Merkel au chevet des victimes des inondations meurtrières en Europe

Habitations détruites par les fortes inondations en Allemagne. Photo AFP / Bernd Lauter
Habitations détruites par les fortes inondations en Allemagne. Photo AFP / Bernd Lauter
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Publié le Dimanche 18 juillet 2021

Merkel au chevet des victimes des inondations meurtrières en Europe

  • Angela Merkel se rend dimanche au chevet des survivants des inondations «du siècle», qui ont semé la désolation en Allemagne, fait au moins 183 morts dans ce pays et en Belgique, et provoqué des dégâts considérables
  • Il s'agit de la plus grande catastrophe naturelle de l'histoire récente du pays

SCHULD, Allemagne : Angela Merkel se rend dimanche au chevet des survivants des inondations "du siècle", qui ont semé la désolation en Allemagne, fait au moins 183 morts dans ce pays et en Belgique, et provoqué des dégâts considérables.

Si la tendance est à la décrue dans la zone la plus sinistrée, la situation se dégrade en revanche plus au sud à la frontière entre l'Allemagne et l'Autriche. En raison de fortes pluies localisées, des crues sont signalées et ont fait un mort côté allemand, a indiqué la police locale dans la nuit de samedi à dimanche. 

Un "plan catastrophe" a été décrété dans le district allemand de Berchtesgaden et plusieurs centaines de pompiers sont déployés. En Autriche, la vieille ville de Hallein est inondée et les pompiers en état d'alerte dans les région de Salzbourg et du Tyrol.

A la frontière est du pays, entre Allemagne et République tchèque, des cours d'eau ont aussi débordé dans la région de Saxe samedi soir, provoquant des dégâts. C'est dans ce contexte toujours tendu que la chancelière a prévu de rencontrer les habitants de Schuld en Rhénanie-Palatinat (ouest), un village qualifié de "martyr": le centre de la localité a été en grande partie détruit par les crues du milieu de semaine.

Alors que le bilan en Allemagne est de 156 morts et que les secouristes continuent de chercher des dizaines de personnes disparues, la dirigeante devrait promettre l'aide de l'Etat à la reconstruction. Le vice-chancelier et ministre des Finances Olaf Scholz, a annoncé l'adoption, dès la semaine prochaine en conseil des ministres, d'une aide d'urgence pour les sinistrés.

Elle devrait s'élever à au moins 300 millions d'euros, a indiqué le ministre social-démocrate (SPD) au jounal Bild am Sonntag, promettant également la mise sur pied d'un vaste programme de recontruction de plusieurs milliards d'euros.

«Catastrophe»

L'Union européenne a aussi assuré de son soutien face à ces intempéries, qui ont affecté en outre les Pays-Bas, le Luxembourg et la Suisse. "Nous les Européens sommes avec vous, en ce moment difficile de tout notre coeur", a dit la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lors d'une visite samedi en Belgique où 27 personnes sont mortes.

Des dizaines de milliers d'Allemands sont affectés soit par la destruction de leur habitation, les coupures d'électricité, de gaz ou de lignes de téléphone. Sans parler des routes éventrées, ponts enfoncés et villes sous les décombres. Il s'agit de la plus grande catastrophe naturelle de l'histoire récente du pays.

"Des caravanes, des voitures ont été emportées, des arbres ont été déracinés, des maisons ont été renversées. Nous vivons ici depuis plus de 20 ans et nous n'avons jamais rien vécu de tel", confie à l'AFP Hans-Dieter Vrancken, un habitant de 65 ans du village de Schuld, que va visiter Angela Merkel "C'est comme la guerre", résume-t-il.

Dans le seul Etat régional de Rhénanie-Palatinat, la police a revu dimanche matin le bilan à la hausse, à 110 morts. Les crues en Allemagne ont pris un tour politique à un peu plus de deux mois des élections législatives, à l'issue desquelles Angela Merkel quittera le pouvoir.  Chaque candidat rivalise de propositions pour renforcer la lutte contre le réchauffement climatique, cause pour beaucoup d'experts des inondations.

Gaffe

Mais le favori pour succéder à la chancelière, le conservateur Armin Laschet, a commis samedi un faux-pas préjudiciable à son image, en étant filmé en train de rire lors d'un hommage du chef de l'Etat aux victimes des crues. "Laschet rigole pendant que le pays souffre", écrit Bild, le journal le plus lu d'Allemagne.

Les images sont devenues virales, l'indignation nationale, contraignant l'intéressé à présenter ses excuses. La polémique a pris d'autant plus d'ampleur que M. Laschet est aussi dirigeant d'une des deux régions les plus touchées par les inondations, la Rhénanie du Nord-Westphalie. Dans toutes les localités sinistrées, pompiers, protection civile, responsables communaux, militaires, ont débuté le colossal travail de déblaiement et nettoyage des amas de débris boueux qui obstruent souvent les rues.

Plus de 22.000 secouristes sont à pied d'oeuvre. "C'est un scénario d'horreur", commente Michael Kossytorz dans la ville dévastée de Bad Neuenahr-Ahrweiler, en constatant les dégâts.  Caves de maison et carcasses de voitures sont inspectées une à une pour retrouver d'éventuels corps, tant en Allemagne qu'en Belgique. Une journée de deuil national est déclarée mardi en Belgique.

par Christof STACHE           


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.