14 juillet: la France réaffirme son attachement au partenariat stratégique avec l'Arabie Saoudite

Patrick Maisonnave, ambassadeur de France en Arabie saoudite (Photo Fournie)
Patrick Maisonnave, ambassadeur de France en Arabie saoudite (Photo Fournie)
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Publié le Mercredi 16 juillet 2025

14 juillet: la France réaffirme son attachement au partenariat stratégique avec l'Arabie Saoudite

  • En poste à Riyad depuis un an, l'ambassadeur décrit la relation entre la France et l'Arabie saoudite comme particulièrement dynamique.
  • "La dynamique est très positive. Cette première année nous a permis de formaliser notre partenariat stratégique, comme en témoigne la visite d'État historique du président français en décembre dernier"

RIYAD: Chaque 14 juillet, jour de la Bastille, la France commémore les valeurs fondatrices de sa République : la liberté, l'égalité et la fraternité. Elle célèbre aussi les liens durables qui l’unissent à ses partenaires mondiaux.
Cette fête nationale, qui trouve son origine dans la prise de la Bastille en 1789 — tournant de la Révolution française et de la fin de la monarchie absolue — a été célébrée pour la première fois en 1790, lors de la Fête de la Fédération, et officiellement déclarée fête nationale en 1880. Elle reste un symbole d’unité, de démocratie et d’ouverture.

C’est dans cet esprit que nous avons rencontré Patrick Maisonnave, ambassadeur de France en Arabie saoudite, pour réfléchir à l’état des relations bilatérales entre Paris et Riyad.
Au cœur de la discussion : le partenariat stratégique croissant entre les deux pays, le développement de la coopération économique, la présence accrue des entreprises françaises dans le Royaume, les échanges culturels et touristiques, ainsi que le rôle que joue la France dans la promotion de la stabilité régionale.

Une relation bilatérale stratégique et dynamique

En poste à Riyad depuis un an, l’ambassadeur décrit la relation entre la France et l’Arabie saoudite comme particulièrement dynamique.
« La dynamique est très positive. Cette première année nous a permis de formaliser notre partenariat stratégique, comme en témoigne la visite d'État historique du président français en décembre dernier », a-t-il souligné.

« Sous l’impulsion de nos deux dirigeants, nous avons œuvré à l’approfondissement de notre coopération dans tous les domaines couverts par le partenariat : la coopération politique, comme en témoigne notre coordination sur les questions régionales, ainsi que dans les domaines de l’économie, de la culture et de la défense », a-t-il ajouté.

Il a insisté sur le haut niveau de confiance mutuelle :
« Je suis heureux que la France soit reconnue comme un partenaire stratégique de confiance du Royaume, et réciproquement. La fréquence des rencontres entre le prince héritier et le président français témoigne de la solidité de notre relation bilatérale », a-t-il déclaré.

Coopération économique : un partenariat en pleine expansion

La France est aujourd’hui le deuxième investisseur étranger en Arabie saoudite, avec des projets majeurs dans les domaines de l’énergie, des infrastructures, des transports et de la santé. L’ambassadeur a souligné l’importance de la récente visite d’État présidentielle :
« Cette visite reflète la maturité de notre relation bilatérale, mais surtout notre ambition commune d’aller plus loin dans des domaines clés tels que l’économie, la défense, l’innovation, la transition énergétique, la culture et les échanges entre les peuples », a-t-il déclaré.

Dans le secteur de l’énergie, de grandes entreprises françaises sont impliquées.
« On ne le dit pas assez : la France est le deuxième investisseur étranger en Arabie saoudite, notamment dans des secteurs stratégiques comme les énergies renouvelables, les transports et la santé », a-t-il souligné.

« Les projets incluent le partenariat de TotalEnergies avec Saudi Aramco pour l’exploitation de la raffinerie SATORP et le développement du complexe pétrochimique Amiral. Engie détient près de 9 milliards de dollars d’actifs dans les secteurs de l’énergie et de l’eau, tandis qu’EDF gère un portefeuille de projets d’une valeur de plus de 8 milliards de dollars, comprenant notamment le développement d’une infrastructure multi-services pour AMAALA, ainsi que les centrales à cycle combiné Taiba-2 et Qassim-2, qui fourniront ensemble une capacité de plus de 4 gigawatts. »

Dans le secteur des transports, les entreprises françaises contribuent au métro de Riyad et au tramway expérimental d’AlUla. Airbus a reçu plus de 300 commandes d’avions de la part de Saudia, Flynas, Riyadh Air et AviLease.

