Entrée en vigueur du pass sanitaire européen, espoir pour le tourisme

L'été 2021 devrait être nettement plus radieux pour le secteur en Espagne, la deuxième destination touristique mondiale, qui espère accueillir 45 millions de touristes en 2021, selon l'objectif fixé par les autorités. (Photo, AFP)
L'été 2021 devrait être nettement plus radieux pour le secteur en Espagne, la deuxième destination touristique mondiale, qui espère accueillir 45 millions de touristes en 2021, selon l'objectif fixé par les autorités. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 01 juillet 2021

Entrée en vigueur du pass sanitaire européen, espoir pour le tourisme

  • Vacciné, guéri ou testé négatif à la Covid-19, il faudra à partir de jeudi montrer patte blanche pour franchir les frontières européennes, en utilisant le nouveau «pass sanitaire»
  • En Asie où le variant Delta progresse, la Thaïlande s'apprête à rouvrir jeudi l'île paradisiaque de Phuket aux touristes internationaux

BRUXELLES: L'UE espère relancer un tourisme figé par la pandémie de coronavirus avec un pass sanitaire à compter de jeudi pour les voyageurs, malgré des campagnes de vaccination inégales et la menace du variant Delta. 

Vacciné, guéri ou testé négatif à la Covid-19, il faudra à partir de jeudi montrer patte blanche pour franchir les frontières européennes, en utilisant le nouveau "pass sanitaire" désormais indispensable pour voyager dans 33 pays du Vieux continent, même si les règles varient selon les destinations et les pays d'origine.

Ce précieux sésame devrait donner une bouffée d'oxygène à l'industrie du tourisme, mise à genoux par la pandémie: selon l'ONU, l'effondrement du tourisme international pourrait entraîner une perte de plus de 4 000 milliards de dollars pour le PIB mondial sur les années 2020 et 2021, soit une fois et demi le PIB français.

Les taux de vaccination étant inégaux, avec moins de 1% de la population vaccinée dans certains pays et plus de 60% ailleurs, le rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) publié mercredi relève que les pertes touristiques sont plus importantes dans les pays en développement.

Eté touristique et coronavirus: état des lieux des mesures en Europe

Un an après le désastreux été 2020, où chaque Européen était incité à visiter son propre pays, la saison 2021 s'annonce un peu plus simple sur le front touristique. 

Tests PCR, pass sanitaire, mesures barrières, masques:  les pays s'organisent pour accueillir au mieux les touristes. Etat des lieux. 

ESPAGNE

L'été 2021 devrait être nettement plus radieux pour le secteur en Espagne, la deuxième destination touristique mondiale, qui espère accueillir 45 millions de touristes en 2021, selon l'objectif fixé par les autorités.

Qui peut entrer ?

Les voyageurs d'un certain nombre de pays sont totalement exemptés de restrictions et peuvent entrer en Espagne sans même avoir besoin de présenter de test négatif ou de certificat de vaccination.

Il s'agit de l'Albanie, l'Australie, la Corée du Sud, les Etats-Unis, Israël, le Japon, le Liban, la Nouvelle-Zélande, la Macédoine du Nord, le Rwanda, la Serbie, Singapour, la Thaïlande, Taïwan, la Chine ainsi que Hong Kong et Macao.

Depuis le 7 juin, l'Espagne a par ailleurs ouvert ses frontières aux touristes du monde entier entièrement vaccinés.

Les Européens non vaccinés peuvent venir s'ils présentent un test (antigénique ou PCR) négatif de moins de 48 heures.

Ces obligations valent également pour les arrivées par voie terrestre (par exemple depuis la frontière avec la France) pour tous les voyageurs de plus de 12 ans.

Depuis lundi, l'Espagne a rétabli l'obligation de présenter un test PCR négatif pour les Britanniques, premier contingent de touristes dans le pays en temps normal, qui en étaient exemptés depuis fin mai.

