Haïti traque les assassins du président Moïse et s'enfonce dans le chaos

Cette attaque déstabilise encore davantage le pays le plus pauvre des Amériques, gangrené par l'insécurité. (Photo, AFP)
Cette attaque déstabilise encore davantage le pays le plus pauvre des Amériques, gangrené par l'insécurité. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 09 juillet 2021

Haïti traque les assassins du président Moïse et s'enfonce dans le chaos

  • Dans le pays, chacun restait jeudi aux aguets, essayant de comprendre comment une telle attaque fatale au chef de l'Etat a pu se produire
  • Le pays est de toute façon plongé dans une crise institutionnelle. Jovenel Moïse n'avait pas organisé d'élection depuis son arrivée au pouvoir début 2017, et le pays n'a plus de Parlement depuis janvier 2020

PORT-AU-PRINCE : La traque des assassins du président haïtien Jovenel Moïse s'accélérait jeudi, la police conduisant des opérations à Port-au-Prince, capitale d'un pays au bord du chaos.

A cette situation tendue s'ajoutait une controverse sur la transition au pouvoir.

Les magasins, les banques commerciales, les pompes à essence et les petits commerces de la principale métropole haïtienne gardaient porte close.

La police haïtienne a annoncé avoir tué quatre "mercenaires", membres présumés du commando qui a criblé de balles le président Moïse à son domicile par un commando armé dans la nuit de mardi à mercredi, et en avoir interpellé six autres. 

Parmi ces derniers, figure un citoyen américain, a affirmé jeudi Mathias Pierre, ministre chargé des questions électorales.

Le département d'Etat, sans confirmer l'arrestation d'un ressortissant américain, a annoncé jeudi avoir accepté d'aider la police haïtienne dans le cadre de l'enquête.

Le chef de la police nationale haïtienne, Léon Charles, a lancé un appel au calme. Il est toutefois resté vague sur les opérations en cours.

"Parmi les assaillants, six sont entre les mains de la police et cinq voitures ont été récupérées. Malheureusement la population en a brûlé trois", a-t-il dit jeudi dans une conférence de presse.

"Nous avons déjà en main les auteurs physiques et nous sommes à la recherche des auteurs intellectuels", a poursuivi le chef policier.

Plusieurs "auteurs possibles" de l'assassinat du président "ont par ailleurs trouvé refuge dans deux bâtiments" à Port-au-Prince "et sont encerclés par la police", a de son côté affirmé l'émissaire de l'ONU dans ce pays, Helen La Lime.

L'aéroport de Port-au-Prince a été fermé, tout comme la frontière avec la République dominicaine.

Dans le pays, chacun restait jeudi aux aguets, essayant de comprendre comment une telle attaque fatale au chef de l'Etat a pu se produire.

"Où étaient passés les policiers bien équipés qui surveillent nuit et jour le président? Pourquoi ils n'ont pas réagi?", dénonçait Julia, une avocate de 28 ans.

Devant un commissariat de Petionville, en banlieue de Port-au-Prince, des habitants acclamaient la police pour avoir procédé à des arrestations et appelaient au lynchage des assaillants présumés.

Le commando était composé de tueurs à gages "professionnels" s'étant fait passer pour des responsables de l'agence américaine antidrogue, selon l'ambassadeur haïtien aux Etats-Unis.

La communauté internationale s'est immédiatement alarmée de cet assassinat, à l'image du président américain Joe Biden et du pape qui ont dénoncé un acte "odieux" tandis que le Conseil de sécurité de l'ONU a réclamé que les auteurs de l'assassinat "soient rapidement traduits en justice". Il s'est réuni en urgence en milieu de journée jeudi à huis clos.

 

Suspectés d'inaction, les chefs de la sécurité du président haïtien convoqués par le parquet

Le parquet de Port-au-Prince a convoqué les responsables de la sécurité du président Jovenel Moïse, après la facilité apparemment déconcertante avec laquelle des tueurs ont assassiné mercredi le chef de l'Etat haïtien, a annoncé jeudi le chef du parquet de la capitale.

