Algérie : une rencontre pour promouvoir les joint-ventures entre opérateurs nationaux et étrangers

Organisée à l’École supérieure d’hôtellerie et restauration d’Alger (Eshra) par le Conseil national économique, social et environnemental (Cnese), une rencontre internationale était consacrée à la promotion de la création de joint-ventures (coentreprises, NDLR) entre opérateurs algériens et étrangers. Photo fournie.
Organisée à l’École supérieure d’hôtellerie et restauration d’Alger (Eshra) par le Conseil national économique, social et environnemental (Cnese), une rencontre internationale était consacrée à la promotion de la création de joint-ventures (coentreprises, NDLR) entre opérateurs algériens et étrangers. Photo fournie.
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Publié le Jeudi 15 juillet 2021

Algérie : une rencontre pour promouvoir les joint-ventures entre opérateurs nationaux et étrangers

  • «L’Algérie a tous les atouts pour attirer les grandes puissances économiques qui envisagent la délocalisation de leurs industries», souligne le président du Cnese
  • Avec la suppression de la règle 51/49, de très nombreuses filières seront ouvertes au capital étranger

PARIS: Organisée à l’École supérieure d’hôtellerie et restauration d’Alger (Eshra) par le Conseil national économique, social et environnemental (Cnese), une rencontre internationale était consacrée à la promotion de la création de joint-ventures (coentreprises, NDLR) entre opérateurs algériens et étrangers. Elle réunissait des représentants des chambres de commerces algériennes et étrangères, des ambassades et des départements ministériels, des institutions financières nationales et des cabinets d’audits ainsi que des opérateurs nationaux et étrangers. Les intervenants ont pu échanger autour des différentes formes de joint-ventures: B to B (Business to Business) et B to G (Business to Government).

Pour Rédha Tir, le président du Cnese, l’Algérie dispose de nombreux points forts – sa position stratégique, la richesse de ses ressources humaines et naturelles, son climat favorable – qui vont lui permettre d’attirer les investissements directs étrangers (IDE). «L’Algérie a tous les atouts pour rivaliser avec les autres pays pour attirer les grandes puissances économiques qui envisagent la délocalisation de leurs industries», indique-t-il dans son intervention lors de la Journée internationale consacrée aux joint-ventures.

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Pour Rédha Tir, le président du Cnese, l’Algérie dispose de nombreux points forts. Photo fournie.

Il ajoute que «les joint-ventures qui seront créés après l’abrogation de la règle dite «51/49» [qui fixe le seuil de la part de participation d’un investisseur étranger dans une société de droit algérien à 49% du capital social contre 51% pour l’investisseur local, NDLR] vont insuffler une nouvelle énergie à l’économie algérienne.» Le président du Cnese rappelle en outre que d’autres mesures suivront, notamment au sujet du commerce et du code de l’investissement.

Rappelons que, selon le dernier rapport sur les investissements dans le monde de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), les investissements directs étrangers vers l’Algérie ont reculé de 19% en 2020.

Nouvelles opportunités

La promulgation de la loi de finances complémentaire 2020, avec l’application de son article 50, qui fixe les activités éligibles au principe de suppression de la règle 51/49, va-t-elle offrir de nouvelles opportunités d’affaires en Algérie? Selon le Cnese, ces nouvelles dispositions vont rendre l’Algérie plus attractive pour les investissements directs étrangers. Selon la même source, désormais, de très nombreuses filières comme l’agriculture, le tourisme, l’industrie manufacturières, agroalimentaire, entre autres, seront ouvertes au capital étranger.

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Le président du Cnese rappelle en outre que d’autres mesures suivront, notamment au sujet du commerce et du code de l’investissement. Photo fournie.

«L’amélioration du climat des affaires permettra aux entreprises de créer des synergies en mettant en commun leurs compétences et leurs savoir-faire technologiques tout en réduisant les coûts et en limitant les risques liés à l’accès aux marchés», souligne Rédha Tir au cours de la même intervention.

Interrogé par Arab News en français sur les effets de la suppression de la règle 51/49 sur l’attractivité des IDE, Boubekeur Abid, consultant senior chez AB Consulting (études de marché, faisabilité, conseils en management dans les secteurs du bâtiment, des travaux publics et de l’hydraulique, de l’industrie et du tourisme) explique que, à tort ou à raison, la règle 51/49, symbole de protectionnisme économique, est considérée comme un frein au développement des investissements étrangers en Algérie.

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Boubekeur Abid, consultant senior chez AB Consulting explique que, à tort ou à raison, la règle 51/49, symbole de protectionnisme économique, est considérée comme un frein au développement des investissements étrangers en Algérie. Photo fournie.

