AEUMC: multiples frictions malgré l'accord entre États-Unis, Canada et Mexique

Certes, l'AEUMC a éliminé "le nuage d'incertitudes" et donc amélioré le climat des affaires, condition sine qua non pour favoriser le commerce et les investissements, souligne Jeffrey Schott. (Photo, AFP)
Certes, l'AEUMC a éliminé "le nuage d'incertitudes" et donc amélioré le climat des affaires, condition sine qua non pour favoriser le commerce et les investissements, souligne Jeffrey Schott. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 27 juin 2021

AEUMC: multiples frictions malgré l'accord entre États-Unis, Canada et Mexique

  • Les trois partenaires ont toujours claironné que ce nouveau traité serait bénéfique pour leurs économies et leurs travailleurs
  • Le 1er juillet 2020, l'AEUMC avait remplacé l'Aléna, l'accord de libre-échange nord-américain qui était en vigueur depuis 1994, à la demande de Donald Trump

WASHINGTON: Arraché à l'issue d'âpres discussions entre Washington, Ottawa et Mexico, le traité de libre-échange AEUMC, entré en vigueur en pleine pandémie, est loin d'avoir mis un terme aux frictions commerciales entre les trois pays.

Mais il pourrait, sous l'impulsion de l'administration Biden, changer la donne en matière de droit du travail.

L'accord Etats-Unis Mexique Canada (AEUMC) fêtera jeudi sa première année d'existence. Le 1er juillet 2020, il avait remplacé l'Aléna, l'accord de libre-échange nord-américain qui était en vigueur depuis 1994, à la demande de Donald Trump. 

Les trois partenaires ont toujours claironné que ce nouveau traité serait bénéfique pour leurs économies et leurs travailleurs. Mais depuis un an, c'est surtout la palette de contentieux qui s'est élargie, entre d'une part, les Etats-Unis et le Canada, et d'autre part, les Etats-Unis et le Mexique.

Certes, l'AEUMC a éliminé "le nuage d'incertitudes" et donc amélioré le climat des affaires, condition sine qua non pour favoriser le commerce et les investissements, souligne Jeffrey Schott, expert au centre de réflexion Peterson Institute for International Economics. 

Mais il a paradoxalement favorisé l'éclosion de nombreux conflits. 

"L'Aléna était la vision d'un marché nord-américain unique, qui deviendrait progressivement de plus en plus intégré, un peu sur le modèle de l'Union européenne" avec l'absence de droits de douane entre les pays, rappelle Edward Alden, expert au Council on Foreign Relations. 

"L'AEUMC a, lui, édicté les règles pour que trois économies nord-américaines distinctes coopèrent, là où elles le peuvent, et édicté les règles pour se battre là où elles ne peuvent pas coopérer", poursuit-il.

Il s'attend ainsi à voir se multiplier, au cours des prochaines années, les recours.

Car, "dans le cadre de ces règles, (les pays) vont agir en fonction de leurs propres intérêts, de manière plutôt agressive", estime-t-il.

Du différend historique sur les produits laitiers et le bois d'oeuvre résineux canadiens, en passant par les panneaux solaires canadiens et la fiscalité sur les entreprises du numérique américaines, la liste de sujets de désaccord entre Washington et Ottawa s'allonge.

La représentante américaine au Commerce Katherine Tai, qui avait négocié des dispositions de l'AEUMC relatives au droit du travail, a d'ores et déjà fait savoir qu'elle défendrait les intérêts américains, à commencer par les producteurs de lait du pays. 

Ses services ont ainsi établi récemment un groupe spécial de règlement, prévu par l'accord commercial, pour examiner la question des quotas laitiers imposés par Ottawa.

De quoi irriter les Canadiens.

Souveraineté

Pour François Dumontier, porte-parole des Producteurs de lait du Québec, l'AEUMC ne procure "pas d'avantage".

Pire selon lui, certaines dispositions du traité sont "une atteinte à la souveraineté canadienne", qui brident les exportations canadiennes tout en permettant plus d'importations en provenance des Etats-Unis.

De son côté, David Salmonsen, un responsable du principal syndicat agricole américain, l'American Farm Bureau Federation, pointe la longue liste de contentieux mais il se veut optimiste.