"J'ai donné à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) délégation de pouvoir afin d'auditionner tous les agents de sécurité rapprochés du président Jovenel Moïse", a déclaré Me Bed-Ford Claude, le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince. Les deux hauts responsables de la sécurité du président sont convoqués les 13 et 14 juillet, a-t-il précisé.

Ce haut responsable, chargé de lancer des poursuites judiciaires au nom de la société haïtienne, s'est interrogé sur l'apparente passivité --ou absence de réaction-- des agents chargés de veiller à la sécurité de M. Moïse, tué par une douzaine de balles en pleine nuit à son domicile.

"J'ai passé une journée dans la résidence du président. Je n'ai constaté aucun policier victime, sinon le président et son épouse. Si vous êtes responsables de la sécurité du président, où étiez-vous? Qu'avez-vous fait pour éviter ce sort au président?", a questionné Me Bed-Ford Claude.

 

Vide politique

Cette attaque déstabilise encore davantage le pays le plus pauvre des Amériques, gangrené par l'insécurité. 

Et aux questions sur la traque des auteurs de l'attaque viennent s'ajouter celles sur l'avenir du pays, à commencer par sa gouvernance.

Deux hommes prétendent actuellement diriger la nation de 11 millions d'habitants, dont plus de la moitié a moins de 20 ans. 

L'un des derniers gestes politiques de Jovenel Moïse, mort à 53 ans, avait en effet été de nommer lundi un nouveau Premier ministre, Ariel Henry. Celui-ci n'avait pas encore pris ses fonctions.

Mais, quelques heures après son assassinat, c'est le Premier ministre par intérim, Claude Joseph, qui a décrété l'état de siège, octroyant des pouvoirs renforcés à l'exécutif. Ce dernier est censé durer quinze jours. 

"Y-a-t-il plusieurs Premiers ministres nommés dans le pays?", a interrogé Ariel Henry, assurant que Claude Joseph n'était que ministre des Affaires étrangères.

L'opposition politique a aussi accusé Claude Joseph d'accaparer le pouvoir.

Helen La Lime, émissaire de l'ONU, a estimé jeudi que Claude Joseph représentait l'autorité responsable tant qu'Ariel Henry n'avait pas prêté serment, évoquant un article de la constitution haïtienne qui prévoit qu'en cas de vacance de la présidence, "le Conseil des ministres, sous la présidence du Premier ministre, exerce le pouvoir exécutif jusqu'à l'élection d'un autre président".

Le défenseur des droits humains, Me Gédeon Jean, a qualifié de "suspect" l'empressement du Premier ministre par intérim à déclarer l'Etat de siège, l'amenant à "entrevoir une tentative de coup d’Etat".

Le pays est de toute façon plongé dans une crise institutionnelle. Jovenel Moïse n'avait pas organisé d'élection depuis son arrivée au pouvoir début 2017, et le pays n'a plus de Parlement depuis janvier 2020.

Accusé d'inaction face à la crise et confronté à une vive défiance d'une bonne partie de la société civile, il gouvernait principalement par décrets.


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.


Australie: la communauté juive, bouleversée et en colère, enterre «le Rabbin de Bondi»

Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme. (AFP)
Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme. (AFP)
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  • Celui qui était connu sous le nom de "Rabbin de Bondi" a été abattu dimanche sur la plage du même nom, lors de l'attentat le plus meurtrier en Australie depuis des décennies
  • Les proches et les membres de la communauté ont laissé échapper des sanglots quand le corbillard transportant le corps de M. Schlanger, 41 ans, est arrivé et que son cercueil, recouvert d'un velours noir orné de l'étoile de David, a été déposé

SYDNEY: Dans une synagogue bondée, emplie de cris et de larmes, la communauté juive de Sydney traumatisée a rendu hommage mercredi au rabbin Eli Schlanger, première victime de l'attentat antisémite de la plage de Bondi a être mise en terre.

Celui qui était connu sous le nom de "Rabbin de Bondi" a été abattu dimanche sur la plage du même nom, lors de l'attentat le plus meurtrier en Australie depuis des décennies.

Les proches et les membres de la communauté ont laissé échapper des sanglots quand le corbillard transportant le corps de M. Schlanger, 41 ans, est arrivé et que son cercueil, recouvert d'un velours noir orné de l'étoile de David, a été déposé.

