Hajj 2021 expliqué : Kiswa

La kiswa, ou kiswat al-Kaaba  – qui signifie « voile » en arabe – est le tissu qui recouvre la Kaaba dans la Grande Mosquée de La Mecque. (Photo, SPA)
La kiswa, ou kiswat al-Kaaba – qui signifie « voile » en arabe – est le tissu qui recouvre la Kaaba dans la Grande Mosquée de La Mecque. (Photo, SPA)
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Publié le Lundi 19 juillet 2021

Hajj 2021 expliqué : Kiswa

  • La kiswa, ou kiswat al-Kaaba – qui signifie «voile» en arabe – est le tissu qui recouvre la Kaaba dans la Grande Mosquée de La Mecque
  • L'ancienne kiswa est coupée en morceaux et offerte aux organisations musulmanes et dignitaires étrangers en visite

Lundi, la présidence générale pour les affaires des deux Saintes Mosquées a remplacé le tissu de la Kaaba.

L'équipe de spécialistes du complexe King Abdul Aziz pour la kiswa de la Sainte Kaaba a démonté l'ancienne kiswa et installé la nouvelle.

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La kiswa, ou kiswat al-Kaaba  – qui signifie « voile » en arabe – est le tissu qui recouvre la Kaaba dans la Grande Mosquée de La Mecque. (Photo, SPA)

La kiswa, ou kiswat al-Kaaba – qui signifie «voile» en arabe – est le tissu qui recouvre la Kaaba dans la Grande Mosquée de La Mecque.

Chaque année, le neuvième jour du mois de Dhou al-Hijjah, jour où les pèlerins partent pour les plaines du mont Arafat lors du pèlerinage du Hajj, la Kaaba est recouverte d'une nouvelle kiswa. L'ancienne est coupée en morceaux et offerte aux organisations musulmanes et dignitaires étrangers en visite.

La kiswa se compose de 47 pièces de tissu. Chaque pièce mesure 14 mètres de long et 101 centimètres de large. La kiswa est enroulée autour de la Kaaba et fixée à sa base avec des anneaux de cuivre.

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La kiswa, ou kiswat al-Kaaba  – qui signifie « voile » en arabe – est le tissu qui recouvre la Kaaba dans la Grande Mosquée de La Mecque. (Photo, SPA)

Elle est réalisée en tissu de soie noire avec des inscriptions brodées en fils d'or et d'argent. Ces inscriptions comprennent des versets du Coran et des prières à Allah.

Le coût de fabrication de la kiswa est d'environ 17 millions de riyals saoudiens. Composée de 670 kg de soie pure et de 150 kg de fils d’or et d’argent purs utilisés pour la broderie, la couverture mesure 658 mètres carrés.

Selon la tradition arabe, le fait de draper la Kaaba remonte à 390-420 de notre ère, lorsque le roi Tuba Abou Karab Assaad du royaume himyarite du Yémen a commandé un tissu pour couvrir la Kaaba pour la première fois, pendant le règne de la tribu de Jurhum à La Mecque.

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La kiswa, ou kiswat al-Kaaba  – qui signifie « voile » en arabe – est le tissu qui recouvre la Kaaba dans la Grande Mosquée de La Mecque. (Photo, SPA)

La tradition s'est poursuivie pendant des siècles, notamment au cours du règne du prophète Mahomet. La Kaaba a été drapée pendant des années sans enlever les vieilles kiswa. Ensuite, le roi abbasside Al-Nasir a établi la nouvelle pratique de draper la Kaaba avec une seule couche vu que l’accumulation des kiswa pouvaient endommager le lieu saint.

Bien que la couleur connue de la kiswa soit le noir, ses couleurs ont changé au cours des différents règnes et califats. Le prophète Mahomet et ses califes ont utilisé la couleur blanche pour la kiswa. Le rouge, le vert et le noir ont tous été utilisés, jusqu'à ce que le roi Al-Nasir et le roi Al-Ma'mun conviennent que le noir devrait être la couleur de la kiswa.

