Tunisie: confusion totale sous la coupole du Palais du Bardo

Pour la troisième fois depuis le début de l’année, le porte-parole de la Coalition de la dignité (Al-Karama), Seifeddine Makhlouf, a, lors de la session plénière du mercredi 30 juin, avec un autre député, agressé Mme Abir Moussi. Cette fois, la raison était que la présidente du Parti destourien libre (PDL) a tout fait pour perturber l’adoption par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) d’un projet de loi approuvant une convention de siège conclue en 2016 par l’État tunisien avec le Qatar Fund. (AFP).
Pour la troisième fois depuis le début de l’année, le porte-parole de la Coalition de la dignité (Al-Karama), Seifeddine Makhlouf, a, lors de la session plénière du mercredi 30 juin, avec un autre député, agressé Mme Abir Moussi. Cette fois, la raison était que la présidente du Parti destourien libre (PDL) a tout fait pour perturber l’adoption par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) d’un projet de loi approuvant une convention de siège conclue en 2016 par l’État tunisien avec le Qatar Fund. (AFP).
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Publié le Vendredi 02 juillet 2021

Tunisie: confusion totale sous la coupole du Palais du Bardo

  • La présidente du Parti destourien libre (PDL) a été agressée par deux députés, après avoir tout fait pour perturber l’adoption d’un projet de loi au Parlement
  • Le 30 juin a marqué un nouvel épisode dans le feuilleton des violences entre députés

TUNIS: Pour la troisième fois depuis le début de l’année, le porte-parole de la Coalition de la dignité (Al-Karama), Seifeddine Makhlouf, a, lors de la session plénière du mercredi 30 juin, avec un autre député, agressé Mme Abir Moussi. Cette fois, la raison était que la présidente du Parti destourien libre (PDL) a tout fait pour perturber l’adoption par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) d’un projet de loi approuvant une convention de siège conclue en 2016 par l’État tunisien avec le Qatar Fund.

Comme c’est très souvent le cas depuis le début de cette législature, en novembre 2019, l’agresseur est Seifeddine Makhlouf.

Le 30 juin a marqué un nouvel épisode dans le feuilleton des violences entre députés. Comme c’est très souvent le cas depuis le début de cette législature, en novembre 2019, l’agresseur est Seifeddine Makhlouf. Mais cette fois, il a bénéficié de la complicité de son collègue, Sahbi Smara, ex-député de cette formation, aujourd’hui indépendant.

Ce n’est pas la première fois que la Coalition de la dignité s’en prend à cette avocate. Ces actes de violence répétés traduisent d’une certaine manière le désarroi de l’actuelle majorité au pouvoir – dont la composante la plus importante est le mouvement Ennahdha, dirigé par Rached Ghannouchi –, mais qui compte aussi dans ses rangs Qalb Tounes («Au cœur de la Tunisie»), du patron de la chaîne de télévision Nessma TV, Nabil Karoui, et la Coalition Al-Karama.

Mercredi 30 juin, le désarroi des députés de la majorité s’est doublé d’une grande nervosité, car ce jour-là devait se décider le sort d’un dossier de la plus haute importance pour le parti islamiste et ses alliés: le projet de loi portant approbation de la convention de siège conclue en 2016 par l’État tunisien avec le Qatar Fund for Development, bras financier de l’émirat.

Cette stratégie se résume en deux mots: blocage et victimisation. Elle consiste à recourir à tous les moyens – sauf la violence physique, un travers dans lequel les députés ne sont que très rarement tombés – pour perturber le fonctionnement de l’Assemblée, et acculer l’adversaire à la faute, c’est-à-dire au recours à la force. Ce qui permet au PDL d’endosser le rôle de victime.

Mercredi 30 juin, le désarroi des députés de la majorité s’est doublé d’une grande nervosité, car ce jour-là devait se décider le sort d’un dossier de la plus haute importance pour le parti islamiste et ses alliés: le projet de loi portant approbation de la convention de siège conclue en 2016 par l’État tunisien avec le Qatar Fund for Development, bras financier de l’émirat.

C’est d’ailleurs sans doute pour cette raison que des agents se présentant comme des membres du staff administratif du Parlement ont essayé – sans nul doute sur ordre de Rached Ghannouchi – d’empêcher Mme Moussi d’assister à cette séance.

C’est d’ailleurs sans doute pour cette raison que des agents se présentant comme des membres du staff administratif du Parlement ont essayé – sans nul doute sur ordre de Rached Ghannouchi – d’empêcher Mme Moussi d’assister à cette séance, en exigeant une fouille de son sac à main. Le motif: il aurait pu contenir un mégaphone, dont la présidente du PDL a déjà fait usage pour perturber les travaux de l’ARP.

Refusant fermement d’obtempérer, Mme Moussi a fini par avoir gain de cause. Ayant réussi à rejoindre la séance plénière du 30 juin au bout d’un bras de fer d’une heure, elle s’est positionnée au centre de la salle des séances plénières, et s’est s’employée, trois heures durant, à perturber les travaux de l’Assemblée par des cris incessants. Au point de faire craquer le député indépendant, Sahbi Smara, qui s’est élancé vers la présidente du PDL pour lui asséner un coup de poing puis, un coup de pied. Une dizaine de minutes plus tard, cela a été au tour de l’ex-patron et porte-parole de la Coalition Al-Karama, de réagir. Mercredi 30 juin, les députés et, avec eux tout le pays, ont fait un pas de plus vers l’abîme.


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.