David Deitz, homme d'affaires de 69 ans, qui connaissait M. Schlanger "depuis très, très longtemps", explique à l'AFP que le rabbin a eu "une influence positive sur beaucoup de gens".

"C'est un choc pour l'Australie de voir un tel événement se produire ici. Ce n'est pas dans la nature des Australiens", poursuit-il.

Une forte présence sécuritaire a été mobilisée lors des obsèques, avec des policiers alignés dans la rue fermée au public.

Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme.

En 2021, le nombre de juifs australiens était estimé à 117.000.

"Ils auraient pu nous écouter" 

Jillian Segal, la responsable de la lutte contre l'antisémitisme en Australie, a fustigé cette semaine des préjugés antijuifs "qui s’insinuent dans la société depuis de nombreuses années et contre lesquels nous ne nous sommes pas suffisamment élevés".

Mme Segal a été la première nommée à ce poste après une série d'attaques antisémites à Melbourne et à Sydney, au début de la guerre d'Israël dans la bande de Gaza.

Au cours des 12 mois suivant l’attaque du Hamas en Israel du 7 octobre 2023 qui a déclenché cette guerre, les incidents de nature antisémite en Australie ont augmenté de 316%, dépassant les 2.000, dit-elle.

"Nous devrions pouvoir être qui nous sommes sans avoir peur", a déclaré Brett Ackerman, un analyste de données âgé de 37 ans.

La colère gagne certains membres de la communauté qui estiment que leur cri d'alarme face à la montée de l'antisémitisme depuis le 7-Octobre n'a pas été pris en compte.

"Ils auraient pu nous écouter" se désole M. Ackerman. Pour lui, l'attaque n'était "pas une surprise".

A côté de lui, le rabbin Yossi Friedman acquiesce. "Le message était clair depuis un peu plus de deux ans", soutient-il. "Est-ce que nous nous sentons en sécurité? Pour être honnête, pas vraiment."

"Nous pensions être en sécurité. Nos grands-parents et arrière-grands-parents étaient des survivants de la Shoah, et beaucoup d’entre eux sont venus ici pour échapper à la haine et au sang versé, aux pogroms, à la persécution (...) et c'est ce qu'on retrouve ici", observe-t-il.

"Problème de société"

Le Premier ministre Anthony Albanese a dénoncé l'attaque de Bondi comme un acte terroriste antisémite de "pure méchanceté" perpétré par des hommes inspirés par l’idéologie jihadiste du groupe État islamique.

Mais il a rejeté les critiques selon lesquelles son gouvernement n'avait pas réagi suffisamment à l'appel de Mme Segal.

Le Premier ministre a souligné que son gouvernement avait pénalisé les discours de haine et interdit le salut nazi et les symboles haineux, entre autres.

Depuis la fusillade, M. Albanese mène une initiative conjointe entre le gouvernement central et les Etats d'Australie en faveur d’un contrôle plus strict des armes à feu. L'assaillant le plus âgé possédait six armes dûment enregistrées.

Mais pour l'écrivain Danny Gingef, 66 ans, "la réforme des armes à feu est une diversion totale par rapport au vrai problème, qui est la haine, il faut identifier la haine là où elle commence".

Au départ du cercueil, les spectateurs ont entonné des chants en hébreu. Submergés par l’émotion, certains se sont effondrés dans les bras de leurs proches, à peine capables de tenir debout.

"Je sens que ces dernières années, les Juifs ont été en état d’alerte maximale", dit M. Gingef. Il se sent triste et en colère, et fait référence aux "marches de la haine" où il a vu des manifestants porter des drapeaux du Hezbollah.

Pour lui, il n’y a pas "beaucoup plus que nous puissions faire" sans le soutien des autorités et d’autres groupes.

