Jadis miracle économique, la tech bélarusse s'exile face à la répression

Et d'autres pourraient suivre, la répression se poursuivant, avec des milliers d'arrestations, et les sanctions occidentales se multipliant pour isoler le régime. (Photo, AFP)
Et d'autres pourraient suivre, la répression se poursuivant, avec des milliers d'arrestations, et les sanctions occidentales se multipliant pour isoler le régime. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 27 juin 2021

Jadis miracle économique, la tech bélarusse s'exile face à la répression

  • «A Minsk, les endroits où les geeks de la tech faisaient la fête se sont vidés, les cafés sont vides, certains ont mis la clé sous la porte»
  • En quelques années, le Bélarus, pays pourtant à l'économie dirigiste et étatisée, avait réussi un exploit singulier

KIEV: Comme des milliers de spécialistes de la tech, Aliaksandr Tcharnavoki a fui le Bélarus après avoir participé à la contestation, violemment réprimée, contre le président Loukachenko, un exode qui menace un secteur florissant.

"Il y a eu beaucoup de violence, d'anarchie juridique, d'anarchie d'Etat", raconte M. Tcharnavoki, 39 ans. 

Après avoir participé aux manifestations de l'été 2020, il a été arrêté, détenu pendant quatre jours et battu par les autorités. Il a été frappé "moins fort que d'autres", raconte-t-il, alors que les témoignages de tortures sont légion.

Lorsque l'opposition a appelé à une grève générale pour faire fléchir le régime, "je me suis rendu compte que la majorité ne la suivrait pas" dans l'entreprise de conception de plateformes de gestion visuelle dans laquelle il travaillait mais dont il préfère taire le nom.

En octobre, il quitte donc Minsk pour Kiev, en Ukraine, où il retrouve facilement un emploi.

En quelques années, le Bélarus, pays pourtant à l'économie dirigiste et étatisée, avait réussi un exploit singulier: entre exonérations d'impôts et salaires attractifs, il s'est doté d'un secteur de la technologie d'envergure mondiale.

Le Hi-Tech Park de Minsk (HTP) a vu plus de 1 000 entreprises s'enregistrer, employant quelque 70 000 personnes. 

Le géant Wargaming, auteur du succès planétaire "World of Tanks" a été fondé dans la capitale bélarusse et y maintient encore d'importantes opérations. 

L'application d'appels Viber y a aussi eu des bureaux avant son rachat par le japonais Rakuten en 2014.

D'autres entreprises, très profitables, spécialisées dans le développement de logiciels pour les entreprises y ont construit leur succès.  

Le secteur se targuait encore d'une croissance de 25% sur un an à 2,7 milliards de dollars en 2020, son record. Le HTP disait lui peser plus de 4% du PIB en 2020.

Mais les employés de la tech se sont massivement rangés du côté de l'opposition, contestant la réélection en août 2020 d'Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994.

"La croissance a ralenti", affirme Sergueï Lavrinenko, analyste basé à Minsk, estimant à près de 15 000 le nombre d'employés ayant quitté le pays.

Et d'autres pourraient suivre, la répression se poursuivant, avec des milliers d'arrestations, et les sanctions occidentales se multipliant pour isoler le régime.

"Si la situation ne change pas (...) dans quelques années, l'industrie pourrait même se trouver en récession", résume l'expert.

Stanislav Bogdankevitch, ancien chef de la Banque centrale bélarusse, prévoit même la "mort" du secteur si la crise n'est pas surmontée d'ici un an.

«Pas d'humeur»

Le Hi-Tech Park avait été créé à Minsk en 2005, un cluster de technologies de l'information aux airs de campus universitaire grisonnant, surnommé "Silicon Valley d'Europe de l'Est". Le projet avait été initié entre autres par Valéry Tsepkalo, ex-diplomate passé à l'opposition et désormais exilé en Pologne dont l'épouse Veronika a aussi été une figure de la contestation. 

La répression a marqué un tournant pour le secteur.

Parmi les cas les plus remarqués, Mikita Mikado, fondateur de l'entreprise de logiciels PandaDoc, a pris position publiquement en 2020 contre le président Loukachenko, mettant en place une cagnotte pour les policiers voulant démissionner. 

