Pourquoi Pékin met des bâtons dans les roues à ses champions du numérique

En mai, plus de 100 applications ont ainsi été épinglées pour des problèmes de collecte de données, dont Douyin, la version chinoise de TikTok, spécialiste des vidéos courtes. (AFP)
En mai, plus de 100 applications ont ainsi été épinglées pour des problèmes de collecte de données, dont Douyin, la version chinoise de TikTok, spécialiste des vidéos courtes. (AFP)
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Publié le Vendredi 09 juillet 2021

Pourquoi Pékin met des bâtons dans les roues à ses champions du numérique

  • Le «Uber chinois» est visé par une enquête en lien avec sa collecte de données privées. Et sur ordre des autorités, l'application ne peut plus être téléchargée
  • Le secteur de la tech a ainsi pu collecter des quantités de données personnelles sur les Chinois, via la multitude d'applications qu'ils utilisent au quotidien

PEKIN: Une question de "sécurité nationale": sur fond de rivalité avec Washington, Pékin s'en prend à ses pépites du numérique, épinglant son champion du VTC Didi après une entrée à Wall Street, quitte à fragiliser un secteur dynamique.

Le "Uber chinois", qui domine dans son pays le marché de la réservation de voitures avec chauffeur (VTC), est visé par une enquête en lien avec sa collecte de données privées. Et sur ordre des autorités, l'application ne peut plus être téléchargée. 

Elle reste cependant pleinement utilisable pour les usagers qui l'avaient déjà sur leur téléphone.

Quel est le problème?Les entreprises liées à l'internet sont particulièrement dynamiques en Chine où une législation jusque-là relativement laxiste sur les données, et l'absence de concurrents étrangers, ont permis à des géants locaux d'émerger.

Le secteur de la tech a ainsi pu collecter des quantités de données personnelles sur les Chinois (habitudes pour les trajets, les repas, types d'achats, paiements...), via la multitude d'applications qu'ils utilisent au quotidien.

Pékin s'est dans un premier temps inquiété pour les consommateurs, craignant que cela ne conduise à des abus dans un secteur qui touche désormais tous les aspects de la vie (commerce, santé, finance...).

Pourquoi le ton s'est-il durci?

Ces derniers mois, le pouvoir fait preuve de davantage de fermeté et a lancé des procédures à l'encontre de plusieurs entreprises, priées de "rectifier" des pratiques jusque-là tolérées.

En mai, plus de 100 applications ont ainsi été épinglées pour des problèmes de collecte de données, dont Douyin, la version chinoise de TikTok, spécialiste des vidéos courtes.

Mais dans le cas de Didi, l'autorité chinoise de surveillance de la cybersécurité justifie son enquête au nom de la "sécurité nationale".

Le champion du VTC a "gravement enfreint la réglementation en matière de collecte des données des utilisateurs", estime le régulateur, qui n'a pas précisé les faits reprochés.

Y a-t-il d'autres raisons?

Pékin a longtemps encouragé ses entreprises à se mondialiser. Et nombre d'entre elles lèvent des fonds aux Etats-Unis pour se développer.

Le record pour une entreprise chinoise est détenu par le géant du commerce en ligne Alibaba, qui avait récolté 25 milliards de dollars lors d'une arrivée en fanfare à Wall Street en 2014.

Mais dans un contexte de rivalité croissante avec Washington, en particulier dans le domaine de la tech, Pékin redoute désormais que des données cruciales accumulées par ses géants ne fuient à l'étranger.

Raison pour laquelle la Chine souhaite durcir les conditions de cotation à l'étranger pour ses entreprises, priées au préalable d'être irréprochables en matière de cybersécurité.

Le Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir "a horreur des choses qui échappent à son contrôle", souligne l'analyste Kendra Schaefer du cabinet d'étude Trivium, spécialisé sur la Chine.

Quelle sera la prochaine étape?Conséquence d'un contexte "extrêmement volatile et incertain", les entreprises chinoises vont probablement préférer se coter à domicile, où les risques sont moindres, prévient Mme Schaefer. 

La Bourse de Hong Kong et dans une moindre mesure celle de Shanghai s'en frottent les mains.

Déjà, les spécialistes de la location de vélos Hello Inc. et du podcast Ximalaya ont suspendu leurs projets d'introduction en Bourse aux Etats-Unis, d'après l'agence d'information financière Bloomberg.

Et mercredi, le constructeur de véhicules électriques XPeng, rival chinois de Tesla, a fait ses débuts à Hong Kong où il a levé 1,5 milliard d'euros. La marque est pourtant déjà cotée depuis l'été dernier aux Etats-Unis.

Mais cette tendance ne s'inscrira pas sur le long terme, estime Mme Schaefer.

La start-up Bianlifeng, qui possède des magasins de proximité, souhaite malgré tout lever 500 millions de dollars (422 millions d'euros) aux Etats-Unis, selon Bloomberg.


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.