Jared Kushner qualifie l'accord avec les EAU de « pas de géant »

Jared Kushner lors d'une conférence de presse commune avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. (Photo AP).
Jared Kushner lors d'une conférence de presse commune avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. (Photo AP).
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Publié le Lundi 31 août 2020

Jared Kushner qualifie l'accord avec les EAU de « pas de géant »

  • Israël discute en secret de normalisation des relations avec des pays arabes
  • « Si nous devions attendre les Palestiniens, nous attendrions pour toujours »

JERUSALEM : Israël discute en secret avec des dirigeants arabes et musulmans d'une normalisation de leurs relations, a soutenu dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu à la veille du « premier vol commercial direct » entre l'Etat hébreu et les Emirats arabes unis, après leur récent accord.

Depuis l'annonce le 13 août par Washington de la normalisation de leurs relations, Israël et les Emirats, qui entretiennent depuis des années des liens officieux, ont multiplié les échanges téléphoniques entre ministres et signé des premiers contrats commerciaux. Abou Dhabi a même abrogé samedi une loi de 1972 qui consacrait le boycott de l'Etat hébreu.

Attendre pour « toujours » ?

Jusque-là, la paix avec les Palestiniens étaient considérée comme l'étape préalable à toute normalisation des relations entre Israël et le reste du monde arabe et musulman. 

Mais l'Etat hébreu a tenté d'inverser l'équation ces dernières années pour convaincre des pays arabes de normaliser leurs relations avec Israël, sans attendre la paix avec les Palestiniens. Les Palestiniens ont fustigé l'accord entre Israël et les Emirats, qu'ils qualifient de « coup de couteau dans le dos » de la part d'Abou Dhabi, et ont soutenu que les autres pays arabes « ne pouvaient parler au nom des Palestiniens ».

« Si nous devions attendre les Palestiniens, nous attendrions pour toujours », a lancé M. Netanyahu.

A ses côtés, Jared Kushner a qualifié l'accord avec les Emirats de « pas de géant » et a affirmé « n'avoir jamais été aussi optimiste à propos de la paix » au Moyen-Orient, malgré le refus du leadership palestinien de relancer des pourparlers avec Israël sur la base du plan Trump. 

S’exprimant depuis Tel-Aviv quelques minutes avant le départ du premier vol à partir de l'aéroport Ben Gourion vers les EAU, qui transporte la délégation israélienne, Jared Kusnher a déclaré : "C'est un vol historique, nous espérons que ce sera également le début d'une nouvelle page historique également pour le Moyen-Orient (...) Nous sommes tous les enfants de Dieu et l'avenir ne doit pas être déterminé par le passé". 

Annoncé en janvier dernier, ce plan, qualifié dimanche « d'offre gracieuse et réaliste » par M. Kushner, prévoit notamment la création d'un Etat palestinien mais sur un territoire réduit en Cisjordanie occupée, dont une partie (environ 30%) serait annexée par Israël.

De son côté, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, dans le cadre d'une tournée au Moyen-Orient la semaine dernière qui l'a mené au Soudan, à Bahreïn et à Oman, a tenté de convaincre d'autres pays de la région de suivre l'exemple émirati.

Benjamin Netanyahu s'était quant à lui déjà entretenu ces derniers mois avec des dirigeants du Soudan, du Tchad et d'Oman.

« Ce sont là les rencontres connues. Mais il y a beaucoup plus de rencontres non médiatisées avec des leaders arabes et musulmans pour normaliser les relations avec l'Etat d'Israël », a-t-il déclaré dimanche sans lever le voile sur l'identité des pays concernés par ces discussions.

« Les percées d'aujourd'hui seront les normes de demain, elles ouvriront la voie à d'autres pays qui vont normaliser leurs relations avec Israël », a ajouté M. Netanyahu, aux côtés de Jared Kushner, conseiller à la Maison Blanche et gendre du président Donald Trump, et du conseiller présidentiel à la sécurité nationale, Robert O'Brien.

Vol 971 pour Abou Dhabi

Témoignant de la volonté de faire avancer la normalisation avec Abou Dhabi à vitesse grand V, une délégation américano-israélienne doit s'envoler lundi matin (07H00 GMT) pour le « premier vol commercial direct » entre Israël et les Emirats.

Le vol LY971 du transporteur israélien El-Al, dont l'avion a été décoré des mots « Peace, salam, shalom » doit quitter lundi matin l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv pour Abou Dhabi, avec à son bord de hauts responsables israéliens dont le chef du Conseil national de la sécurité israélien Meir Ben-Shabbat, et une délégation américaine emmenée par Jared Kushner.

Les Emirats et Israël sont géographiquement séparés par l'Arabie saoudite, pays allié des Etats-Unis et proche des Emirats, mais avec lequel Israël n'entretient pas de relations officielles. Selon la presse israélienne, le vol de lundi El-Al devrait traverser l'espace aérien saoudien.

On ne sait pas encore quand auront lieu des vols commerciaux entre les deux pays, ni quand les Israéliens pourront voyager aux Emirats et les Emiratis en Israël, les mesures anticoronavirus interdisant pour l'instant le sol israélien aux touristes étrangers.


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.