Parmi les autres acteurs majeurs figurent Veolia, Accor, Bouygues, Alstom, Thales et JCDecaux, tous impliqués dans le développement urbain et les infrastructures.
« Je me réjouis des technologies que nous apportons à l’appui de la Vision 2030 », a déclaré l’ambassadeur.

Aujourd’hui, plus de 200 entreprises françaises sont présentes dans le Royaume et emploient environ 13 000 personnes. Le Conseil d’affaires franco-saoudien, qui compte plus de 300 membres, reflète cette dynamique :
« Il compte désormais 75 % d’entreprises saoudiennes francophiles et 25 % d’entreprises françaises opérant en Arabie saoudite, soit un quasi-quadruplement du nombre de ses membres », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, 34 entreprises françaises ont établi leur siège régional en Arabie saoudite en juin 2025. L’ambassadeur a également salué l’ouverture du bureau du Fonds d’investissement public (FIP) à Paris :
« C’est un signal fort de l’intention du Royaume d’approfondir ses investissements en France et en Europe, en particulier dans les secteurs d’avenir », a-t-il souligné.

Discours de l'ambassadeur de France en Arabie saoudite à l'occasion du 14 juillet

Chers amis de la France,

Ce jour de fête nationale pour les Français, est aussi, en Arabie saoudite, un moment tout particulier : un moment pour célébrer l’amitié sincère, profonde, singulière, entre nos deux nations.

En cette occasion solennelle, je prie votre Altesse royale de transmettre, au nom du Président de la République, un salut respectueux à Sa Majesté le Roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, Gardien des deux Saintes Mosquées, et à Son Altesse Royale le Prince héritier, Mohammed ben Salmane, dont la vision et l’engagement façonnent l’avenir de ce grand Royaume. J’adresse également le salut fraternel de la France à toutes les autorités et à la nation saoudiennes.

Cette amitié, je la ressens à chaque instant de ma mission ici. Elle s’exprime dans les gestes simples, la chaleur de l’accueil, la générosité des échanges et la qualité des conversations. Elle dit la confiance, la bienveillance et le respect profond qui unissent nos deux peuples.

L’année passée a été marquée par un moment fort : la visite d’État du Président Emmanuel Macron, en décembre. Une visite qui a encore renforcé nos liens. Une visite qui a rappelé combien la relation entre la France et l’Arabie Saoudite est confiante, exigeante et tournée vers l’avenir.

Car, si nos coopérations économiques sont multiples et fructueuses, pour la France, l’Arabie n’est pas seulement une terre d’opportunités. Elle est un partenaire de pensée, de vision, de transformation. Elle est un acteur majeur dans un monde en mutation dont nous partageons la responsabilité.

Mais il y a aussi quelque chose de plus intime, de plus précieux encore. À chaque rencontre, je suis touchée par l’amour que vous témoignez à mon pays. Cet attachement dépasse les mots. Il est fait de souvenirs, de sensations, d’émotions.

Vous êtes nombreux à avoir des souvenirs d’enfance en France, des vacances dans nos montagnes ou dans nos campagnes, des moments heureux dans les rues de Paris, à la terrasse d’un café ou sur les routes lumineuses du Sud. Vous connaissez nos artisans, notre gastronomie, nos créateurs, notre patrimoine. Vous parlez de nos paysages avec tendresse.

Chaque Saoudien que je rencontre porte en lui un morceau de France. Une maison à Paris, un été à Cannes, une étincelle d’enfance à Disneyland ou dans un village de Provence, et toujours le souvenir simple de moments heureux. Et cela, je dois le dire, nous touche profondément. Car cela signifie que notre relation est humaine, vivante, habitée. Elle n’est pas une abstraction diplomatique, encore moins un contrat commercial. Elle est une histoire partagée.

Ce lien-là, si unique, si ancré, nous engage. Il nous oblige à être à la hauteur de ce que nous représentons l’un pour l’autre. Il nous rappelle que la France et l’Arabie Saoudite ne se regardent pas à distance. Elles dialoguent, elles avancent, elles construisent. Ensemble.

Face aux défis et aux fracas du monde, face aux incessantes tragédies du Moyen Orient, qui nous révoltent et nous bouleversent, nous portons une voix commune. Celle de la paix, de la stabilité, de la dignité. Car nous croyons ensemble qu’il n’y a pas de fatalité. Que la paix est un devoir. Que l’avenir se construit par le dialogue, la compréhension mutuelle et la volonté partagée d’un monde plus juste.

