Embourbé dans les crises, le Liban compte sur la saison touristique estivale

Un jeune couple observe le coucher de soleil lors d’une randonnée dans le village de Chahtoul, dans le caza de Kesrouan, dans le gouvernorat du Mont Liban (Photo, AP)
Un jeune couple observe le coucher de soleil lors d’une randonnée dans le village de Chahtoul, dans le caza de Kesrouan, dans le gouvernorat du Mont Liban (Photo, AP)
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Publié le Lundi 05 juillet 2021

Embourbé dans les crises, le Liban compte sur la saison touristique estivale

Un jeune couple observe le coucher de soleil lors d’une randonnée dans le village de Chahtoul, dans le caza de Kesrouan, dans le gouvernorat du Mont Liban (AP)
  • Le double choc de la pandémie et d’une crise financière dévastatrice a anéanti le secteur hôtelier du pays du Cèdre, connu pour ses plages, ses stations de montagne, et sa bonne cuisine
  • Toutefois, les arrivées dans le pays sont en hausse: de nombreux Libanais qui passaient habituellement leurs vacances d’été à l’étranger se tournent désormais vers le tourisme intérieur

NIHA: Dans un village des pittoresques montagnes du Chouf, au Liban, Chafik Mershad, 69 ans, sort un énorme livre d’or rectangulaire, et regarde désespérément la date à laquelle il a accueilli son dernier visiteur: le 16 novembre 2019. 

Un mois plus tôt, des manifestations antigouvernementales avaient éclaté, d’abord en raison d’une taxe sur la messagerie Whatsapp, puis de la détérioration de la crise monétaire. Dans un tel climat d’incertitude, sa maison d’hôtes est restée quasiment sans visiteurs. Ensuite, le coronavirus a fait son apparition, poussant le gouvernement à imposer des mesures de confinement. La maison d’hôtes a officiellement fermé ses portes en février 2020. Un an et demi plus tard, M. Mershad n’a toujours pas l’intention de rouvrir les portes de son établissement dans le contexte actuel d’effondrement financier du pays. 

«Le coronavirus nous a fortement touchés, mais ce qui nous a le plus impacté, c’est la crise financière», indique M. Mershad, interrogé à son domicile, situé au-dessus de la maison d’hôtes. «Nous avions l’habitude de proposer des repas aux clients avec du Nescafé, du thé, tout ce qu’ils voulaient pour un prix modique. Maintenant, une tranche de hamburger coûte autant.» 

Le double choc de la pandémie et d’une profonde crise financière a anéanti le secteur hôtelier de ce pays méditerranéen, connu pour ses plages, ses stations de montagne, et sa bonne cuisine. Des centaines de commerces, y compris des maisons d’hôtes comme Mershad Guesthouse, ont été contraints de fermer leurs portes. 

Cependant, avec l’assouplissement des restrictions liées à la pandémie, les entreprises qui ont survécu espèrent que les dollars dépensés par les expatriés libanais en visite, et une augmentation du tourisme intérieur, permettront de relancer l’économie. 

Actuellement, la plupart des réservations d’hôtels sont faites par des expatriés libanais et quelques étrangers originaires des pays voisins (Irak, Égypte et Jordanie). Les arrivées dans le pays sont en hausse: chaque jour depuis plusieurs semaines, l’aéroport de Beyrouth accueille quatre vols en provenance d’Irak, avec plus de 700 passagers au total, selon Jean Abboud, président du Syndicat des agences de voyage et de tourisme. Des scènes chaotiques ont été signalées dans le hall des arrivées, où les voyageurs se pressent pour effectuer le test PCR obligatoire. 

De nombreux Libanais qui passaient habituellement leurs vacances d’été à l’étranger se tournent désormais vers le tourisme intérieur. C’est l’option la plus pratique en raison des restrictions de voyage, des dollars bloqués dans les banques, et de l’impossibilité pour les Libanais d’utiliser leurs cartes de crédit. 

«Ces deux dernières années, le pays a radicalement changé. Il n’est plus une destination pour la vie nocturne, pour le tourisme. Les Libanais sont de plus en plus intéressés par les voyages à l’intérieur de leur pays», affirme Joumana Brihi, membre du conseil d’administration de la Lebanese Mountain Trail Association. L’association entretient un sentier de randonnée de 470 kilomètres qui traverse le pays du nord au sud. 