Aujourd'hui, trois employés sont assignés à résidence et un autre est en prison.

Le bureau de Minsk a lui déménagé à San Francisco et nombre de collaborateurs ont choisi l'exil. 

"A Minsk, les endroits où les geeks de la tech faisaient la fête se sont vidés, les cafés sont vides, certains ont mis la clé sous la porte", raconte Ivan, 28 ans.

"On n'est pas d'humeur à faire la fête", ajoute ce programmeur resté à Minsk et qui garde l'anonymat de crainte pour sa sécurité. 

Pour les candidats au départ, les choses sont relativement simples, tant leurs compétences sont prisées à l'étranger. 

Les pays voisins --Pologne, pays baltes, Ukraine-- les accueillent à bras ouverts, d'autant qu'ils soutiennent le mouvement contre M. Loukachenko, qui a lui des relations toujours plus étroites avec leur adversaire russe.  

L'Ukraine, par exemple, propose des procédures d'immigration simplifiées et des allégements fiscaux aux informaticiens bélarusses. 

Mais le régime a récemment montré que s'exiler n'est pas une garantie: fin mai, le Bélarus a fait atterrir à Minsk un avion Athènes-Vilnius, arguant d'une alerte à la bombe. A bord, le journaliste d'opposition Roman Protassevitch a été arrêté.


Airbus: commande de 30 avions A320neo et 10 cargo A350F du loueur saoudien AviLease

Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
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  • L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris
  • Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat

LE BOURGET: Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease.

L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris. Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat, de la version et de la configuration de l'appareil et qu'ils demeurent confidentiels.

 

 


Vision Golfe 2025 : Paris accueille une nouvelle étape dans le partenariat stratégique entre la France et le Golfe

Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
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  • Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des pays du
  • Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques

PARIS: Les 17 et 18 juin prochains, la troisième édition de Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ce forum de haut niveau, désormais incontournable, vise à transformer les visions stratégiques partagées en partenariats concrets, autour du thème : « Des visions audacieuses à l’impact concret : une nouvelle ère de coopération ».

Un programme structuré autour de dix axes stratégiques

Pendant deux jours, Vision Golfe 2025 mettra en lumière dix domaines clés de collaboration : transition énergétique, intelligence artificielle, santé, éducation, agroalimentaire, infrastructures intelligentes, luxe, sport, mobilité et environnement d’investissement.

Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques.

Des figures majeures au programme

L’événement accueillera des ministres de haut rang de France et du Golfe, apportant une perspective politique de premier plan sur les grandes orientations bilatérales. Parmi les institutions représentées figurent notamment l’Université d’intelligence artificielle Mohammed ben Zayed  (MBZUAI) à Abou Dhabi et le Abu Dhabi Investment Office (ADIO), tous deux engagés dans la construction de ponts technologiques et économiques entre les deux régions.

Une ambition européenne portée par la France

En tant que première destination des investissements étrangers en Europe en 2024, la France joue un rôle de passerelle vers le marché européen pour les fonds souverains, les investisseurs privés et les start-ups innovantes du Golfe.

Vision Golfe 2025 s’inscrit dans cette dynamique en offrant une plateforme stratégique pour explorer de nouvelles synergies économiques.

Bilan positif et continuité

La précédente édition avait permis la signature d’accords marquants, notamment entre la Saudi Ports Authority (MAWANI) et le Grand Port Maritime de Marseille Fos, ainsi que la création du France Lab au sein de la MBZUAI — véritable symbole de coopération en matière d’intelligence artificielle.

Vers un partenariat durable et multidimensionnel

Dans un contexte de croissance continue des échanges — estimés à 20,9 milliards d’euros entre la France et le CCG en 2024, dont 8,5 milliards avec les Émirats arabes unis et 7,6 milliards avec l’Arabie saoudite — Vision Golfe 2025 ambitionne de consolider un partenariat structuré autour de trois piliers :

  • l’innovation industrielle,
  • les échanges académiques et culturels,
  • les projets d’investissement stratégique.

La session ministérielle « Blueprints for 2030 » et le panel « Innover pour la durabilité » promettent d’ouvrir la voie à des coopérations concrètes et orientées vers des résultats mesurables.