«Sa suppression pour les investissements non stratégiques devrait logiquement améliorer l’attractivité de l’économie nationale», prévoit-il. Il explique que de très nombreux secteurs de l’économie algérienne sont porteurs: la santé, l’agriculture, les technologies de l’information et de la communication, les énergies renouvelables, le bâtiment et les travaux publics, les infrastructures routières, ferroviaires, aéroportuaires et portuaires, le traitement et la gestion de l’eau, l’agroalimentaire, l’automobile et la grande distribution. Pour lui, la mise en place d’une telle réforme encouragera sans aucun doute les flux d’investissements, même s’il prévient qu’«elle ne sera efficace que si elle est suivie d’un assouplissement de la réglementation algérienne des changes pour les conditions de transfert des bénéfices des sociétés étrangères exerçant en Algérie».

Contraintes

Selon de nombreux experts, si l’Algérie dispose de nombreux atouts incitatifs pour promouvoir les investissements directs étrangers, d’autres contraintes, et non des moindres, subsistent toujours: une bureaucratie handicapante, une réglementation à revoir, un système bancaire à dynamiser, des transferts des dividendes, une facturation et des taux de change à organiser et à règlementer. Toutes figurent, selon le Cnese, parmi les priorités des pouvoirs publics.

«Ce qui bloque les investissements en Algérie, c’est le fait que la volonté politique ne se traduit pas dans les échelons de décision de l’administration centrale à l’administration locale en passant par les banques», nous explique le fondateur du cabinet AB Consulting. «Au lieu d’être un vecteur de développement de l’investissement, l’administration est un vecteur de blocages. L’acte d’investir est soumis à des autorisations et à des démarches bureaucratiques, alors que nous avons besoin d’un choc de simplification et d’une vraie volonté de réorienter le rôle de l’administration du contrôle bureaucratique vers une logique business», poursuit-il, car, selon lui, «c’est l’ensemble de l’économie algérienne qui n’est pas attractive».

De son côté, le Conseil économique, social et environnemental plaide pour la suppression du Conseil national des investissements (CNI), qu’il considère «comme un véritable outil bureaucratique».

Le président du Cnese appelle lui aussi à l’amélioration de la réglementation en apportant des modifications aux lois qu’il considère comme «toxiques». Il fait savoir que son institution, en étroite collaboration avec les pouvoirs publics, est en train de finaliser les textes réglementaires comme le code du commerce et celui des investissements et des douanes. Des modifications de la loi sur la monnaie seront également apportées.

«Ces mesures seront profitables aussi bien aux nationaux qu’à nos partenaires étrangers, notamment via l’ajustement et la simplification des autorisations», explique-t-il. Il indique que l’objectif de ces nombreuses mesures a pour objectif de «renforcer les investissements productifs et de créer des emplois». Il estime en effet que «le pays doit saisir la chance de la relance des économies à l’échelle mondiale liée à la pandémie de Covid-19 pour inciter les investisseurs à s’implanter ici».

Présent lors du Forum Afrique CIAN (Conseil français des investisseurs en Afrique) organisé à Paris le 1er juillet dernier, le PDG du groupe énergétique Sonelgaz, Chahar Boulakhras, évoque les ambitions du groupe dans le développement des partenariats avec les investisseurs étrangers. «La production et le transport électriques pourraient être de très bonnes niches d’investissement, mais aussi de partenariats», souligne-t-il.

Le patron de Sonelgaz tient les perspectives de développement des partenariats sur le marché africain pour très prometteuses. Il mise sur des partenariats, avec des entreprises européennes, françaises en particulier, pour mener des projets profitables aux pays partenaires. «Sonelgaz ambitionne, en parallèle, de poursuivre sur le plan régional le développement et la consolidation des échanges énergétiques avec les pays voisins», confirme le PDG du groupe. Sonelgaz a pour projet de réaliser plus de 20 000 kilomètres de réseau haute tension et très haute tension dans les dix prochaines années.

De son côté, Boubekeur Abid estime que «l’attractivité en matière d’investissements est l’un des défis que se doit de relever au plus vite le nouveau gouvernement».


