Fin de l'opération Barkhane: Macron confirme sa politique de rupture avec la Françafrique

Après huit années d'engagement massif, les déclarations du chef de l'Etat sonnent comme un constat d'échec. (Photo, AFP)
Après huit années d'engagement massif, les déclarations du chef de l'Etat sonnent comme un constat d'échec. (Photo, AFP)
Des soldats du 2ème Régiment des Hussards lors d'une cérémonie en hommage à deux militaires tués par une mine au Mali en janvier dernier. (Photo, AFP)
Des soldats du 2ème Régiment des Hussards lors d'une cérémonie en hommage à deux militaires tués par une mine au Mali en janvier dernier. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 12 juin 2021

Fin de l'opération Barkhane: Macron confirme sa politique de rupture avec la Françafrique

  • Emmanuel Macron veut voir ses partenaires européens s'engager davantage dans ce combat
  • Le retrait de Barkhane est un moyen pour le président français d'éviter un sujet épineux pendant la campagne présidentielle, à moins d'un an de l'élection

PARIS : En annonçant la fin de l'opération Barkhane au Sahel, Emmanuel Macron veut reprendre le contrôle de sa politique africaine de rupture avec la Françafrique, récemment mise à mal par les soubresauts au Tchad et au Mali, tout en satisfaisant son opinion publique.

"Je ne pense pas qu'on puisse se substituer à un peuple souverain pour construire son bien à la place de lui-même": jeudi, le président français a adressé un message clair aux pays africains partenaires de l'opération antijihadiste au Sahel.

Après huit années d'engagement massif, ces déclarations sonnent comme un constat d'échec, même si la ministre de la Défense Florence Parly a assuré vendredi que les armées sahéliennes étaient "en mesure de faire face" à leurs ennemis. 

"C'est l'accélération d'une stratégie pensée il y a plusieurs mois. Il voulait déjà transformer Barkhane, une opération où la France était seule et qui était jugée comme inadaptée", estime l'expert des questions africaines Antoine Glaser.   

"Là, il donne un coup de pied dans la fourmillière pour essayer de reprendre sa stratégie: pas d'armée française seule dans le Sahel mais une coalition internationale avec les Européens en fer de lance", ajoute t-il.

Le Drian : la fin de Barkhane «n'est pas la fin de l'engagement» de la France au Sahel

La fin annoncée par le président Emmanuel Macron de l'opération militaire Barkhane au Sahel, "n'est pas la fin de l'engagement" de la France dans cette région, a déclaré vendredi à Ouagadougou Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères.

"C'est une évolution de concept, un changement de modèle, mais ce n'est pas la fin de l'engagement (de la France) au Sahel", a dit M. Le Drian à la presse, à l'issue d'un entretien avec le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré.

"Evidemment, la poursuite de la lutte contre le terrorisme fait partie de nos priorités, même si le modèle de Barkhane n'est plus le modèle adapté", a ajouté le chef de la diplomatie française.

Le drian
Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères à Ouagadougou. (Photo,AFP)

Selon M. Le Drian, "la volonté que nous avons c'est de combattre avec les forces du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Tchad et Niger, ndlr) pour que le terrorisme ne s'impose pas comme la loi dominante pour les populations concernées: c'est pour cela que la France est là".

Il a estimé que "le sursaut civil et politique pour permettre aux Etats de reconquérir leurs propres territoires dès que des territoires sont libérés, avec la présence renouvelée de l'administration, des services administratifs", était de la "responsabilité des Etats, et ils le font d'une manière générale".

M. Le Drian a affirmé qu'il était venu "d'abord" rencontrer le président Kaborè pour lui présenter "les condoléances de la France, notre empathie à l'égard du peuple burkinabè, à la suite de ce carnage qu'ont vécu les populations de Solhan".

"Couleuvres avalées" 

En appelant jeudi à une "alliance internationale", articulée autour du groupement de forces spéciales Takuba, Emmanuel Macron veut donc voir ses partenaires européens s'engager davantage dans ce combat. 

Une façon de redonner de la cohérence avec sa vision de la politique africaine de la France, esquissée dans le discours de Ouagadougou, quelques mois après son élection en 2017. 

Car l'idée d'une France moins en première ligne sur le continent, en rupture avec la "Françafrique" a récemment été mise à mal.

Au Mali, d'abord où la France n'a pas pu empêcher deux coups d'Etat en neuf mois. Mais aussi au Tchad où la mort d'Idriss Déby a donné lieu à une succession dynastique, qu'Emmanuel Macron a dû malgré lui adouber, pour ne pas risquer de perdre un précieux allié dans la lutte antijihadiste dans la région. 

Sans oublier les campagnes d'opinion alimentées par la Russie, selon certains responsables français, dénonçant le caractère colonial de l'intervention militaire française.

"Macron est toujours sur cette stratégie de sortir la France d'un tête à tête avec l'Afrique. Mais au Mali, il a dû avaler plusieurs couleuvres, le coup d'Etat du mois d'août, la libération de 200 jihadistes en échange d'otages, la prise de pouvoir d'Assimi Goïta...", détaille Antoine Glaser.

