Macron couvrira-t-il le rôle iranien au Liban?

Le président français Emmanuel Macron dans une rue dévastée de Beyrouth, au Liban, le 6 août 2020, deux jours après qu'une explosion massive ait dévasté la capitale libanaise (Thibalut Camus/AFP)
Le président français Emmanuel Macron dans une rue dévastée de Beyrouth, au Liban, le 6 août 2020, deux jours après qu'une explosion massive ait dévasté la capitale libanaise (Thibalut Camus/AFP)
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Publié le Dimanche 30 août 2020

Macron couvrira-t-il le rôle iranien au Liban?

  • Il n'est plus possible d'isoler les démarches des grandes puissances des positions des trois grandes puissances régionales, Israël, l'Iran et la Turquie et de leurs ambitions
  • Paris a peu de chances d'influencer la présence des forces américaines et russes, mais des erreurs de calcul au Liban pourraient s'avérer fatales

Dans la boue des préparatifs de la deuxième visite d'ici quelques semaines du président français Emmanuel Macron au Liban, les attentes et les fuites tourbillonnent, mais beaucoup de gens ne se rendent pas compte que le Liban fait partie de l'ensemble.
Il est vrai que ce qui s'est passé le 4 août dans le port de Beyrouth a été un vrai désastre, mais il est également vrai qu'il n'y a plus de frontières significatives, au milieu de la montée des ambitions, des croisements d’intérêts et de la formation d'alliances dans la région.
Macron, s'il est titillé par le « romantisme » du rôle éclairant français en Méditerranée orientale, il préside un pays qui n’est qu'un acteur parmi plusieurs grands autres. Et si la préoccupation américaine de la problématique locale et des priorités sino-russes permet à la France de lancer des initiatives de bons offices, cela ne veut pas dire qu’elle a le bras libre au Liban, sans parler des environs. Pour une meilleure vision de cet aspect de la question, il suffit de souligner que la deuxième visite "Macron" coïncide presque, comme la précédente, avec la visite d'un responsable américain qui ne se contentera peut-être pas d'écouter.
En revanche, il n'est plus possible d'isoler les démarches des grandes puissances des positions des trois grandes puissances régionales, Israël, l'Iran et la Turquie et de leurs ambitions. Au Liban, pays le plus petit, le plus pluraliste et le plus complexe du Proche-Orient, les intérêts des trois puissances se croisent.

Paris et Washington sont conscients de la sensibilité de cette intersection. Israël est présent à travers la "ligne bleue", surveillée par une force internationale dont le nombre et le rôle viennent d’être réduits. Au prétexte de « l’agressivité » d'Israël, la milice chiite du Hezbollah conserve l’exclusivité du stockage d’armes lourdes, les autres composantes confessionnelles libanaises ayant déposé les leurs. Grâce à cet armement, cette milice iranienne – de loyauté et de commandement - a pu resserrer son emprise sur son environnement communautaire, changer sa culture politique et ses conditions économiques, et ainsi imposer une hégémonie effective sur le système politique du Liban.

Les chapitres du « scénario » ne s’arrêtent pas là. Le chemin rampant de l'hégémonie, et ses étapes sanglantes, n’allaient pas manquer de provoquer des réactions de la part des autres composantes confessionnelles. Les débuts remontent à 2005 avec l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, que l'appareil de sécurité syro-libanais était accusé - à l'époque - d'avoir commis.
Et encore une fois, il était très naturel qu’un crime de cette ampleur, et dans les circonstances politiques où il s'est produit, soulève la rue sunnite qui s’est sentie humiliée et exclue, en particulier à la lumière de la position du Hezbollah explicitement en faveur du régime syrien, et cela avant même que les accusations soient dirigées contre quiconque. Des éléments de la formation pro-iranienne sont déjà soupçonnés d’implication dans l’organisation de l’attentat.

