L'ONU plaide pour une justice réparatrice des séquelles de l'esclavage

Michelle Bachelet a réitéré son appel à la mise en place de statistiques ethniques, une vision que ne partagent pas tous les pays. (Photo, AFP)
Michelle Bachelet a réitéré son appel à la mise en place de statistiques ethniques, une vision que ne partagent pas tous les pays. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 13 juillet 2021

L'ONU plaide pour une justice réparatrice des séquelles de l'esclavage

  • La Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, a demandé la mise en place d'un mécanisme, assorti d'un calendrier, pour faire progresser «la justice et l'égalité raciales»
  • Elle a également dénoncé «la répression des manifestations contre le racisme dans certains pays»

GENÈVE: L'ONU a défendu lundi l'idée d'une "justice réparatrice" pour faire face aux séquelles de l'esclavagisme et du colonialisme, tandis que les pays africains ont présenté une résolution pour créer un groupe d'experts sur le racisme et les violences policières.

S'exprimant devant le Conseil des droits de l'homme (CDH) à Genève (Suisse), la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a demandé la mise en place d'un mécanisme, assorti d'un calendrier, pour faire progresser "la justice et l'égalité raciales".

Sa demande a été entendue par les pays africains, qui ont présenté lundi un projet de résolution sur la protection des droits et des libertés fondamentales des personnes d'ascendance africaine face aux violences policières.

Le texte, qui sera discuté lundi ou mardi, propose la création d'"un mécanisme d'experts indépendants qui pourraient se concentrer plus clairement sur le problème du racisme systémique au sein des forces de l'ordre et du système de justice pénale", a expliqué un représentant camerounais, Côme Awoumou, au nom des pays africains.

Lors des débats, Mme Bachelet a présenté son rapport sur les violences policières à l'égard des personnes d'ascendance africaine, publié fin juin, quelques jours après la condamnation aux États-Unis du policier qui a tué George Floyd, dont le meurtre avait déclenché un mouvement de protestation d'ampleur mondiale. 

"Derrière le racisme systémique et la violence raciale d'aujourd'hui se cache l'absence de reconnaissance formelle des responsabilités des États et des autres acteurs qui ont participé ou profité de l'esclavage, de la traite transatlantique des esclaves africains et du colonialisme - ainsi que de ceux qui continuent à profiter de cet héritage", a-t-elle déclaré.

Elle a également dénoncé "la répression des manifestations contre le racisme dans certains pays", qui "doit être prise en compte dans un contexte plus large dans lequel les voix des personnes d'ascendance africaine et des personnes luttant contre le racisme sont étouffées".

«Guérir nos sociétés»

"Face à ces injustices profondes et de grande ampleur, il est urgent de s'attaquer aux séquelles de l'esclavage, de la traite transatlantique des esclaves, du colonialisme et des politiques et systèmes successifs de discrimination raciale, et de rechercher une justice réparatrice", a affirmé Mme Bachelet.

"Pour guérir nos sociétés et rendre justice aux crimes terribles, il est essentiel d'établir la vérité sur ces héritages et leur impact aujourd'hui, et de prendre des mesures pour remédier à ces préjudices grâce à un large éventail de mesures de réparation", a-t-elle conclu.

Son appel intervient alors qu'aux États-Unis, la question de "la théorie critique de la race" fait débat. Ce terme définit un courant de pensée apparu dans les facultés de droit américaines à la fin des années 1970 pour analyser le racisme comme un système, avec ses lois et ses logiques de pouvoir, plutôt qu'au niveau des préjugés individuels. 

Mais il est récemment devenu, pour ses détracteurs du Parti républicain américain, une formule attrape-tout, désignant tous les efforts pour aborder, dans les écoles et les institutions, les épisodes sombres de l'histoire américaine dont l'esclavage et la ségrégation.

Mme Bachelet a affirmé lundi n'avoir pas trouvé un seul État "qui ait complètement pris en compte le passé ou qui ait tenu compte de ses impacts sur la vie des personnes d'ascendance africaine aujourd'hui".

"Avec humilité et introspection, nous affirmons que l'inégalité raciale est un défi auquel sont confrontés tous les États, y compris les États-Unis, mais qu'ensemble, nous pouvons le surmonter", a affirmé pour sa part le représentant américain, Ben Moeling, devant le CDH.

La Haute-Commissaire a réitéré son appel à la mise en place de statistiques ethniques, une vision que ne partagent pas tous les pays.

À ce sujet, un représentant français auprès de l'ONU à Genève, Iyad Jaber, a souligné que "segmenter la protection des droits de l'homme en singularisant tel ou tel groupe serait contraire à l'objectif même d'égalité des droits, élevé depuis 1948 au rang d'objectif universel. Cela engendrerait une asymétrie de droits entre individus, entraînerait le délaissement de certains citoyens et ouvrirait la voie à une concurrence entre groupes".


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.