C’est dans cet esprit que la France et l’Arabie Saoudite se sont engagées pour faire sortir le Liban de l’impasse, pour éviter que la Syrie ne sombre, pour œuvrer à la reconnaissance d’un État palestinien. Car il ne saurait y avoir de paix durable sans justice, ni de stabilité dans la région sans un espoir concret pour le peuple palestinien. Nous assumons ainsi notre responsabilité pour porter une voix forte en faveur d’une solution politique, respectueuse du droit international, qui redonne sa place au dialogue et à la dignité humaine.

Je veux aussi m’adresser à la jeunesse saoudienne, à cette génération pleine de vitalité, de créativité et d’audace. Elle incarne l’avenir de ce Royaume qui avance, transforme, innove. Je la rencontre souvent, et je suis toujours frappée par son intelligence, sa curiosité, son envie d’échanger, de bâtir, de rêver grand sans jamais perdre le lien avec ses racines. C’est avec cette jeunesse que nous voulons construire les ponts de demain. Des ponts d’idées, de projets, de passions partagées.

 

Cette expertise est notamment mise à profit pour le développement d’AlUla, avec le soutien d’AFALULA en matière d’archéologie, de durabilité, d’hospitalité et de formation au tourisme.
« Nous sommes également engagés dans d’autres régions du Royaume, dans la construction de musées, les infrastructures sportives, la gestion d’hôtels et d’événements, ainsi que dans la formation », a-t-il noté.

L’ambassadeur a visité plusieurs projets majeurs, notamment Diriyah, Qiddiya, King Salman Park, le futur aéroport international de Riyad et l’Expo 2030.
« Ces projets passionnants vont transformer l’image du Royaume. Je suis fier chaque fois que l’expertise française est sollicitée », a-t-il déclaré.

La reprise de la ligne directe Paris–Riyad par Air France renforce encore les liens bilatéraux.
« Les Saoudiens aiment la France, et de plus en plus de Français découvrent l’Arabie saoudite et repartent émerveillés par tout ce qu’elle offre : lieux saints, merveilles archéologiques, plages, divertissements, et bien sûr une ligue de football de classe mondiale ! »

Coopération culturelle : patrimoine et créativité en dialogue

« Plus d’une quinzaine de missions archéologiques françaises sont actuellement actives en Arabie saoudite », précise l’ambassadeur.
Depuis 2018, la France soutient le développement d’AlUla, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, à travers AFALULA.
Cette coopération implique également des institutions prestigieuses: « Le Centre Pompidou, le Grand Palais, l’Institut national du patrimoine, la Bibliothèque nationale de France... », a-t-il énuméré.

« Nous soutenons également de belles initiatives comme la création du premier ballet national saoudien et la formation d’étudiants saoudiens dans les domaines de la mode et de la gastronomie. »

Deux projets importants sont à venir :
« Le 2 octobre, nous inaugurerons la Villa Hegra à AlUla, une résidence qui accueillera des artistes saoudiens et français. Et en janvier, dans le cadre de la Biennale d’art contemporain de Diriyah, nous ouvrirons une "Factory" franco-saoudienne dédiée à la danse et aux arts immersifs », annonce-t-il.

Un outil essentiel a également été mis en place : « Suite à la visite du Président, nous avons ouvert un Institut français en Arabie saoudite pour structurer et intensifier tous ces domaines de coopération », a-t-il conclu.

Stabilité régionale : une vision diplomatique engagée

« La France reste fidèle à ses convictions : seules des solutions politiques durables peuvent apporter la stabilité dont cette région a besoin », a affirmé l’ambassadeur.

Et d’ajouter :
« L’histoire du Proche-Orient montre que les armes n’ont jamais conduit à des solutions politiques durables. Les victoires militaires et une paix durable sont deux objectifs très différents. »

Concernant le conflit israélo-palestinien, il est sans équivoque :
« Il n’y aura pas de véritable stabilité sans la mise en œuvre d’une solution à deux États qui réponde aux aspirations légitimes des Palestiniens et aux besoins d’Israël en matière de sécurité. »

Il a fermement condamné les violences récentes :
« Les horreurs du 7 octobre, les massacres à Gaza et les actes criminels des colons extrémistes dans les territoires occupés sont autant d’insultes au droit international, à la conscience des nations et à notre humanisme commun. »

Et d’avertir : « Je suis profondément préoccupé par des politiques à court terme qui ne conduiront qu’à davantage de souffrances atroces, à des effusions de sang qui appellent malheureusement davantage de sang. »

La France agit :« La France et l’Arabie saoudite coprésideront bientôt une conférence à l’Assemblée générale des Nations unies pour faire avancer la solution des deux États, avec tous les pays invités. Cette conférence comprendra des mesures à la fois ambitieuses et concrètes », a-t-il annoncé.

