L'assassinat de son président plonge Haïti dans l'inconnu

Le président haïtien Jovenel Moise prend la parole le 13 mars 2017 à Port-au-Prince pour présenter ses condoléances aux familles des victimes de l'accident de la route qui a coûté la vie à 38 personnes la veille aux Gonaïves (Photo, AFP)
Le président haïtien Jovenel Moise prend la parole le 13 mars 2017 à Port-au-Prince pour présenter ses condoléances aux familles des victimes de l'accident de la route qui a coûté la vie à 38 personnes la veille aux Gonaïves (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 07 juillet 2021

L'assassinat de son président plonge Haïti dans l'inconnu

Le président haïtien Jovenel Moise prend la parole le 13 mars 2017 à Port-au-Prince pour présenter ses condoléances aux familles des victimes de l'accident de la route qui a coûté la vie à 38 personnes la veille aux Gonaïves (Photo, AFP)
  • L'Union européenne s'est inquiétée d'une «spirale de violence» par la voix de son chef de la diplomatie Josep Borrell et Paris a dénoncé un «lâche assassinat»
  • Le Conseil de sécurité de l'ONU, qui se réunira en urgence jeudi, s'est dit «profondément choqué» par cet assassinat

PORT-AU-PRINCE: Le président haïtien Jovenel Moïse a été assassiné par un commando armé mercredi en pleine nuit à son domicile, le Premier ministre par intérim décrétant dans la foulée l'état de siège dans le pays des Caraïbes encore davantage plongé dans la crise. 

« Nous avons décidé de déclarer l'état de siège dans tout le pays », a déclaré Claude Joseph dans un discours en créole, octroyant ainsi des pouvoirs renforcés à l'exécutif pour quinze jours. 

Il a promis que « les auteurs, les assassins de Jovenel Moïse paieraient pour ce qu'ils ont fait devant la justice ». 

M. Joseph avait annoncé plus tôt mercredi l'attaque ayant causé la mort du président. 

« Le président a été assassiné chez lui par des étrangers qui parlaient l'anglais et l'espagnol. Ils ont attaqué la résidence du président de la République », a-t-il affirmé. 

Selon l'ambassadeur haïtien aux Etats-Unis, Bocchit Edmond, le commando était composé de mercenaires « professionnels » s'étant fait passer pour des responsables de l'agence américaine anti-drogues et qui pourraient avoir déjà quitté le pays. 

L'épouse de M. Moïse, blessée dans l'attentat qui a eu lieu vers 01H00 locale (05H00 GMT) va être évacuée à Miami pour être soignée, a-t-il précisé. 

Cet événement menace de déstabiliser le pays le plus pauvre des Amériques, déjà confronté à une double crise politique et sécuritaire. 

Le Premier ministre a appelé la population au calme et fait savoir que la police et l'armée allaient assurer le maintien de l'ordre. 

« La situation sécuritaire est sous contrôle », a-t-il assuré. 

Les rues de la capitale Port-au-Prince étaient calmes mercredi matin, sans présence renforcée de la police ou des forces de sécurité, selon des témoins. 

Le président américain Joe Biden a condamné cet « acte odieux », disant les Etats-Unis prêts à apporter leur aide au pays en crise. 

L'Union européenne s'est inquiétée d'une « spirale de violence » par la voix de son chef de la diplomatie Josep Borrell et Paris a dénoncé un « lâche assassinat ». 

Le Conseil de sécurité de l'ONU, qui se réunira en urgence jeudi, s'est dit « profondément choqué » par cet assassinat. 

En réaction, la République dominicaine a ordonné mercredi la « fermeture immédiate » de sa frontière avec Haïti, les deux pays partageant la même île. 

Venu du monde des affaires, Jovenel Moïse, 53 ans, avait été élu président en 2016 sur une promesse de développement de l'économie du pays et avait pris ses fonctions le 7 février 2017. 

Actif dans plusieurs domaines économiques, dont l'exploitation de bananeraies, il n'avait alors quasiment aucune expérience en politique au moment de son élection et était très peu connu de ses compatriotes. 

