Quatre morts dans un énorme incendie à Chypre, le pire depuis des décennies

La cause de l'incendie, qui s'est déclaré samedi vers midi, n'était pas claire. Ci-dessus, la fumée d'un incendie de forêt est visible dans le village d'Ora, à Larnaca, à Chypre. (Andrea Anastasiou via Reuters)
La cause de l'incendie, qui s'est déclaré samedi vers midi, n'était pas claire. Ci-dessus, la fumée d'un incendie de forêt est visible dans le village d'Ora, à Larnaca, à Chypre. (Andrea Anastasiou via Reuters)
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Publié le Dimanche 04 juillet 2021

Quatre morts dans un énorme incendie à Chypre, le pire depuis des décennies

  • Un énorme incendie a ravagé des pans entiers du massif forestier du Troodos à Chypre et coûté la vie à quatre personnes avant d'être quasiment maîtrisé dimanche
  • Les corps carbonisés de quatre travailleurs égyptiens ont été découverts à proximité du village d'Odos, à quelque 25 km au nord de Limassol, selon les autorités

ARAKAPAS: Un énorme incendie a ravagé des pans entiers du massif forestier du Troodos à Chypre et coûté la vie à quatre personnes avant d'être quasiment maîtrisé dimanche, l'une des pires catastrophes de l'histoire récente de l'île méditerranéenne. 

Selon une porte-parole du gouvernement, Niovi Parisinou, l'aide des Canadairs envoyés par Israël et la Grèce a contribué à éteindre quasiment le feu. Mais, a-t-elle ajouté, "il faudra poursuivre les efforts pour l'extinction complète des dernières flammes". 

Le feu s'est déclaré samedi après-midi au nord de la ville portuaire de Limassol (sud) embrasant le flanc méridional du massif, principal poumon vert de ce petit pays membre de l'Union européenne qui subit des canicules et des épisodes de sécheresse de plus en plus marqués. 

Les corps carbonisés de quatre travailleurs égyptiens ont été découverts à proximité du village d'Odos, à quelque 25 km au nord de Limassol, selon les autorités. 

Leur véhicule, complètement carbonisé, a été retrouvé dans un ravin. Bloqués par le feu, ils ont quitté leur voiture pour fuir à pied, mais ont été rattrapés par les flammes 600 mètres plus loin sur les hauteurs, a expliqué à l'AFP un policier sur place. 

Un homme de 67 ans, soupçonné d'avoir inintentionnellement provoqué l'incendie à côté du village d'Arakapas, a été arrêté mais il a nié les faits. Un témoin l'aurait vu quitter les lieux dans sa voiture au moment du déclenchement de l'incendie, a indiqué la police, ajoutant qu'il pourrait aussi faire face à des accusations d'homicide involontaire. 

"55 km2 ravagés" 

Akis Giorgiou, 45 ans, resté dans son village d'Arakapas malgré le feu, "pour protéger (sa) propriété", s'est dit "soulagé" après que les pompiers ont éteint les flammes. "C'était un cauchemar, un enfer. Les flammes cernaient tout le village".  

Dans les zones où le feu a été maîtrisé, des troncs d'arbres calcinés chancèlent sur un parterre de cendres. Quelques nuages de fumée blanche s'élèvent encore au-dessus des foyers tout juste éteints. 

Une dizaine de villages ont été évacués et une cinquantaine de maisons détruites, selon les autorités. Près du village d'Ora, non loin du lieu de déclenchement de l'incendie, un élevage de plus de 50.000 poulets a été décimé par les fumées, selon des employés qui habitent dans des mobile-homes en face de l'exploitation du groupe Paradisiotis. 

Dans le centre de gestion de crise dans le village de Vavatsinia, non loin d'Ora, le président Nikos Anastasiades a affirmé que "plus de 55 kilomètres carrés" avaient été ravagés, évoquant "une tragédie". L'incendie est "le plus vaste" depuis 1974, a dit M. Anastasiades avant de promettre une enquête fouillée. 

En 1974, l'armée turque a envahi le tiers nord de l'île, qu'elle occupe toujours, en réaction à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient la rattacher à la Grèce. 

Ces derniers jours, les températures ont largement dépassé les 40 degrés celsius dans l'île, située dans le sud-est du bassin méditerranéen et où la période de sécheresse estivale court traditionnellement de juin à octobre, sous des températures caniculaires. Quant aux précipitations, elles sont quasi inexistantes depuis mi-avril. 

"Tout est devenu noir" 

Face à l'ampleur du drame, l'île qui connaît de fréquents feux de forêt durant la période de sècheresse estivale, a appelé à l'aide internationale. La Grèce, l'Espagne et Israël ont envoyé des Canadairs et les troupes britanniques stationnées sur des bases souveraines dans l'île ont également assisté les pompiers chypriotes aidés par plusieurs hélicoptères.  

"Après les largages d'eau réussis des avions grecs et israéliens et la réduction des foyers (d'incendie), les services des incendies et des forêts ont inspecté les zones touchées et les considèrent désormais sûres", a déclaré Mme Parisinou lors d'un point sur la situation. 

"Un état des lieux et l'enregistrement des maisons et propriétés endommagées pour des indemnisations a déjà commencé. Tout comme la reprise progressive de l'approvisionnement en électricité". 

Dans le village d'Ora, les habitants sont encore sous le choc. "Vers 16H30 samedi, tout est devenu noir. On ne pouvait plus respirer. Le maire du village nous a dit +Partez, partez, partez+. Les cloches de l'église n'arrêtaient pas de sonner. Regardez, le feu est arrivé jusqu'à ma maison", raconte en pleurs Elpida Papastylianou revenue nettoyer son foyer. 

 


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.