"Les derniers évènements au Tchad et au Mali ont montré les limites de l'approche qui a été adoptée jusque là. Mais il faut aussi avoir en tête des éléments de politique intérieure qui ont toujours un poids dans ces décisions", ajoute Gilles Yabi président du centre d'analyses WATHI, basé à Dakar.

 2022 en vue

Car à l'heure où l'opinion publique française est de moins en moins favorable à ce genre d'interventions à l'étranger, le retrait de Barkhane est un moyen pour le président français d'éviter un sujet épineux pendant la campagne présidentielle, à moins d'un an de l'élection. 

"Force est de constater qu'il y a un phénomène d'usure et un sentiment généralisé qu'on perd le fil de ce pourquoi nous sommes là", a reconnu le président français, jeudi devant la presse.

Même s'il se défend de baser ses "choix stratégiques ou militaires sur les sondages", Emmanuel Macron "a tout intérêt à se présenter à la présidentielle de 2022 en montrant qu'il a géré efficacement ce dossier et ne met plus des vies françaises inutilement en danger", souligne un membre de la majorité.

Alors que restera t-il de la politique africaine de M. Macron au moment de juger son quinquennat?  

Si la très symbolique sortie de la France de la gestion du Franc CFA - qui doit devenir l'eco - semble laborieuse à mettre en oeuvre, plusieurs réussites sont à mettre à son actif.

Il a notamment réussi à renouer une relation apaisée avec le Rwanda, en reconnaissant la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsi en 1994. 

La restitution d'ici la fin de l'année de 26 pièces au Bénin provenant du "Trésor de Béhanzin" pillé au palais d'Abomey en 1892 pendant les guerres coloniales est un autre acte fort de ce quinquennat. 

Reste à savoir si cette stratégie du "soft power", y compris dans des pays anglophones loin du pré carré habituel de la France sur le continent portera ses fruits face à la concurrence aiguisée chinoise, russe voire turque sur le continent. 


«Simplification!» Bruno Le Maire dévoile son «plan d'action» anti-paperasse pour les entreprises

Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • La commande publique, «qui obéit à des règles dignes de Balzac», sera également simplifiée
  • Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers

 

PARIS: "Balzac", "Kafka" et "Ubu" contre le 21e siècle: le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a présenté mercredi en conseil des ministres un plan visant à débarrasser les entreprises de "la paperasse", via notamment un nouveau bulletin de salaire.

Après le Premier ministre Gabriel Attal, qui a présenté mardi des mesures de "débureaucratisation" de l'administration à destination des particuliers, M. Le Maire a dévoilé mercredi comment l'Etat allait aider des patrons de TPE et PME "fatigués, exaspérés" par les tâches administratives auxquelles ils consacrent "en moyenne huit heures par semaine", l'équivalent de trois points de PIB par an.

Il y a en France 400.000 normes applicables, les huit principaux codes comptent 23.000 pages... contre 828 en 1833, et entreprises et administrations s'envoient chaque année 253 millions de courriers, met en avant Bercy.

Pour les petits patrons, "on est parfois chez Kafka", a remarqué la ministre des Entreprises, Olivia Grégoire.

D'où ce "plan d'action : simplification!", en 50 mesures dont la moitié feront l'objet d'un projet de loi discuté à partir du 3 juin au Sénat.

Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers; une possible future feuille de paye simplifiée, qui devrait passer de 55 à 15 lignes, ou des astreintes pour les assureurs qui ne respectent pas les délais d'indemnisation.

M. Le Maire a aussi annoncé la suppression des 1.800 formulaires administratifs Cerfa d'ici à 2030, dont 80% d'ici à 2026. Cela dans le cadre d'une philosophie "dites le nous une fois", pour éviter de multiplier la communication des mêmes documents à plusieurs administrations.

Il a annoncé aussi "une revue complète" sur trois ans des 2.500 autorisations administratives. L'obligation pour l'employeur d'envoyer les arrêts-maladie à la Sécu est supprimée.

La commande publique, "qui obéit à des règles dignes de Balzac", sera également simplifiée, avec le dépôt de tous les appels d'offres publics sur une plateforme unique, Place, en 2027.

«Trouille»

M. Le Maire a confirmé l'institution d'un "test PME", pour évaluer l'impact de nouvelles normes pour les petites et moyennes entreprises, avant leur application.

"Certains patrons disent qu'ils ont la trouille d'avoir fait une erreur, mais il n'y a aucune raison d'avoir peur de l'administration", a-t-il observé.

Il a ainsi annoncé que le rescrit, la possibilité de demander au fisc de se prononcer sur tel ou tel point, afin d'éviter des problèmes ultérieurs, serait élargi à d'autres administrations comme la Direction générale de la concurrence, de la consommation, et de la répression des fraudes (DGCCRF) ou aux Douanes.

"Toujours dans cette logique de confiance", des peines de prison prévues pour certains manquements déclaratifs seront supprimées, au profit de sanctions moins lourdes. "Les chefs d’entreprise ne sont pas des bandits en puissance", a dit M. Le Maire.