Le tissu a été fabriqué en Égypte depuis l'époque des ayyoubides jusqu'à l'Empire ottoman. Amir al-Hajj, commandant de la caravane du Hajj, était chargé de livrer la kiswa d'Égypte à La Mecque. En 1927, la fabrication a été partiellement déplacée d'Égypte à La Mecque avant d'être entièrement relocalisée en 1962.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Tunis, Alger et Tripoli pour un travail commun contre «le danger» de l'immigration clandestine

Une photo fournie par le service de presse de la présidence tunisienne montre le président Kais Saied (au centre) organisant un mini-sommet du Maghreb aux côtés du président algérien Abdelmadjid Tebboune (à gauche) et du président du Conseil présidentiel libyen basé à Tripoli, Mohamed al-Menfi, à Tunis le 22 avril, 2024. (AFP)
Une photo fournie par le service de presse de la présidence tunisienne montre le président Kais Saied (au centre) organisant un mini-sommet du Maghreb aux côtés du président algérien Abdelmadjid Tebboune (à gauche) et du président du Conseil présidentiel libyen basé à Tripoli, Mohamed al-Menfi, à Tunis le 22 avril, 2024. (AFP)
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  • Les trois présidents ont aussi tenu à l'importance d'organiser périodiquement «ces réunions consultatives non seulement pour évoquer des dossiers politiques mais aussi économiques et sociaux»
  • Le Maroc et la Mauritanie n'ont pas été conviés à cet évènement

TUNIS: Les dirigeants de la Tunisie, de l'Algérie et de la Libye sont convenus à l'issue d'une réunion consultative à Tunis de lutter ensemble contre les impacts de l'immigration clandestine et d'unir leurs positions et leurs discours sur cette question.

A l'invitation du chef de l’Etat tunisien Kais Saied, le président algérien Abdelmajid Tebboune et le président du conseil présidentiel libyen Mohamed al-Menfi ont participé lundi à une première réunion consultative au Palais présidentiel de Carthage dans la banlieue nord de Tunis.

A l'issue de cette réunion, "les trois dirigeants sont convenus à la formation des équipes communes (...) qui seront chargées de sécuriser les frontières communes (des trois pays) du danger et des impacts de l'immigration non organisée", selon une déclaration lue par le ministre tunisien des Affaires étrangères Nabil Ammar.

Ils ont aussi tenus dans cette déclaration commune à "unir les positions et le discours" dans leur traitement de ce sujet avec les autres pays "frères et amis concernés par ce phénomène", a ajouté le ministre.

Les trois présidents ont aussi tenu à l'importance d'organiser périodiquement ces réunions consultatives non seulement pour évoquer des dossiers politiques mais aussi économiques et sociaux".

Le Maroc et la Mauritanie n'ont pas été conviés à cet évènement.

Le principe d'une rencontre maghrébine tripartite, organisée tous les trois mois, avait été décidé par les trois dirigeants lorsqu'ils s'étaient vus en marge d'un sommet sur le gaz à Alger début mars.

Dans un communiqué, les trois pays avaient souligné "la nécessité d'unifier et intensifier les efforts pour relever les défis économiques et sécuritaires, au service des intérêts" de leurs peuples.

Des médias marocains comme Hespress et Le 360 ont accusé l'Algérie de vouloir "former une alliance maghrébine contre le Maroc", son grand rival régional, et dénoncé une "manoeuvre destinée à faire croire que l'Algérie n'est pas isolée dans son voisinage".

Pour sa part, le chef de la diplomatie algérienne Ahmed Attaf a défendu ces initiatives comme destinées à combler un vide, alors que l'Union du Maghreb arabe (UMA), créée il y a 35 ans, est "dans le coma".

L'UMA a été fondée à Marrakech en 1989 avec l'ambition de renforcer les liens politiques et économiques entre Maroc, Algérie, Mauritanie, Tunisie et Libye mais des tensions récurrentes entre Rabat et Alger ont provoqué une impasse et le dernier sommet des dirigeants remonte à 1994.


Frappes israéliennes sur l'Iran: des dégâts limités et un message fort

Un taxi passe devant un panneau publicitaire représentant des missiles et des drones à Téhéran le 20 avril 2024, un jour après que les médias d'État iraniens ont rapporté des explosions dans la province centrale d'Ispahan. (Photo par ATTA KENARE / AFP)
Un taxi passe devant un panneau publicitaire représentant des missiles et des drones à Téhéran le 20 avril 2024, un jour après que les médias d'État iraniens ont rapporté des explosions dans la province centrale d'Ispahan. (Photo par ATTA KENARE / AFP)
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  • «Le choix de la base aérienne près d'Ispahan était significatif car elle constitue la principale source de défense aérienne des installations nucléaires de la province», explique Arash Azizi
  • Si des drones quadricoptères ont été utilisés, ils «ont probablement été lancés depuis l'intérieur de l'Iran», ce qui soulignerait «la présence du Mossad sur le terrain et combien l'Iran est son terrain de jeu», dit une experte

PARIS: L'attaque de représailles sur l'Iran attribuée à Israël vendredi est restée limitée en termes de dégâts infligés, maintenant la tension à un niveau maîtrisé, mais elle a aussi démontré la capacité d'Israël à frapper des sites stratégiques de la République islamique.

