Eric Adams, ex-policier noir aux portes de la mairie de New York

Ses partisans l'estiment capable, plus que d'autres, de lutter contre les inégalités raciales et rétablir la confiance dans la police new-yorkaise. (Photo, AFP)
Ses partisans l'estiment capable, plus que d'autres, de lutter contre les inégalités raciales et rétablir la confiance dans la police new-yorkaise. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 08 juillet 2021

Eric Adams, ex-policier noir aux portes de la mairie de New York

  • Selon les derniers chiffres du Bureau des élections de New York, Eric Adams, 60 ans et actuel président du district de Brooklyn, démocrate modéré, a emporté le scrutin d'un cheveu
  • De tous les candidats à cette primaire très disputée, M. Adams avait sans doute le CV le plus complet, un exemple d'ascension sociale obtenue à la force du poignet

NEW YORK: Il était le seul candidat à la primaire démocrate à avoir été policier: après avoir combattu les discriminations raciales au sein de la police new-yorkaise, Eric Adams est désormais quasi-assuré de devenir le 2e maire noir de l'histoire de New York, fragilisée par la pandémie et des fusillades en hausse.

Les résultats de la primaire doivent encore être définitivement confirmés. Mais selon les derniers chiffres du Bureau des élections de New York, Eric Adams, 60 ans et actuel président du district de Brooklyn, démocrate modéré, a emporté le scrutin d'un cheveu (50,5% contre 49,5%) devant Kathryn Garcia, cadre expérimentée de la mairie mais novice en politique, et Maya Wiley, soutenue par la star de l'aile gauche démocrate Alexandria Ocasio-Cortez.

La capitale économique américaine étant un bastion démocrate, le vainqueur de cette primaire est donné gagnant pour l'élection générale de novembre, où il affrontera le républicain Curtis Sliwa, animateur radio et fondateur dans les années 1970 des "Guardian Angels", patrouilles de bénévoles qui luttaient contre une criminalité alors endémique. 

Eric Adams, devenu vegan suite à une alerte au diabète, devrait ainsi succéder au très impopulaire Bill de Blasio. Et devenir le deuxième maire noir de cette ville-monde de 8,5 millions d'habitants, après David Dinkins, mort en 2020.

Après que Mmes Garcia et Wiley eurent reconnu sa victoire, Eric Adams s'est dit prêt à "unifier le parti" démocrate. 

"Nous allons montrer à tout le pays comment gérer une ville correctement", a-t-il affirmé à la télé locale NY1, en marge d'un défilé en honneur des travailleurs "essentiels" de la pandémie, où il a pris un bain de foule, tout sourire. 

Candidat des «travailleurs»

Adams s'est présenté pendant la campagne comme le candidat des "travailleurs", sillonnant les quartiers populaires de Brooklyn, du Bronx et du Queens, aux dépens de la plus riche et blanche Manhattan. IL a axé sa campagne sur la hausse des fusillades (+32% sur la première moitié 2021 par rapport à la même période de 2020), thème sur lequel sa carrière lui conférait une crédibilité particulière.  

De tous les candidats à cette primaire très disputée, M. Adams avait sans doute le CV le plus complet, un exemple d'ascension sociale obtenue à la force du poignet.

Il a grandi au sein d'une famille nombreuse, dans un quartier ouvrier du Queens - sa mère était femme de ménage, son père boucher. Bon élève, il dit avoir décidé d'entrer dans la police après avoir été, à 15 ans, battu par des policiers. 

Il passera 22 ans au sein du NYPD, se hissant au rang de capitaine tout en fondant, en 1995, l'association "100 Blacks in Law Enforcement" pour lutter contre le racisme dans les forces de l'ordre.

Il se lance ensuite en politique et est élu en 2006 au Sénat de New York, puis réélu trois fois avant de devenir président de Brooklyn en 2013, qui sera son tremplin pour la mairie.   

Ses partisans l'estiment capable, plus que d'autres, de lutter contre les inégalités raciales et rétablir la confiance dans la police new-yorkaise, à la réputation ternie par la répression parfois violente des manifestations monstres de juin-juillet 2020 déclenchées par la mort de l'Afro-Américain George Floyd.

Relancer le tourisme

Pas question pour cet homme, qui fut brièvement inscrit au parti républicain, de revendiquer le slogan de la gauche radicale américaine et de #BlackLivesMatter pour réduire les budgets alloués à la police - quelque 6 milliards de dollars annuels pour la police new-yorkaise, la plus importante du pays avec quelque 36 000 policiers.

Mercredi, il a souligné l'importance de ramener la sécurité dans les quartiers populaires comme dans les quartiers d'affaires et lieux touristiques, après de récentes fusillades très médiatisées à Times Square.

"La ville ne se remettra pas (de la pandémie) sans le tourisme, qui est un moteur majeur, si on a des fusillades à Times Square", a-t-il déclaré.

Car la criminalité est loin d'être le seul défi d'une ville traumatisée par la pandémie, qui y a fait plus de 33 000 morts.

