France: Arles la Romaine s'enrichit d'une tour Gehry, avec un campus artistique

Connue pour ses arènes romaines, Arles s'enrichit d'un nouveau monument: une tour de 56 mètres de haut de l'architecte Frank Gehry, phare du vaste "campus créatif" de la fondation Luma. (Photo, AFP)
Connue pour ses arènes romaines, Arles s'enrichit d'un nouveau monument: une tour de 56 mètres de haut de l'architecte Frank Gehry, phare du vaste "campus créatif" de la fondation Luma. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 26 juin 2021

France: Arles la Romaine s'enrichit d'une tour Gehry, avec un campus artistique

  • Outre sa tour, Luma compte des espaces d'exposition et de performance
  • Frank Gehry, 92 ans, a enveloppé de 11 000 panneaux d'inox cette tour ceinte à sa base d'un vaste rotonde en verre, le «drum»

ARLES: Connue pour ses arènes romaines classées au patrimoine mondial, la ville d'Arles, dans le sud de la France, s'enrichit samedi d'un nouveau monument, une tour aux reflets métalliques de 56 mètres de haut conçue par l'architecte Frank Gehry, phare du vaste "campus créatif" de la Fondation Luma.

Concepteur du musée Guggenheim de Bilbao enrobé de titane ou du Walt Disney Concert Hall à Los Angeles, Frank Gehry, 92 ans, a enveloppé de 11 000 panneaux d'inox cette tour ceinte à sa base d'un vaste rotonde en verre, le "drum". Elle abrite des expositions d'art contemporain, une bibliothèque, des bureaux...

De loin, l'édifice torsadé reflète les lumières changeantes de cette ville qui inspira le peintre Van Gogh et prend les teintes calcaire du massif des Alpilles. Sa structure, rappelant un amas de bloc rocheux, s'embrase d'orangé au soleil couchant.

"C'est une ville qui connaît la monumentalité architecturale depuis qu'elle a été fondée", rappelle le directeur de Luma Arles Mustapha Bouhayati en évoquant les arènes et le théâtre antique romains. La tour Luma est "une continuité de cette monumentalité architecturale (...) on construit ici un peu le patrimoine de demain". La fondation Luma est dédiée au soutien de la création artistique contemporaine.

Comme souvent, lorsque l'architecture moderne rencontre le patrimoine ancien, les discussions sont allées bon train entre partisans et détracteurs de la tour, même si après des années de construction, elle semble désormais "entrée dans le paysage" arlésien.

"Le désir est que les gens viennent s'emparer de ce lieu et que les récalcitrants puissent venir voir aussi ce qui s'y passe", déclare à l'AFP Maja Hoffmann, mécène suisse, qui voit l'édifice comme un "phare" de son complexe Luma Arles qu'elle inaugure samedi sur onze hectares d'une friche industrielle.

"On franchit une étape importante dans ce projet (...) c'est un chantier de sept ans et dix ans, même plus, d'années de réflexion", ajoute-t-elle.

Outre sa tour, Luma compte des espaces d'exposition et de performance. Mais aussi un skatepark phosphorescent, créé par l'artiste coréenne Koo Jeong A, et un vaste parc public conçu par le paysagiste belge Bas Smets réalisé en partenariat avec la ville d'Arles.

«Arles m'a choisie»

Richissime co-héritière du géant pharmaceutique suisse Roche, Maja Hoffmann navigue dans le monde de l'art contemporain, dans la lignée de sa grand-mère. "Productrice" d'oeuvres, collectionneuse, elle détient des archives des photographes Annie Leibovitz ou Diane Arbus, des oeuvres de la peintre et écrivaine libanaise Etel Adnan, raconte avoir côtoyé Jean-Michel Basquiat à New York.

Une partie de sa collection est présentée de manière "éphémère" dans une des salles de la tour, dont un amusant "Théâtre d'ombres" de l'Allemand Hans-Peter Feldmann associant aussi bien un fouet de cuisine qu'un canard ou une statue de la liberté en plastique.

Combien lui a coûté la création de lieu où elle voudrait que se croisent "l'écologie, les droits de l'homme et l'art"? "Je ne parle pas d'argent dans cette interview", élude-t-elle.

Pourquoi à Arles, ville de 53.000 habitants? "Ce n'est pas moi qui ai choisi Arles, c'est Arles qui m'a choisie", dit celle qui a pu compter sur le soutien indéfectible de l'ancien maire communiste Hervé Schiavetti et qui rappelle être arrivée dans la ville "à l'âge de 15 jours" avec sa famille.

