L'ONU pousse à la transformation des systèmes alimentaires mondiaux

Le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, le 4 février 2020, à New York. Archives/AFP
Le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, le 4 février 2020, à New York. Archives/AFP
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Publié le Samedi 24 juillet 2021

L'ONU pousse à la transformation des systèmes alimentaires mondiaux

  • Un Sommet des Nations Unies consacré à ce thème se réunira en septembre à New York pour proposer une panoplie de «solutions» face à la remontée de la faim dans le monde observée pour la cinquième année consécutive
  • D'ores et déjà la préparation de ces deux rendez-vous suscite des critiques d'ONG qui craignent que les pistes retenues ne fassent la part belle à «l'agrobusiness» au détriment de l'agriculture paysanne et durable

PARIS : Avec la pandémie de Covid-19, la faim a de nouveau gagné du terrain dans le monde, rendant plus indispensable encore, aux yeux de l'ONU, la "transformation" des systèmes alimentaires mondiaux. Mais dans quelle direction?

Un Sommet des Nations Unies consacré à ce thème se réunira en septembre à New York pour proposer une panoplie de "solutions" face à la remontée de la faim dans le monde observée pour la cinquième année consécutive. Il sera précédé d'un pré-sommet à Rome en début de semaine prochaine.

D'ores et déjà la préparation de ces deux rendez-vous suscite des critiques d'ONG qui craignent que les pistes retenues ne fassent la part belle à "l'agrobusiness" au détriment de l'agriculture paysanne et durable.

La tenue du Sommet sur les systèmes alimentaires mondiaux avait été annoncée en octobre 2019 par le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. Peu après, le Covid-19 était détecté en Chine avant de se répandre sur la planète. 

Bien avant son apparition, "nous n'étions déjà pas en voie d'éliminer la faim et la malnutrition dans le monde d'ici à fin 2030", objectif que s'est fixé l'ONU, mais "la pandémie a rendu la tâche encore plus difficile", constate un rapport récent des Nations Unies.

"C'est une mise en accusation de l'ensemble de nos systèmes alimentaires (...) qu'en 2020, pas moins de 811 millions d'hommes, de femmes et d'enfants n'aient pas mangé à leur faim", s'indigne Agnes Kalibata, envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour ce Sommet, citée dans un communiqué.

"Nous avons besoin d'une transformation systémique, et c'est l'objectif du Sommet" mais "il appartiendra aux Etats membres d'ouvrir la voie aux changements dont nous avons besoin de toute urgence", ajoute cette ancienne ministre de l'Agriculture du Rwanda.

Le fait que cette scientifique de formation soit la présidente de l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) déplaît à certaines ONG qui relèvent que cette dernière a été co-fondée par la Fondation Bill et Melinda Gates.

«Contre-mobilisation»

Pour préparer ce Sommet new-yorkais d'un jour dont la date précise n'est pas encore annoncée, ses organisateurs ont rassemblé quelque 2.500 idées - regroupées dans "50 groupes de solutions" -, qui pourront être mises en oeuvre par les gouvernements et les différents acteurs.

Parallèlement plus de 1.000 "dialogues" se sont déroulés dans plus de 138 pays. "Avec des participants allant d'écoliers en Asie à des agriculteurs en Afrique de l'Ouest, en passant par des parlementaires en Amérique latine et des producteurs en Amérique du Nord", ces dialogues ont montré leur "caractère inclusif" et leur diversité, note le communiqué de l'ONU.

Le pré-sommet, organisé à Rome du 26 au 28 juillet, donnera l'occasion aux pays de dire ce qu'ils prévoient de faire au plan national pour améliorer les systèmes alimentaires. Et surtout de faire émerger des "coalitions" de pays s'engageant à faire avancer des groupes de solutions.

"Nous avons aujourd'hui une opportunité unique de changer la façon dont nous produisons, transformons, vendons et consommons nos aliments afin que chaque personne puisse se permettre une alimentation saine et que les milliards de travailleurs des filières alimentaires vivent décemment de leur travail, ceci tout en préservant l'environnement", déclare à l'AFP Gilbert Houngbo, président du Fida (Fonds international de développement agricole).

Mais les pistes que pourraient commencer à tracer les Etats et certains acteurs économiques lors du pré-sommet préoccupent des ONG de la société civile qui ont annoncé cette semaine leur intention d'organiser "une contre-mobilisation" virtuelle du 25 au 28 (foodsystems4people.org).

Le Sommet des systèmes alimentaires "est influencé de manière disproportionnée par les acteurs du monde des affaires et présente un manque criant de transparence", estiment ces ONG qui combattent "l'agriculture industrielle" et prônent "l'agroécologie et la souveraineté alimentaire", "solutions qui existent déjà".

Quelque 300 organisations internationales ou régionales soutiennent cette initiative comme Action contre la faim, CCFD-Terre Solidaire, Friends of the Earth, GRAIN, Greeepeace, la Via Campesina, Oxfam, des associations de peuples autochtones etc.

Le Sommet de l'ONU "se concentre quasi-exclusivement sur un ensemble de solutions technologiques profitant à quelques multinationales et se faisant à l'encontre des intérêts des petits producteurs", estime Valentin Brochard, de CCFD Terre Solidaire, dans une déclaration à l'AFP. 


Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de dette morale aux pays pauvres, affirme Esther Duflo

L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
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  • Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial
  • Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût

PARIS: Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de "dette morale" aux pays pauvres, évalue la prix Nobel d'économie Esther Duflo, qui propose de faire assumer aux pays développés la responsabilité du réchauffement climatique à travers deux taxes.