"Nous aurons une meilleure vision (de l'état de la relation commerciale) une fois que toutes les économies se seront remises de la pandémie", souligne-t-il.

"Nous avons soutenu l'accord AEUMC, et nous pensons que celui-ci permettra de développer le commerce agricole entre les trois nations", dit-il.

Face à l'offensive américaine dans le secteur laitier, le gouvernement canadien a, lui, ciblé le secteur des panneaux solaires.

Il a ainsi demandé récemment la formation d'un groupe d'experts pour dénoncer l'application de tarifs douaniers américains de 18% dans cette industrie.

Malgré ces escarmouches, Valeria Moy, économiste et directrice du centre de réflexion mexicain IMCO (Instituto Mexicano para la Competitividad), estime que "globalement" depuis un an, il n'y pas eu de "changement radical par rapport à l'Aléna".

En revanche, elle s'attend à ce que l'accord influe à l'avenir sur la législation du travail au Mexique.

Washington a déjà invoqué deux fois l'AEUMC pour demander à Mexico d'enquêter sur des soupçons de non respect de droits syndicaux dans le secteur automobile, notamment dans une usine de General Motors.

"Cela va-t-il avoir un effet bénéfique pour les travailleurs mexicains? Il me semble que oui", estime Mme Moy. "Cela va forcer les entreprises mexicaines à faire des changements".

L'économiste s'inquiète toutefois du fait que les Etats-Unis puissent utiliser la question du droit du travail "comme prétexte pour appliquer des mesures protectionnistes".


Liban: l'Union européenne annonce une aide d'un milliard d'euros pour soutenir l'économie

Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
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  • Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés
  • Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens

BEYROUTH: La cheffe de la Commission européenne a annoncé jeudi à Beyrouth une aide d'un milliard d'euros pour soutenir la "stabilité socio-économique" du Liban et appelé ce pays à bien coopérer dans la lutte contre l'immigration clandestine.

Les fonds seront "disponibles à partir de cette année jusqu’en 2027. Nous voulons contribuer à la stabilité socio-économique du Liban", a déclaré Ursula von der Leyen, ajoutant "compter sur une bonne coopération" des autorités libanaises dans la lutte contre l'immigration clandestine vers l'Europe.

Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens, soit le plus grand ratio par habitant au monde.

Le petit pays méditerranéen, frontalier de la Syrie, n'a de cesse d'exhorter la communauté internationale de les rapatrier, les armes s'étant tues dans plusieurs régions syriennes.

Les migrants, demandeurs d'asile et réfugiés qui quittent le Liban par bateau à la recherche d'une vie meilleure en Europe se dirigent souvent vers Chypre qui affirme être en première ligne face aux flux migratoires au sein de l'UE.

"La réalité actuelle de cette question est devenue plus grande que la capacité du Liban à la traiter", a déclaré le Premier ministre libanais Najib Mikati, lors d'une conférence de presse en présence de Mme. von der Leyen et du président chypriote Nikos Christodoulides.

Augmentation des ressortissants syriens à Chypre 

"Nous renouvelons notre demande à l'UE, (...) d’aider les personnes déplacées dans leur pays (d'origine et non au Liban), pour les encourager à rentrer volontairement", a-t-il poursuivi.

De son côté, Chypre, qui fait état d'une augmentation des arrivées de ressortissants syriens, estime que la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, qui a déclenché des violences à la frontière israélo-libanaise, a affaibli les efforts de Beyrouth pour empêcher les départs.

De janvier à avril 2024, plus de 40 bateaux transportant environ 2.500 personnes ont accosté à Chypre, a indiqué à l'AFP l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Chypre avait conclu il y a des années avec le Liban un accord pour le retour de migrants en situation irrégulière.

Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés et de la manière de contrôler le flux migratoire vers son pays.


TotalEnergies: le gouvernement remonté contre un possible transfert de sa cotation à New York

Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire (Photo, AFP).
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  • Aujourd'hui, TotalEnergies a déjà des titres inscrits à Londres et à New York, mais de manière secondaire
  • M. Pouyanné avait notamment évoqué la frilosité de l'Europe vis-à-vis de sa stratégie qui consiste à continuer d'investir dans les énergies fossiles

PARIS: Confronté à la réflexion de TotalEnergies quant au transfert de la cotation principale du groupe à New York, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a affirmé jeudi qu'il comptait se battre pour que ce déménagement de la Bourse de Paris "n'ait pas lieu".