Mais l'Espagne est toujours considérée à risque par le Royaume-Uni, qui impose une quarantaine au retour à ses ressortissants, de quoi les dissuader de venir profiter du soleil espagnol. 

Seules les Baléares ont été incluses dans la liste verte du Royaume-Uni, ce qui signifie que les Britanniques seront exemptés de quarantaine à leur retour de l'archipel.

https://www.mscbs.gob.es/profesionales/saludPublica/ccayes/alertasActual/nCov/spth.htm

Mesures à respecter sur place

Depuis le 26 juin, le port du masque n'est plus obligatoire à l'air libre dans le pays.

Il n'y a plus de couvre-feu ni d'interdiction de se déplacer d'une région à l'autre.

Les restaurants sont ouverts en intérieur et en extérieur mais avec un nombre limite de convives et de capacité d'accueil des établissements, des restrictions qui varient selon les régions, compétentes en matière de santé et de gestion de la crise sanitaire.

Dans certaines régions d'Espagne, notamment dans la capitale Madrid et à Barcelone, la deuxième plus grande ville du pays, les boîtes de nuit ont rouvert depuis le 21 juin, même si elles restent soumises à des restrictions d'affluence et d'horaires, encore une fois fixés par les régions.

ITALIE

La péninsule devrait accueillir cet été 6,7 millions de touristes étrangers en plus (+24,1%), mais 65,8 millions de moins qu'en 2019 lorsque la barre des 100 millions avait été franchie.  

Qui peut entrer ?

Les voyageurs en provenance de l'UE ne sont plus obligés de respecter une quarantaine à condition de présenter le fameux pass sanitaire européen prouvant une vaccination complète, une guérison ou la négativité d'un test anti-Covid de moins de 48h.

Ces conditions s'appliquent aussi aux voyageurs des Etats-Unis, du Canada, du Japon, d'Israël, d'Australie, de Nouvelle-Zélande, de la Corée du sud, du Rwanda, de Singapour et de Thaïlande. 

Les touristes du Royaume-Uni devront quant à eux effectuer une quarantaine de cinq jours après présentation d'un test négatif. Un deuxième test après cette quarantaine sera requis. 

Enfin, l'Italie est interdite aux touristes en provenance du Brésil, de l'Inde, du Bangladesh et du Sri-Lanka.

https://infocovid.viaggiaresicuri.it/index_en.html

Mesures à respecter sur place

Le port du masque n'est plus obligatoire à l'extérieur, seulement dans les endroits publics clos. 

Le pays tout entier est considéré comme une "zone blanche", c'est à dire avec un faible risque d'infection et il n'y a plus de couvre feu nocturne ni de restrictions dans les restaurants et les bars. Seules les tables doivent être espacées d'un mètre.

PORTUGAL

L'Algarve, très prisée des Britanniques, figure parmi les régions les plus recherchées. Le principal afflux de touristes est attendu à partir de juillet.

Qui peut entrer ?

Les passagers qui se rendent au Portugal en avion, à l’exception des enfants de moins de 12 ans, doivent présenter un certificat de vaccination complète ou un test PCR (moins de 72 heures) ou antigénique (moins de 48 heures) avant l'embarquement.

Les passagers en provenance d'Afrique du Sud, Brésil, Inde et Népal ne peuvent se rendre au Portugal que pour des motifs essentiels, et doivent observer une quarantaine de 14 jours.

Les Britanniques qui n'ont pas été complètement vaccinés doivent également observer une quarantaine.

A l'exception des pays membres de l'UE, des pays associés à l'espace Schengen et de certains pays comme les Etats-Unis ou l'Australie, les passagers de pays tiers ne peuvent se rendre au Portugal que pour des raisons essentielles.

https://portaldascomunidades.mne.gov.pt/pt/noticias/faq-s-viagens-para-portugal-conselhos-aos-emigrantes

Mesures à respecter sur place

Les  touristes devront respecter les règles de distanciation et le port du masque obligatoire notamment. 