Au-delà de la Palestine, l’ambassadeur a constaté une coordination croissante entre Paris et Riyad sur d’autres crises régionales :
« Notre coopération se traduit également dans les dossiers du Liban, du nucléaire iranien et de la Syrie », a-t-il ajouté.

Il a conclu avec conviction :
« Le renforcement de notre relation politique est notre atout le plus précieux. Je suis convaincu que le Royaume et a France peuvent jouer ensemble un rôle constructif unique pour l’ensemble de la région. »


La France fixe une nouvelle doctrine d'intervention en mer contre les traversées clandestines vers l'Angleterre

Un bateau de la Gendarmerie maritime française navigue à proximité de bateaux de passeurs transportant des migrants qui tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le nord de la France, le 27 septembre 2025. (AFP)
Un bateau de la Gendarmerie maritime française navigue à proximité de bateaux de passeurs transportant des migrants qui tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le nord de la France, le 27 septembre 2025. (AFP)
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  • La France prévoit de lancer prochainement des opérations en mer pour intercepter les “taxi-boats” transportant clandestinement des migrants vers l’Angleterre
  • Cette initiative intervient après une hausse des traversées de la Manche, avec plus de 39 000 arrivées en 2025

LILLE: Après des mois de discussions, la France a annoncé vendredi qu'elle allait débuter "prochainement" des opérations visant à intercepter en mer des petits bateaux clandestins en chemin vers l'Angleterre, avant qu'ils n'embarquent des groupes de migrants.

Ce changement de doctrine engagé par Paris sous pression de Londres était en gestation depuis plusieurs mois.

Les forces de l'ordre françaises peinent à trouver la parade face aux "taxi-boats", un mode d'action des passeurs consistant à faire partir une embarcation d'un point éloigné des principales plages de départ où sont rassemblés les migrants.

Le taxi-boat s'approche ensuite du rivage et vient récupérer des passagers directement dans l'eau, avant de poursuivre sa route vers l'Angleterre.

"La Gendarmerie maritime sera bientôt en mesure d'effectuer des opérations de contrôle et d'intervention en mer, sur des embarcations soupçonnées d'être des taxi-boats", a déclaré à l'AFP la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar), confirmant des informations du journal Le Monde.

Le quotidien évoque un document signé par le préfet maritime mais aussi ceux du Nord, de la Somme et du Pas-de-Calais.

Le ministère de l'Intérieur français n'a pas souhaité réagir.

Côté britannique, un porte-parole du gouvernement a simplement rappelé vendredi à l'AFP que Londres a "déjà travaillé à s'assurer que les autorités en France réforment leurs tactiques en mer afin qu'elles puissent intervenir dans les eaux peu profondes".

- Pas de filets à ce stade -

Actuellement, une fois une embarcation clandestine en mer, seul le dispositif de secours intervient en cas de besoin, en raison des risques que présentent ce type d'opérations, comme prévu par les conventions internationales.

Désormais, il pourra aussi y avoir des "opérations de contrôle et d'intervention (...) issues d'études menées par l'ensemble des services de l’État concernés", a précisé la Prémar. Elles "comportent des dispositions prenant en compte la primauté de la sauvegarde de la vie humaine".

Ces futures opérations de la gendarmerie maritime sont prévues en amont de l'embarquement de passagers, pour ne pas mettre leurs vies en péril, selon une source proche du dossier.

"L'ensemble des travaux sur le sujet se fait en lien avec les parquets concernés", a souligné à l'AFP la procureure de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Cécile Gressier.

En outre, la Prémar précise que "l'emploi de filets visant à stopper le taxi-boat n'est pas envisagé à ce stade".

Cette méthode, mentionnée la semaine dernière dans la presse, avait soulevé l'indignation d'associations d'aide aux migrants et d'ONG comme Amnesty International.