 

"Je suis là pour faire en sorte que ça n'ait pas lieu, parce que je pense que c'est une décision qui est grave", a déclaré M. Le Maire sur BFMTV/RMC.

"Est-ce que l'intérêt suprême de la nation est de garder le siège social de Total en France et la cotation principale de Total en France? Oui, et donc je me battrai pour ça", a-t-il ajouté.

"Nous avons besoin de Total", a-t-il souligné, mentionnant le plafonnement à moins de 2 euros du litre du carburant dans ses stations françaises.

L'affaire est partie des déclarations surprises de Patrick Pouyanné à l'agence Bloomberg. Dans un entretien publié le 26 avril, Patrick Pouyanné avait dit réfléchir à une cotation principale à la Bourse de New York. Près de la moitié de l'actionnariat de TotalEnergies est désormais constituée d'actionnaires institutionnels (fonds de pension, gestionnaires d'actifs, assureurs...) nord-américains.

"Ce n'est pas une question d'émotion. C'est une question d'affaires", avait ajouté le dirigeant de l'entreprise, tout en assurant que le siège social de ce fleuron du CAC 40 resterait bien à Paris.

Son argument principal: "une base d'actionnaires américains qui grossit", ce qui amène l'entreprise à s'interroger sur la façon de "donner accès plus facilement aux actions pour les investisseurs américains", a-t-il expliqué aux analystes, le 26 avril.

Appétit américain pour les fossiles 

Las du manque d'appétit des investisseurs européens pour le secteur pétrogazier, alors que le groupe estime investir beaucoup dans les énergies vertes, le PDG chercherait à se rapprocher des investisseurs américains moins contraints par des règles d'investissement durable.

"Les politiques au sens large ESG (environnement, social et de gouvernance, NDLR) en Europe ont plus de poids", a ainsi justifié M. Pouyanné lundi devant des sénateurs français.

Le PDG observe que "la base d'actionnaires européens de TotalEnergies diminue, notamment la base française" qui a reculé de "7% au cours des quatre dernières années, largement à cause des réglementations, de la pression qui est faite sur eux".

En filigrane, le patron pointe du doigt le changement en France du label Investissement socialement responsable (ISR), qui exclut désormais les entreprises exploitant du charbon ou des hydrocarbures non conventionnels, une mesure décidée par Bercy lui-même fin 2023. Ahmed Ben Salem, analyste du groupe financier Oddo BHF, nuance ce point en indiquant que les fonds labellisés ISR représentaient 1,7% de l'actionnariat de TotalEnergies.

Pendant que l'UE muscle sa réglementation pour flécher les investissements vers la transition écologique, aux Etats-Unis la pression de certains Etats, comme le Texas, pour ne pas délaisser les entreprises d'énergies fossiles a poussé de grands gérants d'actifs à abaisser leurs ambitions climatiques.

"Nous observons clairement plus d'appétit pour les actions d'entreprises des secteurs énergétique, pétrole et gaz du côté de l'Amérique du Nord qu'en Europe", a dit M. Pouyanné aux analystes.

Conséquence de ce manque d'appétit: une valorisation moins importante. TotalEnergies avance "exactement les mêmes résultats trimestriels qu'une entreprise comme Chevron". Le groupe énergétique américain est valorisé 300 milliards de dollars en Bourse, contre 175 milliards pour TotalEnergies.

Le mirage d'un marché européen 

La faute au cloisonnement des marchés financiers en Europe, selon M. Le Maire, qui avait dans un premier temps estimé dimanche sur LCI qu'il fallait offrir à TotalEnergies "les moyens de se développer" en accélérant sur l'union des marchés de capitaux (UMC) dans l'UE.

L'UMC permettrait d'augmenter la taille du marché boursier européen pour que les entreprises s'y financent davantage. Ahmed Ben Salem n'est cependant pas convaincu des changements éventuels pour TotalEnergies: "Il faut des acheteurs sur le secteur, pas seulement des liquidités."

