L'assassinat de son président plonge Haïti dans l'inconnu

Le président haïtien Jovenel Moise prend la parole le 13 mars 2017 à Port-au-Prince pour présenter ses condoléances aux familles des victimes de l'accident de la route qui a coûté la vie à 38 personnes la veille aux Gonaïves (Photo, AFP)
Le président haïtien Jovenel Moise prend la parole le 13 mars 2017 à Port-au-Prince pour présenter ses condoléances aux familles des victimes de l'accident de la route qui a coûté la vie à 38 personnes la veille aux Gonaïves (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 07 juillet 2021

L'assassinat de son président plonge Haïti dans l'inconnu

Le président haïtien Jovenel Moise prend la parole le 13 mars 2017 à Port-au-Prince pour présenter ses condoléances aux familles des victimes de l'accident de la route qui a coûté la vie à 38 personnes la veille aux Gonaïves (Photo, AFP)
  • L'Union européenne s'est inquiétée d'une «spirale de violence» par la voix de son chef de la diplomatie Josep Borrell et Paris a dénoncé un «lâche assassinat»
  • Le Conseil de sécurité de l'ONU, qui se réunira en urgence jeudi, s'est dit «profondément choqué» par cet assassinat

PORT-AU-PRINCE: Le président haïtien Jovenel Moïse a été assassiné par un commando armé mercredi en pleine nuit à son domicile, le Premier ministre par intérim décrétant dans la foulée l'état de siège dans le pays des Caraïbes encore davantage plongé dans la crise. 

« Nous avons décidé de déclarer l'état de siège dans tout le pays », a déclaré Claude Joseph dans un discours en créole, octroyant ainsi des pouvoirs renforcés à l'exécutif pour quinze jours. 

Il a promis que « les auteurs, les assassins de Jovenel Moïse paieraient pour ce qu'ils ont fait devant la justice ». 

M. Joseph avait annoncé plus tôt mercredi l'attaque ayant causé la mort du président. 

« Le président a été assassiné chez lui par des étrangers qui parlaient l'anglais et l'espagnol. Ils ont attaqué la résidence du président de la République », a-t-il affirmé. 

Selon l'ambassadeur haïtien aux Etats-Unis, Bocchit Edmond, le commando était composé de mercenaires « professionnels » s'étant fait passer pour des responsables de l'agence américaine anti-drogues et qui pourraient avoir déjà quitté le pays. 

L'épouse de M. Moïse, blessée dans l'attentat qui a eu lieu vers 01H00 locale (05H00 GMT) va être évacuée à Miami pour être soignée, a-t-il précisé. 

Cet événement menace de déstabiliser le pays le plus pauvre des Amériques, déjà confronté à une double crise politique et sécuritaire. 

Le Premier ministre a appelé la population au calme et fait savoir que la police et l'armée allaient assurer le maintien de l'ordre. 

« La situation sécuritaire est sous contrôle », a-t-il assuré. 

Les rues de la capitale Port-au-Prince étaient calmes mercredi matin, sans présence renforcée de la police ou des forces de sécurité, selon des témoins. 

Le président américain Joe Biden a condamné cet « acte odieux », disant les Etats-Unis prêts à apporter leur aide au pays en crise. 

L'Union européenne s'est inquiétée d'une « spirale de violence » par la voix de son chef de la diplomatie Josep Borrell et Paris a dénoncé un « lâche assassinat ». 

Le Conseil de sécurité de l'ONU, qui se réunira en urgence jeudi, s'est dit « profondément choqué » par cet assassinat. 

En réaction, la République dominicaine a ordonné mercredi la « fermeture immédiate » de sa frontière avec Haïti, les deux pays partageant la même île. 

Venu du monde des affaires, Jovenel Moïse, 53 ans, avait été élu président en 2016 sur une promesse de développement de l'économie du pays et avait pris ses fonctions le 7 février 2017. 

Actif dans plusieurs domaines économiques, dont l'exploitation de bananeraies, il n'avait alors quasiment aucune expérience en politique au moment de son élection et était très peu connu de ses compatriotes. 

