La Suisse choisit le F-35A américain pour renouveler sa flotte

Cette photo d'archive prise le 19 novembre 2018 montre un F-35A des 388e et 419e escadres de chasse Hill Air Force Base faisant un survol pour un exercice d'entraînement. Le 30 juin 2021, le gouvernement suisse a soutenu l'achat de 36 avions de combat F-35A de Lockheed Martin pour remplacer sa flotte et cinq unités de défense aérienne Patriot du constructeur américain Raytheon. (Photo, AFP)
Cette photo d'archive prise le 19 novembre 2018 montre un F-35A des 388e et 419e escadres de chasse Hill Air Force Base faisant un survol pour un exercice d'entraînement. Le 30 juin 2021, le gouvernement suisse a soutenu l'achat de 36 avions de combat F-35A de Lockheed Martin pour remplacer sa flotte et cinq unités de défense aérienne Patriot du constructeur américain Raytheon. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 30 juin 2021

La Suisse choisit le F-35A américain pour renouveler sa flotte

  • La décision de commander 36 F-35A et cinq systèmes Patriot va probablement devoir passer par les urnes
  • En septembre 2020, les Suisses avaient approuvé à seulement 50,1% l'enveloppe pour l'achat de nouveaux systèmes d'armes dans ce domaine

GENEVE: Le gouvernement suisse a fait le choix du tout américain pour sa future défense aérienne, en sélectionnant mercredi l'avion de combat F-35A et le système sol-air Patriot, au risque de se retrouver démenti par un vote populaire et de froisser en Europe.

La décision de commander 36 F-35A et cinq systèmes Patriot va probablement devoir passer par les urnes. La gauche et un groupe antimilitariste, qui contestent ce choix, n'auront sans doute aucun mal à collecter les signatures nécessaires pour obliger à un vote.

En septembre 2020, les Suisses avaient approuvé à seulement 50,1% l'enveloppe pour l'achat de nouveaux systèmes d'armes dans ce domaine. 

Outre le F-35A de Lockheed Martin, qui est la version déjà en service dans l'armée de l'air américaine et de plusieurs pays européens, étaient également en lice le Rafale du français Dassault, le F/A 18 Super Hornet de Boeing et l'Eurofighter Typhoon du groupe européen Airbus.

Consciente du fait que le choix sera critiqué et décortiqué, la conseillère fédérale chargée de la Défense, Viola Amherd, a martelé que "c'était très important pour moi d'avoir un processus de sélection correct et propre pour qu'on puisse l'expliquer à la population". 

Elle avait demandé à un cabinet d'avocats indépendants de faire une évaluation du processus de sélection et souligné qu'au regard de la différence de coût, le Conseil fédéral n'avait pas réellement d'autre choix.

Plus efficace et moins cher 

"Il ressort de l'évaluation que ces deux systèmes l'emportent quant à l'utilité globale tout en présentant les coûts globaux les plus bas", peut-on lire dans le communiqué officiel.

L'avion de combat américain -qui fait pourtant l'objet de nombreuses critiques aux Etats-Unis notamment en raison de son coût d'exploitation- a de loin obtenu les meilleures notes.

Le Conseil fédéral a en particulier mis en avant le fait que, selon lui, le F-35A, dans la quantité souhaitée, était "près de deux milliards (de francs) meilleur marché que ses concurrents" sur les 15,5 milliards de francs (14,1 milliard d'euros) du coût total sur 30 ans. L'achat seul revient à cinq milliards de francs suisses (4,6 milliards d'euros) 

Le seul critère pour lequel l'appareil de Lockheed Martin n'est pas arrivé en tête est celui des compensations industrielles.

Dans le cas du système de défense sol-air de longue portée, le "Patriot se distingue de SAMP/T (proposé par le consortium franco-italien Eurosam, ndlr) pour les quatre principaux critères, parfois de manière significative, notamment dans celui de l’efficacité", et il est aussi "plus avantageux en termes de coûts", a conclu le Conseil fédéral.

Le coût global des Patriot s'élève à environ 3,6 milliards de francs sur 30 ans, frais d'exploitation compris. "Le système est ainsi nettement plus avantageux que l'autre candidat", assure le gouvernement.

A bout de souffle

Les nouveaux avions, dont le premier exemplaire doit être livré en 2025 selon Lockheed Martin, vont remplacer de vieux F5 Tiger de fabrication américaine, en service depuis 40 ans et une trentaine de F/A 18 Hornet, qui arriveront en fin de vie vers 2030. 

Les F-35A seront pour l'essentiel destinés à assurer la police aérienne en temps normal et à garantir l'intégrité de l'espace aérien suisse en période de tensions ou de conflit.

"Une protection crédible de l'espace aérien peut déterminer si la Suisse est entraînée ou non dans un conflit", souligne le département de la Défense. 

L'armée de l'air n'a aujourd'hui plus la capacité d'appuyer les troupes au sol que ce soit en termes de reconnaissance ou d'intervention contre des cibles terrestres.

Les systèmes de défense sol-air existants sont eux aussi âgés et surtout ne permettent pas de couvrir tout le spectre des menaces modernes. 

Déception en France 

L'annonce a agacé en France, d'autant qu'elle vient seulement deux jours après l'élimination  de l'équipe de France de l'euro par la "Nati", la sélection de la Confédération helvétique. 

"Décidément, la Suisse fait le choix de tourner le dos à l'Europe", a réagi auprès de l'AFP le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune, faisant allusion au rejet par le gouvernement suisse d'un projet d'accord-cadre avec l'Union européenne après de longues années de négociations.

Pour sa part, le ministère français des Armées français a pris "acte de ces décisions souveraines qui traduisent un choix au profit de matériels non européens", dans un communiqué.

La ministre, Florence Parly, a réaffirmé "sa pleine confiance dans la qualité des équipements proposés dans cette compétition par l'industrie française".

Mme Amherd, a quant à elle tenu à rassurer le grand voisin. "Nous ne tournons certainement pas le dos à la France. Nous allons continuer à bien travailler ensemble avec la France (…) et je pars du principe que la France voit cela du même oeil".

 


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"