Par la suite, cette tendance s'est confirmée entre 2006 et 2008 avec le siège du gouvernement, qui avait insisté pour confier l’enquête sur l'assassinat de Hariri à un tribunal international – en dépit de l'opposition du Hezbollah - et bien sûr l’« invasion» armée que le Hezbollah avait lancée sur Beyrouth et la montagne en Mai 2008.
En 2011, la rue syrienne se soulevait, à partir de la ville de Deraa. Cette révolution a représenté une soupape pour les Libanais marginalisés et frustrés, et elle a gagné un large soutien populaire dans de nombreux milieux, au premier rang desquels la rue sunnite des grandes villes, ainsi que dans les campagnes reculées et défavorisées du Akkar et de Denniyeh au nord du Liban, et la ville de Ersal et ses environs au nord-est.
Ainsi, la répression sanglante pratiquée par le régime de Damas a conduit à une augmentation des troubles dans ces régions libanaises, et un certain nombre de jeunes se sont portés volontaires auprès de la révolution syrienne. Un discours politique radical a retenti des chaires d'un certain nombre de mosquées dans les villes et villages, notamment Saida et Tripoli.
Dans cette atmosphère, deux phénomènes sont apparus, toujours en cours d'exploitation : le phénomène cheikh Ahmed Al-Assir (actuellement emprisonné) à Saida, avec sa véhémente rhétorique contre le Hezbollah et Damas, et le silence de l'État libanais sur l’engagement du Hezbollah dans les combats aux côtés du régime en Syrie. Le phénomène identitaire de la réaction sunnite - en particulier dans le nord du Liban - est «Daeshanah» (par rapport à ISIS) et le terme «Kandahar» est utilisé pour la ville de Tripoli.
En fait, ni le cheikh prisonnier et son groupe, ni les jeunes hommes qui sont allés combattre en Syrie aux côtés de la révolution n'ont fait autre chose que ce que faisait le Hezbollah. Le cheikh prisonnier est un religieux qui parlait dans les mosquées et publiait des fatwas en politique, tout comme les dirigeants du Hezbollah. Et la jeunesse sunnite libanaise enthousiaste est allée se battre en Syrie tout comme la jeunesse du Hezbollah. Le seul point de différence entre les deux cas est sectaire. Le parti ne fait pas seulement partie du « gouvernement légitime » et estime qu'il a le droit de distribuer des certificats de patriotisme et des accusations de trahison. Il se prétend plutôt une « résistance » qui se réserve l’exclusivité de l’hostilité à Israël et la prétention de libérer Jérusalem. Quant aux opposants de la formation, ils sont soit des « terroristes », soit des membres de l'«État islamique », ou encore des «  agents » d’ Israël.
Cette situation perdure. Le Hezbollah a gagné du terrain en termes d'acceptation et d'approbation en raison des erreurs tactiques et stratégiques que le gouvernement turc continue de commettre, d’abord en Syrie après l'accord d'Astana avec les Russes et les Iraniens, puis en direction de l'ouest, jusqu'à la Libye. Ce n'est un secret pour personne que la position française sur la Turquie n'a jamais été amicale, ni pendant la première période ottomane, ni aujourd'hui dans sa phase néo-ottomane, ni durant la période intermédiaire de laïcité kémaliste.
La France, dont le mandat sur le Liban et la Syrie en 1920 a hérité de la domination ottomane, considère la Turquie comme son premier ennemi dans la région. La crainte est que cette obsession historique ne pousse la Turquie à un accord douloureux avec l’Iran, dont le prix sera payé par les Libanais et les Syriens. Certes, en Syrie, Paris a peu de chances d'influencer la présence des forces américaines et russes, mais des erreurs de calcul au Liban pourraient s'avérer fatales.
Ce qui se dit est que le président Macron présentera aux Libanais pour les 100 prochaines années un tracé des frontières de leur pays avec une formule plus proche de « ni vainqueur ni vaincu ». En dehors de cela, toute concession de la part de l’Iran sera liée aux élections américaines, après lesquelles Téhéran espère monter en force si les démocrates arrivent au pouvoir. Par ailleurs, les réalités démographiques et économiques au Liban, en particulier après la catastrophe de Beyrouth, sont devenues plus importantes que les options politiques.