Les deux pays se mènent depuis des décennies une guerre de l'ombre, marquée d'un côté par des opérations clandestines israéliennes, parfois même depuis le sol iranien, et de l'autre par des opérations de groupes armés pro-iraniens, dont le Hamas à Gaza et le Hezbollah libanais.

Et le brusque regain de tensions bilatérales fait courir le risque d'un conflit ouvert qui menacerait l'équilibre fragile de toute la région.

Dans le fracas de l'après 7 octobre, date de l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, le premier acte de la crise bilatérale actuelle date du 1er avril, avec une frappe sur le consulat iranien à Damas qui a fait 16 morts. Parmi eux figuraient sept membres du corps des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de Téhéran par laquelle le régime pilote son rayonnement régional.

Téhéran a répondu le 13 avril avec une attaque de quelque 350 drones et missiles, quasiment tous interceptés par Israël et ses alliés.

Un message pour l'Iran 

Selon le New York Times, citant des sources en Israël et en Iran, la réponse d'Israël vendredi a ciblé le radar d'un système de défense russe S-300 d'une base aérienne de la province d'Ispahan (centre), non loin de l'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz.

Au moins un missile a été tiré depuis un avion de chasse hors de l'espace aérien iranien, en même temps semble-t-il qu'une attaque de petits drones quadricoptères (à quatre hélices), possiblement actionnés cette fois-ci depuis l'Iran, avec pour mission de semer la confusion dans la défense iranienne.

Israël n'a rien revendiqué mais sa responsabilité semble ne souffrir aucun doute. "L'objectif de l'opération était précisément de rappeler à l'Iran ce dont Israël pourrait être capable", explique à l'AFP Arash Azizi, de l'université de Clemson, aux Etats-Unis.

"Le choix de la base aérienne près d'Ispahan était significatif car elle constitue la principale source de défense aérienne des installations nucléaires de la province".

De fait, les services secrets israéliens sont depuis longtemps soupçonnés d'opérations de sabotage en Iran.

Selon les médias américains, c'est au Mossad qu'est attribué l'assassinat en 2020 du scientifique nucléaire iranien Mohsen Fakhrizadeh par une mitrailleuse assemblée près de son domicile, puis actionnée à distance.

Des agents israéliens ont même capturé et interrogé des membres des Gardiens de la Révolution à l'intérieur même de l'Iran, selon certains médias, dont la chaîne de télévision Iran International, basée à Londres.

D'autres attaques de drones israéliens ont été évoquées après des explosions mystérieuses sur des sites sensibles ces dernières années, mais elles n'ont jamais été formellement confirmées.

«Le Rubicon franchi»

Les responsables iraniens ont raillé la dernière attaque israélienne, le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian se moquant sur NBC des "jouets" de son adversaire.

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a pour sa part salué les "succès" de l'attaque du 13 avril, qui ont selon lui illustré la "grandeur" de l'Iran sur la scène internationale.

Mais Alexandre Grinberg, expert de l'Iran à l'Institut de Jérusalem pour la stratégie et la sécurité (JISS), estime que le choix d'Israël et la cible elle-même montrent que le Mossad est bien présent en territoire ennemi.

"Le message d'Israël, c'est de dire +nous pouvons frapper n'importe où en Iran+, vu qu'Ispahan est situé dans le centre de l'Iran, relativement loin, et qu'Israël sait exactement où elle peut frapper".

Quant à l'absence de confirmation de la frappe par Téhéran, elle semble logique. "Dès que vous reconnaissez l'étendue réelle des dégâts, vous admettez le pouvoir de l'ennemi".

Holly Dagres, experte de la région à l'Atlantic Council, estime elle aussi que si des drones quadricoptères ont été utilisés, ils "ont probablement été lancés depuis l'intérieur de l'Iran", ce qui soulignerait "encore une fois la présence du Mossad sur le terrain et combien l'Iran est son terrain de jeu".

L'escalade des dernières semaines semble marquer une pause. Mais elle peut repartir de plus belle à la moindre étincelle, notamment si Israël met à exécution ses menaces d'offensive sur la ville de Rafah, à l'extrême-sud de la bande de Gaza.