Kering vend sa beauté à L'Oréal pour se relancer

Le groupe français de luxe Kering, malmené depuis plusieurs années, vend sa division beauté à son compatriote L'Oréal pour 4 milliards d'euros, ce qui devrait lui permettre de réduire son endettement et continuer son redressement. (AFP)
Le groupe français de luxe Kering, malmené depuis plusieurs années, vend sa division beauté à son compatriote L'Oréal pour 4 milliards d'euros, ce qui devrait lui permettre de réduire son endettement et continuer son redressement. (AFP)
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  • L'information avait été dévoilée samedi par le Wall Street Journal: Kering cède au numéro un mondial des cosmétiques L'Oréal sa division beauté, créée en 2023 avec notamment l'achat de la marque de parfums de luxe Creed pour 3,5 milliards de dollars
  • La cession, annoncée dans la nuit de dimanche à lundi, est saluée par les marchés à l'ouverture de la Bourse de Paris lundi, où l'action Kering gagnait plus de 5% dans les premiers échanges

PARIS: Le groupe français de luxe Kering, malmené depuis plusieurs années, vend sa division beauté à son compatriote L'Oréal pour 4 milliards d'euros, ce qui devrait lui permettre de réduire son endettement et continuer son redressement.

L'information avait été dévoilée samedi par le Wall Street Journal: Kering cède au numéro un mondial des cosmétiques L'Oréal sa division beauté, créée en 2023 avec notamment l'achat de la marque de parfums de luxe Creed pour 3,5 milliards de dollars.

La réalisation de l'opération est prévue au premier semestre 2026.

La cession, annoncée dans la nuit de dimanche à lundi, est saluée par les marchés à l'ouverture de la Bourse de Paris lundi, où l'action Kering gagnait plus de 5% dans les premiers échanges.

L'accord comprend également "l'établissement des licences de 50 ans pour les marques iconiques de Kering" (Gucci, Bottega Veneta et Balenciaga), L'Oréal possédant déjà depuis 2008 la licence Yves Saint Laurent.

Le partenariat inclut "les droits de conclure un accord de licence exclusif d'une durée de cinquante ans pour la création, le développement et la distribution des produits parfum et beauté de Gucci, démarrant après l'expiration de la licence actuelle avec Coty, dans le respect des obligations du groupe Kering au titre de l'accord de licence existant".

Selon une note des analystes de HSBC, la licence arrive à expiration chez l'américain Coty en 2028.

Il est également inclus un "partenariat exclusif, prévu sous la forme d'une co-entreprise à 50/50, qui permettra de créer des expériences et des services combinant les capacités d'innovation de L'Oréal et la connaissance approfondie des clients du luxe de Kering".

"L'ajout de ces marques extraordinaires complète parfaitement notre portefeuille existant et élargit considérablement notre présence dans de nouveaux segments dynamiques de la beauté de luxe (...) Gucci, Bottega Veneta et Balenciaga sont toutes des marques de couture exceptionnelles qui présentent un énorme potentiel de croissance", déclare le directeur général de L'Oréal, Nicolas Hieronimus, cité dans le communiqué.

"Etape décisive pour Kering"

"Cette alliance stratégique marque une étape décisive pour Kering", déclare son directeur général, Luca de Meo, cité dans le communiqué, "ce partenariat nous permet de nous concentrer sur ce qui nous définit le mieux : notre puissance créative et l'attractivité de nos Maisons".

Cette annonce survient un mois seulement après l'entrée en fonction de Luca de Meo, chargé de redresser le groupe malmené depuis plusieurs années par les difficultés de sa marque phare Gucci, qui assure à elle seule 44% du chiffre d'affaires et les deux tiers de la rentabilité opérationnelle mais n'en finit pas de traverser une mauvaise passe.

"Nous devrons continuer à nous désendetter et, là où cela s'impose, rationaliser, réorganiser et repositionner certaines de nos marques", avait déclaré Luca de Meo le jour de sa nomination le 9 septembre. .

"Le nouveau directeur général de Kering semble déjà vouloir marquer les esprits. Luca de Meo a déclaré que le redressement du bilan constituait une priorité, et qu'une vente de la division beauté permettrait de réduire significativement l'endettement" du groupe, retient lundi Adam Cochrane, analyste de Deutsche Bank.

Kering a annoncé en juillet une chute de 46% de son bénéfice net au premier semestre, à 474 millions d'euros, un plongeon de 16% de son chiffre d'affaires, à 7,6 milliards d'euros, et un endettement de 9,5 milliards d'euros.

Cette vente à L'Oréal devrait permettre au groupe de diminuer sa dette. Les 4 milliards d'euros seront "payables en numéraire à la réalisation de l'opération prévue pour le premier semestre 2026", précise le communiqué.

L'Oréal versera également des redevances à Kering pour l'utilisation des marques sous licence.

