Après des régionales sans passion, l'horizon flou de 2022

Candidat proclamé à la présidentielle, l'ex-LR Xavier Bertrand a largement remporté son pari dans les Hauts-de-France: avec 52,37% des voix, il devance de près de 27 points son adversaire du RN Sébastien Chenu. (Phoyo, AFP)
Candidat proclamé à la présidentielle, l'ex-LR Xavier Bertrand a largement remporté son pari dans les Hauts-de-France: avec 52,37% des voix, il devance de près de 27 points son adversaire du RN Sébastien Chenu. (Phoyo, AFP)
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Publié le Lundi 28 juin 2021

Après des régionales sans passion, l'horizon flou de 2022

  • Qu'en conclure pour la prochaine présidentielle ? «Rien ou presque»
  • «Ce que certains vont présenter comme le retour de la gauche et de la droite ne se traduit pas dans les sondages pour 2022»

PARIS: Abstention vertigineuse, échec du RN et de LREM, revanche de l'ancien monde et Grand Chelem des sortants: après des régionales boudées par les Français et difficiles à déchiffrer, tous les regards se tournent désormais vers la présidentielle dans moins de dix mois.

Lassitude post-Covid, défiance généralisée, illisibilité des scrutins, un peu de tout ça à la fois ? Malgré les appels au vote répétés de la classe politique, le second tour des régionales et départementales a confirmé dimanche une abstention record, autour de 66%, un chiffre quasi identique au premier tour.

Difficile dès lors, alors que deux électeurs sur trois ont boudé les urnes, de tirer des enseignements de ce double scrutin qui, au final, aura été marqué par une stabilité quasi totale au niveau des exécutifs locaux.

 

En France métropolitaine, l'ensemble des treize présidents de régions ont été réélus, le plus souvent avec des scores pharaoniques. La droite et le centre ont conservé leurs sept fiefs. La gauche a prévalu dans ses cinq places fortes et peut se targuer de voir une région basculer dans son escarcelle: à La Réunion, avec Huguette Bello, à la tête d'une liste d'union.

Comme en 2015, le Rassemblement national, malgré des sondages flatteurs, est rentré bredouille, échouant une nouvelle fois à remporter la première région de son histoire. Quant au parti présidentiel LREM, il n'a tout simplement pas existé, laminé par l'ancien monde qui, s'il souffre aux élections présidentielle et européennes, garde la main sur les scrutins locaux.

Qu'en conclure pour la prochaine présidentielle ? "Rien ou presque", estime Chloé Morin, politologue associée à la Fondation Jean-Jaurès. "Ce que certains vont présenter comme le retour de la gauche et de la droite ne se traduit pas dans les sondages pour 2022. Les élections sont de plus en plus déconnectées les unes des autres", insiste-t-elle.

La droite requinquée

La droite veut pourtant y croire et retrouve de l'élan en vue de 2022, sachant qu'il lui faudra choisir un candidat, un sacré défi vu le nombre de postulants. 

Candidat proclamé à la présidentielle, l'ex-LR Xavier Bertrand a largement remporté son pari dans les Hauts-de-France: avec 52,37% des voix, il devance de près de 27 points son adversaire du RN Sébastien Chenu. Immédiatement après 20H, le sortant s'est dit prêt à aller à "la rencontre de tous les Français".

Autre prétendant possible à droite pour 2022, Laurent Wauquiez l'emporte haut la main en Auvergne-Rhône-Alpes, à plus de 57% face à la liste d’union de la gauche.

Et en Ile-de-France, Valérie Pécresse (ex-LR, Libres !), récolte autour de 45% des voix, là encore face à une gauche unie emmenée par l'écologiste Julien Bayou. Elle s'est déclarée prête à "prendre toute sa part" dans "une équipe de France de la droite et du centre qui a émergé".

Autre motif de satisfaction à droite, la victoire de Jean Rottner dans le Grand Est et de Hervé Morin en Normandie.

Enfin en Paca, la meilleure chance de victoire du RN avec Thierry Mariani, c'est finalement Renaud Muselier (LR) qui l'a emporté assez confortablement avec 57% des suffrages. Le président sortant, qui a reçu le renfort de LREM dès le premier tour, a bénéficié pour le deuxième du retrait du candidat écologiste pour faire barrage au RN grâce à un front républicain ressuscité.

«Coup de semonce»

Une vraie déception pour le RN qui espérait briser le plafond de verre et enclencher une dynamique en vue de la présidentielle. Sa cheffe Marine Le Pen, a cependant donné "rendez-vous aux Français, dès demain, pour construire tous ensemble l'alternance dont la France a besoin".

Dans la lignée du premier tour, la gauche sort aussi requinquée de ce scrutin. De quoi faire dire au numéro un du PS Olivier Faure que son parti avait la "responsabilité de rassembler l'ensemble de la gauche et des écologistes" pour 2022.

Alain Rousset en Nouvelle-Aquitaine, Carole Delga en Occitanie, François Bonneau en Centre-Val de Loire, Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté et Loïg Chesnais-Girard en Bretagne ont tous fini en tête, même si ce dernier n'aura qu'une majorité relative.

Quant à la majorité présidentielle, absente au premier tour en Paca, éliminée dans les Hauts-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes ou en Occitanie, elle confirme ses faibles étiages là où elle a pu concourir. De quoi faire de ces régionales "un coup de semonce très important pour la majorité", dixit le patron du MoDem François Bayrou, alors qu'un remaniement limité pourrait avoir lieu.

Mais Emmanuel Macron semble résolu à vite tourner la page de ce scrutin pour se projeter dans la campagne de 2022. Lundi, il occupera ainsi le terrain économique en visitant un usine de batteries électriques à Douai (Nord), notamment en compagnie de... Xavier Bertrand.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.