"A certains égards, nous sommes revenus à la situation d'avant le 1er avril, le royaume de la zone grise, des opérations non-attribuables, du sabotage", estime Arash Azizi.

"Cela convient à l'Iran comme à Israël. Mais le Rubicon franchi le 1er Avril a fait monter les enchères".


La Turquie et l’Irak renforcent leurs liens dans un contexte de défis régionaux

Le Premier ministre irakien, Mohammed Chia al-Soudani (à droite) et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, assistent à une cérémonie d’accueil à l’aéroport international de Bagdad, le 22 avril 2024. (Reuters)
Le Premier ministre irakien, Mohammed Chia al-Soudani (à droite) et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, assistent à une cérémonie d’accueil à l’aéroport international de Bagdad, le 22 avril 2024. (Reuters)
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  • L’acceptation par Bagdad de soutenir la lutte de la Turquie contre le PKK déterminera probablement l’étendue de la coopération sur d’autres questions épineuses telles que l’eau et le pétrole, selon l’analyste
  • De hauts responsables d’Ankara ont récemment laissé entendre qu’une opération militaire d’envergure était prévue pour cet été contre le PKK dans le nord de l’Irak

ANKARA: Après la visite très attendue en Irak du président turc, Recep Tayyip Erdogan, ce lundi, la première en douze ans, les deux pays devraient approfondir leur coopération en matière de sécurité et d’économie tout en cherchant des moyens de promouvoir la stabilité régionale.

La délégation de M. Erdogan comprend le ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan; le ministre de l’Intérieur, Ali Yerlikaya; le ministre de la Défense, Yasar Guler; le directeur de la Communication, Fahrettin Altun; son conseiller principal, Akif Cagatay Kilic, ainsi que d’autres ministres.

Le président a prévu de rencontrer son homologue irakien, le Dr Abdel Latif Rachid, avant de s’entretenir avec le Premier ministre irakien, Mohammed Chia al-Soudani.

Dans l’après-midi, Recep Tayyip Erdogan devait rencontrer des responsables kurdes à Erbil, la capitale du gouvernement régional du Kurdistan. Les experts estiment que cette visite marquera un tournant positif dans les relations turco-irakiennes.

Le fait d’aborder les préoccupations irakiennes concernant les ressources en eau et de conclure des accords stratégiques dans les domaines de la sécurité, de l’énergie, du commerce, des transports et de la santé devrait également permettre d’établir un cadre pour une coopération future.

L’approvisionnement en eau est devenu un point de friction ces dernières années, Bagdad exigeant davantage d’eau du Tigre et de l’Euphrate, deux fleuves principaux qui coulent de la Turquie vers le golfe Arabique et qui représentent plus de 90% des ressources en eau douce de l’Irak.

Au cours de ses réunions avec les responsables irakiens et kurdes, M. Erdogan a cherché à obtenir un soutien pour les efforts de lutte contre le terrorisme en s’attaquant conjointement à la menace posée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation illégale.

Le Dr Bilgay Duman, coordinateur des études sur l’Irak au sein du groupe de réflexion Orsam, basé à Ankara, explique que le but de la visite de la Turquie n’est pas de surpasser un quelconque acteur régional, qu’il s’agisse de l’Iran ou d’un autre pays.

Il a déclaré à Arab News qu’Ankara «souhaite créer une dynamique régionale compte tenu des tensions actuelles entre Israël et l’Iran, des crises régionales en mer Rouge, et de l’absence de solution en Syrie, qui nécessitent une certaine coopération bilatérale avec Bagdad et Erbil».

Berkay Mandiraci, spécialiste de la Turquie à au sein de l’International Crisis Group, estime que la question essentielle sera de savoir comment Bagdad soutiendra la campagne turque contre le PKK.

Le mois dernier, le Conseil national de sécurité irakien a désigné le PKK comme une organisation illégale en Irak, ce qui témoigne de la volonté croissante des autorités irakiennes de lutter contre le groupe terroriste. Mais aujourd’hui, l’accent est mis sur la manière dont l’Irak peut limiter la mobilité du PKK sur son territoire.

Hakan Fidan et le chef des services de renseignement, Ibrahim Kalin, se sont rendus à Bagdad le mois dernier.

«La Turquie œuvrera pour la stabilité de l’Irak», a récemment assuré M. Fidan. «Nous ne voulons pas que l’Irak soit associé à des conflits internes.»

