Le RN échoue aux régionales, la dynamique de Marine Le Pen pour 2022 contrariée

Marine Le Pen n'a remporté aucune région tandis que le parti centriste au pouvoir du président Emmanuel Macron a subi une autre raclée. (Photo, AFP)
Marine Le Pen n'a remporté aucune région tandis que le parti centriste au pouvoir du président Emmanuel Macron a subi une autre raclée. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 28 juin 2021

Le RN échoue aux régionales, la dynamique de Marine Le Pen pour 2022 contrariée

  • Le RN perd à nouveau en implantation locale, après avoir perdu 44% de ses conseillers aux dernières élections municipales, en 2020
  • Marine Le Pen avait tancé ses électeurs au soir du premier tour pour les inciter à se rendre aux urnes

PARIS: Le Rassemblement national a échoué à remporter la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et repart bredouille comme en 2015 des élections régionales, en recul partout sur fond d'abstention massive, contrariant la dynamique de Marine Le Pen vers la présidentielle.

Le RN aurait réuni au total 20,5% des voix, en chute de 6,6 points par rapport à 2015 (27,1%), selon l'institut Ipsos Fiducial.

Le parti présidé par Marine Le Pen échoue à remporter la région Paca dans laquelle il avait mis tous ses espoirs de victoire grâce à un candidat "d'ouverture", l'ex-LR Thierry Mariani, qui obtenait 44% des voix (avec 72% des bulletins dépouillés) contre 56% au président sortant LR Renaud Muselier après le retrait de la liste de gauche. Marion Maréchal avait réuni en 2015 45,22% des voix.

Le RN est en recul partout: Sébastien Chenu perd environ 15 points dans les Hauts-de-France (où Marine Le Pen avait réuni 42,23% des voix en 2015), l'ex-LFI Andréa Kotarac en Auvergne-Rhône-Alpes et l'ex LR Jean-Paul Garraud en Occitanie perdent environ 10 points. Julien Odoul en Bourgogne-Franche-Comté, Laurent Jacobelli dans le Grand Est et Hervé Juvin en Pays de la Loire perdent environ 9 points. Jordan Bardella perd 2,5 points en Île-de-France.

Aux départementales, le RN ne remporte aucun canton dans les Pyrénées-Orientales où il espérait gagner.

Le RN perd donc à nouveau en implantation locale, après avoir perdu 44% de ses conseillers aux dernières élections municipales, en 2020.

«Doutes»

Dans une brève allocution, Marine Le Pen a accusé les "alliances contre nature" et une "désaffection civique historique" qui "nécessite un travail de réflexion collective" sur la "méthode de mobilisation", la représentativité, ou encore l'information des électeurs.

La candidate à l'Élysée, élue toutefois conseillère départementale à Hénin-Beaumont, a donné "rendez-vous" à la présidentielle pour "construire l'alternance".

Pour le politologue Jean-Yves Camus, ce recul montre "l'échec de la mobilisation, malgré ses appels à aller voter". Marine Le Pen avait tancé ses électeurs au soir du premier tour pour les inciter à se rendre aux urnes.

"Cela prouve aussi que la nouveauté ne paie pas", compte tenu des mauvais scores engrangés par les candidats extérieurs au parti, tels Andréa Kotarac, Hervé Juvin et Jean-Paul Garraud.

"Il y a une dynamique qui se casse" également dans la "normalisation" du discours, selon lui. "A un moment donné, les électeurs du RN qui ne se sont pas déplacés (...) se sont dit au final 'même là, à quoi bon'".

"Ca va nourrir les doutes sur le bien-fondé de sa stratégie de 'banalisation' au sein même de son parti. Certains vont dire qu'en se recentrant, en limant les aspérités, elle ne parvient plus à mobiliser ses électeurs", abonde Chloé Morin, politologue associée à la Fondation Jean-Jaurès. Or "elle a besoin d'une solidarité sans failles" pour 2022.

«Espérance»

Marine Le Pen avait déjà concédé vendredi qu'il lui faudrait "recréer une dynamique" et souhaité "décorréler" les régionales de la présidentielle, parce que "ça n'est pas le même périmètre électoral" ni "le même enjeu".

Il ne s'agit "pas d'un désaveu stratégique" du RN car "nos idées sont majoritaires", a assuré le numéro deux du parti Jordan Bardella, qui dénonce un "sabotage" dans l'organisation des élections, tandis qu'Hervé Juvin accusait une "faillite logistique" qui remet en cause la "légitimité" du scrutin.

"Notre liste a été battue par tout un système coalisé", a fustigé Thierry Mariani de son QG de Marseille, désert à l'annonce des résultats.

Marine Le Pen aura désormais fort à faire pour remobiliser ses militants qui se réunissent en congrès samedi et dimanche à Perpignan.

"Comme les autres, le RN ne provoque aucun enthousiasme", a noté dimanche le maire de Béziers Robert Ménard qui réclame "plus de normalisation", tandis que l'eurodéputé Gilbert Collard estime au contraire "qu'on n'a pas à lisser nos idées" et qu'Eric Zemmour, potentiel candidat en 2022, accuse Marine Le Pen de parler "comme Emmanuel Macron".

"Le RN se meurt" par son "'patriotisme' embourgeoisé, rallié à l'européisme", selon l'ancien numéro deux du RN Florian Philippot, partisan d'une sortie de la France de l'UE.

Le maire de Moissac Romain Lopez, ancien assistant parlementaire de Marion Maréchal, considère que la "ligne de synthèse" de Marine Le Pen est la "bonne" mais qu'il faut "revoir le management". Le parti a "négligé l'implantation locale", selon lui.

Dans les Deux-Sèvres, le bureau restreint du RN avait démissionné entre les deux tours, dénonçant une "stratégie perdante" tant locale, avec des têtes de liste parachutées, que nationale, avec un parti devenu "lisse" et "consensuel".

M. Lopez a désormais "peur" que ces résultats "démotivent les électeurs pour l'année prochaine". Quand un parti "ne mobilise pas, on peut se demander s'il incarne réellement une espérance".


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.