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Le président haïtien Jovenel Moise se tient avec sa femme, au Parlement haïtien à Port-au-Prince, le 7 février 2017 (Photo, AFP)

 

Jovenel Moïse, entrepreneur prospère puis président au destin tragique

Le président haïtien Jovenel Moïse a connu une fructueuse carrière d'entrepreneur avant un mandat à la présidence au cours duquel il a vu le soutien de la population s'éroder, son pouvoir étant largement critiqué. 

Elu en 2016 au terme d'un marathon électoral mouvementé, il était inconnu du grand public au printemps 2015 lorsqu'il est apparu sur la scène politique.  

C'est finalement très isolé, avec un parlement suspendu et gouvernant par décrets, qu'il a terminé de façon tragique son mandat unique, à l'âge de 53 ans, cible d'une attaque à son domicile.  

Ce père de deux enfants a été incapable d'arrêter la spirale descendante de sa nation, la plus pauvre du continent américain, et notamment les violences qui gangrènent la vie des habitants. 

Issu d'une famille modeste - un père mécanicien et agriculteur, une mère couturière et commerçante -, ce natif de Trou du Nord, dans le département du Nord-Est, poursuit des études jusqu'à la Faculté des sciences de l'éducation à l'université haïtienne Quisqueya. 

Sa famille s'était installée dans la capitale Port-au-Prince en 1974. En 1996, tout jeune marié avec sa camarade de classe Martine, il retourne dans son département natal avec un rêve: refaire de Haïti une contrée « essentiellement agricole » en développant l'arrière-pays. 

Selon la biographie disponible sur son site internet, il crée alors grâce à des fonds de capital-investissement un commerce de pièces détachées automobiles et une première plantation de bananes de 10 hectares. 

Sa dernière bananeraie biologique est la plus vaste du pays (près de 1 000 hectares). D'où son surnom après son entrée en lice dans la course à la présidence: « Nèg Bannan nan », soit « l'homme-banane » en créole. 

Sensibilisé à l'importance de l'eau potable, il noue un partenariat avec le spécialiste Culligan et ouvre en 2001 une usine de distribution dans les régions du Nord-Est et du Nord-Ouest. Puis il s'intéresse à l'électrification régionale, créant en 2008 avec des associés une société ad hoc. 

En 2012, il lance la première zone franche agricole d'Haïti, et y installe sa société Agritrans pour laquelle il a décroché un prêt participatif de six millions de dollars auprès du gouvernement de son prédécesseur Michel Martelly. 

D'après le site de M. Moïse, ce dispositif a permis de développer des dizaines de projets agricoles et « de créer près de 3 000 emplois directs et 10 000 emplois indirects ». 

Violence des gangs 

Haïti est gangrené par l'insécurité et notamment les enlèvements contre rançon menés par des gangs jouissant d'une quasi impunité. Une situation qui valait à Jovenel Moïse, accusé d'inaction face à la crise, d'être confronté à une vive défiance d'une bonne partie de la société civile. 

Dans ce contexte faisant redouter un basculement vers l'anarchie généralisée, le Conseil de sécurité de l'ONU, les Etats-Unis et l'Europe appelaient à la tenue d'élections législatives et présidentielle libres et transparentes, d'ici la fin 2021. 

Jovenel Moïse avait annoncé lundi la nomination d'un nouveau Premier ministre, Ariel Henry, avec justement pour mission la tenue d'élections. 

Gouvernant par décret depuis janvier 2020, sans Parlement et alors que la durée de son mandat faisait l'objet de contestations, Jovenel Moïse avait également mis en chantier une réforme institutionnelle. 

Un référendum constitutionnel initialement prévu en avril, reporté une première fois au 27 juin puis à nouveau en raison de l'épidémie de Covid-19, devait se tenir le 26 septembre. La réforme avait pour but de renforcer les prérogatives de l'exécutif. 

Mais c'est dans les rues de Port-au-Prince que la détérioration de la situation du pays est la plus évidente. 