Le gouvernement a aussi défini un ensemble de règles pour les plages et les piscines publiques. Il faudra par exemple respecter une distance d'au moins trois mètres entre les parasols. Un système d'information sur l'occupation des plages a également été lancé avec trois couleurs selon le niveau d'occupation.

GRECE

D'après le ministre du tourisme Haris Theocharis, environ 150.000 touristes sont arrivés en Grèce depuis le début de la saison le 14 mai. L'objectif est d'atteindre en 2021 environ 40-50% des recettes de 2019 (soit 18,2 milliards d'euros). En 2020, les recettes n'ont été que de 4,28 milliards d'euros.

Qui peut entrer ?

Les citoyens de l'espace européen, Schengen et assimilés, ainsi que les résidents permanents d'une vingtaine de pays dont le Canada, les Etats-Unis, Israël, la Chine, la Thaïlande, la Russie, l'Arabie Saoudite... sont soumis à certaines réglementations:

- remplir un formulaire de localisation en ligne au moins la veille de leur arrivée en Grèce

- présenter à l'embarquement soit un certificat de vaccination complète achevée au moins 14 jours avant le voyage, soit le résultat d’un test PCR ou d'un test négatif au coronavirus de moins de 72h ou un test antigénique négatif de maximum 48H avant l'arrivée en Grèce, soit un certificat de rétablissement.

- Les visiteurs peuvent être soumis de manière aléatoire à des tests antigéniques à leur arrivée dans les aéroports grecs.

-Les voyageurs venant de Russie à partir du 30 Juin même s'ils sont vaccinés doivent avoir fait des tests PCR ou antigéniques pour entrer en Grèce.

https://travel.gov.gr/#/

Mesures à respecter sur place

Le port du masque n'est obligatoire qu'en intérieur. Il n'y a plus de couvre-feu depuis le 28 juin. Pour se rendre dans les îles, les voyageurs doivent présenter un test PCR ou antigénique négatif, un auto-test, ou un certificat de vaccination. 

Les cinémas rouvrent le 1er juillet alors que les autres salles fermées comme les les discothèques, les restaurants et les cafés en intérieur vont rouvrir le 15 juillet avec plusieurs restrictions.

Dans les salles de concert ou les discothèques fermées il faudra notamment avoir fait un test antigénique avant de s'y rendre.  

Au restaurant, le nombre de personnes autour d’une table est limité à 10.

FRANCE

En France, première destination touristique mondiale avant la pandémie, les recettes (57 milliards d'euros en 2019) ont été divisées par deux l'été dernier. 

Qui peut entrer ?

Pour les pays classés "verts" (Espace européen, Etats-Unis, Australie, Corée du Sud, Israël, Japon, Liban, Nouvelle-Zélande, Singapour...), aucun motif impérieux n'est exigé et un test PCR ou antigénique de moins de 72h est demandé aux seules personnes non vaccinées.

Pour les pays classés "oranges", comme la Grande-Bretagne, un test PCR ou antigénique est exigé si le voyageur est vacciné, sinon il lui faut un motif impérieux, un test négatif et il sera en auto-isolement de 7 jours.

Pour les pays classés "rouges", dont l'Afrique du Sud, le Brésil ou la Turquie, un motif impérieux est nécessaire pour venir en France et si le voyageur n'est pas vacciné il est soumis à une quarantaine obligatoire de 10 jours contrôlée par les forces de sécurité. 

www.diplomatie.gouv.fr

Mesures à respecter sur place

Le masque est obligatoire seulement dans les lieux clos et il n'y a plus de couvre feu.

Les bars et restaurants ont rouvert et peuvent depuis mercredi utiliser leur capacité maximale, en salle comme en terrasse, à l'exception de certaines régions particulièrement touchées par le variant Delta. 

ROYAUME UNI

Qui peut entrer ?