Le président libanais veut reprendre les rênes de la souveraineté nationale

Le président libanais Joseph Aoun en entretien exclusif avec Ghassan Charbel, rédacteur en chef d'Asharq Al-Awsat. (Photo : Asharq Al-Awsat)
Le président libanais Joseph Aoun en entretien exclusif avec Ghassan Charbel, rédacteur en chef d'Asharq Al-Awsat. (Photo : Asharq Al-Awsat)
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  • Le président libanais Joseph Aoun affirme vouloir bâtir un État qui détient seul le pouvoir de décision concernant la guerre et la paix
  • Le chef de l'État a réaffirmé avec fermeté son engagement envers la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun affirme vouloir bâtir un État qui détient seul le pouvoir de décision concernant la guerre et la paix, tout en soulignant son engagement à mettre en œuvre la résolution 1701 du Conseil de sécurité.

"Notre objectif est de construire un État souverain où les décisions de guerre et de paix lui appartiennent exclusivement." Cette déclaration forte du président libanais Joseph Aoun, dans sa première interview accordée à Asharq Al-Awsat depuis son élection en janvier, marque clairement ses ambitions pour un Liban en quête de stabilité.

Face au rédacteur en chef Ghassan Charbel, le chef de l'État libanais n'a pas mâché ses mots concernant la souveraineté nationale. "Le concept même de souveraineté implique que l'État détienne le monopole des armes et des décisions stratégiques", a-t-il martelé

"Quand cela sera-t-il réalisé? Les circonstances le permettront certainement," a-t-il confié au journal.

À la question épineuse de savoir si l'État libanais pourra imposer son autorité sur l'ensemble du territoire sans partenariat militaire extérieur, Aoun a été catégorique: "Il n'est désormais plus acceptable que quiconque, hormis l'État, assume la protection du territoire et du peuple."

"Lorsqu'une agression est perpétrée contre le Liban, c'est à l'État seul de décider de la riposte et de déterminer comment mobiliser ses forces pour défendre le pays", a précisé le président.

Le chef de l'État a réaffirmé avec fermeté son engagement envers la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies. "L'État et toutes ses institutions sont pleinement engagés à appliquer cette résolution sur l'intégralité du territoire libanais", a assuré Aoun.

Questionné sur la nécessité d'une stratégie de défense nationale, le président a souligné qu'un État responsable doit se doter d'une vision sécuritaire globale, "même en l'absence d'ennemis à ses frontières", englobant non seulement les aspects militaires mais aussi économiques.

"Nous sommes las de la guerre", a-t-il confié. "Notre espoir est de clore définitivement l'ère des conflits armés et de privilégier les solutions diplomatiques."

Concernant le maintien controversé de l'armée israélienne sur cinq points stratégiques dans le sud du Liban, Aoun n'a pas caché sa déception. "Israël aurait dû honorer l'accord de cessez-le-feu parrainé par les États-Unis et la France, impliquant un retrait complet des zones occupées pendant le conflit avec le Hezbollah", a-t-il déclaré.

"Nous maintenons un dialogue constant avec Paris et Washington pour exercer une pression sur Israël afin qu'il se retire de ces cinq points, qui n'ont d'ailleurs aucune valeur militaire stratégique", a précisé le président. Et d'ajouter: "À l'ère des drones et des satellites, une simple colline n'offre plus d'avantage tactique significatif."

Le président libanais a justifié son choix de l'Arabie Saoudite comme destination de sa première visite officielle à l'étranger: "Le Royaume est devenu un acteur incontournable pour la région et pour le monde entier, une véritable plateforme pour la paix mondiale."

Aoun ne cache pas ses attentes vis-à-vis de Riyad: "J'espère que nous pourrons, avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, redresser nos relations bilatérales dans l'intérêt mutuel et lever tous les obstacles à une coopération naturelle entre nos deux pays."

Le président a également révélé son intention de solliciter la réactivation d'une aide militaire saoudienne au Liban.

Sur le dossier syrien, Aoun a évoqué sa volonté d'établir des relations constructives avec "la nouvelle administration syrienne", soulignant l'urgence de résoudre la question de la frontière poreuse entre les deux pays.