Depuis début juin, des affrontements entre bandes rivales dans l'ouest de Port-au-Prince paralysent toute circulation entre la moitié sud du pays et la capitale haïtienne. 

Des milliers d'habitants du quartier très pauvre de Martissant, disputé par les gangs, ont été contraints de fuir leur logement et ont dû être accueillis par des proches ou dans des gymnases. 

Le 30 juin, 15 personnes avaient été tuées dans une fusillade en plein Port-au-Prince, dont un journaliste, Diego Charles, et une militante politique d'opposition, Antoinette Duclair. 

Et, en avril, l'enlèvement et la séquestration de plusieurs religieux catholiques, dont deux Français, avaient choqué jusqu'au-delà des frontières du pays. 

Sur le terrain politique, Jovenel Moïse aura nommé pas moins de sept Premiers ministres au cours de son mandat. Le dernier en date, Ariel Henry, n'aura pas pu entrer en fonction. 

« Ma mission est simple. Le président m'a chargé de créer un environnement propice à l'organisation d'élections inclusives, avec une forte participation », avait-il déclaré mardi. 

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Des habitants nettoient les débris laissés par les inondations causées par l'ouragan Matthew, à Jérémie, en Haïti, le 8 octobre 2016 (Photo, AFP)

 

Instabilité, pauvreté, séismes: quatre choses à savoir sur Haïti

Ile partagée  

Haïti occupe un tiers de l'île caribéenne d'Hispaniola, entre Cuba et Porto Rico, qu'elle partage avec la République dominicaine.  

Sa population s'élève à 11,4 millions d'habitants, selon la Banque mondiale.  

Sous domination espagnole jusqu'en 1697, puis française, Haïti est devenue la première république noire indépendante en 1804 après une révolte des esclaves menée par Toussaint Louverture. 

Instabilité politique chronique 

Depuis l'indépendance, Haïti a connu une succession de dictatures, entrecoupées de quelques alternances démocratiques et d'occupations étrangères. 

De 1957 à 1986, François Duvalier (dit « Papa doc »), puis son fils Jean-Claude (« Baby doc »), soumettent la population à un contrôle total sous la coupe d'escadrons de la mort, les « tontons macoutes ». Chassé par une révolte populaire en 1986, « Baby doc » s'exile en France pendant 25 ans, avant de revenir à Haïti, où il mourra en 2014. 

En 1990, le prêtre Jean-Bertrand Aristide est élu à la première élection libre. Renversé par un coup d'Etat en 1991, il s'exile, puis regagne Haïti en 1994 après une intervention américaine. Un de ses proches, René Préval, prend la présidence en 1996.  

Jean-Bertrand Aristide redevient président en 2001. Sous pression américaine, française et canadienne, d'une insurrection armée et d'une révolte populaire, il démissionne en 2004 et s'exile. René Préval, revenu au pouvoir en 2006, est le seul dirigeant haïtien à avoir achevé ses deux mandats autorisés par la Constitution.  

Un des pays les plus pauvres 

Haïti reste le pays le plus pauvre de l'Amérique latine et des Caraïbes et l'un des plus pauvres au monde, selon la Banque mondiale (BM), avec 60% de sa population sous le seuil de pauvreté.  

Il est classé 170e sur 189 par le Pnud pour son indice de développement humain. 

Son PIB s'est contracté de 3,8% environ en 2020, la pandémie de coronavirus ayant exacerbé l'économie déjà faible et l'instabilité politique, selon la Banque mondiale. 

C'est l'une des rares nations n'ayant pas encore commencé sa campagne de vaccination contre le Covid-19. 

Dans ce pays très inégalitaire, la majorité des habitants n'a pas accès aux soins de santé de base. 

Séismes et ouragans 

Haïti est très vulnérable face aux catastrophes naturelles, auxquelles est exposée 96% de sa population (BM). 

Le 12 janvier 2010, un séisme de magnitude 7 dévaste la capitale Port-au-Prince et sa région, faisant plus de 200 000 morts, plus de 300 000 blessés ainsi que 1,5 million de sans-abris.  