"C'est ce que j'appelle une dette morale. Ce n'est pas ce que cela coûterait de s'adapter; ce n'est pas ce que cela coûterait d'atténuer. C'est ce que nous devons", a détaillé l'économiste dans un entretien au Financial Times lundi, se basant surtout sur l'effet du réchauffement climatique sur la mortalité dans les pays pauvres.

"Il y aura des dégâts énormes", poursuit Mme Duflo qui se base une étude menée par le Global Impact Lab en 2020 ayant montré que le nombre de décès liés à la chaleur risquait de bondir dans les pays pauvres d'ici à la fin du siècle.

"Ces dégâts seront concentrés dans les pays pauvres en dehors de l'OCDE", ajoute-t-elle, pointant la responsabilité des pays riches sur le changement climatique.

Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial, selon l'AIE.

Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût d'une tonne de carbone. Multiplié par la quantité d'émissions annuelles attribuables à l'Europe et aux Etats-Unis, 14 milliards de tonnes de CO2 équivalent, le prix de la "dette morale" monte alors à 518 milliards, soutient Mme Duflo.

Pour la financer, elle propose d'augmenter le taux minimal d'imposition des multinationales et de taxer les grandes fortunes, deux mécanismes qui permettraient selon elle de couvrir l'enveloppe annuelle.

L'aide financière climatique due par les pays riches aux pays en développement est fixée actuellement à 100 milliards de dollars par an. La COP29, en novembre à Bakou, doit établir le nouveau montant au-delà de 2025.

Le futur objectif, crucial pour renouer la confiance entre le Nord et le Sud, restera quoi qu'il arrive très en-deçà des besoins: les pays en développement (hors Chine) ont besoin de 2.400 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour financer leur transition et s'adapter au changement climatique, selon un calcul d'experts de l'ONU.

En parallèle, de multiples pistes sont au coeur des négociations internationales pour trouver comment combler l'écart, parmi lesquelles l'allègement de la dette des pays pauvres ou des innovations financières via de nouvelles taxes internationales.

 

 


L'Asie paye le prix fort aux aléas climatiques

Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
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  • L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère
  • L'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990

GENEVE: L'Asie a été "la région du monde la plus touchée par les catastrophes" liées à la météo en 2023, inondations et tempêtes ayant fait le plus de victimes et de pertes économiques, indique l'ONU mardi.

"Le changement climatique a exacerbé la fréquence et la gravité de tels événements, impactant profondément les sociétés, les économies et, plus important encore, les vies humaines et l'environnement dans lequel nous vivons", a déclaré Celeste Saulo, directrice de l'Organisation mondiale de la météorologie (OMM) dans un communiqué.

L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère, souligne l'OMM, ajoutant que la fonte des glaciers -notamment dans la chaîne de l'Himalaya- menace la sécurité hydrique de la région.

En outre, l'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990.

"Les conclusions du rapport donnent à réfléchir", a déclaré la cheffe de l'OMM.

"De nombreux pays de la région ont connu en 2023 leur année la plus chaude jamais enregistrée, accompagnée d'une série de conditions extrêmes, allant des sécheresses et des vagues de chaleur aux inondations et aux tempêtes", souligne le rapport.

Le rapport sur l'état du climat en Asie 2023 souligne l'accélération du rythme des principaux indicateurs du changement climatique tels que la température de surface, le retrait des glaciers et l'élévation du niveau de la mer, affirmant qu'ils auraient de graves répercussions sur les sociétés, les économies et les écosystèmes de la région.


Alistithmar Capital et Ezdihar Real Estate s'associent pour lancer un fonds de développement immobilier de 293 millions de dollars

Khalid bin Abdulaziz Al-Rayes , PDG d'Investment Capital, et Abdul Mohsen bin Fawaz Al Hokair, PDG d'Izdihar Real Estate Development Co. (Fournie)
Khalid bin Abdulaziz Al-Rayes , PDG d'Investment Capital, et Abdul Mohsen bin Fawaz Al Hokair, PDG d'Izdihar Real Estate Development Co. (Fournie)
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  • 'objectif est de stimuler la croissance du capital des investisseurs immobiliers
  • e partenariat avec Ezdihar vise à poursuivre des objectifs communs dans le domaine de l'immobilier et à offrir aux investisseurs des opportunités adaptées à leurs objectifs

RIYADH : La société saoudienne Alistithmar Capital s'associe à Ezdihar Real Estate Development Co pour créer un fonds immobilier de 1,1 milliard de SR (293 millions de dollars), ce qui profitera au paysage commercial et de bureaux de Riyad.

Dans un communiqué, Alistithmar Capital, la filiale d'investissement de la Saudi Investment Bank, a annoncé que l'objectif est de stimuler la croissance du capital des investisseurs en obtenant des droits d'usufruit sur une parcelle de 103 000 m² dans les locaux de l'Université du Roi Saoud sur la route Prince Turki Al-Awwal à Riyad, afin de développer le terrain en un complexe de bureaux commerciaux générant des revenus.

Le PDG de la société, Khalid Al-Rayes, a déclaré que le partenariat avec Ezdihar vise à poursuivre des objectifs communs dans le domaine de l'immobilier et à offrir aux investisseurs des opportunités adaptées à leurs objectifs et à l'évolution du paysage immobilier.

Il a ajouté que son organisation se consacre à offrir des perspectives d'investissement de haute qualité aux investisseurs immobiliers grâce à des fonds méticuleusement structurés et adaptés aux exigences de chaque projet. Cette approche garantit des avantages maximaux et des retours sur investissement optimaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com