Dopées par le retour des passagers, les compagnies américaines prennent leur envol

Après la rentrée des classes à l'automne et avec la réouverture des lignes internationales, la compagnie American Airlines s'attend à un rétablissement complet en 2022. (Photo, AFP)
Après la rentrée des classes à l'automne et avec la réouverture des lignes internationales, la compagnie American Airlines s'attend à un rétablissement complet en 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 23 juillet 2021

Dopées par le retour des passagers, les compagnies américaines prennent leur envol

  • Soutenues par les aides du gouvernement, les finances des compagnies s'améliorent, Delta, American et Southwest dégageant un bénéfice net
  • Les touristes américains sont clairement de retour dans les cabines et les voyages d'affaires reprennent plus rapidement que prévu

NEW YORK : Les compagnies américaines voient les passagers revenir en masse dans leurs avions aux Etats-Unis et, ne semblant pas s'inquiéter outre-mesure du variant Delta, ont recommencé à embaucher et acheter des avions pour répondre à la demande.

Le trafic aérien n'est pas encore complètement revenu au niveau d'avant la pandémie, le nombre de passagers contrôlés par l'agence de sécurité dans les transports (TSA) restant entre 15% et 25% inférieur à 2019. 

Mais les aéroports grouillent de nouveau d'activité et le chiffre d'affaires des plus grandes compagnies américaines s'est envolé au deuxième trimestre par rapport à la même période en 2020: multiplié par 5 chez American et Delta, par 4 chez United et Southwest. 

Soutenues par les aides du gouvernement, leurs finances s'améliorent, Delta, American et Southwest dégageant un bénéfice net sur la période.

Et leurs patrons se sont tous montrés optimistes malgré la progression fulgurante du variant Delta dans le monde et son impact possible sur l'économie, ceux de Southwest, Delta et United affirmant que son apparition n'avait pas eu d'effet sur leurs réservations. 

"Il est possible qu'on ait un repli temporaire dans la réouverture de l'économie, mais compte tenu des données et la science autour des vaccins, la probabilité semble assez faible", a affirmé Scott Kirby, le directeur de United, mercredi. 

Classe affaire

"Les dirigeants de compagnies aériennes ont tous assuré au cours des derniers mois que la situation s'améliorait. La différence cette fois est qu'ils montrent qu'ils sont prêts à investir", remarque Peter McNally de la société Third Bridge. 

"Pendant douze à quinze mois, il n'était question que de lever du capital, de conserver des liquidités; maintenant elles achètent des avions, elles embauchent", explique-t-il. 

United a ainsi annoncé fin juin son intention d'acquérir 270 appareils, la plus grosse commande de son histoire.

En plus d'avoir rappelé plus de 3 000 personnes, American a embauché près de 3 500 nouveaux employés depuis le début de l'année et prévoit de recruter 350 pilotes cette année et 1 000 pilotes en 2022.

Les touristes américains sont clairement de retour dans les cabines. 

Les voyages d'affaires reprennent aussi progressivement, plus rapidement que prévu par les compagnies.

Ce segment, particulièrement lucratif, s'affichait à 22% de ce qu'il était en 2019 au premier trimestre, il est aujourd'hui à 44%, a remarqué le patron d'American Airlines, Doug Parker, sur CNBC jeudi. 

Après la rentrée des classes à l'automne et avec la réouverture des lignes internationales, la compagnie s'attend à un rétablissement complet en 2022. 

Les réunions par Zoom "ne vont pas faire disparaitre les voyages d'affaires", affirme M. McNally. 

"Peut-être les trajets inutiles comme un aller-retour du PDG en Europe juste pour un déjeuner ne seront plus acceptés. Mais le reste des voyages d'affaires vont reprendre, surtout avec le redémarrage de l'économie". 

L'inconnu demeure sur les trajets internationaux, en particulier sur la venue de touristes aux Etats-Unis fortement limitée par l'administration Biden. 

Mais "chaque fois que des restrictions sont levées (dans un pays), nous constatons une augmentation rapide et spectaculaire des réservations, démontrant qu'il y a une importante demande refoulée pour les voyages internationaux", a souligné jeudi Robert Isom, un responsable d'American Airlines.

Pénurie de pilotes?

Face au regain d'activités, comme de nombreux autres secteurs de l'économie, les compagnies font parfois face à un manque de personnel.

"Dans certains aéroports, on a été en sous-effectif", a reconnu le patron de Southwest, Gary Kelly, sur CNBC jeudi.

"Moins de gens répondent aux annonces d'emplois", a-t-il indiqué en affirmant toutefois que la situation était correcte du côté des pilotes et agents de bord. 

Pour Peter McNally, un problème de pilotes semble toutefois pointer son nez.

"Les compagnies essaient toutes d'en embaucher plus ou de faire revenir ceux en disponibilité", explique-t-il.

Mais beaucoup sont récemment partis à la retraite, en raison de leur âge ou des incitations financières proposées l'an dernier au moment où les compagnies cherchaient à faire des économies. 

Parallèlement, le recrutement de pilotes formés durant leur service militaire a diminué, souligne-t-il: l'Armée, pour les retenir, a augmenté leur salaires, et a par ailleurs de plus en plus recours aux drones.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.