Antony Blinken, un secrétaire d'Etat francophone et francophile à Paris

Le secrétaire américain d'Etat Antony Blinken arrive à l'aéroport de Berlin Brandebourg à Schonefeld, en Allemagne, le 23 juin 2021 (Photo, AFP)
Le secrétaire américain d'Etat Antony Blinken arrive à l'aéroport de Berlin Brandebourg à Schonefeld, en Allemagne, le 23 juin 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 24 juin 2021

Antony Blinken, un secrétaire d'Etat francophone et francophile à Paris

Le secrétaire américain d'Etat Antony Blinken arrive à l'aéroport de Berlin Brandebourg à Schonefeld, en Allemagne, le 23 juin 2021 (Photo, AFP)
  • La nomination par le président Joe Biden avait été saluée en novembre côté français comme une «bonne nouvelle» et «un avantage pour la France»
  • Antony Blinken, aujourd'hui âgé de 59 ans, est arrivé enfant en France, où il a passé toute la décennie 1970 avec sa mère

WASHINGTON: L'atlantisme d'Antony Blinken n'est pas le fruit du hasard: francophone et francophile, le secrétaire d'Etat américain a passé son adolescence à Paris, où il est attendu en ami -- même si cela ne se traduira pas forcément dans la politique étrangère des Etats-Unis. 

Sa nomination par le président Joe Biden avait été saluée en novembre côté français comme une « bonne nouvelle » et « un avantage pour la France ».  

A la veille de la première visite en France d'Antony Blinken, qui doit rencontrer vendredi le président Emmanuel Macron et le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, l'entourage de ce dernier souligne les »liens personnels » entre les deux ministres, qui se connaissent depuis 2012 et se tutoient. 

« Ils se parlent en français », « cela facilite les relations », explique-t-on de même source, sans cacher que le Français »avait du mal » avec Mike Pompeo, le secrétaire d'Etat de Donald Trump. 

De fait, ce déplacement aura une forte portée symbolique. 

L'homme chargé par Joe Biden de recoudre les alliances transatlantiques, distendues par quatre années d'unilatéralisme trumpiste, a grandi en partie dans la capitale française. 

Bac français 

Antony Blinken, aujourd'hui âgé de 59 ans, est arrivé enfant en France, où il a passé toute la décennie 1970 avec sa mère, remariée à l'avocat Samuel Pisar, l'un des plus jeunes rescapés de la Shoah, qui a survécu aux camps de concentration avant de parvenir à s'enfuir. 

Avec cet avocat natif de Pologne qui fréquente les hautes sphères artistiques et politiques parisiennes, Antony Blinken vit dans les beaux quartiers et va à l'Ecole Jeannine Manuel, prestigieux établissement privé bilingue, jusqu'à obtenir son baccalauréat français. 

Alors que l'armée américaine s'embourbe dans la guerre du Vietnam, « Tony », bien que « très attaché à ses valeurs et à son identité », voit alors aussi »le monde à travers le prisme » de son pays d'accueil, »à une époque où les Etats-Unis n'étaient pas forcément très populaires », témoignait récemment  son ami d'enfance Robert Malley, autre ancien « parisien » aujourd'hui émissaire de Washington pour l'Iran. 

Mais ce « prisme » n'imprègne pas tant que cela la diplomatie américaine. 

Depuis Berlin, Antony Blinken a ainsi martelé mercredi que les Etats-Unis n'avaient pas « de meilleur ami dans le monde que l'Allemagne ». 

Une déclaration qui « n'est pas anodine », estime Benjamin Haddad, chercheur français au cercle de réflexion Atlantic Council à Washington. 

« C'est certes un message symbolique, une volonté de tourner la page des années Trump » lorsque l'Allemagne a été particulièrement malmenée par le milliardaire républicain, »mais ça montre aussi que cette équipe a au fond une vision très traditionnelle de l'Europe et de la relation transatlantique », dit-il. 

« Tropisme » allemand?  

Selon lui, « on verra Blinken faire des déclarations en français, il y aura une dimension symbolique assez forte » mais cela »ne se traduira pas vraiment par un alignement sur la vision française de l'Europe, c'est-à-dire l'autonomie stratégique, la souveraineté européenne, une relation transatlantique un peu plus équilibrée avec des Européens qui prennent plus de responsabilités ». 