Vision Golfe 2025 s’impose comme un carrefour stratégique, où ambitions partagées et réalisations concrètes convergent pour dessiner l’avenir des relations entre la France et les pays du Golfe.


l'Arabie saoudite fait progresser ses objectifs en matière d'émissions nettes zéro

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
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  • L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.
  • L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060.

RIYAD : Plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone à haute intégrité devraient être délivrés d'ici 2030 dans le cadre d'un accord visant à soutenir les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'émissions nettes zéro.

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.

Selon l'agence de presse saoudienne, les crédits proviendront de projets d'action climatique mondiaux, principalement dans les pays du Sud, et le premier lot devrait être livré par l'intermédiaire de la plateforme de marché en décembre.

Cet accord est une étape clé dans les efforts du Royaume pour construire un marché volontaire du carbone évolutif, et permettra à ENOWA de compenser ses émissions actuelles tout en développant une infrastructure renouvelable pour alimenter les futurs secteurs et projets de NEOM.

L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060 grâce au développement d'une infrastructure robuste d'échange de carbone axée sur des crédits de haute qualité et un impact significatif sur le climat.

"L'accord à long terme avec ENOWA vise à faciliter la fourniture de plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone d'ici à 2030. Il représente une étape clé dans le parcours du Royaume pour stimuler la croissance des marchés volontaires mondiaux du carbone", a déclaré Riham El-Gizy, PDG de la Voluntary Carbon Market Co.

"Alors qu'ENOWA développe un système avancé d'énergie renouvelable et propre pour alimenter les secteurs et les projets de NEOM, cet accord l'aidera à compenser ses émissions actuelles et à jeter les bases d'une infrastructure d'énergie propre à long terme", a-t-elle ajouté.

VCM, qui a été créé en octobre 2022 par le PIF et le Saudi Tadawul Group, est détenu à 80 % par le fonds souverain. Il exploite un écosystème complet qui comprend un fonds d'investissement pour les projets d'atténuation du changement climatique, une plateforme d'échange de crédits carbone et des services de conseil pour soutenir les réductions d'émissions.

Le marché mondial du carbone volontaire devrait connaître une forte expansion, passant d'un montant estimé à 2 milliards de dollars en 2020 à environ 250 milliards de dollars d'ici à 2050.

M. El-Gizy a souligné que l'accord soutenait également les projets climatiques dans les pays du Sud en fournissant des garanties de financement essentielles, aidant ainsi les développeurs à planifier avec plus de certitude.

"Pour parvenir à des émissions nettes nulles au niveau mondial, les projets respectueux du climat qui réduisent ou éliminent le carbone de l'atmosphère ont non seulement besoin de financement, mais aussi d'une crédibilité accrue", a-t-elle déclaré.

Jens Madrian, directeur général par intérim d'ENOWA, a souligné l'importance du partenariat pour les objectifs de durabilité de NEOM.

"ENOWA s'efforce de répondre aux besoins énergétiques de NEOM de manière durable. Au cours des deux dernières années, nous avons acquis des crédits carbone à haute intégrité lors des ventes aux enchères du marché volontaire du carbone, et nous sommes heureux d'être la première entreprise du Royaume à signer un accord à long terme et à grande échelle avec le marché", a-t-il déclaré.

Le VCM a lancé la première plateforme d'échange volontaire de crédits carbone d'Arabie saoudite le 12 novembre 2024. Le système offre des transactions sécurisées, des outils de découverte des prix et un accès aux données des projets de crédits carbone, constituant ainsi l'épine dorsale de l'entrée du Royaume sur le marché mondial.

Intégrée aux registres internationaux, la plateforme prend également en charge l'infrastructure conforme à la charia et comprend des fonctions telles que les enchères, les demandes de cotation et les échanges de gré à gré. Un marché au comptant devrait être lancé en 2025.

ENOWA a déjà participé à des ventes aux enchères de crédits carbone organisées en Arabie saoudite en 2022 et au Kenya en 2023. Ces efforts s'inscrivent dans les objectifs plus larges de NEOM, à savoir la construction d'un modèle urbain durable, la promotion de la diversification économique et l'amélioration de la qualité de vie. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com