Pour le professeur de droit international Thibaut Fleury-Graff, "les interceptions sont susceptibles d'être contraires au droit de quitter tout pays" inscrit dans le Pacte de l'ONU sur les droits civils et politiques, et doivent respecter "l'ensemble des droits de la personne humaine".

Les taxi-boats embarquent leurs passagers sur une ou plusieurs haltes et repartent en direction de l'Angleterre surchargés, transportant régulièrement plus de 70 candidats à l'exil dans des conditions périlleuses.

Au moins 27 migrants sont morts cette année lors de ces dangereuses tentatives de traversées de la Manche, selon un décompte de l'AFP.

Après le pire naufrage dans la Manche, qui a fait 31 morts en novembre 2021, le parquet de Paris a demandé vendredi un procès en correctionnelle pour 14 hommes, nés pour la plupart en Afghanistan et en Irak, soupçonnés d'être impliqués dans des réseaux de passeurs à l'origine du drame.

Depuis le 1er janvier, plus de 39.000 personnes sont arrivées sur les côtes anglaises à bord de petites embarcations, selon les données britanniques, soit plus que sur la totalité de 2024.

Plus de la moitié des personnes arrivées clandestinement au Royaume-Uni entre septembre 2024 et septembre 2025 sont de cinq nationalités: Érythréens (la nationalité la plus représentée), Afghans, Iraniens, Soudanais et Somaliens.

Le gouvernement travailliste britannique, sous pression de l'extrême-droite, a annoncé ce mois-ci une réforme qui durcit fortement sa politique d'asile et d'immigration, espérant ainsi décourager les arrivées irrégulières de migrants sur ces "small boats", qu'il peine à endiguer.


France: des ONG inquiètes d'une baisse de l'aide au développement

Le docteur Bertrand Chatelain (à gauche), de l'ONG Médecins du Monde (MdM), examine un réfugié lors d'une opération de maraudage dans le camp de migrants du quartier Stalingrad à Paris, le 12 juillet 2023. (AFP)
Le docteur Bertrand Chatelain (à gauche), de l'ONG Médecins du Monde (MdM), examine un réfugié lors d'une opération de maraudage dans le camp de migrants du quartier Stalingrad à Paris, le 12 juillet 2023. (AFP)
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  • Plusieurs ONG françaises alertent sur un désengagement de la France en matière d’aide au développement, dans un contexte mondial déjà marqué par une baisse générale de la solidarité internationale
  • Les organisations humanitaires redoutent des conséquences majeures pour des millions de personnes

PARIS: Plusieurs ONG françaises, dont Médecins du Monde, ont critiqué vendredi un "désengagement croissant" de Paris envers la solidarité internationale, le gouvernement entendant amputer, dans le prochain budget, l'aide au développement de 700 millions d'euros, dans un contexte international tendu.

Sandrine Simon, directrice santé et plaidoyer de Médecins du Monde, critique une décision qui va "à l'encontre des engagements" de la France dans ce secteur. Elle évoque sa "grande inquiétude" et son "incompréhension".

En France, où l'aide publique au développement a été réduite ces dernières années, les coupes envisagées dans le projet de loi de finances 2026 s'élèvent à 700 millions d'euros, pour un montant alloué de 3,7 milliards d'euros.

"A chaque fois qu'il y a ne serait-ce qu'un million d'euros qui est coupé, on sait qu'il y a des milliers, voire des millions de personnes derrière qui sont affectées", alerte Anne Bideau, directrice générale de Plan International France, rappelant une "tendance à la baisse de l'aide publique au développement un peu partout dans le monde".

"on sait que les conséquences vont être dramatiques, donc on est extrêmement inquiets", ajoute Mme Bideau auprès de l'AFP.

Début 2025, le démantèlement de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), sous l'impulsion du président républicain Donald Trump, avait provoqué une onde de choc internationale.

Mais la fin de l'USAID avait mis en exergue une tendance de fond: le montant accordé par 32 pays riches de l'OCDE et l'Union européenne à l'aide au développement a diminué en 2024 de 7,1% (en terme réel) à 212,1 milliards de dollars, selon une estimation de l'OCDE, une première en six ans.

"On a des crises à répétition, le Soudan, Gaza etc. Il y a une augmentation des besoins et il y a une réduction de l'aide", déplore pour sa part Stéphane Doyon, de Médecins Sans Frontières, ONG qui n'est pas financée par le gouvernement français.

En France, cette coupe est justifiée "par l'effort nécessaire sur les finances publiques - et pas pour des raisons idéologiques comme aux Etats-Unis", affirme une source diplomatique à l'AFP, rappelant qu'elle n'a pas encore été votée.