Les propos prononcés à Berlin semblent en tout cas donner raison à ce diplomate français de haut rang qui s'inquiétait, dès les débuts de l'administration Biden, de voir ressurgir, « par-delà la francophilie d'un Blinken », ce « tropisme plutôt vers l'Allemagne » qui a caractérisé l'atlantisme américain depuis l'après-Guerre. La chancelière allemande Angela Merkel sera accueillie par Joe Biden le 15 juillet à la Maison Blanche, première des dirigeants européens à recevoir une telle invitation.  

D'autant qu'au-delà des effusions qui ont scandé mi-juin le voyage en Europe de Joe Biden et le « retour » de l'Amérique sur la scène internationale, on s'agace quelque peu, à l'Elysée et au Quai d'Orsay, de voir le président américain revendiquer le rôle de « leader du monde libre » alors que les Européens estiment avoir sauvé le multilatéralisme quand la Maison Blanche l'avait déserté. 

« L'Europe n'est plus la même » car elle a, durant l'ère Trump, « essayé de tenir les murs », de l'accord sur le climat à celui sur le nucléaire iranien, martèle Jean-Yves Le Drian. 

La France craint que le naturel ne revienne au galop et que les Européens ne s'en remettent une nouvelle fois aux Etats-Unis pour leur sécurité à la faveur de l'embellie transatlantique actuelle. 

Si les points de convergence sont nombreux et la relation bilatérale bonne, notamment sur les questions de sécurité, Emmanuel Macron ne cache pas non plus ses réserves face à la confrontation voulue par son homologue américain avec Pékin, et son insistance pour utiliser l'Otan dans ce bras de fer. 

« La Chine ne fait pas partie de la géographie atlantique, ou alors ma carte a un problème », assène-t-il. 


Rétractation de Takieddine: Carla Bruni-Sarkozy désormais entendue comme suspecte

La mannequin et chanteuse franco-italienne Carla Bruni-Sarkozy (Photo, AFP).
La mannequin et chanteuse franco-italienne Carla Bruni-Sarkozy (Photo, AFP).
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  • Parmi les mis en cause, outre M. Sarkozy et Mimi Marchand, l'intermédiaire Noël Dubus, déjà condamné pour escroquerie
  • L'affaire dans l'affaire a explosé en novembre 2020 lorsque Ziad Takieddine, principal témoin à charge contre Nicolas Sarkozy depuis 2012, avait opéré une spectaculaire volte-face sur BFMTV

PARIS: L'enquête sur la rétractation en 2020 de l'intermédiaire Ziad Takieddine, qui accuse Nicolas Sarkozy d'avoir financé sa campagne présidentielle 2007 avec des fonds libyens, pourrait provoquer une nouvelle mise en cause emblématique, avec l'audition jeudi de Carla Bruni-Sarkozy comme suspecte.

L'épouse de l'ex-chef de l'Etat avait déjà été entendue comme témoin en juin 2023 dans cette information judiciaire.

Mais une source proche du dossier, confirmée par une source judiciaire, a indiqué à l'AFP que la chanteuse et mannequin était jeudi interrogée en audition libre de mise en cause par les enquêteurs de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) à Nanterre.

L'ancien chef de l'Etat, qui conteste les faits, a été mis en examen dans ce dossier début octobre, pour recel de subornation de témoin et association de malfaiteurs en vue de la préparation d'escroqueries au jugement en bande organisée.

D'après des éléments de l'enquête, Carla Bruni-Sarkozy avait d'abord été entendue comme témoin simple, notamment du fait du témoignage de la papesse des paparrazis "Mimi" Marchand (de son vrai nom Michèle Marchand), également mise en cause dans le dossier.

Cette dernière avait argué de rencontres avec son amie pour justifier de déplacements au domicile du chef de l'Etat à des moments-clés de l'opération.

Mais selon une source proche du dossier, le juge d'instruction s'est depuis interrogé sur divers éléments à charge.

Tout d'abord, une "volonté de dissimulation" de Carla Bruni qui a "effacé l'intégralité des messages qu'elle a échangés avec Mimi Marchand" le jour de la mise en examen de cette dernière, le 5 juin 2021.

Ensuite, Carla Bruni est soupçonnée d'avoir aidé Michèle Marchand et le paparazzo Sébastien Valiela à obtenir un test PCR mi-octobre 2020 leur permettant de partir au Liban faire l'interview qui donnera lieu à la rétractation de M. Takieddine.