Une grande partie des milliards d'aide internationale promis n'arrive jamais et les efforts du pays pour se relever sont ralentis par l'instabilité politique. 

En 2018, un scandale éclate concernant des abus sexuels commis par certains employés de l'ONG britannique Oxfam après ce séisme. 

En outre, plus de 10 000 Haïtiens sont morts du choléra, introduit dans le pays en 2010 par des Casques bleus népalais.  

En 2016, Haïti est ravagé par l'ouragan Matthew (plus de 500 morts, près de 2 milliards de dollars de dégâts). 


Inde: l'opposition fustige Modi et ses propos anti-musulmans

Le Premier ministre indien et chef du parti au pouvoir Bharatiya Janata (BJP), Narendra Modi (Photo, AFP).
Le Premier ministre indien et chef du parti au pouvoir Bharatiya Janata (BJP), Narendra Modi (Photo, AFP).
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  • M. Modi a offert au parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) deux victoires écrasantes en 2014 et 2019
  • Les analystes politiques l'ont donné vainqueur avant même les élections générales qui ont débuté le 19 avril

NEW DELHI: L'opposition indienne a accusé jeudi le Premier ministre Narendra Modi de tenir des propos stigmatisant les musulmans et alimentant, en plein processus électoral, les tensions sectaires dans la plus grande démocratie du monde, constitutionnellement laïque.

M. Modi déploie "son jeu habituel consistant à diviser les hindous et les musulmans", a déclaré jeudi P. Chidambaram, ancien ministre des Finances et membre influent du Congrès, principal parti d'opposition,

"Le monde observe et analyse les déclarations du Premier ministre indien, qui ne sont pas à la gloire de l'Inde", a-t-il ajouté.

M. Modi a offert au parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) deux victoires écrasantes en 2014 et 2019 en jouant sur la fibre religieuse de l'électorat hindou.

Agé de 73 ans et encore très populaire dans l'ensemble du pays, le Premier ministre brigue un troisième mandat à la tête du pays.

Les analystes politiques l'ont donné vainqueur avant même les élections générales qui ont débuté le 19 avril et se déroulent en sept phases jusqu'au 1er juin.

M. Modi a présenté mardi sa candidature au siège de député de Varanasi (Bénarès), cité sacrée de l'hindouisme, dans l'Etat de l'Uttar Pradesh (nord), qu'il occupe depuis une décennie.

L'opposition et les défenseurs des droits accusent M. Modi de favoriser les hindous, majoritaires dans le pays, au détriment d'importantes minorités, dont 210 millions d'Indiens musulmans, inquiètes pour leur avenir.

M. Modi a récemment suscité l'indignation dans les rangs de l'opposition en accusant le Congrès de vouloir distribuer la "richesse nationale" aux "infiltrés", "à ceux qui ont le plus d'enfants", désignant ainsi la communauté musulmane.

L'opposition a saisi les autorités électorales qui n'ont pas sanctionné le Premier ministre. L'Inde est constitutionnellement laïque et son code électoral interdit toute campagne fondée sur des "sentiments communautaires".

Dans un entretien mardi sur la chaîne d'information continue News18, le chef du gouvernement s'est défendu d'alimenter et d'exploiter tout clivage entre hindous et musulmans.

Discrimination 

"Le jour où je commencerai à parler des hindous-musulmans sera celui où je perdrai ma capacité à mener une vie publique", a-t-il affirmé en hindi.

Le lendemain, en plein rassemblement électoral, Narendra Modi accusait le Congrès d'orchestrer un "jihad par le vote" pour que les musulmans se prononcent contre lui.

Au début de la semaine, Madhavi Latha, actrice et candidate du BJP à Hyderabad (sud), s'est autorisée, dans un bureau de vote, à vérifier que la carte électorale de musulmanes correspondait à leur identité, exigeant qu'elles ôtent leur voile.

La police de la ville a ouvert une enquête sur l'incident.

Au total, 968 millions d'Indiens sont appelés à élire les 543 membres de la chambre basse, soit plus que la population totale des Etats-Unis, de l'Union européenne et de la Russie réunis.


