L'adieu d'Haïti, sous haute tension, à son président assassiné

(G à d) Joverlain Moise, Jomarlie Moise et Martine Moïse assistent aux funérailles du président haïtien assassiné Jovenel Moïse, le 23 juillet 2021, à Cap-Haïtien, Haïti, la principale ville de sa région du nord natale. Moïse, 53 ans, a été abattu à son domicile aux premières heures du 7 juillet. (Valérie Baeriswyl / AFP)
(G à d) Joverlain Moise, Jomarlie Moise et Martine Moïse assistent aux funérailles du président haïtien assassiné Jovenel Moïse, le 23 juillet 2021, à Cap-Haïtien, Haïti, la principale ville de sa région du nord natale. Moïse, 53 ans, a été abattu à son domicile aux premières heures du 7 juillet. (Valérie Baeriswyl / AFP)
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Publié le Samedi 24 juillet 2021

L'adieu d'Haïti, sous haute tension, à son président assassiné

  • M. Moïse, tué par un commando armé le 7 juillet à son domicile de la capitale Port-au-Prince, était originaire du Nord du pays
  • L'assassinat du président a encore davantage plongé dans l'incertitude le pays et fait resurgir des tensions historiques au sein de la population

CAP-HAÏTIEN, Haïti : Les Haïtiens ont rendu vendredi un dernier hommage sous haute sécurité à leur président assassiné Jovenel Moïse, lors de funérailles nationales dans une ville où ont éclaté des violences, venant illustrer l'instabilité du pays.

La cérémonie solennelle s'est déroulée à Cap-Haïtien, la métropole septentrionale d'Haïti. M. Moïse, tué par un commando armé le 7 juillet à son domicile de la capitale Port-au-Prince, était originaire du Nord du pays.

Des policiers avaient été déployés un peu partout dans les rues mais ils n'ont pas empêché, comme la veille, un déchaînement d'agressivité. Des tirs d'armes à feu ont même retenti à l'extérieur de l'enceinte où se déroulaient les obsèques, forçant le départ précipité de certains participants dans des nuages de gaz lacrymogène lancés par les forces de l'ordre. 

Le cercueil de Jovenel Moïse, recouvert du drapeau national et de l'écharpe présidentielle, était exposé sur une esplanade, ornée de fleurs. La dépouille était gardée par des soldats des forces armées d'Haïti.

Martine Moïse, la veuve du président, gravement blessée dans l'attaque, était présente, le bras en écharpe après avoir été soignée dans un hôpital de Floride. Le visage barré d'un masque portant une photo de son mari, elle s'est inclinée devant son cercueil.

Délégation américaine

Des représentants de délégations étrangères, du corps diplomatique et les membres du gouvernement s'étaient succédé auparavant pour lui présenter leurs condoléances.

Le président américain Joe Biden a envoyé une délégation menée par Linda Thomas-Greenfield, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, comptant également Daniel Foote, le nouvel émissaire américain pour Haïti. Ils ne se sont pas éternisés.

"La délégation présidentielle est en sécurité et au complet après les tirs rapportés lors des funérailles", a déclaré Jen Psaki, la porte-parole de la Maison Blanche. "Le peuple d'Haïti mérite la paix, la sécurité et un avenir meilleur", a estimé de son côté Mme Thomas-Greenfield, de retour aux États-Unis.

Un bataillon a rendu les honneurs militaires au chef de l'État, qui était âgé de 53 ans, avec notamment l'hymne présidentiel, suivi de l'hymne national. L'office religieux était dirigé par cinq prêtres.

La veuve du président a rendu un hommage appuyé à son mari, à la fructueuse carrière d'entrepreneur avant son entrée en politique, et a déploré sa fin tragique, "sauvagement assassiné", "abandonné et trahi".

"Quel crime as-tu commis pour mériter un tel châtiment?", a demandé l'épouse en deuil, coiffée d'un chapeau noir.

"Il connaissait bien les vices de ce système pourri et injuste", a affirmé Mme Moïse, "ce système auquel peu avant lui ont voulu s'attaquer".

"Il s'est retrouvé du jour au lendemain avec tout le système en bloc, en face de lui", a-t-elle poursuivi, ajoutant toutefois ne vouloir "ni vengeance, ni violence".

Ces louanges contrastent avec la vive défiance que suscitait avant sa mort M. Moïse au sein d'une bonne partie de la population civile, qui l'accusait d'inaction face à la crise, et de dérive autoritaire, après qu'il eut suspendu le parlement.

Reste que l'assassinat du président a encore davantage plongé dans l'incertitude le pays et fait resurgir des tensions historiques au sein de la population.

Présent à Cap-Haïtien, le directeur général de la police nationale, Léon Charles, a notamment été pris à partie jeudi par des habitants qui lui reprochaient d'avoir échoué à protéger le président Moïse, l'enfant du pays.

Les habitants du Nord d'Haïti rappellent que Jovenel Moïse est le cinquième chef d'Etat originaire de leur région à avoir été tué dans l'Ouest, où se trouve la capitale, Port-au-Prince. Certains accusent la classe possédante des Haïtiens de l'Ouest d'avoir perpétré ces assassinats.

Ce ressentiment a mis vendredi le Cap-Haïtien en ébullition, avec des axes routiers bloqués par des barricades et des véhicules enflammés. Des entreprises privées ont été incendiées. Des journalistes étrangers et locaux ont été agressés par les protestataires.

Jeudi, des riverains avaient déjà érigé des barricades sur les routes nationales qui mènent à la ville afin d'empêcher les habitants de Port-au-Prince de venir assister aux funérailles.

Ariel Henry, le nouveau Premier ministre qui a pris ses fonctions mardi, a promis de traduire en justice les assassins du chef de l'Etat et d'organiser des élections présidentielle et législatives exigées par la population et la communauté internationale.

En milieu de journée, le corps de Jovenel Moïse a été enterré en petit comité dans l'intimité des jardins de la résidence familiale.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.