Questionné sur ces éléments lors de sa mise en examen début octobre, Nicolas Sarkozy, avait répondu: "A ce moment-là, elle a besoin de passer un test PCR comme des millions de Français à cette époque. Ma femme aide Michèle Marchand comme elle rend service à son amie pour qu'elle parte en voyage".

"On est harcelés de demandes d'autres personnes pour les aider à faire des tests PCR. Ma femme n'y est pour rien", avait ajouté l'ex-chef de l'Etat.

Sur les messages supprimés par son épouse sur son téléphone, il avait souligné avoir lui gardé les siens, ajoutant: "Si c'était une volonté stratégique ou de dissimuler, on pourrait se demander pourquoi elle et pas moi ?"

Des auditions ont été réalisées ces derniers mois dans l'entourage de Carla Bruni, a indiqué à l'AFP une autre source proche du dossier.

«Pas un centime»

Ce volet "rétractation" est incident à l'enquête principale sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de 2007, qui sera jugé début 2025.

L'affaire dans l'affaire a explosé en novembre 2020 lorsque Ziad Takieddine, principal témoin à charge contre Nicolas Sarkozy depuis 2012, avait opéré une spectaculaire volte-face sur BFMTV et Paris Match en déclarant que l'ex-chef de l'Etat n'avait "pas touché un centime, cash ou pas cash, pour l'élection présidentielle" 2007 de la part du défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi.


Soixante-six migrants qui tentaient de traverser la Manche secourus

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  • Dans la matinée, les services de secours ont été "informés par le sémaphore de Dieppe qu'une embarcation de migrants se trouvait au large de Dieppe"
  • Les naufragés ont ensuite été "déposés au port de Dieppe où ils sont pris en charge par les services de secours terrestres et la police aux frontières"

RENNES: Soixante-six migrants, dont des femmes et des enfants, qui tentaient de traverser la Manche, ont été secourus mercredi par la France.

Dans la matinée, les services de secours ont été "informés par le sémaphore de Dieppe qu'une embarcation de migrants se trouvait au large de Dieppe". Une vedette côtière de la gendarmerie maritime a "porté secours à l’embarcation, en difficulté, dans l’après-midi".

L’équipage a récupéré "66 naufragés dont des femmes et des enfants", précise la préfecture maritime.

Les naufragés ont ensuite été "déposés au port de Dieppe où ils sont pris en charge par les services de secours terrestres et la police aux frontières". Il sont hébergés dans un gymnase.

"Les services de l'État procèdent à l'examen des situations administratives des migrants au cas par cas... Trois personnes ont d'ores et déjà été interpellées par la police nationale et placées en garde à vue, soupçonnées d'être des passeurs", indique la préfecture dans un communiqué.

Pendant ce temps au Royaume-Uni, les premiers migrants susceptibles d'être expulsés vers le Rwanda ont été arrêtés et placés en détention, a annoncé mercredi le gouvernement britannique, le Premier ministre Rishi Sunak saluant une nouvelle étape dans le déploiement d'une mesure phare de sa politique migratoire.

Le gouvernement conservateur a promis de mettre un terme à ces traversées par des migrants clandestins. Plus de 7.500 sont arrivés depuis le début de l'année, un record historique pour les quatre premiers mois de l'année.


Macron reçoit les représentants du monde agricole pour solder la crise

Le président Emmanuel Macron reçoit les représentants du monde agricole jeudi matin à l'Elysée pour échanger sur les "perspectives" du secteur et "acter la fin" de la crise de cet hiver. (AFP).
Le président Emmanuel Macron reçoit les représentants du monde agricole jeudi matin à l'Elysée pour échanger sur les "perspectives" du secteur et "acter la fin" de la crise de cet hiver. (AFP).
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  • L'exécutif et la FNSEA ne cachent pas leur espoir de clore le chapitre de la crise agricole qui a éclaté avec un blocage d'une portion de l'autoroute A64 mi-janvier en Haute-Garonne et s'est étendue à l'ensemble du territoire
  • Les manifestations ont poussé le gouvernement à prendre plus de 60 engagements (fonds d'urgence, simplifications, "pause" dans l'élaboration du plan de réduction de l'usage des pesticides, allègement de charges sur l'emploi de travailleurs saisonniers...)

PARIS: Le président Emmanuel Macron reçoit les représentants du monde agricole jeudi matin à l'Elysée pour échanger sur les "perspectives" du secteur et "acter la fin" de la crise de cet hiver.

