Marine Le Pen, héritière de l'extrême droite française qu'elle a «banalisée»

Marine Le Pen, chef du parti politique français d'extrême droite le Rassemblement national (RN) et députée, réagit alors qu'elle tient un bouquet de fleurs à une ovation debout après son discours de clôture à la fin du congrès du parti à Perpignan (AFP)
Marine Le Pen, chef du parti politique français d'extrême droite le Rassemblement national (RN) et députée, réagit alors qu'elle tient un bouquet de fleurs à une ovation debout après son discours de clôture à la fin du congrès du parti à Perpignan (AFP)
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Publié le Lundi 05 juillet 2021

Marine Le Pen, héritière de l'extrême droite française qu'elle a «banalisée»

  • Héritière ambitieuse au tempérament orageux, la benjamine des trois filles de Jean-Marie Le Pen est parvenue en 2017
  • Avocate de formation, Marine Le Pen a porté les couleurs du Front national pour la première fois aux législatives en 1993

PERPIGNAN : Marine Le Pen a été réélue dimanche à la tête du Rassemblement national (RN), parti d'extrême droite français qu'elle a rebaptisé et débarrassé de son sulfureux père Jean-Marie Le Pen, mais qui ne lui a pas apporté l'ancrage local désiré pour son troisième essai à la présidentielle en 2022.

Héritière ambitieuse au tempérament orageux, la benjamine des trois filles de Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national depuis rebaptisé RN, est parvenue en 2017 - comme son père 15 ans plus tôt - au second tour de la présidentielle, engrangeant près de 11 millions de voix (33,9%).

Un record pour le RN, mais aussi une déception après un débat télévisé raté entre les deux tours face à l'actuel président Emmanuel Macron.

Longtemps élue au Parlement européen, l'opposante de 52 ans, désormais députée du Pas-de-Calais (nord), avait repris espoir après la victoire du RN aux européennes en 2019.

Mais un semi-échec aux municipales de 2020 et le net recul de son parti aux régionales en juin 2021, 10 mois avant la présidentielle, ont suscité le doute, même si elle a été réélue dimanche à 98% pour un quatrième mandat à la présidence du parti et adoubée candidate pour 2022.

Comme sa soeur Yann, son destin s'est d'abord inscrit dans le giron du "diable de la République". "Quoi qu'il arrive, tu es mon père", avait-elle dit à Jean-Marie Le Pen après une violente brouille en 2005.

Ascension continue

Avocate de formation, Marine Le Pen a porté les couleurs du Front national pour la première fois aux législatives en 1993. Avec le soutien de son père, elle a pris la présidence du parti début 2011, écartant progressivement les vieux barons.

Deux fois divorcée, mère de trois enfants, séparée d'une des figures du mouvement, Louis Aliot, Marine Le Pen insiste alors sur l'économie, parent pauvre du discours du RN: forte dose de protectionnisme et sortie de l'euro - avant d'y renoncer après la présidentielle de 2017 - pour séduire les "perdants" de la mondialisation.

Des thèmes gagnants: à toutes les élections intermédiaires d'avant 2017, le RN progresse.

Elle "dédiabolise" le parti de son image antisémite et raciste, jusqu'à en exclure en août 2015 son père, dont elle a toléré pendant des années les propos, certains condamnés en justice. "J'ai adulé cet homme", confie-t-elle. "Je me suis beaucoup battue pour lui mais à un moment donné, cela devait s'arrêter".

«Normalisation»

Ses relations avec son père se sont depuis apaisées.

Après la "dédiabolisation", Marine Le Pen engage la "normalisation": elle renonce à sortir de l'euro, change le nom du parti pour "rassembler" et ne veut plus réviser les accords de Schengen sur le marché unique européen. Mais cette politique d'"ouverture" et ces revirements lui valent d'être accusée de "banaliser" le parti.

Au congrès du RN dimanche, elle a dénoncé la "facilité des outrances" et des "attitudes belliqueuses", souhaitant continuer à "ouvrir (le parti) à toutes les forces politiques" et exhortant ses sympathisants à "aller chercher la victoire" en 2022.

"Nous avons su nous affranchir d'une immaturité politique peu compatible avec des ambitions nationales et donner à notre mouvement les qualités nécessaires à un parti de gouvernement", a estimé Mme Le Pen.

Ces dernières années, elle a brouillé les lignes, se proclamant "meilleur bouclier" des Français juifs, rendant hommage à Charles de Gaulle (président de 1959 à 1969, un des dirigeants français les plus influents de l'histoire), que l'extrême droite haïssait, arborant République et laïcité en étendard contre "le fondamentalisme islamiste" mais jugeant désormais l'islam "compatible avec la République".

Dimanche, elle a dit vouloir "mettre en oeuvre un gouvernement d'union nationale autour d'un projet de paix civile" et être la candidate "des solutions concrètes", car "il n'y a pas de bonheur possible si le pays s'efface ou pire s'effondre".

Elle n'a pas renoncé aux "fondamentaux" du parti, dénonce toujours l'immigration, mais davantage l'insécurité. Favorable "à titre personnel" à la peine de mort, elle veut supprimer le mariage entre personnes du même sexe.

Elle reste poursuivie par les affaires politico-judiciaires, inculpée pour "détournements de fonds publics" dans une enquête sur des emplois fictifs du RN au Parlement européen, et des proches ont été condamnés pour escroquerie lors des campagnes en 2012.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.