Téhéran se prépare à lancer une deuxième fusée après l’échec de la semaine dernière

Des images satellites, un responsable américain et un expert en fusées ont tous confirmé l'échec du lancement (Photo, AP)
Des images satellites, un responsable américain et un expert en fusées ont tous confirmé l'échec du lancement (Photo, AP)
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Publié le Jeudi 24 juin 2021

Téhéran se prépare à lancer une deuxième fusée après l’échec de la semaine dernière

  • La tentative survient alors que le programme spatial de l'Iran a subi une série de pertes de taille
  • Le lancement raté s’est produit la veille de l'élection présidentielle iranienne la semaine dernière

DUBAÏ : L'Iran aurait tenté sans succès de lancer une fusée chargée d’un satellite au cours des derniers jours, et semble être prête à réessayer, un effort de plus de la part du pays pour faire avancer son programme spatial au milieu de tensions avec l'Occident au sujet de son accord nucléaire chancelant.

Des images satellites, un responsable américain et un expert en fusées ont tous confirmé l'échec du lancement en juin, à la base spatiale Imam Khomeini dans la province iranienne de Semnan.

La tentative survient alors que le programme spatial de l'Iran a subi une série de pertes de taille. La garde révolutionnaire paramilitaire gère son propre programme parallèle qui a lancé un satellite en orbite l'année dernière.

Comme pour d'autres lancements ratés, les médias d'État iraniens n'ont pas reconnu que cela avait eu lieu. La mission iranienne auprès des Nations Unies n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires tôt mercredi.

Des images satellites de Planet Labs Inc. et de Maxar Technologies montrent les préparatifs à la base spatiale le 6 juin. On y voit ce qui semble être des réservoirs de carburant à côté d'un énorme portique blanc qui abrite une fusée, tandis que les scientifiques l'alimentent et se préparent pour le lancement.

Avant le lancement, les ouvriers remorquent le portique et dégagent la fusée.

Les réservoirs de carburant, à en juger par leur taille, semblent avoir suffi pour remplir les deux premiers niveaux de la fusée iranienne Simorgh, a révélé Jeffrey Lewis, expert au Centre d'études sur la non-prolifération James Martin à l'Institut d'études internationales de Middlebury.

Le Simorgh est une fusée porteuse de satellites qui a été lancée depuis cette même zone de la base spatiale, a-t-il ajouté.

Des images satellites ultérieures du 17 juin montrent une diminution de l'activité sur le site. Les analystes pensent que l'Iran avait lancé la fusée à un moment donné dans ce créneau, selon Lewis.

«Il n’y a pas eu d’explosion. Il n'y avait pas de tache géante, comme s'ils avaient jeté le carburant, et les véhicules s'étaient en quelque sorte déplacés », a assuré Lewis. «Le niveau global d'activité sur le site était beaucoup plus faible. Donc, à notre avis, cela ressemblait à un lancement», estime-t-il.

CNN, qui avait couvert l'échec du lancement, a cité le porte-parole du Pentagone, le lieutenant-colonel Uriah Orland. «Le Commandement spatial américain est au courant de l'échec du lancement de la fusée iranienne qui s'est produit au début du 12 juin», mais sans plus de détails.

Le Pentagone et le Commandement spatial américain n'ont pas immédiatement répondu à une demande de commentaires de l'Associated Press tôt mercredi.

Le choix de la date du 12 juin est mystérieux, car Téhéran programme généralement fait coïncider les lancements avec les commémorations nationales. Le lancement raté s’est toutefois produit la veille de l'élection présidentielle iranienne la semaine dernière, au cours de laquelle la République islamique avait espéré augmenter le taux de participation.

Dimanche, une nouvelle image satellite de Planet Labs a montré un regain d'activité sur le site. L'image montre une plate-forme mobile précédemment utilisée pour sécuriser une fusée Simorgh sur le portique, un véhicule de support vu lors des lancements précédents et une nouvelle ligne de conteneurs de carburant alignés sur le site. Lewis a précisé que l'équipement indique qu'un autre lancement est vraiment imminent.

Au cours de la dernière décennie, l'Iran a brièvement envoyé plusieurs satellites en orbite et a, en 2013, lancé un singe dans l'espace. Le programme a cependant connu des problèmes dernièrement. Un lancement raté ce mois-ci serait le quatrième d'affilée pour le programme Simorgh.

Un autre incendie au port spatial Imam Khomeini en février 2019 a tué trois chercheurs, d’après les autorités à l'époque.

Une explosion de roquette en août 2019 a attiré l'attention du président de l'époque, Donald Trump, qui a ensuite tweeté ce qui semblait être une image de surveillance classée secrète de l'échec du lancement. Les échecs successifs ont fait naître des soupçons d’ingérence extérieure dans le programme iranien, ce que Trump lui-même a laissé entendre en tweetant à l’époque que les États-Unis «n’étaient pas impliqués dans l’accident catastrophique».

Mais Lewis rappelle que de tels échecs sont courants lorsqu’on essaie de soigneusement placer des objets en orbite autour de la Terre.

Pendant ce temps-là, la Garde de la révolution iranienne a révélé en avril 2020 son propre programme spatial secret en lançant avec succès un satellite en orbite. Le chef du commandement spatial américain a ensuite balayé l’idée du lancement du satellite comme «une webcam qui culbute dans l'espace» incapable de fournir des renseignements d'intelligence substantiels à l'Iran, même s'il a montré la capacité de Téhéran à entrer en orbite.

Le prochain lancement suit l'élection écrasante du président iranien élu Ebrahim Raïssi, le chef de l’autorité judiciaire pur et dur du pays lié à l'exécution massive de milliers de personnes en 1988. Le vote a enregistré le plus faible taux de participation à une élection présidentielle depuis la révolution islamique iranienne de 1979.

Raïssi succèdera au président iranien sortant Hassan Rouhani, un leader relativement modéré qui a guidé Téhéran dans son accord nucléaire de 2015 avec les puissances mondiales. Trump a unilatéralement retiré les États Unis de l'accord en 2018, ce qui a déclenché un tsunami de tensions dans le Moyen-Orient. Des diplomates réunis à Vienne tentent de trouver un moyen pour l'Iran et les États-Unis de réintégrer l'accord, qui a vu Téhéran accepter de limiter son enrichissement nucléaire en échange de la levée des sanctions économiques.

Les États-Unis affirment que de tels lancements de satellites défient une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, et ont appelé l'Iran à n'entreprendre aucune activité liée aux missiles balistiques capables de transporter des armes nucléaires.

Téhéran, qui a longtemps affirmé qu'elle ne cherchait pas à acquérir des armes nucléaires, a précédemment soutenu que ses lancements de satellites et ses essais de fusées n'avaient pas d’aspect militaire.

Les agences de renseignement américaines et l'Agence internationale de l'énergie atomique affirment que l'Iran a déjà abandonné un programme nucléaire militaire structuré en 2003.

Le Simorgh, cependant, est beaucoup trop gros et trop lent à alimenter pour être un bon transporteur pour une arme à pointe nucléaire, assure Lewis.

«C'est un couteau à beurre», a-t-il ajouté. «Pourriez-vous poignarder quelqu'un avec un couteau à beurre ? Oui, mais ce n'est pas vraiment l'outil de choix».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.