L'Oréal a de son côté publié en juillet un chiffre d'affaires semestriel en hausse de 1,6% à 22,47 milliards. Les ventes semestrielles de sa division luxe ont progressé de 1% à plus de 7,65 milliards d'euros.

Le groupe de cosmétiques a également été cité en septembre dans le testament de Giorgio Armani, qui a demandé à ses héritiers de céder à moyen terme son empire à un géant comme LVMH, L'Oréal ou EssilorLuxottica.

L'Oréal possède la licence Armani pour les parfums et cosmétiques depuis 1988.


L’intelligence artificielle, levier d’émancipation pour les femmes selon la directrice de la DCO

Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. » (Photo fournie)
Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. » (Photo fournie)
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  • Pour la directrice générale de la Digital Cooperation Organization (DCO), Hajar El Haddaoui, l’intelligence artificielle (IA) représente une opportunité considérable pour les femmes sur le marché du travail, à condition toutefois de réduire les fractures
  • Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré

PARIS: Pour la directrice générale de la Digital Cooperation Organization (DCO), Hajar El Haddaoui, l’intelligence artificielle (IA) représente une opportunité considérable pour les femmes sur le marché du travail, à condition toutefois de réduire les fractures numériques, de renforcer la coopération internationale et d’intégrer cette technologie au cœur des stratégies nationales de développement.

Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. »

« On voit de plus en plus de femmes s’intéresser à l’IA et aux algorithmes dans différents domaines ; il faut s’en saisir comme d’une opportunité », souligne El Haddaoui, dont l’organisation, fondée à Riyad en 2020, regroupe 16 États membres et compte plus de 40 partenaires issus des secteurs technologique et financier.

Œuvrant essentiellement autour de deux axes stratégiques — la résilience technologique et la prospérité numérique —, la DCO s’est vu accorder un siège d’observateur à l’Assemblée générale des Nations unies en 2022.

L’accès à l’intelligence artificielle n’est cependant pas uniforme à l’échelle mondiale, plaide El Haddaoui, dont l’organisation œuvre pour l’inclusivité numérique et technologique.
« Non, il n’y a pas d’égalité entre les pays, affirme-t-elle sans détour. Certains ont énormément investi dans l’IA et disposent des ressources nécessaires, tandis que d’autres en sont encore loin. »

Elle insiste sur l’importance de la coopération régionale pour réduire ces écarts : « Il faut échanger les bonnes pratiques et, surtout, soutenir les pays en retard par de grands investissements », souligne-t-elle, rappelant que « certains pays n’ont même pas la 5G, ce qui rend toute avancée en IA très difficile ».

Pour elle, la réduction de cette fracture nécessite des partenariats solides entre États, des échanges d’expériences et un appui financier ciblé, afin « de permettre à davantage de pays d’intégrer l’intelligence artificielle dans leurs priorités nationales ».

Cependant, les disparités ne sont pas seulement internationales, souligne El Haddaoui : elles sont également internes, car « dans certains pays, les zones rurales n’ont même pas accès à Internet, alors que d’autres régions abritent des hubs d’innovation très avancés », observe-t-elle.

Cette fracture numérique interne constitue, selon elle, un défi majeur. La solution passe par une stratégie globale d’éducation et d’inclusion : « Il faut prendre en compte l’éducation dès le plus jeune âge, développer des applications accessibles dans les langues locales et former les talents nationaux pour diffuser les connaissances liées à l’IA au sein même du pays. »

Ce n’est qu’une fois ces bases posées que la réduction de la fracture pourra s’étendre aux niveaux régional et mondial.

Interrogée sur le risque de voir le financement de l’IA se faire au détriment d’autres secteurs essentiels, El Haddaoui se veut rassurante : « Si l’intelligence artificielle est intégrée dans la stratégie numérique nationale et appliquée à tous les secteurs — santé, finance, économie ou éducation —, elle ne concurrence pas les autres investissements, elle les renforce », explique-t-elle.

Elle met toutefois en garde contre une approche sectorielle trop étroite : « Dans les pays où l’investissement est concentré uniquement sur l’IA sans vision transversale, le risque existe. Il ne faut pas répéter les erreurs commises lors de la transformation digitale dans certaines régions. L’IA doit être pensée comme une stratégie cross-industry, présente dans tous les secteurs et non en silo. »

Pour cette raison, ajoute-t-elle, la DCO travaille avec de nombreux États membres, dont le Maroc : « Nous sommes présents sur le terrain dans plusieurs pays membres afin d’accompagner le développement numérique local », précise-t-elle.