Le Royaume-Uni est de facto quasi fermé aux touristes étrangers étant donné les strictes restrictions imposées aux frontières pour les arrivées, avec pour la plupart des pays (notamment européens comme la France ou l'Italie) une quarantaine et de coûteux tests à réaliser voire pour certains (dont Amérique du Sud, Tunisie, Inde, Turquie…) une quarantaine à l'hôtel aux frais du voyageur, coûtant 1.750 livres (2.000 euros) par personne.

Les voyageurs venant de pays classés "verts" sont exemptés de quarantaine. Seize pays ou territoires ont rejoint cette liste mercredi, dont les Baléares, Malte, et Madère.

https://www.gov.uk/guidance/red-amber-and-green-list-rules-for-entering-england

Mesures à respecter sur place

Une grande partie ont été levées, les dernières (limites sur les rassemblements, service debout dans les pubs, discothèques) doivent l'être le 19 juillet, après avoir été repoussées de plusieurs semaines en raison de la poussée récente du variant indien.

Des Américains à Paris

A Paris, les premiers touristes américains ont réinvesti les lieux prisés par les voyageurs étrangers: Montmartre, le Sacré-Cœur, la Tour Eiffel...

"C'est incroyable! On voulait revenir depuis l'année dernière mais comme les frontières étaient fermées (...) On est très, très heureux d'être ici, c'est comme prendre un bol de culture et ça nous avait vraiment manqué", a confié Padmini Pyapali, une ingénieure au nombre de ces "revenants".

Les dernières restrictions ont sauté mercredi en France avec la fin des jauges dans les cinémas, restaurants ou magasins. Pour tous les évènements rassemblant plus de 1 000 personnes y compris les salons, congrès et foires désormais sans jauge, le pass sanitaire sera exigé.

Mais les inquiétudes montent quant à une possible quatrième vague de Covid-19 après l'été, si la vaccination continue de plafonner, alors que le variant Delta représente déjà "20% des nouveaux diagnostics", selon le ministre français de la Santé, Olivier Véran. La moitié de la population a reçu une première dose (33,7 millions).

L'Autriche, dont près de la moitié des quelque neuf millions d'habitants ont déjà reçu au moins une injection et un quart sont totalement vaccinés, rouvre jeudi ses discothèques et met fin aux restrictions de jauge pour les événements culturels et sportifs.

Désillusion pour le vaccin de l'allemand CureVac

Identifié d'abord en Inde, le variant Delta, beaucoup plus contagieux, est désormais présent dans au moins 85 pays, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Et surtout en Russie, qui a enregistré mercredi un record de décès quotidiens dus au coronavirus pour la deuxième journée consécutive, avec 669 morts ces dernières 24 heures.

Dans ce contexte, le président Vladimir Poutine a appelé ses concitoyens hésitant à se faire vacciner contre le coronavirus à écouter "les experts" et non les rumeurs, lors de sa grand-messe annuelle télévisée. Il s'est toutefois dit opposé à toute obligation vaccinale à l'échelle nationale.

La campagne vaccinale, lancée en décembre à grand renfort de propagande autour du Spoutnik V, l'injection phare de Moscou, n'a pour l'instant convaincu que 23 des 146 millions de Russes, sur fond de méfiance généralisée.

La Russie est le pays européen le plus endeuillé par le Covid-19 avec 134.545 morts selon les chiffres du gouvernement et 270.000 morts selon l'agence des statistiques Rosstat, qui en a une définition plus large.

Malgré cette flambée des cas, le quart de finale de l'Euro de foot (Suisse-Espagne), se tiendra bien vendredi à Saint-Pétersbourg, selon les organisateurs. Et ce, alors que quelque 300 supporters finlandais rentrés après avoir assisté à l'Euro dans cette ville ont été testés positifs.

Le vaccin développé par le laboratoire allemand CureVac n'est efficace qu'à 48% pour prévenir le Covid-19, un taux bien plus faible que les autres vaccins à ARN messager, qui rend incertain l'avenir de ce produit déjà commandé en masse par l'Union européenne. 