Son père, l'ornithologue Luc Hoffmann, co-fondateur du Fonds mondial pour la nature (WWF), y a créé une réserve destinée à préserver la biodiversité de la Camargue, ce delta formé entre les bras du Rhône et la Méditerranée, connu pour ses flamants roses. Elle a grandi là et, dans la tour, le sel de Camargue est utilisé en panneaux muraux et les algues du delta en tuiles ou teinture textile.

Son père avait protégé l'habitat pour préserver les espèces, Maja Hoffmann a voulu créer un "écosystème pour la création", estime Mustapha Bouhayati.

Elle affirme vouloir par le projet Luma "augmenter le nombre de visiteurs l'hiver" dans cette ville de contrastes sociaux où près d'un quart des habitants vivent sous le seuil de pauvreté.


Villa Hegra, où le patrimoine devient moteur d’innovation et de diplomatie culturelle

De gauche à droite, Ingrid Périsset, Hervé Lemoine et Fériel Fodil. (Photo Arlette Khouri)
De gauche à droite, Ingrid Périsset, Hervé Lemoine et Fériel Fodil. (Photo Arlette Khouri)
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  • La Villa Hegra n’est pas seulement un lieu d’exposition ou de résidence : elle s’affirme comme un outil de diplomatie culturelle
  • En réunissant artistes, chercheurs et institutions, elle favorise la circulation des idées et des pratiques entre la France, l’Arabie saoudite et au-delà

PARIS: Dans le cadre de la dixième édition de « Think Culture », un rendez-vous incontournable qui interroge les liens entre culture, innovation et société, une table ronde posait une question centrale : comment préserver l’identité d’un site patrimonial exceptionnel tout en l’inscrivant dans le présent et l’avenir ?

Pour y répondre, les organisateurs ont choisi un exemple emblématique : la Villa Hegra, première institution franco-saoudienne dédiée à la coopération culturelle, implantée au cœur du site d’AlUla, au nord-est de l’Arabie saoudite.

Trois voix se sont relayées pour éclairer les enjeux de ce projet : Ingrid Périsset, directrice de la recherche archéologique et du patrimoine pour l’Agence française de développement d’AlUla (AFALULA) ; Fériel Fodil, directrice générale de la Villa Hegra ; et Hervé Lemoine, président de l’Établissement public des manufactures nationales et du Mobilier national.

En introduction, Ingrid Périsset a rappelé les racines profondes de la coopération franco-saoudienne dans le domaine archéologique, soulignant que, depuis près d’un quart de siècle, des chercheurs français travaillent sur le site d’Hegra, « petite sœur de Pétra », joyau nabatéen classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette présence pionnière, amorcée au début des années 2000, a contribué à révéler la richesse exceptionnelle d’AlUla et à établir un climat de confiance entre les deux pays.

Pour l’archéologue, il n’existe pas de rupture entre passé et présent : « L’histoire de l’art est un continuum, une transmission permanente. Les artistes contemporains se retrouvent souvent bouleversés en découvrant des objets millénaires, comme s’ils partageaient une même mémoire créative avec ceux qui les ont façonnés. »

Cette vision inscrit la Villa Hegra dans une logique de dialogue entre héritage et création, où la préservation patrimoniale nourrit l’innovation culturelle.

Prenant la parole, Fériel Fodil a présenté la genèse et les spécificités de la Villa Hegra. Créée à la suite d’un accord intergouvernemental signé en 2021 et renforcée par un décret royal en 2024, lors de la visite du président Emmanuel Macron en Arabie saoudite, l’institution s’affirme comme un pilier de la diplomatie culturelle.

Sa singularité tient à sa gouvernance bicéphale, à la fois française et saoudienne, qui se traduit par une double direction curatoriale, des équipes mixtes et une programmation ouverte aux artistes francophones et arabophones. « C’est la première villa véritablement binationale du réseau français, souligne-t-elle. Elle incarne une volonté de coopération équilibrée et réciproque. »

La Villa Hegra rejoint ainsi les grandes villas françaises à l’étranger – de la Villa Médicis à Rome à la Casa de Velázquez à Madrid, en passant par la Villa Kujoyama à Kyoto et la Villa Albertine aux États-Unis. Mais, contrairement à ses sœurs, elle s’implante dans un territoire encore en devenir culturel, avec l’ambition d’être ancrée localement tout en restant ouverte sur le monde.