Si la vie a repris ces dernières semaines, avec une campagne de vaccination énergique et un taux de positivité limité à 0,7%, les incertitudes sont nombreuses sur la reprise de l'économie, le retour à plein temps dans les tours de bureaux d'employés désormais habitués au télétravail, ou le retour des quelque 66 millions de touristes annuels pré-pandémie.

Les lieux d'affaires new-yorkais semblent eux lui faire confiance: "Eric est une personne au fort caractère qui ne sera pas intimidé par les intérêts particuliers ou les idéologues", a indiqué mercredi l'association de leaders économiques Partnership for New York City.   

"S'il est élu maire en novembre, ce sera un premier pas garantissant que New York reste une ville d'opportunités et de croissance inclusive", a-t-elle ajouté, promettant de l'aider à relancer l'économie.


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Frappes ukrainiennes sur les raffineries et forte demande: en Russie, l'essence devient chère

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
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  • Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde
  • A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro)

MOSCOU: "Doucement mais sûrement": Oleg fait le plein d'essence à Moscou et vitupère contre la hausse des prix nourrie par une demande accrue et les frappes ukrainiennes contre les infrastructures pétrolières, secteur clé de l'économie russe que les Occidentaux veulent sanctionner.

"Tout le monde l'a remarqué", tonne Oleg, retraité de 62 ans: les prix des carburants vont crescendo à la pompe. Au 1er septembre, l'essence au détail coûtait 6,7% de plus que fin 2024, selon Rosstat, l'agence nationale des statistiques.

Ce renchérissement s'inscrit dans un contexte de hausse générale des prix, avec une inflation annuelle qui a été de 8,14% en août, à l'heure où la Russie intensifie l'offensive qu'elle a lancée en 2022 en Ukraine.

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg.

Et depuis le début de l'été, les réseaux sociaux sont saturés de vidéos montrant des files d'attente devant les stations-service de l'Extrême-Orient russe, en Crimée - région que la Russie a annexée au détriment de Kiev en 2014 -, et dans certaines régions du sud proches de l'Ukraine, pour cause de pénurie.

Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde.

Raffineries frappées 

A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro). Ce prix, qui reste bien inférieur à ceux affichés dans de nombreux pays européens, surprend le consommateur russe, habitué à ne pas payer cher l'essence et au revenu moyen moindre.

Artiom, un Moscovite qui ne souhaite pas donner son nom de famille, observe cette augmentation "depuis le début de l'année". "Pour des personnes ordinaires, 300 ou 400 roubles en plus par plein (3 à 4 euros, ndlr), cela commence à être sensible", dit-il.

Sur le site Gazeta.ru, Igor Iouchkov, analyste au Fonds national de sécurité énergétique, met en avant l'augmentation d'"environ 16%" du droit d'accise (impôt indirect) depuis le 1er janvier et la baisse de subsides versés aux compagnies pétrolières.

Car, comme l'explique à l'AFP Sergueï Teriochkine, expert en questions énergétiques, "plus les subventions sont faibles, plus la rentabilité est faible", ce qui pousse les pétroliers à "répercuter" ces pertes sur les prix au détail.

La demande a, elle, été dopée par les départs en vacances et les engins agricoles.

Restent - surtout - les frappes contre les raffineries et dépôts de pétrole que l'Ukraine a multipliées afin de toucher Moscou au portefeuille et d'entraver sa capacité à financer son offensive.

"Les frappes ont ciblé de grandes raffineries dans la partie européenne de la Russie", notamment dans les régions de Samara, Riazan, Volgograd et Rostov, énumère Alexandre Kots, journaliste russe spécialiste des questions militaires, sur Telegram.

"Ce n'est rien!" 

L'une de ces attaques, à la mi-août, a touché la raffinerie de Syzran, dans la région de Samara, selon l'état-major ukrainien. Le complexe se trouve à plus de 800 km de la frontière ukrainienne. Il est présenté par Kiev comme le "plus important du système Rosneft", géant russe des hydrocarbures.

Moscou n'a pas quantifié l'impact de ces frappes, mais dans le journal Kommersant, l'analyste Maxime Diatchenko parle d'une baisse de la production "de près de 10%" depuis le début de l'année.

"C'est rien!", assure Alexandre, un homme d'affaires moscovite, après avoir rempli le réservoir de sa berline allemande. "Une frappe, deux frappes, trois frappes, ça n'est rien pour le marché en général ou pour les prix".

"Le pays a besoin d'argent. L'augmentation du prix de l'essence, c'est une façon d'augmenter le revenu de l'Etat", estime de son côté Vladimir, un Moscovite de 50 ans.

Pour tenter de stabiliser la situation, Moscou a prolongé une interdiction d'"exporter de l’essence pour les automobiles" jusque fin octobre.

La Russie reste par ailleurs un exportateur majeur de pétrole brut, des exportations que les Occidentaux entendent étouffer pour tarir une des principales sources de financement de l'offensive russe en Ukraine, pays qui compte l'Union européenne comme principale alliée.