"L’antisémitisme n’est pas un problème que les Juifs doivent résoudre, c’est un problème de société".

lec-oho/mjw/lgo/alh/pt

 


La BBC va "se défendre" face à la plainte en diffamation à 10 milliards de dollars de Trump

Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump poursuit la BBC pour diffamation et pratiques trompeuses, réclamant jusqu’à 10 milliards $ après un montage contesté de son discours du 6 janvier 2021
  • L’affaire secoue l’audiovisuel public britannique : démissions à la tête de la BBC, lettre d’excuses envoyée à Trump, et réexamen annoncé de la charte royale

LONDRES: La BBC a assuré mardi qu'elle allait "se défendre" contre la plainte en diffamation du président américain Donald Trump, qui réclame 10 milliards de dollars au groupe audiovisuel public britannique pour un montage vidéo contesté de l'un de ses discours.

La plainte, déposée lundi devant un tribunal fédéral à Miami par le président américain et consultée par l'AFP, demande "des dommages et intérêts d'un montant minimum de 5 milliards de dollars" pour chacun des deux chefs d'accusation: diffamation et violation d'une loi de Floride sur les pratiques commerciales trompeuses et déloyales.

"Ils ont littéralement mis des mots dans ma bouche", s'est plaint le milliardaire de 79 ans, lundi devant la presse.

"Nous allons nous défendre dans cette affaire", a répondu un porte-parole de la BBC mardi matin, sans faire davantage de commentaire sur la procédure.

Le groupe audiovisuel britannique, dont l'audience et la réputation dépassent les frontières du Royaume-Uni, est dans la tourmente depuis des révélations sur son magazine phare d'information "Panorama".

Ce dernier a diffusé, juste avant la présidentielle américaine de 2024, des extraits distincts d'un discours de Donald Trump du 6 janvier 2021, montés de telle façon que le républicain semble appeler explicitement ses partisans à attaquer le Capitole à Washington.

Des centaines de ses partisans, chauffés à blanc par ses accusations sans fondement de fraude électorale, avaient pris d'assaut ce jour-là le sanctuaire de la démocratie américaine, pour tenter d'y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden.

"La BBC, autrefois respectée et aujourd'hui discréditée, a diffamé le président Trump en modifiant intentionnellement, malicieusement et de manière trompeuse son discours dans le but flagrant d'interférer dans l'élection présidentielle de 2024", a dénoncé lundi un porte-parole des avocats du républicain contacté par l'AFP.

"La BBC a depuis longtemps l'habitude de tromper son public dans sa couverture du président Trump, au service de son programme politique de gauche", a-t-il ajouté.

- Lettre d'excuses -

Au Royaume-Uni, la controverse a relancé le brûlant débat sur le fonctionnement de l'audiovisuel public et son impartialité, alors que le groupe a déjà été bousculé ces dernières années par plusieurs polémiques et scandales.

L'affaire a poussé à la démission son directeur général Tim Davie et la patronne de BBC News Deborah Turness.

Le président de la BBC Samir Shah a pour sa part envoyé une lettre d'excuses à Donald Trump et la BBC a indiqué "regretter sincèrement la façon dont les images ont été montées" mais contesté "fermement qu'il y ait une base légale pour une plainte en diffamation".

Le groupe audiovisuel a "été très clair sur le fait qu'il n'y a pas matière à répondre à l'accusation de M. Trump en ce qui concerne la diffamation. Je pense qu'il est juste que la BBC reste ferme sur ce point", a soutenu mardi matin le secrétaire d'Etat britannique à la Santé Stephen Kinnock, sur Sky News.

Le gouvernement a également annoncé mardi le début du réexamen de la charte royale de la BBC, un processus qui a lieu tous les dix ans, pour éventuellement faire évoluer sa gouvernance, son financement ou ses obligations envers le public britannique.

La plainte de Donald Trump estime que, malgré ses excuses, la BBC "n'a manifesté ni véritables remords pour ses agissements ni entrepris de réformes institutionnelles significatives afin d'empêcher de futurs abus journalistiques".

Le président américain a lancé ou menacé de lancer des plaintes contre plusieurs groupes de médias aux Etats-Unis, dont certains ont dû verser d'importantes sommes pour mettre fin aux poursuites.

Depuis son retour au pouvoir, il a fait entrer à la Maison Blanche de nombreux créateurs de contenus et influenceurs qui lui sont favorables, tout en multipliant les insultes contre des journalistes issus de médias traditionnels.

L'un de ces nouveaux venus invités par le gouvernement Trump est la chaîne conservatrice britannique GB News, proche du chef du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage.