Haute couture: derrière le prix «insensé», le geste artistique rare

L'influenceuse Tamara Kalinic pose lors du photo call précédant le défilé de la collection Haute Couture automne-hiver 2021-2022 pour femmes de Christian Dior, à Paris, le 5 juillet 2021. (Lucas BARIOULET / AFP)
L'influenceuse Tamara Kalinic pose lors du photo call précédant le défilé de la collection Haute Couture automne-hiver 2021-2022 pour femmes de Christian Dior, à Paris, le 5 juillet 2021. (Lucas BARIOULET / AFP)
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Publié le Jeudi 08 juillet 2021

Haute couture: derrière le prix «insensé», le geste artistique rare

  • Le prix de tailleur est multiplié par 20 par rapport aux pièces de base, en raison des heures de travail et des techniques de la haute couture "qui ne s'improvisent pas"
  • Dans l'atelier haute couture "tailleur" de Dior, la dernière collection joue avec les proportions et propose des silhouettes plus larges cette saison 

PARIS : Les robes à partir de 40 000 euros pour les tapis rouges ou les palais du Moyen-Orient: la haute couture présentée à Paris, c'est l'opulence, mais aussi le geste artistique et les savoir-faire rares qui rendent uniques les pièces du quotidien.  

Des costumes d'homme 8XL, achetés chez Kiabi pour moins de 100 euros et transformés en tenues raffinées pour femmes: en marge de la semaine de la haute couture, évènement élitiste et exclusivement parisien, qui s'achève jeudi, l'historien de la mode Olivier Saillard a proposé un autre regard, dans les défilés-performances "Moda povera". 

"Le message c'est que le luxe n'est vraiment pas cher, c'est un peu de culture. Le raffinement ne se loge pas forcément dans les pierres précieuses, mais parfois dans le quotidien", explique à l'AFP l'historien, ex-directeur du Palais Galliera, musée de la mode de Paris, et curateur d'expositions.

Ce projet de la "mode pauvre" fait référence à "arte povera", mouvement artistique italien des années 60 qui célèbre le geste créateur et consiste à rendre signifiants des objets insignifiants. Olivier Saillard a sollicité des petites mains à la retraite des grandes maisons, comme par exemple de Madame Grès (qui n'existe plus) pour les techniques du drapé. 

Axelle Doué, mannequin qui avait travaillé avec Madame Grès, montre pendant 50 minutes l'incroyable transformation des pièces extra-larges en tailleurs haute couture. 

Exercices du volume

Le prix de tailleur est multiplié par 20 par rapport aux pièces de base, en raison des heures de travail et des techniques de la haute couture "qui ne s'improvisent pas". 

Créer à partir de tenues existantes, plutôt que de mètres de tissus, est un parti pris pour mettre en valeur "le vêtement ordinaire", dit-il. 

"On pense que la haute couture, c'est de la broderie. Mais c'est du volume, du modélisme. Décider que le volume va être loin du corps, c'est un exercice", explique Olivier Saillard. 

La collection haute couture de Jean Paul Gaultier faite par la styliste invitée, la Japonaise Chitosé Abe de Sacai, est le fruit d'un exercice similaire. 

Des jeans superposés servent de base aux robes volumineuses, le trench se transforme en robe bustier architecturé, un bomber kaki oversize est assorti avec une jupe ballon, et un corset souligne les volumes matelassés d'une robe doudoune.   

Connue pour juxtaposer les volumes et les matières de façon inattendue, la créatrice a célébré le look signature Jean Paul Gaultier dans une tenue "3 en 1" intégrant robe marinière, jupe tartan et bleu de travail.

Dans l'atelier haute couture "tailleur" de Dior, la dernière collection joue avec les proportions et propose des silhouettes plus larges cette saison. 

Les vestes beige et bleu marin semblent identiques, mais les tissus sont différents, ce qui demande des entoilages et finitions au cas par cas.

La directrice artistique Maria Grazia Chiuri les examine en cour de confection. "Elle dit +je veux que ce soit plus raide+, et alors on défait, on refait les entoilages", raconte à l'AFP une couturière. 

Luxe invisible 

Dans l'atelier "flou" qui confectionne les robes, deux petites mains sont à l'oeuvre depuis plusieurs jours pour réaliser des points invisibles sur une robe de soir. Les couleurs sont pâles, naturelles, hors du temps.  

Anti bling-bling, "contemporaine et intemporelle", qui peut se transmettre de mère à fille: c'est ainsi que Maria Grazia Chiuri définit l'essence de la haute couture. 