Bangladesh confiné

En Australie, confrontée au variant Delta, Alice Springs, située dans l'immense et désertique arrière-pays, est devenue mercredi la cinquième ville du pays à être confinée alors que la population ne cache pas sa colère face à la lenteur de la campagne de vaccination.

Et en Asie où le variant Delta progresse, la Thaïlande s'apprête à rouvrir jeudi l'île paradisiaque de Phuket aux touristes internationaux, alors que le royaume a enregistré mercredi son pire bilan quotidien depuis le début de la pandémie de Covid-19 avec 53 morts. 

A l'inverse le Bangladesh, pays de 168 millions d'habitants lui aussi en proie à la progression du variant Delta, introduit un confinement strict avec armée et police ayant ordre d'arrêter quiconque  sortant sans raison impérieuse.

A Hong Kong, entre en vigueur jeudi l'interdiction de tous les vols en provenance du Royaume-Uni. Les Japonais souhaitant se rendre à l'étranger pourront disposer à partir de jeudi d'un passeport vaccinal.

La pandémie a fait au moins 3 940 888 morts dans le monde depuis fin décembre 2019, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles mercredi.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.


L'envoyé de Trump rencontre Netanyahu, Israël face à des critiques accrues

L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël
  • Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël

Jérusalem, Non défini: L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël.

Après 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, la bande de Gaza est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire distribuée par camions ou larguée depuis les airs.

Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël, selon la Défense civile locale qui a fait état de 38 Palestiniens tués jeudi.

Plusieurs dizaines de corps gisaient empilés à la morgue de l'hôpital al-Chifa dans le nord de Gaza, dans l'attente d'être collectés par leurs proches, a constaté un correspondant de l'AFP.

"Le moyen le plus rapide de mettre fin à la crise humanitaire à Gaza est que le Hamas CAPITULE ET LIBÈRE LES OTAGES !!!", a déclaré le président américain Donald Trump sur X.

Rien n'a filtré de la rencontre entre MM. Witkoff et Netanyahu mais en début de semaine, M. Trump a semblé se distancer de son allié israélien en évoquant une "vraie famine" à Gaza.

Avant l'arrivée jeudi de l'émissaire de M. Trump, des dizaines de mères et proches d'otages encore aux mains du Hamas ont manifesté devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, exigeant un "accord global" qui garantirait la libération des 49 otages encore détenus à Gaza, dont 27 ont été déclarés morts par l'armée.

- "Position minoritaire" -

L'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive dévastatrice à Gaza qui a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza jugées fiables par l'ONU. La campagne aérienne et terrestre a dévasté le territoire et provoqué un désastre humanitaire.

Le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul a lui rencontré à Jérusalem son homologue israélien Gideon Saar, avant de rencontrer M. Netanyahu.

Avant de décoller pour Israël, M. Wadephul a estimé qu'Israël était "de plus en plus en position minoritaire", alors qu'un "nombre croissant de pays, y compris européens, sont prêts à reconnaître un Etat palestinien sans processus de négociation préalable".

Ces visites interviennent après la multiplication des alertes d'organisations internationales sur une famine à Gaza et l'échec de négociations indirectes, sous médiation américaine, qatarie et égyptienne, entre Israël et le Hamas en vue d'un cessez-le-feu.

Le gouvernement israélien a annoncé dimanche une pause limitée dans l'offensive afin de permettre l'acheminement de l'aide dans le petit territoire pauvre où s'entassent plus de deux millions de Palestiniens.

Mais ces aides sont jugées insuffisantes par les organisations internationales face aux besoins immenses de la population.

- "Pression déformée"

Le Portugal a indiqué jeudi envisager de reconnaître l'Etat de Palestine, après que plusieurs pays dont le Canada, la France et le Royaume-Uni ont annoncé leur intention de faire de même en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre.

Une telle reconnaissance reste néanmoins largement symbolique en raison du refus d'Israël de la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Dans ce contexte, Israël a dénoncé une "campagne de pression internationale déformée" venant "récompenser le Hamas et nuire aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza".