"La contrebande transfrontalière pose problème, et nous devons prioritairement procéder à une délimitation précise des frontières terrestres et maritimes avec la Syrie", a-t-il indiqué.

Le président libanais a conclu en appelant à une solution pour les quelque deux millions de réfugiés syriens présents sur le sol libanais: "L'État syrien ne peut se permettre d'abandonner autant de ses citoyens." Selon lui, leur retour est désormais justifié puisque "la guerre syrienne est terminée et le régime qui les persécutait s'est effondré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

NDLR: Mosaïque est une revue de presse qui offre au lecteur un aperçu sélectif et rapide des sujets phares abordés par des quotidiens et médias de renommée dans le monde arabe. Arab news en français se contente d’une publication très sommaire, renvoyant le lecteur directement vers le lien de l’article original. L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.


Décolonisation du Sahara Occidental : Bendjama recadre la délégation marocaine à l’ONU

(El Watan)
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  • L’ambassadeur Bendjama a rappelé qu’«il y a plusieurs organisations internationales qui se trouvent actuellement à Tindouf et qui témoignent régulièrement sur la situation dans les camps de réfugiés»
  • Pour conclure, il a réitéré que «l’Algérie n’est pas partie au conflit, et elle n’y a aucune ambition territoriale».

Le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies à New York, Amar Bendjama, a recadré, par deux fois, l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilal, à propos du processus de décolonisation du Sahara occidental en rappelant les vérités historiques et les fondamentaux du conflit sahraoui. 

Réagissant au narratif fallacieux et éculé de la délégation marocaine, Amar Bendjama a exercé deux droits de réponses consécutifs lors des travaux de la session du Comité de décolonisation de l’ONU (C-24), tenus mardi à New York, et consacrés à la question du Sahara occidental.

L’ambassadeur marocain a été visiblement déstabilisé par l’intervention de la délégation algérienne et les autres délégations, mais aussi et surtout par la participation active de plusieurs pétitionnaires militants pour la cause sahraouie, dont des ressortissants marocains. Dans ses réponses, adressées aussi à certains pays épousant les thèses marocaines, l’ambassadeur Bendjama a tenu à préciser qu’il tenait à faire part de sa réaction à «ceux qui ont cité mon pays dans leurs interventions/citations, qui, me semble-t-il, dérivent d’un même talking points». 

Sur la question des tables rondes, il a affirmé que «c’est moins la table que le menu qui pose problème». «Le Maroc ne veut en effet y discuter que de sa soi-disant proposition d’autonomie. Demandez-lui, s’il veut comme le souhaitent les représentants légitimes du peuple sahraoui discuter de l’autodétermination, du référendum, des droits de l’homme, de l’exploitation illégale des ressources…», s’est-il interrogé.

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2 millions de pèlerins commencent le Hajj vendredi avec des services complets à leur disposition

Les pèlerins passeront la journée à Mina avant de se diriger vers Arafat samedi. (SPA)
Les pèlerins passeront la journée à Mina avant de se diriger vers Arafat samedi. (SPA)
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  • Plus de 2 millions de pèlerins commenceront vendredi le pèlerinage annuel du Hajj, à partir de Mina, et au milieu d'un ensemble complet de services mis à leur disposition visant à garantir un voyage sûr et fluide
  • Les pèlerins passeront la journée à Mina où ils accompliront les prières du Duhr, de l'Asr, du Maghreb et de l'Isha avant de se diriger vers Arafat samedi, jour le plus important du Hajj

Plus de 2 millions de pèlerins commenceront vendredi le pèlerinage annuel du Hajj, à partir de Mina, et au milieu d'un ensemble complet de services mis à leur disposition visant à garantir un voyage sûr et fluide.

Les pèlerins passeront la journée à Mina où ils accompliront les prières du Duhr, de l'Asr, du Maghreb et de l'Isha avant de se diriger vers Arafat samedi, jour le plus important du Hajj.

Mina est considérée comme la plus grande ville de tentes du monde et l’un des mégaprojets de l’Arabie Saoudite. Il s'étend sur 2,5 millions de mètres carrés pour accueillir 2,6 millions de pèlerins.

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