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Le président haïtien Jovenel Moise se tient avec sa femme, au Parlement haïtien à Port-au-Prince, le 7 février 2017 (Photo, AFP)

 

Jovenel Moïse, entrepreneur prospère puis président au destin tragique

Le président haïtien Jovenel Moïse a connu une fructueuse carrière d'entrepreneur avant un mandat à la présidence au cours duquel il a vu le soutien de la population s'éroder, son pouvoir étant largement critiqué. 

Elu en 2016 au terme d'un marathon électoral mouvementé, il était inconnu du grand public au printemps 2015 lorsqu'il est apparu sur la scène politique.  

C'est finalement très isolé, avec un parlement suspendu et gouvernant par décrets, qu'il a terminé de façon tragique son mandat unique, à l'âge de 53 ans, cible d'une attaque à son domicile.  

Ce père de deux enfants a été incapable d'arrêter la spirale descendante de sa nation, la plus pauvre du continent américain, et notamment les violences qui gangrènent la vie des habitants. 

Issu d'une famille modeste - un père mécanicien et agriculteur, une mère couturière et commerçante -, ce natif de Trou du Nord, dans le département du Nord-Est, poursuit des études jusqu'à la Faculté des sciences de l'éducation à l'université haïtienne Quisqueya. 

Sa famille s'était installée dans la capitale Port-au-Prince en 1974. En 1996, tout jeune marié avec sa camarade de classe Martine, il retourne dans son département natal avec un rêve: refaire de Haïti une contrée « essentiellement agricole » en développant l'arrière-pays. 

Selon la biographie disponible sur son site internet, il crée alors grâce à des fonds de capital-investissement un commerce de pièces détachées automobiles et une première plantation de bananes de 10 hectares. 

Sa dernière bananeraie biologique est la plus vaste du pays (près de 1 000 hectares). D'où son surnom après son entrée en lice dans la course à la présidence: « Nèg Bannan nan », soit « l'homme-banane » en créole. 

Sensibilisé à l'importance de l'eau potable, il noue un partenariat avec le spécialiste Culligan et ouvre en 2001 une usine de distribution dans les régions du Nord-Est et du Nord-Ouest. Puis il s'intéresse à l'électrification régionale, créant en 2008 avec des associés une société ad hoc. 

En 2012, il lance la première zone franche agricole d'Haïti, et y installe sa société Agritrans pour laquelle il a décroché un prêt participatif de six millions de dollars auprès du gouvernement de son prédécesseur Michel Martelly. 

D'après le site de M. Moïse, ce dispositif a permis de développer des dizaines de projets agricoles et « de créer près de 3 000 emplois directs et 10 000 emplois indirects ». 

Violence des gangs 

Haïti est gangrené par l'insécurité et notamment les enlèvements contre rançon menés par des gangs jouissant d'une quasi impunité. Une situation qui valait à Jovenel Moïse, accusé d'inaction face à la crise, d'être confronté à une vive défiance d'une bonne partie de la société civile. 

Dans ce contexte faisant redouter un basculement vers l'anarchie généralisée, le Conseil de sécurité de l'ONU, les Etats-Unis et l'Europe appelaient à la tenue d'élections législatives et présidentielle libres et transparentes, d'ici la fin 2021. 

Jovenel Moïse avait annoncé lundi la nomination d'un nouveau Premier ministre, Ariel Henry, avec justement pour mission la tenue d'élections. 

Gouvernant par décret depuis janvier 2020, sans Parlement et alors que la durée de son mandat faisait l'objet de contestations, Jovenel Moïse avait également mis en chantier une réforme institutionnelle. 

Un référendum constitutionnel initialement prévu en avril, reporté une première fois au 27 juin puis à nouveau en raison de l'épidémie de Covid-19, devait se tenir le 26 septembre. La réforme avait pour but de renforcer les prérogatives de l'exécutif. 

Mais c'est dans les rues de Port-au-Prince que la détérioration de la situation du pays est la plus évidente. 

Depuis début juin, des affrontements entre bandes rivales dans l'ouest de Port-au-Prince paralysent toute circulation entre la moitié sud du pays et la capitale haïtienne. 

Des milliers d'habitants du quartier très pauvre de Martissant, disputé par les gangs, ont été contraints de fuir leur logement et ont dû être accueillis par des proches ou dans des gymnases. 