Les Etats-Unis, qui ont dénoncé les annonces sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, ont imposé des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), accusant les deux organismes d'avoir pris des mesures pour "internationaliser leur conflit avec Israël" et de "continuer à soutenir le terrorisme".

Le gouvernement Netanyahu, qui veut chasser le Hamas de Gaza et a annoncé son intention de contrôler le territoire, semble peiner à trancher sur une solution politique d'après-guerre.

Dans ce contexte, la frange la plus radicale de sa coalition gouvernementale plaide pour un retour des colonies à Gaza, évacuées en 2005 avec le retrait unilatéral israélien du territoire après 38 ans d'occupation.

L'armée israélienne a par ailleurs annoncé le retrait du nord de Gaza de sa 98e Division, composée d'unités parachutistes et de commandos d'élite, qui a "se prépare désormais à de nouvelles missions".


Une experte de l’ONU : « La famine imposée à Gaza est une atteinte grave à la dignité humaine »

Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
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  • Alice Jill Edwards dénonce une privation prolongée de nourriture entraînant malnutrition, défaillances d’organes et décès, notamment chez les nourrissons et femmes enceintes
  • « Des règles changeantes, une distribution militarisée et l’incertitude permanente sur l’accès aux besoins de base provoquent désespoir, stress et traumatismes », alerte-t-elle

NEW YORK: La rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, Alice Jill Edwards, a exprimé mercredi sa vive inquiétude face à l’augmentation du nombre de décès liés à la famine parmi les Palestiniens de Gaza.

Elle a qualifié la famine infligée aux civils de « meurtrière, inhumaine et dégradante », appelant à une aide humanitaire rapide et sans entrave vers l’enclave dévastée.

« Priver des gens de nourriture, d’eau et de dignité constitue une violation grave et répétée dans ce conflit. Cela doit cesser », a-t-elle déclaré, citant des rapports « choquants » de civils tués en faisant la queue pour se nourrir, et des cas généralisés de faim et de malnutrition.

Elle a alerté sur un risque croissant de famine généralisée à Gaza, soulignant que toutes les parties au conflit ont des obligations juridiques, au regard du droit international, d’assurer un accès à l’eau et à la nourriture pour les civils sous leur contrôle, et de faciliter l’aide humanitaire.

« Ils ne doivent ni voler, ni détourner, ni bloquer délibérément l’acheminement de l’aide », a-t-elle averti.

Elle a décrit les « conséquences physiologiques catastrophiques » de la privation prolongée de calories : malnutrition, défaillance d’organes et décès, touchant particulièrement les groupes vulnérables comme les nourrissons et les femmes enceintes.

« L’impact psychologique d’un tel déni est d’une cruauté intrinsèque », a-t-elle poursuivi.

« Des règles constamment changeantes, des distributions militarisées, et une incertitude quotidienne sur l’accès aux besoins fondamentaux plongent les gens dans un désespoir et une détresse extrêmes. »

Elle a salué l’annonce par Israël de pauses humanitaires permettant au Programme alimentaire mondial d’opérer pendant trois mois, tout en soulignant que « davantage doit être fait » pour mettre fin aux hostilités et établir une paix durable fondée sur la solution à deux États.

« Personne ne devrait subir l’humiliation de devoir mendier pour se nourrir, surtout quand des stocks suffisants sont disponibles », a-t-elle déclaré.

Edwards a également renouvelé son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, à la libération des Palestiniens détenus arbitrairement, et à la mise en place d’enquêtes indépendantes sur les allégations de torture, de mauvais traitements et d’éventuels crimes de guerre, de la part de toutes les parties.

Elle a indiqué avoir exprimé ses préoccupations à plusieurs reprises aux autorités concernées et continuer de réclamer une pleine reddition de comptes.

Les rapporteurs spéciaux font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Ils sont indépendants, ne sont pas membres du personnel des Nations unies et travaillent bénévolement.