Opération Barkhane: un bilan qui n’est pas à la hauteur des attentes

Des soldats de l'armée française patrouillent dans le village de Gorom Gorom à bord de véhicules blindés de transport de troupes lors de l'opération Barkhane dans le nord du Burkina Faso le 14 novembre 2019. (Photo, AFP)
Des soldats de l'armée française patrouillent dans le village de Gorom Gorom à bord de véhicules blindés de transport de troupes lors de l'opération Barkhane dans le nord du Burkina Faso le 14 novembre 2019. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 21 septembre 2021

Opération Barkhane: un bilan qui n’est pas à la hauteur des attentes

  • La politique française sécuritaire et de développement, qui visait à éviter la formation d’un nouveau foyer terroriste dans la bande sahélo-saharienne, s’est avérée très coûteuse financièrement et humainement
  • La stabilisation régionale et loin d’être acquise, et la menace djihadiste est «disséminée», mais pas éradiquée

PARIS: C’est un enlisement qu’aucun ne voudra avouer, qui a poussé le président français, Emmanuel Macron, à procéder à une «reconfiguration» de la présence militaire française au Sahel «en concertation» avec les partenaires régionaux de la France.

S’exprimant depuis le palais de l’Élysée à l’issue d’un sommet tenu en visioconférence avec les dirigeants des pays du G5 Sahel, il a justifié cette reconfiguration par l’évolution de la menace djihadiste dans la région.

Le schéma actuel «ne correspond plus à la nature» de cette menace, qui se caractérise désormais par la «dissémination», et non par une concentration géographique, comme par le passé. Seul chef d’État du G5 présent à ses côtés, le président du Niger, Mohamed Bazoum, a concédé que «la nature de notre ennemi n’est plus la même» que celle qui a donné lieu à l’opération Barkhane.

«Avec le recul, nous comprenons que la voilure de Barkhane soit réduite», a-t-il ajouté tout en insistant sur le fait qu’il s’exprimait en sa qualité de président nigérien, et non au nom des autres membres du G5.

Pour détailler cette reconfiguration, le président français s’est voulu stratège, au cours de la conférence de presse, où il était entouré de cartes militaires qu’affichaient de grands écrans.

Il s’agit pour lui de passer à une autre stratégie avec des troupes moins nombreuses et en retrait derrière des troupes partenaires, en s’appuyant sur deux axes: «stabilisation» et «internationalisation».

À ses débuts, l’opération Barkhane a pris en juillet 2014 le relais de l’opération Serval, déclenchée en janvier 2013 à la demande du Mali, qui était insuffisante pour mener seule la guerre aux djihadistes. Barkhane visait à la faire monter en puissance.

Dans un deuxième temps, les troupes du G5 Sahel, constituées par le Burkina Faso, la Mauritanie, le Tchad, ainsi que par le Mali et le Niger sont venues concrétiser une logique de partenariat avec les troupes françaises de Barkhane.

Toutefois, le bilan de presque huit ans d’engagement dans le Sahel est loin d’être à la hauteur des espérances.

L’approche qui se voulait globale, à savoir une politique sécuritaire et de développement, afin d’éviter la formation d’un nouveau foyer terroriste dans la bande sahélo-saharienne limitrophe des cinq pays s’est avérée très coûteuse financièrement et humainement.

Les troupes françaises ont déploré 55 morts dans leurs rangs, et des dépenses annuelles excédentaires, estimées à 600 millions d’euros.

Il fallait donc arrêter les dégâts sans donner l’impression d’abandonner la région, d’où ce sommet de concertation au cours duquel Macron et le chef d’état-major des armées, le général François Lecointre, ont exposé les nouvelles modalités de l’engagement au Sahel.

Ainsi, selon les annonces faites par Macron au cours de la conférence de presse, les troupes de Barkhane composées d’environ 5 100 soldats diminueront progressivement selon un calendrier qui s’échelonnera d’ici à 2023.

Certaines bases militaires françaises seront fermées, là où les forces des Nations unies sont déjà présentes, «d’ici à la fin de l’année», mais avec un «maintien des capacités aériennes au Niger», et une «présence militaire aérienne au Tchad».

D’autre part, Macron a affirmé la «poursuite de la neutralisation des hauts commandements des organisations terroristes», en s’appuyant sur les forces spéciales françaises, ainsi que le renforcement du partenariat de combat avec la force européenne Tabuka.

Dorénavant, il faudra selon le président français «accompagner la prise de responsabilité des pays de la région sans se substituer à eux en aucun cas».

Une affirmation très favorablement accueillie par le président nigérien, qui a indiqué «avoir besoin de la France dans ce qu’elle peut apporter, et que nous n’avons pas»: le renseignement et les moyens aériens.

«Ces aspects seront maintenus et le reste est de notre ressort», a-t-il déclaré, assurant être totalement d’accord avec les modalités exposées par Macron. Il est évident que le ressentiment à l’égard des forces françaises, surtout au Mali, est présent dans tous les esprits. Les promesses concernant le développement et la gouvernance n’ont pas vraiment été tenues.

