A Chypre, Erdogan pousse pour une solution à deux Etats et la réouverture de Varosha

Le président turc Recep Tayyip Erdogan tenant un discours à Chypre-Nord le 20 juillet 2021. Photo AFP
Le président turc Recep Tayyip Erdogan tenant un discours à Chypre-Nord le 20 juillet 2021. Photo AFP
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Publié le Mercredi 21 juillet 2021

A Chypre, Erdogan pousse pour une solution à deux Etats et la réouverture de Varosha

  • Depuis son invasion par l'armée turque en 1974 en réaction à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient la rattacher à la Grèce, l'île est divisée en deux
  • Varosha, ville fantôme, est le symbole de la division de l'île méditerranéenne

NICOSIE : Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a réaffirmé mardi lors d'une visite à Chypre-Nord son attachement à une solution à deux Etats et annoncé la poursuite de la réouverture de Varosha, ville fantôme symbole de la division de l'île méditerranéenne. 

Depuis son invasion par l'armée turque en 1974 en réaction à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient la rattacher à la Grèce, l'île est divisée entre la République de Chypre -- membre de l'Union européenne -- qui exerce son autorité au sud, et la République turque de Chypre-Nord (RTCN) autoproclamée en 1983, uniquement reconnue par Ankara.

"Nul progrès dans les négociations ne peut être fait sans accepter qu'il y a deux peuples et deux Etats (...) Nous n'avons pas cinquante ans à perdre sur des modèles dont l'invalidité a été prouvée", a déclaré M. Erdogan en référence aux précédentes négociations sur la base d'une réunification de l'île sous la forme d'un Etat fédéral.

Les négociations sont au point mort depuis 2017. En avril, une tentative de relance des pourparlers organisée par l'ONU, qui surveille une zone tampon entre les deux parties de l'île, s'est soldée par un échec. "Un nouveau processus de négociation peut seulement reprendre entre deux Etats (...) Pour cela, la souveraineté et un statut à égalité (entre Chypriotes-turcs et Chypriotes-grecs, NDLR) doivent être confirmés", a insisté M. Erdogan lors d'un discours dans la partie nord de Nicosie, dernière capitale divisée au monde, devant une foule qui l'acclamait en agitant des drapeaux turcs.

En visite sur l'île pour le 47e anniversaire de l'invasion de Chypre par la Turquie, M. Erdogan a accusé les Chypriotes-grecs de "bloquer la route à toute solution" et d'être "malhonnêtes". Il a aussi insisté sur les "mensonges" de l'Union européenne, qui a prévenu qu'elle "n'accepterait jamais une solution à deux Etats". Des avions turcs ont tracé dans le ciel le croissant et l'étoile du drapeau turc et du drapeau chypriote-turc tandis que M. Erdogan assistait au défilé des forces turques stationnées dans le nord de l'île.

Washington, Paris et Bruxelles montent au créneau

A Washington, la diplomatie américaine a réagi à cette annonce du président turc Recep Tayyib Erdogan. "Le projet turc visant à s'emparer de pans entiers de la ville de Varosha est inacceptable", a ainsi jugé le Secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken.

De son côté, Paris a dit regretter une "démarche unilatérale" d'Erdogan et "une provocation".

A Bruxelles, le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, s'est dit "préoccupé" par les annonces de MM. Erdogan et Tatar "concernant la zone clôturée de Varosha", dénonçant "une décision unilatérale inacceptable". Lors d'un appel entre le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov et son homologue chypriote Nikos Christodoulides, ce dernier a aussi exprimé ses "inquiétudes" face à la situation de Varosha.

M. Lavrov a réaffirmé "l'adhésion de la Russie aux résolutions" de l'ONU et souligné le "besoin de réfréner toute action supplémentaire qui pourrait déstabiliser" l'île, selon son ministère. Le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Dendias, se rendra mercredi à Chypre pour rencontrer le président chypriote Nicos Anastasiades, M. Christodoulides et le maire chypriote-grec de Famagouste (en exil), dont Varosha est un quartier, selon la diplomatie grecque qui a fermement condamné les déclarations du président turc sur Varosha "en violation avec les résolutions de l'ONU".

«Expansion de Varosha»

A ses côtés, le "président" de Chypre-Nord, Ersin Tatar, a annoncé le début de "la seconde phase de notre (plan) d'expansion de Varosha" afin d'"en finir avec le deuil". Quelques jours avant l'élection du nationaliste Ersin Tatar en octobre 2020, ce dernier, alors "Premier ministre" de la RTCN, avait annoncé depuis Ankara la réouverture du front de mer de cette ancienne station balnéaire huppée, fuie par ses habitants en 1974 et bouclée depuis par l'armée turque.