Le 30 juin, 15 personnes avaient été tuées dans une fusillade en plein Port-au-Prince, dont un journaliste, Diego Charles, et une militante politique d'opposition, Antoinette Duclair. 

Et, en avril, l'enlèvement et la séquestration de plusieurs religieux catholiques, dont deux Français, avaient choqué jusqu'au-delà des frontières du pays. 

Sur le terrain politique, Jovenel Moïse aura nommé pas moins de sept Premiers ministres au cours de son mandat. Le dernier en date, Ariel Henry, n'aura pas pu entrer en fonction. 

« Ma mission est simple. Le président m'a chargé de créer un environnement propice à l'organisation d'élections inclusives, avec une forte participation », avait-il déclaré mardi. 

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Des habitants nettoient les débris laissés par les inondations causées par l'ouragan Matthew, à Jérémie, en Haïti, le 8 octobre 2016 (Photo, AFP)

 

Instabilité, pauvreté, séismes: quatre choses à savoir sur Haïti

Ile partagée  

Haïti occupe un tiers de l'île caribéenne d'Hispaniola, entre Cuba et Porto Rico, qu'elle partage avec la République dominicaine.  

Sa population s'élève à 11,4 millions d'habitants, selon la Banque mondiale.  

Sous domination espagnole jusqu'en 1697, puis française, Haïti est devenue la première république noire indépendante en 1804 après une révolte des esclaves menée par Toussaint Louverture. 

Instabilité politique chronique 

Depuis l'indépendance, Haïti a connu une succession de dictatures, entrecoupées de quelques alternances démocratiques et d'occupations étrangères. 

De 1957 à 1986, François Duvalier (dit « Papa doc »), puis son fils Jean-Claude (« Baby doc »), soumettent la population à un contrôle total sous la coupe d'escadrons de la mort, les « tontons macoutes ». Chassé par une révolte populaire en 1986, « Baby doc » s'exile en France pendant 25 ans, avant de revenir à Haïti, où il mourra en 2014. 

En 1990, le prêtre Jean-Bertrand Aristide est élu à la première élection libre. Renversé par un coup d'Etat en 1991, il s'exile, puis regagne Haïti en 1994 après une intervention américaine. Un de ses proches, René Préval, prend la présidence en 1996.  

Jean-Bertrand Aristide redevient président en 2001. Sous pression américaine, française et canadienne, d'une insurrection armée et d'une révolte populaire, il démissionne en 2004 et s'exile. René Préval, revenu au pouvoir en 2006, est le seul dirigeant haïtien à avoir achevé ses deux mandats autorisés par la Constitution.  

Un des pays les plus pauvres 

Haïti reste le pays le plus pauvre de l'Amérique latine et des Caraïbes et l'un des plus pauvres au monde, selon la Banque mondiale (BM), avec 60% de sa population sous le seuil de pauvreté.  

Il est classé 170e sur 189 par le Pnud pour son indice de développement humain. 

Son PIB s'est contracté de 3,8% environ en 2020, la pandémie de coronavirus ayant exacerbé l'économie déjà faible et l'instabilité politique, selon la Banque mondiale. 

C'est l'une des rares nations n'ayant pas encore commencé sa campagne de vaccination contre le Covid-19. 

Dans ce pays très inégalitaire, la majorité des habitants n'a pas accès aux soins de santé de base. 

Séismes et ouragans 

Haïti est très vulnérable face aux catastrophes naturelles, auxquelles est exposée 96% de sa population (BM). 

Le 12 janvier 2010, un séisme de magnitude 7 dévaste la capitale Port-au-Prince et sa région, faisant plus de 200 000 morts, plus de 300 000 blessés ainsi que 1,5 million de sans-abris.  

Une grande partie des milliards d'aide internationale promis n'arrive jamais et les efforts du pays pour se relever sont ralentis par l'instabilité politique. 

En 2018, un scandale éclate concernant des abus sexuels commis par certains employés de l'ONG britannique Oxfam après ce séisme. 

En outre, plus de 10 000 Haïtiens sont morts du choléra, introduit dans le pays en 2010 par des Casques bleus népalais.  

En 2016, Haïti est ravagé par l'ouragan Matthew (plus de 500 morts, près de 2 milliards de dollars de dégâts). 


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
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  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.