La ministre de la transition numérique marocaine: l’IA une opportunité pour l’émancipation des femmes

L’intelligence artificielle (IA) peut devenir un outil puissant pour renforcer la place des femmes dans la société et sur le marché du travail. C’est le message porté par la ministre marocaine de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni. (Photo fournie)
L’intelligence artificielle (IA) peut devenir un outil puissant pour renforcer la place des femmes dans la société et sur le marché du travail. C’est le message porté par la ministre marocaine de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni. (Photo fournie)
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  • Le Maroc multiplie les initiatives pour démocratiser l’accès à ces technologies
  • En juillet dernier, les Assises nationales de l’intelligence artificielle ont réuni 2 500 acteurs publics et privés

PARIS: L’intelligence artificielle (IA) peut devenir un outil puissant pour renforcer la place des femmes dans la société et sur le marché du travail.
C’est le message porté par la ministre marocaine de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni, qui voit dans cette technologie une opportunité majeure pour réduire les fractures sociales et économiques, à condition de s’y préparer dès maintenant.

Nommée ministre en 2024, Seghrouchni est une pionnière de l’intelligence artificielle. Elle est même décrite par certains comme « l’Elon Musk du Maroc », mais elle se distingue de ce dernier par son engagement éthique et son attachement à l’inclusion et à la justice sociale liées à l’avènement des nouvelles technologies.
Dans le cadre de ses fonctions et responsabilités, elle poursuit sa quête d’une utilisation raisonnée de l’intelligence artificielle, au profit de tous.

Présente à Paris à l’occasion de la 16ᵉ édition des Rencontres économiques, organisées par l’Institut du monde arabe, la ministre a insisté, en réponse à Arab News en français, sur la nécessité d’intégrer les femmes dans cette révolution technologique.
« Aujourd’hui, l’intelligence artificielle est utilisée dans tous les secteurs de la vie professionnelle : la santé, l’agriculture, l’art, la culture, le droit ou encore la fintech », indique-t-elle. « Et si les femmes maîtrisent l’intelligence artificielle, elles peuvent accéder à un marché de l’emploi beaucoup plus vaste. »

Selon la ministre, l’IA permet aux femmes d’améliorer leur productivité et d’accéder à des ressources jusqu’ici moins accessibles, comme la traduction automatique, les calculs complexes ou la recherche d’informations ciblées : « autant d’usages concrets qui peuvent faciliter leur insertion professionnelle ».
Elle met également en avant le potentiel des outils d’IA pour les femmes entrepreneures, dirigeant des petites ou moyennes entreprises, qui peuvent ainsi s’appuyer sur le commerce électronique pour dépasser les limites des marchés locaux.
« Il existe aujourd’hui des plateformes qui permettent aux femmes d’accéder à un marché global grâce à l’intelligence artificielle », explique-t-elle.

La formation à l’IA représente un investissement, concède la ministre, mais celui-ci reste accessible et rentable. De nombreux programmes, soutenus par des organisations internationales ou des initiatives nationales, visent à réduire cette barrière financière.
« Nous avons lancé un programme qui s’appelle Elevate pour le commerce électronique : il aide gratuitement des femmes à accéder à ces plateformes », précise-t-elle. Et même si certaines formations sont payantes, les coûts restent modérés « au regard du retour sur investissement potentiel ».

La ministre reconnaît cependant l’existence de plusieurs niveaux de fracture : alphabétisation, numérique, et désormais intelligence artificielle.
Mais elle estime que « la question n’est pas de savoir s’il va y avoir une fracture, mais si nous allons pouvoir maîtriser ces technologies pour ne pas rester sur le bord du chemin », car il ne s’agit pas de subir ces transformations, mais « de les utiliser comme leviers de réduction des inégalités ».

Le Maroc multiplie les initiatives pour démocratiser l’accès à ces technologies. En juillet dernier, les Assises nationales de l’intelligence artificielle ont réuni 2 500 acteurs publics et privés.
Le pays a lancé des plateformes de formation, un programme de soutien aux start-up, ainsi qu’un vaste réseau d’instituts de recherche et de développement baptisé Jazari.

« Rien n’arrive tout seul », rappelle la ministre. « Le coût est là, mais aussi la volonté d’apporter les moyens humains, financiers et techniques nécessaires. C’est un grand chantier que nous voulons mener à bien, avec la détermination des femmes à monter dans ce que j’appelle le train de l’IA. »

La métaphore est claire : l’intelligence artificielle avance rapidement, et il faut savoir monter à bord au bon moment. En misant sur la formation, l’accès aux outils et l’accompagnement des femmes, la ministre entend faire de l’IA non pas une nouvelle ligne de fracture, mais une voie d’émancipation et d’ouverture.