La Slovénie, pourtant rappelée à l'ordre sur la liberté de la presse, prend la tête de l'UE

 Ursula von der Leyen a appelé le Premier ministre slovène Janez Jansa, à garantir la liberté de la presse et à coopérer «de toute urgence» avec le nouveau parquet européen. (Photo, AFP)
Ursula von der Leyen a appelé le Premier ministre slovène Janez Jansa, à garantir la liberté de la presse et à coopérer «de toute urgence» avec le nouveau parquet européen. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 02 juillet 2021

La Slovénie, pourtant rappelée à l'ordre sur la liberté de la presse, prend la tête de l'UE

  • L'exécutif européen doit publier son prochain rapport le 20 juillet, alors que des ONG accusent aussi le gouvernement de tenter de museler les médias
  • La Slovénie est déjà épinglé pour des cas « fréquents » de harcèlement en ligne et de menaces à l'encontre de journalistes, «rarement sanctionnés par le système judiciaire»

CHÂTEAU DE BRDO : La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a appelé le Premier ministre slovène Janez Jansa, dont le pays a pris jeudi la présidence de l'UE, à garantir la liberté de la presse et à coopérer "de toute urgence" avec le nouveau parquet européen.

La cheffe de l'exécutif européen a le même jour donné son feu vert au plan de relance de ce pays de deux millions d'habitants, issu de l'ex-Yougoslavie, qui doit recevoir 2,5 milliards d'euros, dont 1,8 milliard sous forme de subventions et 705 millions en prêts.

Lors d'une conférence de presse au centre de convention de Brdo, à une trentaine de kilomètres de Ljubljana, la responsable allemande a souligné l'importance de "médias libres, critiques, qui jouent un rôle de surveillance des activités gouvernementales ou de la Commission par exemple". 

"C'est l'essence de la démocratie", a-t-elle commenté à côté du dirigeant slovène conservateur, allié du souverainiste hongrois Viktor Orban. 

"Nos inquiétudes sont bien connues", a-t-elle rappelé. La Commission, dans son rapport sur l'Etat de droit publié en septembre 2020, avait épinglé la Slovénie pour des cas "fréquents" de harcèlement en ligne et de menaces à l'encontre de journalistes, "rarement sanctionnés par le système judiciaire". 

L'exécutif européen doit publier son prochain rapport le 20 juillet, alors que des ONG accusent aussi le gouvernement de tenter de museler les médias.

«Urgence»

Ursula von der Leyen a appelé Janez Jansa, qui a privé de dotation publique l'agence de presse nationale STA, à "trouver une solution rapide pour débloquer les fonds". 

"La Slovénie doit garantir l'indépendance et le financement approprié du service public fourni par l'agence", a-t-elle dit, promettant de "surveiller" le dossier.

Le Premier ministre, qui n'hésite pas à prendre à partie les journalistes sur Twitter, a dit "espérer" régler ce problème "bientôt", regrettant "des complications totalement inutiles".

Signe d'une ambiance tendue, le vice-président de la Commission chargé du Pacte vert, Frans Timmermans, n'a pas pris part à la photo de groupe avec Janez Jansa. En cause: une photo brandie par ce dernier pendant la réunion avec les membres de l'exécutif européen mettant en cause des juges slovènes, accusés d'être des opposants politiques.  

Autre sujet sensible abordé lors de la réunion: le retard de Ljubljana dans la désignation de ses procureurs délégués au sein du nouveau parquet européen, chargé de veiller au bon usage des fonds du plan de relance et de lutter contre la fraude affectant le budget de l'UE. 

Sur les 22 pays participant à cette instance, opérationnelle depuis le 1er juin, seule la Slovénie manque encore à l'appel, un accord venant d'être trouvé avec la Finlande.

"Il est temps que la Slovénie désigne un procureur délégué, et je compte sur le Premier ministre pour soumettre des noms de candidats de toute urgence", a encore déclaré Mme von der Leyen.

La cheffe du parquet européen, la Roumaine Laura Kövesi, avait eu des mots durs à l'égard de la Slovénie, fustigeant un "manque de coopération sincère", qui "entrave l'efficacité" de cet organisme.

«Trop politiques»

Janez Jansa a jugé les propos de la procureure "trop politiques" et "pas de nature à permettre une solution". Il a rappelé que son pays avait choisi de façon "volontaire" de participer au parquet européen et que plusieurs pays de l'UE n'en faisaient pas partie (Suède, Danemark, Hongrie, Pologne, Irlande).

Janez Jansa, qui a bloqué les noms des deux procureurs proposés par l'ancienne ministre de la Justice, a évoqué notamment des raisons de procédure. Mais selon l'association slovène des procureurs, les deux candidats ont été écartés en raison de leur implication passée dans des enquêtes pour abus de pouvoir et corruption le concernant.

Le Premier ministre a assuré que "la procédure" de désignation "était relancée", estimant qu'elle pourrait aboutir "d'ici l'automne".

"On doit aller beaucoup plus vite", a estimé le commissaire européen à la Justice Didier Reynders. Les procureurs délégués, une fois désignés par les Etats, doivent ensuite être approuvés par le collège du parquet européen, a-t-il rappelé.

"La pression va monter de plus en plus", a-t-il averti. A propos de l'éventuel lancement d'une procédure d'infraction contre Ljubljana, il a souligné que cela prendrait "énormément de temps", jugeant le dialogue plus efficace.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com