Pour Hervé Lemoine, l’intérêt de la Villa Hegra tient aussi à sa capacité à accueillir les métiers d’art et du design, trop souvent relégués au second plan derrière les arts visuels ou les arts vivants. Ces savoir-faire, estime-t-il, constituent pourtant un patrimoine matériel essentiel.

Le partenariat entre la Villa Hegra et les Manufactures nationales vise à valoriser cette dimension. Dès les premiers échanges, des pièces de mobilier français ont été installées sur place, non pas uniquement pour leur confort ou leur esthétique, mais pour témoigner de la richesse des traditions artisanales. « C’est une autre manière de créer des ponts, explique-t-il. En montrant le travail du bois ou des arts décoratifs, nous favorisons un échange culturel fondé sur la main, le geste et la matière. »

Ce dialogue se concrétise également par des résidences croisées : une jeune artiste saoudienne rejoindra bientôt les ateliers français pour découvrir la diversité des métiers représentés. Il s’agit là d’une transmission tangible des savoir-faire, vecteur d’innovation et de coopération durable.

La Villa Hegra n’est pas seulement un lieu d’exposition ou de résidence : elle s’affirme comme un outil de diplomatie culturelle. En réunissant artistes, chercheurs et institutions, elle favorise la circulation des idées et des pratiques entre la France, l’Arabie saoudite et au-delà.

Son inscription officielle dans le réseau des villas françaises, prévue à Paris en octobre prochain, ouvrira la voie à de nouveaux échanges artistiques entre les différents sites — qu’il s’agisse de l’Opéra de Paris invité à AlUla ou de collaborations entre designers, musiciens et écrivains.

À travers cette initiative, la France et l’Arabie saoudite affirment une ambition commune : relier le passé au présent et faire du dialogue interculturel un moteur de rayonnement international.


Le pavillon de l’Arabie saoudite remporte le prix de l’innovation technologique pour la durabilité à l’Expo d’Osaka

Le projet a démontré sa capacité à favoriser la croissance à long terme des coraux, illustrant la manière dont une technologie de pointe et durable, grâce à l'impression 3D, peut remédier à la perte de biodiversité et contribuer à renforcer la résilience face au changement climatique. (Photo: fournie)
Le projet a démontré sa capacité à favoriser la croissance à long terme des coraux, illustrant la manière dont une technologie de pointe et durable, grâce à l'impression 3D, peut remédier à la perte de biodiversité et contribuer à renforcer la résilience face au changement climatique. (Photo: fournie)
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  • Le pavillon d’Arabie saoudite a reçu le tout premier prix de l’innovation technologique à l’Expo 2025 d’Osaka, grâce à son projet de récifs coralliens imprimés en 3D, présenté dans l’espace "Sustainable Seas"
  • Ce projet pionnier allie technologie de pointe et durabilité environnementale, en démontrant comment l’impression 3D peut favoriser la régénération des coraux et lutter efficacement contre la perte de biodiversité

OSAKA: Le pavillon de l’Arabie saoudite a annoncé avoir remporté le premier prix de l’innovation technologique lors de l’Expo 2025 d’Osaka, pour son projet de récifs coralliens en 3D, présenté dans sa salle immersive "Sustainable Seas".

Le Prix de l’Innovation Technologique de l’Expo a été attribué conjointement par le Bureau International des Expositions (BIE) et le Global Industrial and Social Progress Research Institute (GISPRI). Il sera officiellement remis au pavillon saoudien dimanche, par le secrétaire général du BIE et le président du GISPRI.

Le projet de récifs coralliens en 3D illustre avec succès comment les technologies de pointe, durables et basées sur l’impression 3D peuvent répondre à la perte de biodiversité et encourager la régénération naturelle des coraux à long terme.

