Etats-Unis: l'apprentissage en "capsule" pour les enfants décolle chez les familles aisées

Ava Dweck, 9 ans, et Luca Conrad, 10 ans, prennent des cours en ligne, le 25 août 2020 à Las Vegas, Nevada. (Ethan MILLER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)
Ava Dweck, 9 ans, et Luca Conrad, 10 ans, prennent des cours en ligne, le 25 août 2020 à Las Vegas, Nevada. (Ethan MILLER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)
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Publié le Dimanche 30 août 2020

Etats-Unis: l'apprentissage en "capsule" pour les enfants décolle chez les familles aisées

  • Les capsules sont aussi un moyen de socialisation et une aide précieuse pour gérer le stress et l'incertitude liés à l'épidémie
  • « Mais en pratique, elles vont accentuer les inégalités, la ségrégation raciale et les écarts de réussite au sein des écoles »

LOS ANGELES: Face à une rentrée scolaire principalement virtuelle en raison de la pandémie de Covid-19, de nombreux parents américains, qui en ont les moyens, misent sur un apprentissage au format "capsule" pour leurs enfants.

Ces "capsules" ("pods", en anglais) qui se développent un peu partout à travers le pays sont constituées de petits groupes d'enfants, souvent du même quartier, se réunissant dans les maisons des uns et des autres pour travailler avec un enseignant ou un tuteur qui est souvent présent physiquement, mais peut aussi intervenir par internet.

Pour certains élèves, les capsules, qui s'organisent de préférence en extérieur ou dans un garage, ont vocation à être à temps plein et suivent le programme scolaire, remplaçant ainsi l'école. Pour d'autres, il s'agit d'un complément à l'enseignement à distance adopté par de nombreuses écoles publiques dans les Etats américains où le taux de contamination au Covid-19 reste élevé. 

"Ces capsules d'apprentissage existent parce que beaucoup de parents se sont rendu compte que leurs enfants avaient des difficultés avec l'enseignement en ligne", explique Pedro Noguera, doyen de l'école des sciences de l'éducation de l'université Southern California. 

Si ce type d'enseignement n'est pas idéal, il offre une solution aux parents forcés de jongler entre la garde de leurs enfants et leur travail en temps de pandémie, souligne M. Noguera qui a placé sa fille de huit ans dans une "capsule" à temps plein. 

Pour les enfants, en particulier les plus petits pas forcément capables de suivre des classes virtuelles, les capsules sont aussi un moyen de socialisation et une aide précieuse pour gérer le stress et l'incertitude liés à l'épidémie. 

10.000 dollars pour un semestre

"Mon enfant qui est en maternelle a eu son premier jour de classe aujourd'hui dans le garage d'un ami...et il a dit que c'était la meilleure des journées", raconte Mira Rocca, qui a trois enfants dans trois capsules d'apprentissage différentes. 

"Je pense qu'avoir des interactions sociales avec d'autres camarades de leur âge est tellement plus important que ce qu'ils apprennent académiquement à ce stade", poursuit Mme Rocca, qui paie 1.300 dollars par mois pour ces cours venant compléter l'école virtuelle de ses enfants.  

"C'est mon semestre d'école publique le plus cher jusqu'à présent", confie cette mère de famille à l'AFP, tout en jugeant que les bénéfices du dispositif justifient son coût.

Le concept connaît un fort engouement comme en témoigne Naomi Leight-Giveon, fondatrice de PodSkool, une entreprise aidant des parents à former des capsules dans la région de Los Angeles. 

"Plus de 400 familles nous ont contactés à ce jour, sans qu'on n'ait fait aucune publicité", se réjouit-elle. "Et nous avons sélectionné des centaines de professeurs ces derniers mois pour les mettre en contact avec des parents". 

Si experts et parents s'accordent sur l'utilisé de ces capsules en période de Covid-19, ils reconnaissent aussi que tout le monde n'a pas les moyens d'en faire bénéficier ses enfants.  

"Ce que l'on voit, c'est que ceux qui ont de l'argent peuvent investir et payer des enseignants, à de bons tarifs, parfois plus élevés que ce que les professeurs gagnent en travaillant dans les écoles", pointe M. Noguera, qui débourse 10. 000 dollars ce semestre pour le "pod" de sa fille. 

"Mais on voit aussi que les enfants défavorisés, ou même de la classe moyenne, sont livrés à eux-mêmes avec ce que l'école est en mesure de leur fournir", ajoute-t-il. 

"Sur le principe, les capsules d'apprentissage semblent être une solution nécessaire à la crise actuelle", souligne Clara Totenberg Green, spécialiste de l'éducation pour les écoles publiques d'Atlanta, dans un article du New York Times.

"Mais en pratique, elles vont accentuer les inégalités, la ségrégation raciale et les écarts de réussite au sein des écoles", avertit-elle.

"Les enfants des parents qui ont les moyens de rejoindre des capsules vont très probablement revenir à l'école en étant plus avancés académiquement, alors que de nombreux enfants défavorisés auront du mal chez eux sans ordinateur ou sans une bonne connexion internet pour suivre l'enseignement à distance", conclut Mme Totenberg Green.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.