Cette mesure a scandalisé les Chypriotes-grecs mais aussi nombre de Chypriotes-turcs qui y ont vu une intervention directe dans l'élection en faveur de M. Tatar, protégé de M. Erdogan.

Le Conseil de sécurité de l'ONU avait mis en garde contre "toute action unilatérale susceptible de faire monter les tensions sur l'île". "La vie reprendra" à Varosha, a réaffirmé mardi le président turc, appelant une nouvelle fois les propriétaires chypriotes-grecs à demander, via une commission chypriote-turque, compensation pour la perte de leurs propriétés.

M. Tatar a lui affirmé que 3,5% de la zone entourée de barbelés par l'armée turque serait rouverte et passerait ainsi sous l'autorité des Chypriotes-turcs, qui dépendent économiquement de la Turquie.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.

 


Trump désigne l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
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  • L’annonce a été faite lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier
  • Mohammed ben Salmane salue une nouvelle phase dans la coopération bilatérale et les liens économiques

WASHINGTON : Le président Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis désigneront officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN, marquant une élévation significative des liens de défense entre les deux pays.

Il a révélé cette décision lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier Mohammed ben Salmane.

« Ce soir, j’ai le plaisir d’annoncer que nous portons notre coopération militaire à un niveau encore plus élevé en désignant officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN — quelque chose de très important pour eux », a déclaré Trump.

« Et je vous le dis pour la première fois, car ils voulaient garder un petit secret pour ce soir. »

Ce nouveau statut ouvre la voie à une coopération militaire plus profonde et revêt un poids symbolique fort, Trump affirmant qu’il fera progresser la coordination militaire américano-saoudienne « à des sommets encore plus élevés ».

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Le prince héritier a remercié Trump pour un « accueil chaleureux et formidable », ajoutant : « Nous nous sentons chez nous. » Il a évoqué les fondements historiques de la relation entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, rappelant que leur partenariat remonte à près de neuf décennies, à la rencontre entre le président Franklin D. Roosevelt et le roi Abdelaziz, fondateur de l’Arabie saoudite moderne.

Il a également souligné les jalons à venir pour les deux nations, les États-Unis approchant de leur 250e anniversaire et l’Arabie saoudite de son 300e, estimant que ces célébrations mettent en lumière la longue trajectoire d’une coopération partagée.

En retraçant l’histoire de l’alliance, le prince héritier a mis en avant les efforts communs durant la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide, et la longue lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

Mais il a insisté sur le fait qu’aujourd’hui marque une nouvelle phase de la coopération bilatérale, les liens économiques s’étendant à des secteurs sans précédent.

« Aujourd’hui est un jour particulier », a déclaré le prince héritier. « Nous pensons que l’horizon de la coopération économique entre l’Arabie saoudite et l’Amérique est plus vaste dans de nombreux domaines.

« Nous avons signé de nombreux accords qui peuvent ouvrir la voie à un approfondissement de la relation dans plusieurs secteurs, et nous allons travailler dessus. »

Il a ajouté : « Nous estimons que les opportunités sont immenses ; nous devons donc nous concentrer sur la mise en œuvre et continuer à accroître les opportunités entre nos deux pays. »

Trump a exprimé à plusieurs reprises son appréciation pour le partenariat et le leadership du prince héritier, mettant en avant les accords majeurs signés lors de la visite, notamment dans l’énergie nucléaire civile, les minéraux critiques et l’intelligence artificielle, qualifiant l’ampleur des investissements d’inédite.

Trump a souligné que l’Arabie saoudite entreprend une expansion majeure de ses capacités de défense, évoquant les projets du Royaume portant sur près de 142 milliards de dollars d’achats d’équipements et de services militaires américains, qu’il a qualifiés de « plus grande acquisition d’armement de l’histoire ».

Il a présenté ces acquisitions comme faisant partie d’une stratégie plus large visant à renforcer la sécurité au Moyen-Orient et à consolider le rôle du Royaume comme force de stabilité.

En plus de la désignation d’allié majeur hors OTAN, Trump a annoncé que les États-Unis et l’Arabie saoudite avaient signé un accord stratégique de défense historique qui permettra de créer « une alliance plus forte et plus capable » et de soutenir ce qu’il a décrit comme le moment où le Moyen-Orient est le plus proche d’une « paix véritablement durable ».

Trump a remercié le prince héritier « pour toute l’aide » dans ce qu’il a décrit comme un moment historique pour la paix régionale et la coopération américano-saoudienne, et pour son rôle central dans les avancées diplomatiques récentes, notamment des étapes ayant contribué à la fin de la guerre à Gaza.

« Même les grands experts… appellent cela un miracle », a-t-il dit à propos des évolutions régionales récentes. Les deux dirigeants ont présenté ce moment comme le début d’un nouveau chapitre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com