La "réunion de travail", selon les termes de l'Elysée, doit débuter à 10H00.

Lors de l'inauguration, sous les huées, du dernier Salon de l'agriculture, le 24 février en pleine crise agricole, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous aux syndicats trois semaines plus tard.

L'échéance a été repoussée à plusieurs reprises, le syndicat majoritaire FNSEA s'impatientant de voir le chef de l'Etat livrer "sa vision" de l'avenir de l'agriculture.

L'exécutif et la FNSEA ne cachent pas leur espoir de clore le chapitre de la crise agricole qui a éclaté avec un blocage d'une portion de l'autoroute A64 mi-janvier en Haute-Garonne et s'est étendue à l'ensemble du territoire autour d'une multitude de doléances (normes, revenu, considération du métier...).

"On s'était engagé. Un accord a été conclu. On acte la fin", a commenté une source dans l'entourage d'Emmanuel Macron.

Les manifestations ont poussé le gouvernement à prendre plus de 60 engagements (fonds d'urgence, simplifications, "pause" dans l'élaboration du plan de réduction de l'usage des pesticides, allègement de charges sur l'emploi de travailleurs saisonniers...). Les plus récents datent de samedi, quand le Premier ministre Gabriel Attal a notamment assuré que la prise en compte des 25 meilleures années dans le calcul de la retraite des agriculteurs serait effective en 2026.

"L'ensemble du paquet" d'engagements gouvernementaux représente "entre 500 et 600 millions d'euros" pour les finances publiques, a déclaré le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau à des journalistes.

Syndicats dissonants

L'Assemblée nationale a commencé à examiner cette semaine en commission un projet de loi d'orientation agricole étoffé avec la crise. Il contient dans son article 1 l'affirmation que l'agriculture est "d'intérêt général majeur", dans l'optique notamment de faciliter la construction de réserves d'eau pour l'irrigation et de nouveaux bâtiments d'élevage hors-sol.

Ni le format du rendez-vous de jeudi, ni la liste des invités n'ont été précisés par l'Elysée.

Outre les syndicats agricoles (alliance FNSEA-Jeunes agriculteurs, Coordination rurale, Confédération paysanne, Modef), la Coopération agricole - qui représente les intérêts des coopératives françaises - et plusieurs interprofessions (porc, volaille, céréales, vin, fruits et légumes) ont confirmé à l'AFP avoir été conviées.

Les syndicats majoritaires FNSEA et JA, qui ont engrangé à la faveur de cette crise une moisson inédite de réponses à leurs revendications, attendent du président une prise de parole faisant écho à son discours de Rungis de 2017, qui fait figure d'épouvantail pour une grande partie du monde agricole.

Le chef de l'Etat nouvellement élu avait alors secoué les filières en prônant une production alimentaire plus qualitative, plus durable, et théoriquement plus rémunératrice pour les agriculteurs. Une stratégie percutée par l'inflation et la résistance du secteur.

"Il faut qu'il reprenne la parole pour redonner sa vision pour l'avenir du monde agricole, qu'il nous dise comment il voit la ferme France dans 10, 20, 30 ans, comment il la place dans l'agriculture européenne", a dit à l'AFP le président des JA, Arnaud Gaillot.

Le message de la FNSEA à M. Macron ? "Faites en sorte que les annonces formulées se déclinent concrètement", a lancé le président du syndicat, Arnaud Rousseau, dans un entretien au Parisien mercredi. "Et si ce n'est pas le cas pour des raisons administratives ou politiques, alors à l'hiver prochain, il y aura à nouveau des mouvements", a-t-il prévenu.

"J'espère que le président a autre chose à nous dire que 'Le gouvernement a fait tout ce qu'il pouvait pour nous'. Ce ne serait pas entendable", a déclaré à l'AFP la présidente de la Coordination rurale, Véronique Le Floc'h.

Deuxième syndicat représentatif, la Coordination rurale continue d'organiser des manifestations locales, avec notamment des bâchages de radars de vitesse et des slogans comme "Pas d'argent pour les agriculteurs, pas d'argent pour l'Etat".

"Ce qui s'est passé ce week-end [avec les annonces de Gabriel Attal] ou ce qui se dira jeudi ne permettra de clore cette séquence et de dire que tout est réglé pour les paysannes et paysans. On s'organisera" pour continuer la mobilisation, affirme de son côté la porte-parole de la Confédération paysanne, Laurence Marandola.