Cibles, modalités, virulence: la France aux prises avec une campagne de cyberattaques inhabituelle

En matière de cybersécurité, il est quasi impossible de déterminer les auteurs d'une attaque avec certitude, mettent en garde les différents spécialistes. (Photo, AFP)
En matière de cybersécurité, il est quasi impossible de déterminer les auteurs d'une attaque avec certitude, mettent en garde les différents spécialistes. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 24 juillet 2021

Cibles, modalités, virulence: la France aux prises avec une campagne de cyberattaques inhabituelle

  • Cette campagne de cyberattaques compromet les routeurs français de particuliers, ces échangeurs du trafic réseau et internet, pour ensuite viser une autre cible à partir du réseau français
  • Une fois les vulnérabilités informatiques déterminées, les cyberattaquants sont en capacité de prendre le contrôle des routeurs et ainsi de masquer leurs traces, d'usurper l'identité de sites internet, voire de paralyser le trafic en neutralisant le route

PARIS : La campagne de cyberattaques furtives qui vise depuis le début de l'année de nombreuses entités françaises, révélée cette semaine par le cybergendarme français, a un format inhabituel car elle cible de façon indifférente de très nombreux serveurs, expliquent des experts à l'AFP.

Cette campagne "toujours en cours" est "particulièrement virulente", a mis en avant le directeur général de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’informations (Anssi), Guillaume Poupard, qui n'a toutefois pas précisé les cibles précises des attaques.

De quel type d'attaques s'agit-il?

Cette campagne de cyberattaques compromet les routeurs français de particuliers, ces échangeurs du trafic réseau et internet, pour ensuite viser une autre cible à partir du réseau français.

Une fois les vulnérabilités informatiques déterminées, les cyberattaquants sont en capacité de prendre le contrôle des routeurs et ainsi de masquer leurs traces, d'usurper l'identité de sites internet, voire de paralyser le trafic en neutralisant le routeur.

"Quand on est capable de contrôler un routeur, on est capable de voir tout ce qui passe comme information si elle n'est pas chiffrée, mais on est surtout capable de rediriger le trafic partout, sans que cela soit visible", indique Jérôme Saiz, expert cybersécurité et gestion de crise pour OPFOR Intelligence.

Habituellement, les opérations d'espionnage sont ciblées: les hackers visent "une entreprise, un service d'une entreprise voire une information dans un service d'une entreprise", explique Gérôme Billois, expert en cybersécurité au cabinet de conseil Wavestone. Mais ces attaques en cours semblent avoir une portée beaucoup plus large pour identifier des failles de sécurité, s'accordent à dire les experts.

Cette méthode de piratage est apparue en 2018, indique M. Billois. "Ce qui est nouveau dans cette affaire, c'est le fait de partiellement utiliser la France comme point de rebond pour attaquer la France", relève-t-il.

Qui en sont les auteurs?

En matière de cybersécurité, il est quasi impossible de déterminer les auteurs d'une attaque avec certitude, mettent en garde les différents spécialistes. "Il n'y a que des faisceaux, des indices concordants", explique Jérôme Saiz.

En observant les cyberattaques sur le long terme, il est possible de repérer des modes opératoires en déterminant des serveurs ou des types d'ordinateurs utilisés par exemple. Ces détails constituent la signature numérique d'un attaquant. Dans le jargon de la cybersécurité, on parle de "Tactics, Techniques and Procedures", ou TTP. 

"Il n'y a rien de plus simple à copier que du numérique: il suffit de reproduire le mode opératoire d'un attaquant pour se faire passer pour lui", prévient toutefois Loïc Guézo, secrétaire général du Clusif, club de la sécurité du numérique en France.

Ce type de piratage est appelé APT, pour "Advanced Persistent Threat", une menace persistante avancée; et un APT ne désigne donc pas un groupe de hackers mais un certain modus operandi de cyberattaquants.

Pour qualifier l'attaque en cours depuis le début de l'année en France, l'Anssi évoque ainsi "l'APT31", une campagne d'attaque "conduite par le mode opératoire APT31", qui est régulièrement associé aux intérêts du gouvernement chinois.

"Ce type de numérotation des attaquants (avait) démarré en 2013 avec l'APT1, des entités qui travaillent pour le compte du MSS", le ministère de la Sécurité de l’État chinois, indique M. Guézo.

Pourquoi la Chine est-elle pointée du doigt?

Bien que dans son communiqué, l'Anssi, gendarme français de la cybersécurité, ne désigne pas explicitement la Chine comme l'auteur des attaques, le simple fait d'évoquer le mode opératoire APT31 est très inhabituel pour une instance technique comme l'Anssi, dans un pays beaucoup moins coutumier du "name and shame" que les États-Unis. L'attribution d'une attaque à un pays relève plutôt de la sphère politico-diplomatique.

"Là, on sent une détente dans ce processus d'attribution: on commence à faire le lien et identifier des modes opératoires qui pointent assez mécaniquement des pays", note Gérôme Billois.

Le Conseil de l'Union européenne mentionne par exemple sans équivoque que des actes de cybermalveillance liés aux groupes de pirates APT31 ont été "menés depuis le territoire de la Chine à des fins de vol de propriété intellectuelle et d'espionnage" dans un communiqué de presse du 19 juillet.

Mais déclarer publiquement que l’attaquant a été repéré est à "double tranchant", poursuit l'expert en cybersécurité : "soit il abandonne tout et disparait pour mieux réapparaitre une fois la tension retombée, soit ils cassent et détruisent pour masquer leurs traces".


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.