Tandis que le ministre de l'Industrie Roland Lescure observait "qu'Ubu est encore un peu roi dans notre pays", M. Le Maire a dévoilé des mesures de simplification spéciales pour les industriels.

Notamment, "les grands projets industriels n'auront plus à organiser un débat au titre de la Commission nationale du débat public (CNDP)" et la compensation environnementale des projets pourra s'effectuer "dans un délai raisonnable", et non plus immédiatement.

Il s'est toutefois opposé "avec colère" à l'idée que Bercy reculerait ainsi sur l'écologie.

Chaque année enfin, sera organisée une nouvelle revue des mesures "inutiles ou trop lourdes". Le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini a assuré de "l'engagement de l'administration à installer le plan dans la durée".

Les patrons ont plutôt bien réagi au plan : "Je veux y croire", a indiqué à l'AFP François Asselin, président de la CPME, "car il semble que Bercy ait embarqué toute l'administration" sur ce projet.

Le Medef pour sa part "soutient l'esprit" du texte, qui néanmoins "n'épuise pas l'ensemble du chantier de simplification".

Le premier syndicat patronal a cependant mis en garde contre "des signaux contradictoires", évoquant la transposition en France de directives européennes complexes comme la CSRD et le devoir de vigilance, ou encore l'accord trouvé mardi sur le Compte épargne temps universel (Cetu) entre une autre organisation, l'U2P, et des syndicats.


Tournée du chef de la diplomatie française au Proche-Orient

Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction
  • Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères va se rendre à partir de samedi au Proche-Orient où il évoquera notamment l'instabilité au sud Liban et la situation à Gaza, a-t-on appris mercredi auprès de son entourage.

Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction.

Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël, a-t-on précisé.

Le président français Emmanuel Macron a reçu vendredi à l'Elysée le Premier ministre libanais Najib Mikati ainsi que le commandant en chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun dans un nouvel effort pour contenir la montée des violences entre le Liban et Israël.

Stéphane Séjourné devrait, lui, évoquer les propositions françaises qu'il avait portées en février pour désamorcer le conflit à la frontière libano-israélienne.

Beyrouth a pris acte de ces propositions sans pour autant les endosser alors que les Etats-Unis sont aussi à la manoeuvre.

Stéphane Séjourné poursuivra sa tournée en Arabie saoudite. Il s'agira là de sa première visite bilatérale, qui sera centrée sur les enjeux économiques, énergétiques, environnementaux et de défense, a-t-on indiqué de même source.

Le 30 avril, le chef de la diplomatie sera en Israël avant de se rendre dans les territoires occupés le lendemain. La France entend jouer un rôle actif "dans les efforts pour trouver une solution politique" à la guerre à Gaza avec un double enjeu "obtenir la libération des otages" toujours retenus par le groupe islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza et obtenir "un cessez le feu durable", a rappelé l'entourage du ministre.


Grève des contrôleurs: des «  dizaines de millions d'euros » en jeu, prévient ADP

Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
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  • Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français
  • Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi

PARIS: La facture de la grève des contrôleurs aériens français prévue jeudi pourrait se chiffrer en "dizaines de millions d'euros" pour les compagnies aériennes et les aéroports, et affecter des dizaines de milliers de passagers, selon le gestionnaire des aéroports parisiens.

"Pour les compagnies aériennes, pour les aéroports, ce sont plusieurs dizaines de millions d'euros qui sont en jeu, chaque jour", a déclaré mercredi le PDG du Groupe ADP, Augustin de Romanet, au micro de la radio Franceinfo.

Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français.

Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi.

Cette proportion montera à 75% à Paris-Orly, deuxième aéroport français, et 65% à Roissy, le premier, et Marseille. Elle sera de 60% à Toulouse et Nice, et 50% pour les autres aéroports.

"Les abattements de vols qui vont être demandés aux compagnies sont extrêmement élevés, c'est rarement vu dans notre histoire", a commenté M. de Romanet.

"C'est vraiment très pénalisant pour les passagers", a déploré le PDG, alors que deux des trois grandes zones académiques sont en vacances de printemps.

Des dizaines voire des centaines de milliers de voyageurs risquent de voir leur vol annulé. Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français.

Face à l'échec des négociations avec la DGAC jusqu'ici, le SNCTA, syndicat majoritaire des contrôleurs aériens, a même déposé un deuxième préavis de grève en plein week-end de l'Ascension, les jeudi 9 (férié), vendredi 10 et samedi 11 mai.

"Je fais confiance aux négociateurs et à leur esprit de responsabilité pour que cette grève (...) n'ait pas lieu. On arrive à très fortement abîmer la sérénité des Français et des étrangers avec ces mouvements qui objectivement devraient pouvoir être réglés par la négociation", a jugé Augustin de Romanet.

Pour lui, "les réformes de productivité qui sont demandées (aux contrôleurs) par le gouvernement sont nécessaires, et sont demandées par les compagnies aériennes, notamment les compagnies européennes quand elles survolent la France. Elles ont besoin d'un contrôle aérien aussi efficace que possible".