Cryptomonnaies: les «mineurs» contraints de fuir la Chine

Une «mine» de cryptomonnaies n'est pas une galerie dans le sol dont on extrairait des bitcoins et autres ethereums. Il s'agit d'un bâtiment accueillant des milliers de serveurs informatiques qui effectuent des calculs. (Photo, AFP)
Une «mine» de cryptomonnaies n'est pas une galerie dans le sol dont on extrairait des bitcoins et autres ethereums. Il s'agit d'un bâtiment accueillant des milliers de serveurs informatiques qui effectuent des calculs. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 25 juin 2021

Cryptomonnaies: les «mineurs» contraints de fuir la Chine

  • La Chine avait déjà décrété une interdiction des transactions en 2017, tout en continuant de tolérer le minage
  • La Chine alimentant près de 80% du commerce planétaire de cryptomonnaies, la facture environnementale n'y est pas anodine, une grande partie de l'électricité chinoise étant produite grâce au charbon

PEKIN : "On réfléchit désormais aux moyens d'aller à l'étranger": confrontés à l'offensive de la Chine contre les cryptomonnaies comme le bitcoin, les "mineurs" chinois sont poussés vers la sortie.

Au nom de préoccupations écologiques et financières face à une activité très énergivore et sur laquelle la banque centrale a peu d'emprise, les autorités locales ont durci le ton ces dernières semaines.

Elles viennent de suspendre le "minage" de cryptomonnaies dans le Sichuan (sud-ouest), l'une des provinces jusqu'ici les plus en pointe dans ce domaine, en raison notamment du faible coût de l'électricité.

Une douche froide pour Chris Zhu, qui venait tout juste d'y déménager les machines de ses clients depuis le Xinjiang (nord-ouest) -- où les autorités locales avaient pris une décision similaire.

"On réfléchit désormais aux moyens d'aller à l'étranger", explique M. Zhu, dont la compagnie, INBTC, qui assure la maintenance de ces machines et des sites de minage, a déjà perdu des millions d'euros cette année.

Une "mine" de cryptomonnaies n'est pas une galerie dans le sol dont on extrairait des bitcoins et autres ethereums. Il s'agit d'un bâtiment accueillant des milliers de serveurs informatiques qui effectuent des calculs.

Ces opérations visent à authentifier les transactions cryptées et rapportent de l'argent aux "mineurs". 

Problème: le minage consomme une énorme quantité d'électricité -- 0,6% de la production mondiale en 2021, selon une prédiction de l'Université de Cambridge (Angleterre).

La Chine alimentant près de 80% du commerce planétaire de cryptomonnaies, la facture environnementale n'y est pas anodine, une grande partie de l'électricité chinoise étant produite grâce au charbon.

Selon une étude publiée en avril dans la revue scientifique Nature, le minage risque ainsi de compromettre les ambitieux objectifs climatiques du pays -- qui prévoit d'atteindre la "neutralité carbone" d'ici 2060.

Direction le Kazakhstan

La Chine avait déjà décrété une interdiction des transactions en 2017, tout en continuant de tolérer le minage.

Mais plusieurs régions ont ordonné ces derniers mois la fermeture des "mines", du Qinghai (nord-ouest) à la Mongolie-intérieure (nord), riches en électricité bon marché -- hydroélectrique ou charbonnée.

Résultat: 90% des capacités chinoises sont aujourd'hui à l'arrêt, selon le quotidien Global Times.

"On avait passé 10 jours à tout déménager", peste Chris Zhu, dont l'entreprise gérait une mine de 260 mégawatts au Xinjiang avant d'être contrainte de plier bagage.

"Avec cette répression dans le Sichuan, on est à court de solutions."

D'après lui, 10% à 20% des acteurs chinois du minage ont entamé leur délocalisation à l'étranger.

Lundi, la firme chinoise BIT Mining, cotée en Bourse aux Etats-Unis, a annoncé avoir déjà transféré 320 machines au Kazakhstan depuis le Sichuan. Elle compte en expédier 2 600 autres dans les prochains jours.

Pour Nic Carter, du fonds américain de capital-risque Castle Island Ventures, aux Etats-Unis, la nouvelle réglementation chinoise sonne comme "un arrêt définitif de l'exploitation minière" dans le pays.

"Tous les mineurs à qui j'ai parlé en Chine sont en train de chercher à délocaliser à l'étranger."

Mais vers où? L'Asie centrale et l'Amérique du Nord sont régulièrement citées.

"Beaucoup n'étaient pas très chauds pour aller à l'étranger lorsque le minage était encore possible en Chine", explique M. Li, un "mineur" chinois qui souhaite conserver l'anonymat.

«Risque politique»

Attiré par l'électricité moins chère, il a délocalisé dès 2018 ses machines au Kazakhstan. Propriétaire là-bas de trois "mines", il aide actuellement des amis à y exporter "plusieurs milliers" de machines. 

Autre destination potentielle selon Nic Carter: les Etats américains de New York, mais surtout du Texas -- dont le gouverneur s'est montré ouvert aux activités de minage.

"Les mineurs vont prendre cela en compte", selon lui. "Le principal danger pour eux, ce n'est pas tant le prix de l'électricité, mais le risque politique."

Beaucoup de professionnels attendent cependant de trouver la destination la plus adaptée.

Outre l'environnement, la stabilité des marchés financiers et monétaires est l'autre justification des nouvelles lois chinoises. Les cryptomonnaies ne peuvent pas être tracées par les banques centrales, rendant très difficile leur régulation. 

Pékin se méfie de l'opacité des transactions, propice aux trafics et autres fraudes financières.

Lundi, la banque centrale a encore ordonné à plusieurs grandes banques nationales et au leader chinois du paiement en ligne, Alipay, d'agir pour stopper les échanges.

"Les transactions et la spéculation sur les cryptomonnaies perturbent l'ordre économique et financier, accroissent le risque d'activités criminelles telles que les transferts d'actifs transfrontaliers et le blanchiment d'argent", a-t-elle indiqué.

Le secteur va-t-il encaisser le coup?

Nic Carter prédit une année au ralenti en raison de ces relocalisations: "les transactions vont se faire plus lentement, probablement pendant quelques mois".


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com