union européenne comme principale alliée.