La stabilisation régionale et loin d’être acquise, avec le décès du président tchadien, Idriss Déby, dans un affrontement avec les rebelles, alors que le Mali a connu deux putschs en neuf mois. La menace djihadiste quant à elle est «disséminée», mais pas éradiquée. Les problèmes sont atténués et non résolus, et la présence française au Sahel sera diluée dans la task force européenne pour réduire son poids.


UE: une majorité de Français doute de l'influence réelle de Macron, selon un sondage

Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas «s'impliquer davantage dans la campagne» car «ce n'est pas son rôle en tant que président de la République»
  • Pour autant 61% des Français jugent qu'une «défaite nette» de la liste Renaissance serait un «échec personnel» pour le président

PARIS: Une majorité de Français (57%) doute de l'influence réelle d'Emmanuel Macron sur le fonctionnement et les décisions prises par l'Union européenne depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi pour BFMTV.

Alors qu'Emmanuel Macron va mettre en avant son bilan européen lors d'un discours jeudi matin à la Sorbonne, seuls 42% des Français estiment que le chef de l'État a eu "une influence réelle sur le fonctionnement et les décisions prises par l’Union européenne" depuis 2017.

L'électorat d’Emmanuel Macron porte un regard très positif sur son rôle (70%), alors que la majorité des électeurs de gauche (56%) et d'extrême droite (68%) sont plutôt négatifs.

A un mois et demi des européennes, 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas "s'impliquer davantage dans la campagne" car "ce n'est pas son rôle en tant que président de la République".

Pour autant 61% des Français jugent qu'une "défaite nette" de la liste Renaissance serait un "échec personnel" pour le président.

En cas de large défaite du camp présidentiel, une majorité (61%) souhaite qu'Emmanuel Macron "change significativement d'orientation politique", une opinion partagée par 43% des électeurs du président au premier tour de l'élection présidentielle en 2022.

Pour autant, seule une minorité de Français (46% contre 54%) réclame une dissolution de l’Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives anticipées. Encore moins (39% contre 61%) souhaitent un changement de Premier ministre.

Si 58% des sondés déclarent tenir compte avant tout d'enjeux de politique européenne dans leur décision de vote, 41% concèdent qu'ils feront leur choix avant tout sur des enjeux nationaux, surtout parmi les électeurs RN (61%).

Ce sondage a été réalisé par internet du 23 au 24 avril à partir d'un échantillon de 1.001 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. Selon les résultats, la marge d'erreur est comprise entre +/- 1,4 point et +/-3,1 points.


Evénements climatiques extrêmes: la Croix-Rouge souhaite un sac d'urgence par Français

Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
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  • Le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge
  • «75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule», selon un sondage OpinionWay

PARIS: Un "sac d’urgence" pour chaque Français en cas d’évacuation face aux événements climatiques extrêmes: c’est l’une des préconisations de la Croix-Rouge française dans un rapport sur la résilience de la société française, qui fait état d'un manque de préparation.

Canicule, sécheresse, incendies de forêt, inondations: le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge, en collaboration avec le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), publiée jeudi.

"75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule", selon un sondage OpinionWay pour la Croix-Rouge française.

"La préparation face aux crises est l'affaire de tous. Elle concerne bien entendu les pouvoirs publics, mais aussi les acteurs associatifs et privés, ainsi que les citoyens", déclare à l'AFP Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française.

Pour affronter "l’inévitable", l’association a dix recommandations. Dont la constitution du "Catakit", un sac d'urgence par personne, prêt en cas d'évacuation et comprenant par exemple de la nourriture non périssable, de l'eau, une trousse de secours, des vêtements et une lampe torche, pour attendre l'arrivée de l'aide.

"Seuls 11% des Français disposent d’un sac d’urgence prêt, et moins de la moitié connaît les objets indispensables qu’il faut y glisser", détaille le sondage OpinionWay.

Autre recommandation: la formation aux gestes et aux comportements qui sauvent. "On estime aujourd’hui à seulement 40% le nombre de Français ayant récemment suivi une formation aux gestes qui sauvent, contre 95% Norvège ou 80% en Allemagne", note le rapport.

Or, rappelle la Croix-Rouge, "si les individus sont informés et formés, l’impact des événements climatiques extrêmes sur les populations sera moindre et les dégâts matériels réduits".

L'association suggère que chaque Français ait a minima connaissance des réflexes vitaux: "savoir identifier les alertes sonores, avoir les bons comportements en cas de catastrophes" en plus de la maîtrise des gestes qui sauvent.

"Les événements climatiques extrêmes se manifestent de manière plus fréquente, plus intense, plus longue, et plus étendue géographiquement, rappelle Philippe Da Costa. "Tous les territoires de l'Hexagone et d’Outre-mer sont concernés".

Pour la Croix-Rouge, "il n’y a pas de fatalité". "Se préparer pour savoir comment agir avant les crises et comment réagir pendant les crises" pourra limiter l'impact des évènements climatiques extrêmes sur les populations.