"Entre la loi de finances 2024 et le projet de loi de finances 2026, on aurait une baisse de moitié de l'aide publique au développement", a calculé la Coordination Sud, qui regroupe des associations françaises de solidarité internationale.

Avec des conséquences concrètes pour les ONG qui comptent sur le soutien de l'Etat.

"Nous espérions recevoir de l'argent de l'Agence française de développement qui vient de nous annoncer qu'ils ne nous soutiendraient pas l'année prochaine", explique Sandrine Simon, de Médecins du Monde, au moment où l'ONG elle-même programme avec "un niveau d'incertitudes très important ce budget 2026, bien au-delà des années passées."

Dans le pire des scénarios, avec des coupes budgétaires massives, plus de 22 millions de personnes pourraient mourir de causes évitables d'ici à 2030, selon une étude menée par des chercheurs espagnols, brésiliens et mozambicains.


Le budget de la Sécurité sociale de retour à l'Assemblée pour un examen express en commission

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (à gauche) à l'Assemblée nationale, avant une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 25 novembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (à gauche) à l'Assemblée nationale, avant une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 25 novembre 2025. (AFP)
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  • Le budget de la Sécurité sociale revient à l’Assemblée avec un calendrier très serré : près de 500 amendements doivent être examinés avant une deuxième lecture décisive la semaine prochaine
  • Les négociations portent sur plusieurs points sensibles et l’adoption du texte serait un test politique majeur pour la suite du budget de l’État

PARIS: Le budget de la Sécurité sociale revient à l'Assemblée samedi, où il sera examiné en commission par les députés durant une seule journée, avant une semaine qui s'annonce cruciale pour le texte comme pour la méthode du gouvernement Lecornu.

Du fait du calendrier serré, les députés de la commission des Affaires sociales devront se presser samedi pour aller au bout des quelque 500 amendements déposés.

Mais cette étape n'est qu'un tour de chauffe avant l'examen en séance, qui doit commencer mardi en deuxième lecture, avec l'objectif d'y construire un texte qui puisse être adopté par une majorité... très difficile à trouver.

Dans l'hémicycle, les députés repartiront du texte adopté par le Sénat, qui l'a largement remanié en y supprimant notamment la suspension de la réforme des retraites.

Les tractations se poursuivront tout le week-end sur les compromis possibles. Car si après une deuxième lecture au Sénat, le dernier mot est donné à l'Assemblée, la copie soumise au vote final ne pourra que très peu différer de celle négociée la semaine prochaine.

Et l'enjeu dépasse celui de ce seul texte. Pour beaucoup, le budget de la Sécu sera un "juge de paix" qui pourrait enclencher une dynamique positive également pour le budget de l'Etat.

Si le budget de la Sécu est adopté, "vous avez fait la moitié du chemin. (...) l'histoire n'est pas la même derrière, c'est absolument majeur", confie une ministre.

En commission, le rapporteur du texte Thibault Bazin (LR) espère aller "le plus loin possible", et discuter notamment des nombreux nouveaux articles ajoutés par le Sénat.

Parmi eux, une mesure des sénateurs socialistes pour soumettre aux cotisations sociales certains compléments de salaire (primes d'intéressement...) lorsqu'ils dépassent 6.000 euros par an, pour les salaires supérieurs à trois Smic.

Avec l'augmentation de la CSG sur les revenus du capital, également portée à gauche, c'est l'une des pistes pour réduire le déficit de la Sécu en 2026. Mais elle est visée par un amendement de suppression du chef des députés LR Laurent Wauquiez.

"On va vraiment rentrer dans le dur" la semaine prochaine, estime le socialiste Jerôme Guedj.

Tenir l'objectif d'un déficit ne dépassant pas 20 milliards d'euros, comme souhaité par le gouvernement, sera extrêmement difficile alors qu'il était évalué à 24 milliards en sortie de première lecture à l'Assemblée.

Autre clé des négociations: le gel des prestations sociales et pensions de retraites, habituellement indexées sur l'inflation. Un compromis pourra-t-il être trouvé pour réindexer les petites retraites uniquement, alors que les députés les avaient toutes dégelées en première lecture?

Sans parler des discussions inflammables sur les franchises médicales, que le gouvernement souhaite doubler, et élargir à certains dispositifs.

Le vote des députés sur le texte est prévu le 9 décembre.