Inondations: l'Europe nettoie les décombres et cherche les disparus

Face à eux, des scènes de désolation: maisons défoncées, arbres arrachés, voitures retournées, routes et ponts effondrés, réseaux coupés. (Photo, AFP)
Face à eux, des scènes de désolation: maisons défoncées, arbres arrachés, voitures retournées, routes et ponts effondrés, réseaux coupés. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 18 juillet 2021

Inondations: l'Europe nettoie les décombres et cherche les disparus

  • Au moins 170 personnes au total ont trouvé la mort dans ces inondations d'une rare ampleur
  • Les responsables allemands et européens appellent dans ce contexte à redoubler d'efforts pour lutter contre le réchauffement climatique

ERFTSTADT, Allemagne : L'Europe se relevait lentement samedi des crues meurtrières des derniers jours, entamant de colossaux travaux de déblaiement et de reconstruction, malgré les lourds bilans qui n'ont cessé de s'alourdir au fil de la journée.

Au moins 170 personnes au total ont trouvé la mort dans ces inondations d'une rare ampleur, provoquées par des pluies diluviennes dans l'Ouest du continent, selon le dernier décompte. Des dizaines d'autres restent disparues.

En Belgique, les autorités ont fait état samedi de 27 morts lors de ces crues, qui ont également causé des dégâts au Luxembourg ainsi qu'aux Pays-Bas ou en Suisse.

Mais c'est l'Allemagne qui paie le plus lourd tribut, avec au moins 143 décès et des centaines de blessés, selon un nouveau bilan donné par la police samedi, alors que des sauveteurs de plusieurs pays ont accouru pour apporter leur aide.

Les habitants qui ont pu se mettre à l'abri mercredi soir, lorsque les inondations ont débuté, ont progressivement regagné leur domicile.

Face à eux, des scènes de désolation: maisons défoncées, arbres arrachés, voitures retournées, routes et ponts effondrés, réseaux coupés. 

"J'ai passé toute ma vie ici, j'y suis né, et je n'ai jamais vu quelque chose de tel", s'attriste Gregor Degen, boulanger de la petite ville d'Ahrweiler, en Rhénanie-Palatinat, défigurée par la violence des crues.

"C'est un scenario d'horreur (...). Je n'ai pas dormi depuis deux jours. Mes parents sont sans-abri maintenant", se désole Michael Kossytorz, 40 ans, lui aussi natif de la ville.

"Leur destin nous déchire le cœur", a lancé samedi le chef de l'État Frank-Walter Steinmeier, à propos des victimes de la catastrophe, lors d'une visite à Erftstadt, une ville éventrée par un glissement de terrain près de Cologne.

Tâche «immense»

Une polémique a toutefois éclaté peu après ce déplacement: Armin Laschet, chef du parti conservateur CDU d'Angela Merkel, et candidat à sa succession au pouvoir lors des législatives du 26 septembre, a provoqué l'indignation dans le pays, après avoir été filmé en train de rire lors d'une visite à des victimes. Il a dû présenter ses excuses pour ce comportement "inapproprié".

Favori des sondages, celui qui est aussi président d'une des deux régions touchées par les intempéries - la Rhénanie du Nord-Westphalie - a été pris d'hilarité pendant qu'il assistait au discours d'hommage du chef de l'État.

La chancelière doit quant à elle se rendre, dimanche sur les lieux. Elle ira dans le village de Schuld, en Rhénanie-Palatinat, qualifié de "martyr" car tout ou presque y a été détruit. 

Dans toutes les localités sinistrées, pompiers, protection civile, responsables communaux, militaires, ont débuté le colossal travail de déblaiement et nettoyage des amas de débris boueux qui obstruent souvent les rues.

Des chars militaires ont été déployés sur les routes de la ville sinistrée d'Erftstadt. Dans cette région de Rhénanie du Nord-Westphalie, 22 000 sauveteurs ont été mobilisés.

"La tâche est immense", a reconnu le maire de Solingen, une ville du Sud de la Ruhr. 

Les dégâts sont "si importants qu'ils nous occuperont pendant longtemps", a prévenu la dirigeante de Rhénanie-Palatinat, Malu Dreyer.

«Sans aucun précédent»

Les responsables allemands et européens appellent dans ce contexte à redoubler d'efforts pour lutter contre le réchauffement climatique, responsable de cet épisode extrême selon eux, au même titre que la vague de chaleur dans l'ouest du continent américain.

Ces intempéries sont "sans aucun doute" les conséquences du dérèglement climatique, a dit Mark Rutte, Premier ministre des Pays-Bas, également touchés mais qui n'ont pour le moment pas enregistré de décès.

En Allemagne, les cours d'eau sont sortis brutalement de leur lit sous l'effet de pluies en forme de déluge, envahissant des dizaines de zones habitées construites souvent sur des zones inondables. 

En Belgique également, à mesure que l'eau se retire, "nous allons probablement encore trouver des situations catastrophiques", a jugé la bourgmestre de Liège, Christine Defraigne.

Les habitants d'Angleur, au sud de Liège, entreposaient samedi des meubles trempés le long des trottoirs, pendant que d'autres pompaient l'eau et raclaient les flaques, maculant encore les rez-de-chaussée.

Deux personnes sont mortes dans cette localité bordée par l'Ourthe, affluent de la Meuse. Les voitures cabossées, certaines encastrées dans des murets, témoignent de la violence des intempéries.

"Je ne sais pas quand je pourrai rouvrir ma boutique. Ici, il n’y a toujours pas de courant et tout est à jeter", raconte John Theunis, 33 ans, gérant du salon de coiffure Studio 87, où l’eau est montée jeudi à plus d’un mètre.

Dans ce pays, le bilan est "sans aucun précédent", a affirmé le Premier ministre Alexander de Croo qui a décrété une journée de deuil national mardi.

Les autorités belges restent sans nouvelle de 103 personnes, mais l'inquiétude devrait être levée pour "la plupart", qui seraient simplement "sans moyen de communication" a assuré un porte-parole du centre de crise belge.

"Nous les Européens sommes avec vous, en ce moment difficile de tout notre coeur. Votre deuil est notre deuil", a déclaré samedi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, en visite des communes belges sinistrées, promettant l'aide de l'UE.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.