Macron de retour à la Sorbonne avec un grand discours sur l'Europe

Emmanuel Macron prendra la parole devant les ambassadeurs des 26 autres Etats-membres de l'UE, la délégation de la Commission européenne en France, des chefs d'entreprise, des étudiants et des chercheurs. (AFP).
Emmanuel Macron prendra la parole devant les ambassadeurs des 26 autres Etats-membres de l'UE, la délégation de la Commission européenne en France, des chefs d'entreprise, des étudiants et des chercheurs. (AFP).
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  • Même lieu, même format et sans doute même durée (au moins 90 minutes): sept ans après la "Sorbonne 1", le 26 septembre 2017, le président va de nouveau dérouler à 11H00 une série de mesures pour passer à "l'Europe puissance"
  • Avec quel objectif ? "Influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin, assure la présidence, qui réfute toute tactique électoraliste

PARIS: Emmanuel Macron revient jeudi à la Sorbonne avec un nouveau discours pour une Europe "plus souveraine et plus puissante", surtout perçu comme une entrée en campagne du chef de l'Etat alors que son camp patine à six semaines des européennes.

Même lieu, même format et sans doute même durée (au moins 90 minutes): sept ans après la "Sorbonne 1", le 26 septembre 2017, le président va de nouveau dérouler à 11H00 une série de mesures pour passer à "l'Europe puissance".

"On est dans un moment où se conjuguent beaucoup de crises (..) L'intuition, la volonté du président, c'est de se dire que, dans ces moments-là, il est possible de faire avancer des propositions et de faire des pas importants", résume un conseiller présidentiel.

Avec quel objectif ? "Influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin, assure la présidence, qui réfute toute tactique électoraliste.

"C'est un moment institutionnel d'un chef d'État, qui n’engage pas simplement la parole de sa sensibilité politique, mais la parole d'un pays", a-t-on insisté.

Pour ses adversaires, Emmanuel Macron passe surtout à l'offensive à un moment où son camp, emmené par l'eurodéputée Valérie Hayer, peine à se frayer un chemin dans la campagne.

« Discours électoral »

La liste RN menée par Jordan Bardella reste largement en tête des intentions de vote, avec douze à quinze points d'avance sur Valérie Hayer, selon les enquêtes.

"C’est un discours électoral", martèle l’eurodéputé sortant RN Thierry Mariani. "Il utilise encore son rôle de président pour faire campagne", renchérit la tête de liste LFI, Manon Aubry.

Le communiste Léon Deffontaines a demandé jeudi matin sur franceinfo que le discours du président soit "décompté dans le temps de parole de Valérie Hayer".

En écho au chef de l'Etat, Jordan Bardella tiendra dans l'après-midi une conférence de presse pour présenter son programme et tenter ainsi d'imposer un duel au sommet.

Raphaël Glucksmann a grillé la politesse à Emmanuel Macron dès mercredi soir avec un discours fleuve sur l'Europe où il lui a cogné largement dessus.

Du coup, beaucoup de soutiens du chef de l'Etat comptent sur la Sorbonne pour mobiliser les électeurs. Même s'ils reconnaissent que la prise de parole présidentielle peut aussi galvaniser ses opposants, en raison de sa forte impopularité.

« Légitimité »

Emmanuel Macron prendra la parole devant les ambassadeurs des 26 autres Etats-membres de l'UE, la délégation de la Commission européenne en France, des chefs d'entreprise, des étudiants et des chercheurs.

Il a aussi invité les eurodéputés français mais son discours tombera en pleine session plénière du Parlement européen, la dernière avant les européennes (du 6 au 9 juin), où une série de textes importants doivent être adoptés. "Désolée, j'ai voté", a ironisé, parmi d'autres, l'eurodéputée socialiste Nora Mebarak.

Un quinquennat et demi plus tard, Emmanuel Macron estime avoir imprimé sa marque sur des sujets clés de l'Union européenne comme la souveraineté, la défense ou l'emprunt européen commun, un tabou pour l'Allemagne brisé lors de la pandémie de Covid - même si la France peine à dupliquer l'expérience.

Il va dresser jeudi un bilan des avancées depuis la Sorbonne 1 et esquisser des propositions face aux nouveaux défis européens, de la guerre en Ukraine à la rivalité sino-américaine.

"C'est une interpellation du pays" alors que "jamais depuis 75 ans l'Europe et nos pays n'ont été dans une situation de risque de déstabilisation aussi grande", a plaidé son allié MoDem François Bayrou sur BFMTV.

Le chef de l'Etat estime avoir conservé toute sa "légitimité", celle des "réformes", pour parler d'Europe même si la France compte parmi les mauvais élèves du continent en matière de finances publiques.

Une légitimité qui sera mesurée à l'aune des réactions européennes. Et au retour des Français qui estiment à 57% que le président n'a pas eu "d'influence réelle" sur l'UE depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi.

Dès vendredi, le président prendra aussi la température lors d'un échange avec des étudiants à Strasbourg, où il signera un nouveau contrat triennal pour conforter la stature européenne de la capitale alsacienne.