L'axe Pékin-Moscou, facteur de «stabilité» et de «paix» selon Xi et Poutine

Le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping assistent à un concert marquant le 75e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Russie et la Chine (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping assistent à un concert marquant le 75e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Russie et la Chine (Photo, AFP).
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  • Tout juste de retour d'une tournée en Europe, Xi Jinping y a défendu le droit de maintenir avec son voisin russe des liens économiques normaux
  • Vladimir Poutine est arrivé jeudi matin à Pékin pour une visite de deux jours, son premier voyage à l'étranger depuis sa réélection en mars et son deuxième en Chine en un peu plus de six mois

PEKIN: Xi Jinping et Vladimir Poutine ont défendu jeudi l'axe Pékin-Moscou comme un facteur de "stabilité" et de "paix" dans le monde, le dirigeant russe espérant un soutien accru de la Chine à sa guerre en Ukraine.

La relation Chine-Russie "est non seulement dans l'intérêt fondamental des deux pays et des deux peuples, mais elle est également propice à la paix", a estimé Xi Jinping, lors d'une rencontre avec son homologue à Pékin.

Et "la Chine est prête à travailler avec la Russie pour (...) soutenir l'équité et la justice dans le monde". "La relation Chine-Russie aujourd'hui a été durement acquise et les deux parties doivent la chérir et la nourrir", a-t-il ajouté.

Cette relation est "un facteur de stabilité sur la scène internationale", a assuré de son côté Vladimir Poutine, selon le Kremlin. Elle "n'est pas opportuniste et elle n'est dirigée contre personne".

"Ensemble, nous soutenons les principes de justice et un ordre démocratique mondial reflétant les réalités multipolaires et fondé sur la loi internationale", a-t-il déclaré.

Après leur entretien bilatéral, les deux hommes ont signé un communiqué commun pour approfondir le "partenariat stratégique global" sino-russe, selon l'agence officielle Chine nouvelle.

«Reconnaissant»

Vladimir Poutine est arrivé jeudi matin à Pékin pour une visite de deux jours, son premier voyage à l'étranger depuis sa réélection en mars et son deuxième en Chine en un peu plus de six mois.

Quelques heures plus tôt, il s'était félicité des avancées de l'armée russe en Ukraine.

Dans leur communiqué commun jeudi, Pékin et Moscou jugent "nécessaire" d'éviter toute décision contribuant "à la prolongation des hostilités et à une nouvelle escalade du conflit".

Une formulation qui semble viser Européens et Américains, la Chine et la Russie affirmant régulièrement que ce sont les livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine qui font durer la guerre.

Le géant asiatique est une planche de salut économique cruciale pour la Russie, en proie aux lourdes sanctions occidentales.

Tout juste de retour d'une tournée en Europe, Xi Jinping y a défendu le droit de maintenir avec son voisin russe des liens économiques normaux. La Chine bénéficie notamment d'importations d'énergie russe bon marché.

S'exprimant devant la presse au côté de Xi Jinping, Vladimir Poutine s'est dit jeudi "reconnaissant" envers la Chine pour ses "initiatives" de paix dans la crise ukrainienne, selon les agences russes.

La Chine appelle régulièrement au respect de l'intégrité territoriale de tous les pays (sous-entendu Ukraine comprise) mais exhorte aussi à prendre en considération les préoccupations de sécurité de la Russie.

Ligne rouge 

"Les deux parties sont d'accord sur le fait qu'une solution politique à la crise en Ukraine est la voie à suivre", a déclaré M. Xi face à la presse.

"La Chine espère que la paix et la stabilité seront rapidement rétablies sur le continent européen et continuera à jouer un rôle constructif à cette fin", a-t-il promis.

Par ailleurs, Vladimir Poutine a jugé "nuisible" toute alliance politique et militaire "fermée" en Asie-Pacifique, où son partenaire chinois est en concurrence avec les Etats-Unis, qui coopèrent avec l'Australie et le Royaume-Uni pour contrer l'influence de Pékin.