"Il faut arrêter de penser que les clientes de la haute couture veulent porter des meringues brodées, elles me demandent des choses pour vivre et être dans l'action", déclare le couturier Julien Fournié, qui habille reines et princesses des pays arabe. 

La haute couture, c'est la coupe, pas "les froufrous à volants", souligne-t-il, fier de sa manche kimono qui donne joli rendu et confort aux robes ajustées. 

"On a atteint parfois des prix insensés parce qu'il y a 290 heures de broderie ou 390 heures de plumasserie (...)  On vend du temps horaire et du savoir-faire français", conclut le créateur.


Le 87ème prix Albert Londres sera remis le 25 octobre à Beyrouth

Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
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  • La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris
  • "Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association

PARIS: Le 87ème prix Albert Londres, qui récompense le meilleur reportage écrit et audiovisuel francophone de l'année, sera remis le 25 octobre à Beyrouth, a annoncé mercredi l'association.

La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris.

"Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association.

"Mais l'histoire en décida autrement. Quand le journaliste est revenu dans la région dix ans plus tard, les mots massacres et assassinats se sont imposés sous sa plume. Le conflit israélo-palestinien voyait ses premières victimes", poursuit le texte.

"Déjà ! Près de cent ans plus tard, la tragédie est massive. Informer est un enjeu vital malgré les bombes, malgré les murs. Le Prix Albert Londres se devait d'aller y voir. Le propre du reportage, en somme".

L'association Albert Londres a dévoilé la liste des articles, films et livres pré-sélectionnés pour l'édition 2025, sur 134 candidatures.

Pour le 87ème prix de la presse écrite, ont été choisis : Eliott Brachet (Le Monde), Julie Brafman (Libération) , Emmanuel Haddad (L'Orient-Le Jour), Iris Lambert (Society, Libération), Ariane Lavrilleux (Disclose), Célian Macé (Libération), Matteo Maillard (Libération, Jeune Afrique) et Arthur Sarradin (Libération, Paris Match).

Pour le 41ème prix audiovisuel, ont été retenus : Solène Chalvon-Fioriti pour "Fragments de guerre" (France 5), Marianne Getti et Agnès Nabat pour "Tigré : viols, l'arme silencieuse" (Arte), Jules Giraudat et Arthur Bouvart pour "Le Syndrome de La Havane" (Canal+), Julien Goudichaud pour "Calais-Douvres, l'exil sans fin" (LCP), Louis Milano-Dupont et Elodie Delevoye pour "Rachida Dati, la conquête à tout prix" (France 2) et Solène Oeino pour "Le Prix du papier" (M6).

Pour le 9ème prix du livre, ont été désignés Charlotte Belaich et Olivier Pérou pour "La Meute" (Flammarion), Siam Spencer pour "La Laverie" (Robert Laffont), Quentin Müller pour "L'Arbre et la tempête" (Marchialy) et Elena Volochine pour "Propagande : l'arme de guerre de Vladimir Poutine" (Autrement).

L'an dernier, la journaliste du Monde Lorraine de Foucher avait remporté le prix pour l'écrit pour ses reportages et enquêtes sur les viols de Mazan, les migrantes violées et encore les victimes de l'industrie du porno.

Le prix de l'audiovisuel avait été décerné à Antoine Védeilhé et Germain Baslé pour leur film "Philippines: les petits forçats de l'or" (Arte) et le prix du livre avait couronné Martin Untersinger pour "Espionner, mentir, détruire" (Grasset), une enquête sur les attaques dans le cyberespace.

Créé en 1933 en hommage au journaliste français Albert Londres (1884-1932), père du grand reportage moderne, le prix est doté de 5.000 euros pour chacun des candidats, qui doivent avoir moins de 41 ans.


Des projets architecturaux saoudiens parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA

Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
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  • Deux projets innovants situés à Riyad – le parc King Salman et le centre d’expérience de Wadi Safar – ont été sélectionnés parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA
  • Ce prix célèbre des projets ayant un impact social fort et une vision durable

DUBAÏ : Riyad s'impose comme un centre du design de pointe, alors que le Royal Institute of British Architects (RIBA) a dévoilé les 15 finalistes de son tout premier prix des bâtiments les plus transformateurs du Moyen-Orient.

Cette nouvelle distinction récompense les projets architecturaux récents ayant le plus d’impact social et de transformation à travers le Golfe, et deux des candidats les plus remarquables se trouvent dans la capitale saoudienne.

Au cœur de la contribution de Riyad figure le parc King Salman, une vaste opération de réhabilitation de l’ancien aéroport de la ville, réalisée par Gerber Architekten, Buro Happold et Setec. Ce projet ambitieux transforme une relique de l’ère aérienne en une oasis urbaine immense, offrant aux habitants et visiteurs un réseau de jardins, de plans d’eau et d’espaces de loisirs. Il met en œuvre des techniques novatrices de régénération des sols désertiques, d’utilisation durable de l’eau et de plantation résistante au climat.