Beaucoup de professionnels du secteur affirment que le nombre de touristes nationaux a considérablement augmenté depuis la levée des mesures de confinement dans le pays en avril. Ils s’attendent à voir les expatriés affluer et dépenser cet été malgré l’instabilité, notamment en raison de la dévaluation de la livre libanaise. 

Cela permettra d’éviter la fermeture de nombreux établissements ou «au moins de prolonger la vie de certains commerces», explique Maya Noun, secrétaire générale du Syndicat des restaurateurs. 

Depuis octobre 2019, la monnaie libanaise a perdu plus de 90% de sa valeur. Elle s’échange désormais  à environ 17 000 livres libanaises  (LL) pour un dollar sur le marché noir. Le taux de change officiel reste à 1 507 livres pour un dollar. 

L’année dernière, le député Michel Daher a été fustigé sur les réseaux sociaux pour avoir déclaré à la télévision que  «le Liban est vraiment bon marché, dans tous les sens du terme», à cause de l’effondrement de la monnaie. 

«On s’est moqué de moi à l’époque», raconte M. Daher à l’Associated Press. «Maintenant, il y a beaucoup d’expatriés libanais avec des dollars qui viennent au Liban en raison des prix, mais nous voulons aussi des étrangers.» 

Pourtant, le Liban n’a rien d’une destination de vacances pittoresque par temps de crise. Les coupures d’électricité durent pratiquement toute la journée, et les générateurs privés doivent être éteints pendant plusieurs heures pour rationner le carburant. Le pays manque cruellement de produits vitaux, notamment de médicaments, de produits médicaux et d’essence. 

Depuis des semaines, des citoyens exaspérés font la queue pour faire le plein dans les stations-service, et on assiste parfois à des bagarres, et à des fusillades entre des Libanais à bout de nerfs. Plus de la moitié de la population a été plongée dans la pauvreté, et avec la montée des tensions sectaires, le Liban semble assis sur un volcan. 

L’effondrement de la monnaie libanaise a créé une fracture très nette entre une minorité aisée, payée en dollars frais, qu’il est possible de retirer en banque, et ceux qui s’enfoncent encore plus dans la pauvreté, notamment les anciens membres d’une classe moyenne en voie de disparition, et dont le pouvoir d’achat a disparu. 

Les stations balnéaires des villes côtières de Batroun et Byblos sont régulièrement bondées, et devraient bien se porter cet été, après avoir été fermées l’année dernière à cause de la pandémie. Les restaurants, les pubs et les bars sur les toits sont de nouveau animés, et certaines maisons d’hôtes et hôtels de charme en montagne affichent complet. 

Pourtant, l’idée que les expatriés vont aider l’économie est partiellement trompeuse, selon Mike Azar, conseiller financier basé à Beyrouth. «Les dollars étrangers provenant des touristes seront toujours une chose positive, mais est-ce que cela permettra à la livre de s’apprécier ou se déprécier à un rythme plus lent? On ne peut pas vraiment l’affirmer.» 

De nombreux expatriés semblent hésiter à se rendre au Liban. Certains aspirent à renouer avec leur famille après les longues séparations causées par la pandémie, tandis que d’autres ne sont pas prêts à prendre le risque. 

Joe Rizk, 20 ans, étudiant en génie mécanique à l’UMass-Lowell aux États-Unis, et originaire du village côtier de Damour, confie que sa famille l’a persuadé de rentrer pour le mois d’août. Il précise qu’il apportera des médicaments qui sont en rupture de stock, comme l’Advil, pour sa famille et ses amis. 

«Je ne dépenserai pas plus de 300 ou 400 dollars pendant tout le mois, même si je sors tous les soirs dans un bar, une boîte de nuit ou un restaurant», dit-il, ajoutant qu’il utiliserait la maison et la voiture de la famille lors de son séjour au Liban. 

Quant à Hala al-Hachem, 37 ans, directrice adjointe de banque dans le Massachusetts, elle se sent trop inquiète pour se rendre au Liban avec ses deux enfants, âgés de 8 et 6 ans. Originaire du sud du Liban, elle avait l’habitude d’y retourner avec sa famille chaque été. 

Pas cette fois-ci. 

«Retourner au Liban, et ne pas pouvoir faire le plein de ma voiture et me déplacer, à quoi bon? Ai-je envie d’y retourner, et de risquer que l’un d’entre eux tombe malade, qu’il se rende dans un hôpital où les médicaments nécessaires ne sont pas disponibles? Ai-je envie que mes fils se demandent la nuit pourquoi il n’y a pas d’électricité?», s’interroge-t-elle. 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.