La moindre valorisation de TotalEnergies "est aussi subie par les autres majors européennes", explique-t-il à l'AFP, citant l'exemple du britannique Shell qui "est dans la même réflexion" concernant une cotation principale à New York.

Au Sénat, le patron n'a pas exclu de reconsidérer la question si "plus d'actionnaires européens (...) rachètent du TotalEnergies".


Microsoft signe un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable Brookfield

Le géant du numérique Microsoft a annoncé mercredi avoir signé un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable canadien Brookfield Asset Management, qui en ferait le plus important accord d'entreprise de fourniture d'énergie verte, selon le groupe. (AFP)
Le géant du numérique Microsoft a annoncé mercredi avoir signé un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable canadien Brookfield Asset Management, qui en ferait le plus important accord d'entreprise de fourniture d'énergie verte, selon le groupe. (AFP)
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  • L'accord prévoit le développement d'un champ d'éoliennes et de panneaux solaires de 10,5 GigaWatt (GWt) afin d'alimenter les centres de données du groupe numérique, qui vise la neutralité carbone d'ici à 2030
  • L'IA, et plus largement l'informatique dématérialisé, va entraîner une hausse exponentielle de la consommation énergétique des groupes numériques

SAN FRANCISCO: Le géant du numérique Microsoft a annoncé mercredi avoir signé un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable canadien Brookfield Asset Management, qui en ferait le plus important accord d'entreprise de fourniture d'énergie verte, selon le groupe.

Cet accord qualifié de "première" prévoit, selon Brookfield, le développement d'un champ d'éoliennes et de panneaux solaires de 10,5 GigaWatt (GWt) afin d'alimenter les centres de données du groupe numérique, qui vise la neutralité carbone d'ici à 2030.

Il met également en lumière les importants investissements réalisés par les plus grands groupes mondiaux afin d'atteindre leur objectifs en terme d'énergie propre tout en restant compétitif dans la course au développement de l'intelligence artificielle (IA).

Car l'IA, et plus largement l'informatique dématérialisé (cloud), va entraîner une hausse exponentielle de la consommation énergétique des groupes numériques, alors qu'ils multiplient les centres de données, particulièrement énergivores, augmentant leur dépendance vis-à-vis des fournisseurs d'énergie traditionnels.

"Cette collaboration avec Brookfield vient soutenir le développement innovant de réseaux d'énergies plus variées au niveau mondial et va contribuer à atteindre notre objectif de 100% de notre consommation d'électricité décarbonnée, 100% du temps, d'ici à 2030", a assuré le directeur des énergies renouvelables chez Microsoft, Adrian Anderson.

Les conditions financières de l'accord n'ont pas été précisées, alors que la puissance prévue pour le parc pourrait potentiellement fournir en énergie l'équivalent de millions de foyers.

L'accord devrait également permettre à Brookfield d'augmenter ses actifs en projets éoliens et solaires aux Etats-Unis, en Europe et dans d'autres régions dans les prochaines années.

L'entreprise s'est dite "ravie de collaborer avec Microsoft pour répondre à la demande de leurs clients avec la construction d'une capacité dépassant 10,5 GWt en énergie renouvelable", a déclaré Connor Teskey, directeur général de l'unité des énergies renouvelables de Brookfield.

L'échelle de l'accord, près de huit fois plus gros que le plus important accord entreprise signé jusqu'ici en terme d'achat d'énergie renouvelable, vient souligner la montée en puissance de Brookfield ainsi que la capacité d'achat de Microsoft.

Le cadre de l'accord se fonde sur les échanges déjà existants entre les deux groupes, qui vont être étendus plus de 10 fois plus en termes de capacité renouvelable entre 2026 et 2030.

Si l'accord prévoit dans un premier lieu du solaire et de l'éolien, il sera étendu à d'autres technologies permettant de fournir de l'électricité décarbonnée, en particulier lorsque le vent ou le soleil n'en fournira pas suffisamment.

Comme Microsoft, Google, Amazon et Meta figurent désormais parmi les plus grosses entreprises acheteuses d'énergie propre, afin d'atteindre leurs engagements de neutralité carbone.