L’ambassadeur d’Arabie saoudite au Japon, le Dr Ghazi Faisal Binzagr, a déclaré : « Nous sommes honorés de recevoir cette reconnaissance internationale à l’Expo 2025 d’Osaka. Au-delà d’un prix, c’est la confirmation de notre responsabilité à mobiliser l’innovation et le savoir-faire du Royaume pour construire un avenir plus durable, pour les générations à venir. »

« Depuis le début, la collaboration et les partenariats ont été au cœur de la démarche du pavillon saoudien, guidant notre progression et nos réussites. Nous sommes fiers de cette reconnaissance et reconnaissants envers nos partenaires et collègues qui l’ont rendue possible. »

Le projet de récifs coralliens en 3D démontre une réussite concrète dans la promotion de la croissance corallienne à long terme, tout en mettant en lumière le rôle des technologies innovantes dans la lutte contre la perte de biodiversité et dans la résilience climatique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.jp


Retour sur les liens de Giorgio Armani avec le Moyen-Orient

Giorgio Armani est décédé, a confirmé la maison de couture Armani le 4 septembre. (AFP)
Giorgio Armani est décédé, a confirmé la maison de couture Armani le 4 septembre. (AFP)
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  • Giorgio Armani, figure emblématique de la mode mondiale, entretenait des liens forts avec le Moyen-Orient, incarnés par l’hôtel Armani à Dubaï, le Golden Visa émirati et des projets récents en Arabie saoudite
  • Fondateur d’un empire dépassant les 10 milliards de dollars, Armani a imposé une esthétique unique — élégante, sobre et intemporelle — qui a influencé la mode, le design et l’hôtellerie de luxe à l’échelle mondiale

DUBAÏ – Giorgio Armani, le créateur italien qui a transformé le concept d’élégance discrète en un empire de la mode pesant plusieurs milliards de dollars, est décédé, a confirmé sa maison de couture. Il avait 91 ans.

Armani est mort chez lui, a indiqué la maison Giorgio Armani. Figure emblématique de l’industrie mondiale de la mode, il avait manqué pour la première fois la Fashion Week de Milan en juin 2025, lors des présentations de la collection printemps-été 2026 homme, en raison d’un problème de santé non précisé. Il préparait un événement majeur pour célébrer les 50 ans de sa maison Giorgio Armani pendant la Fashion Week de Milan ce mois-ci.

Armani était reconnu pour ses liens étroits avec le Moyen-Orient, et avait reçu en 2021 le Golden Visa des Émirats arabes unis, lui offrant un droit de résidence de 10 ans en reconnaissance de sa contribution à la scène de la mode internationale.

Le visa lui avait été remis par le Major Général Mohamed Ahmed Al-Marri, directeur général de la Direction générale de la résidence et des affaires des étrangers.

Dubaï abrite également l’hôtel Armani, situé dans la Burj Khalifa, le plus haut gratte-ciel du monde.

En 2021, le créateur avait également organisé un défilé exclusif à l’hôtel Armani, marquant le 10e anniversaire de l’établissement et les 40 ans de la marque Armani — une autre preuve de son lien privilégié avec la ville.

En mars dernier, Diriyah Company avait annoncé le lancement des Armani Residences Diriyah, marquant la première incursion de la maison italienne en Arabie saoudite.

L’actrice libano-jordanienne Andria Tayeh est, quant à elle, ambassadrice beauté de la marque pour la région.

Partant d’une veste non doublée, d’un pantalon simple et d’une palette urbaine, Armani a imposé le style prêt-à-porter italien sur la scène internationale à la fin des années 1970, créant une silhouette décontractée immédiatement reconnaissable, qui a porté sa maison durant un demi-siècle.

Du bureau exécutif aux tapis rouges d’Hollywood, Armani a habillé les riches et célèbres avec des tenues classiques et structurées, dans des tissus ultra doux aux tons sobres. Ses costumes de gala et robes de soirée scintillantes ont souvent volé la vedette lors des cérémonies de remise de prix.

Au moment de sa mort, Giorgio Armani avait bâti un empire évalué à plus de 10 milliards de dollars, comprenant non seulement les vêtements, mais aussi des accessoires, du mobilier, des parfums, des cosmétiques, des livres, des fleurs et même des chocolats — le plaçant selon Forbes parmi les 200 plus grandes fortunes mondiales.

Le créateur possédait également plusieurs bars, clubs, restaurants, ainsi que son équipe de basket, EA7 Emporio Armani Milan, plus connue sous le nom d’Olimpia Milano. Depuis 1998, il avait ouvert plus de 20 restaurants, de Milan à Tokyo, ainsi que deux hôtels : l’un à Dubaï en 2009, l’autre à Milan en 2010.

Armani lui-même était le socle de son style.

Le style Armani, c’était avant tout Giorgio Armani lui-même : des yeux bleus perçants encadrés d’un bronzage permanent, une chevelure argentée précoce, les jeans et t-shirts devenus son uniforme de travail, et une décoration minimaliste dans ses résidences privées. Un style à l’image de l’homme : épuré, intemporel, inimitable.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com