Pour M. Mandiraci, l’acceptation par Bagdad d’un soutien dans la lutte de la Turquie contre le PKK déterminera probablement l’étendue de la coopération sur d’autres questions épineuses telles que l’eau et le pétrole.

Une série d’opérations programmées par Ankara depuis 2019 a permis de repousser le PKK des régions montagneuses du nord vers les zones urbaines du sud de l’Irak, telles que Kirkouk, Sinjar et Souleimaniye.

Le PKK a commencé à affronter l’autorité centrale irakienne et il représente une plus grande menace pour Bagdad. Cependant, l’Irak n’a pas l’expérience nécessaire pour affronter ce groupe terroriste à grande échelle. C’est pourquoi il doit coopérer avec Ankara pour élaborer des mesures et accroître la capacité de ses forces armées à lutter plus activement contre le PKK.

«Bagdad s’efforce de devenir un État qui contrôle pleinement les menaces internes en supprimant les facteurs d’instabilité», souligne le Dr Duman.

Toutefois, la coopération bilatérale ne devrait pas se limiter à la lutte commune contre le PKK, car elle englobera un programme plus large de développement régional.

Le projet de Route du développement entre la Turquie et l’Irak, qui s’étendra sur quelque 1 200 kilomètres et qui vise à relier le nouveau port de Grand Faw à la frontière sud de la Turquie puis à l’Europe par le biais de voies ferrées et d’autoroutes, a également figuré à l’ordre du jour des réunions, car il ouvre une nouvelle page dans les relations entre Ankara et Bagdad.

Selon le Dr Duman, la Turquie pourrait demander le soutien des Émirats arabes unis et du Qatar dans ce projet en préparant un accord quadripartite et en participant activement à la création de villes industrielles et de centres commerciaux le long de cette route. Une initiative qui stimulerait l’économie et qui saperait les facteurs d'instabilité en créant des richesses.

La Turquie a considérablement augmenté ses exportations vers l’Irak cette année, les ventes ayant progressé de près de 691,5 millions de dollars (1 dollar = 0,94 euro) entre les mois de janvier et de mars.

Bagdad et Ankara «partagent un intérêt pour l’avancement du projet de Route du développement. En tant que nouvelle route commerciale, elle pourrait jouer un rôle important dans la stabilisation de l’Irak à long terme et apporter d’importants dividendes économiques aux deux pays», indique M. Mandiraci.

Il a toutefois ajouté que la construction du projet ne serait pas facile, l’Iran craignant que son territoire ne soit contourné.

«L’Iran pourrait jouer les trouble-fêtes», a noté M. Mandiraci, avant d’ajouter: «Il faudra une diplomatie prudente et multisectorielle pour réduire et gérer les risques sécuritaires et géopolitiques associés à l’initiative.»

Au cours de sa visite, M. Erdogan a prévu de s’entretenir avec le président du gouvernement régional du Kurdistan irakien, Nechirvan Barzani, et avec des responsables du Front turkmène d’Irak et des dirigeants de la communauté turkmène.

M. Duman a déclaré que, grâce à cette visite, la Turquie servirait de médiateur entre Erbil et Bagdad sur de nombreux fronts, le consensus entre les deux étant crucial dans la lutte contre le PKK et dans la poursuite du projet de Route du développement, car la sécurité doit être rétablie dans les régions traversées par la route.

De hauts responsables d’Ankara ont récemment laissé entendre qu’une opération militaire d’envergure contre le PKK dans le nord de l’Irak était prévue pour cet été.

La Turquie entend également établir un corridor de sécurité de trente à quarante kilomètres le long de sa frontière avec l’Irak, et le compléter par des installations militaires en coordination avec Bagdad.

«Pour la Turquie, Erbil et Bagdad ne constituent pas des alternatives mais des complémentarités», a poursuivi M. Duman.

«Au cours de cette visite, je m’attends à ce que l’on discute d’une opération conjointe à grande échelle entre la Turquie et Bagdad pour éradiquer la présence du PKK dans la région. Mais un tel effort conjoint ne se limite pas à la lutte militaire car, dans le même temps, le PKK tente de s’implanter par le biais de formations civiles basées en Irak.»

«Alors que sa portée militaire se réduit, il tente de s’infiltrer dans la sphère civile et politique. L’Irak et Erbil pourraient essayer d’approfondir leur coopération avec la Turquie dans ce domaine.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com