Non loin de là, le centre d’expérience de Wadi Safar sert de porte d’entrée au développement plus large de Wadi Safar. Conçu par Dar Al Omran – Rasem Badran, il s’inspire du style vernaculaire najdi, avec des cours intérieures et un aménagement paysager en bermes de terre créant une atmosphère fraîche et contemplative tout en valorisant le patrimoine régional.

La liste des finalistes met également en lumière l’excellence dans tout le Moyen-Orient. Aux Émirats arabes unis, le sanctuaire des tortues et de la faune de Khor Kalba (Hopkins Architects) soutient la réhabilitation des tortues et oiseaux en danger dans la mangrove ancestrale de Sharjah, avec des pavillons arrondis se fondant dans le paysage côtier. À Dubaï, le centre Jafar du Dubai College (Godwin Austen Johnson) offre un espace STEM flexible, baigné de lumière naturelle, où l’acoustique et l’efficacité énergétique sont prioritaires.

À Doha, le centre Al-Mujadilah et sa mosquée pour femmes (Diller Scofidio + Renfro) réinterprètent de manière contemporaine un espace sacré, avec un toit percé de plus de 5 000 puits de lumière diffusant une lumière naturelle apaisante dans les salles de prière et les espaces communautaires.

Plusieurs projets revisitent les formes patrimoniales dans un contexte contemporain. À Sharjah, The Serai Wing, Bait Khalid Bin Ibrahim (ANARCHITECT) transforme deux maisons familiales des années 1950, autrefois propriétés d’un marchand de perles, en un hôtel boutique alliant préservation du patrimoine et design contemporain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cate Blanchett sera à l’honneur au Festival du film d’El Gouna

Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
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  • L’actrice australienne sera l’invitée d’honneur du festival égyptien et recevra le Champion of Humanity Award pour son engagement humanitaire auprès des réfugiés en tant qu’ambassadrice du HCR
  • Reconnue pour ses rôles marquants au cinéma et son implication sur scène, Blanchett est aussi saluée pour son action sur le terrain dans des camps de réfugiés, incarnant la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité

DUBAÏ : L’actrice et productrice australienne Cate Blanchett sera mise à l’honneur lors de la 8e édition du Festival du film d’El Gouna, en Égypte, qui se tiendra du 16 au 24 octobre.

Elle sera l’invitée d’honneur de cette édition et recevra le Champion of Humanity Award (Prix de la Championne de l’Humanité).

« De ses rôles emblématiques dans Elizabeth, Blue Jasmine et TÁR, à ses collaborations remarquables avec les plus grands réalisateurs, Cate Blanchett a laissé une empreinte indélébile sur le cinéma mondial », a publié le festival sur Instagram.

« Au-delà de son art, elle continue de défendre des causes humanitaires urgentes en tant qu’ambassadrice de bonne volonté mondiale pour le HCR, reflétant ainsi la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité », ajoute le communiqué. « Pour saluer son engagement en faveur des réfugiés et des personnes déplacées de force, Cate Blanchett recevra le Champion of Humanity Award du Festival du film d’El Gouna. »

Cate Blanchett est également connue pour son travail sur scène, ayant été co-directrice artistique de la Sydney Theatre Company. Elle est aussi cofondatrice de Dirty Films, une société de production à l’origine de nombreux films et séries récompensés.

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Depuis 2016, elle occupe le rôle d’ambassadrice de bonne volonté pour le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. À ce titre, elle utilise sa notoriété pour sensibiliser à la cause des réfugiés et encourager le soutien international. Elle a visité des camps de réfugiés et des communautés hôtes dans des pays comme la Jordanie, le Liban, le Bangladesh, le Soudan du Sud, le Niger et le Brésil.

En 2018, elle a reçu le Crystal Award lors du Forum économique mondial en reconnaissance de son engagement humanitaire.

Amr Mansi, fondateur et directeur exécutif du Festival d’El Gouna, a déclaré : « C’est un immense honneur d’accueillir une artiste du calibre de Cate Blanchett. Son talent exceptionnel fascine le public depuis des décennies, et son engagement humanitaire à travers le HCR est véritablement inspirant.

Ce partenariat avec le HCR et la Fondation Sawiris, ainsi que sa venue, illustrent parfaitement la mission essentielle de notre festival : utiliser la force du cinéma pour promouvoir un changement positif et soutenir l’humanité. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com