Le président russe a également rencontré jeudi après-midi le Premier ministre Li Qiang, lequel a déclaré que Pékin souhaitait "continuer à approfondir la coopération dans divers domaines" avec Moscou.

Ces liens sino-russes étroits sont vus avec une suspicion croissante en Occident.

Washington a fixé une ligne rouge à Pékin - ne pas fournir directement d'armes à Moscou - et dit n'avoir à ce jour pas eu la preuve du contraire.

Mais les Etats-Unis estiment que le soutien économique chinois permet tout de même à la Russie de renforcer sa production de missiles, de drones et de chars.

Banques prudentes 

Les échanges commerciaux sino-russes ont explosé depuis l'invasion de l'Ukraine, dépassant les 220 milliards d'euros en 2023, selon les douanes chinoises.

Les exportations chinoises vers le voisin russe ont toutefois baissé en mars et en avril, après la menace de sanctions américaines.

Car un décret signé en décembre par le président américain Joe Biden autorise désormais des sanctions secondaires contre les banques étrangères liées à la machine de guerre russe. Le Trésor américain peut les exclure du système financier mondial, fondé sur le dollar.

Plusieurs banques chinoises ont ainsi interrompu ou réduit leurs transactions avec leurs clients russes, selon huit ressortissants des deux pays impliqués dans le commerce bilatéral.

La Chine cherche parallèlement à renouer ses liens avec les Etats-Unis et devrait limiter le renforcement de sa coopération avec la Russie, selon des analystes.

Moscou et Pékin ont toutefois signé jeudi plusieurs accords commerciaux.

Vendredi, Vladimir Poutine doit se rendre à Harbin (nord-est) pour visiter une foire dédiée au commerce et aux investissements.


Le Premier ministre slovaque dans un état stable mais toujours «très grave»

Le Premier ministre slovaque Robert Fico transporté d'un hélicoptère par des médecins et ses agents de sécurité à l'hôpital de Banska Bystrica, en Slovaquie, où il doit être soigné, le 15 mai 2024. (Photo de AFP)
Le Premier ministre slovaque Robert Fico transporté d'un hélicoptère par des médecins et ses agents de sécurité à l'hôpital de Banska Bystrica, en Slovaquie, où il doit être soigné, le 15 mai 2024. (Photo de AFP)
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  • Le dirigeant de 59 ans a subi mercredi «une opération de cinq heures», a précisé la directrice de l'établissement Miriam Lapunikova
  • Selon le vice-Premier ministre, il s'agit d'«une attaque politique» à laquelle il faudra «réagir en conséquence»

BANSCA BYSTRICA: Le Premier ministre slovaque Robert Fico se trouve jeudi matin dans un état stable mais toujours "très grave", après avoir été blessé par balle la veille, a déclaré le vice-Premier ministre Robert Kalinak.

"Cette nuit, les médecins ont réussi à stabiliser l'état du patient", a déclaré M. Kalinak, qui est également ministre de la Défense. "Malheureusement, l'état reste très grave, car ses blessures sont compliquées", a-t-il ajouté lors d'un point de presse devant l'hôpital Roosevelt de Banska Bystrica (centre).

Le dirigeant de 59 ans a subi mercredi "une opération de cinq heures", a précisé la directrice de l'établissement Miriam Lapunikova, confirmant qu'il est toujours dans un état "vraiment très grave" et va rester en soins intensifs.

Robert Fico a été touché par balle "plusieurs fois", selon sa page officielle Facebook, mercredi en début d'après-midi après une réunion de cabinet à Handlova, dans le centre de la Slovaquie. L'attentat a suscité une vive émotion dans le pays d'Europe centrale et une vague de condamnations internationales.

Selon M. Kalinak, il s'agit d'"une attaque politique" à laquelle il faudra "réagir en conséquence".

La police a arrêté l'assaillant présumé, un homme de 71 ans identifié par les médias slovaques comme un écrivain local. Aucune information n'a été donnée à ce stade sur ses motivations.