L'Iran crée une liste de cibles pour ses futures cyberattaques

Des documents fuités indiquent que l'Iran s'intéresse de près aux entreprises et activités britanniques, américaines et françaises. (Photo, AP/Archives)
Des documents fuités indiquent que l'Iran s'intéresse de près aux entreprises et activités britanniques, américaines et françaises. (Photo, AP/Archives)
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Publié le Mardi 27 juillet 2021

L'Iran crée une liste de cibles pour ses futures cyberattaques

  • La cyberguerre est de plus en plus considérée comme un outil clé dans l'avenir des conflits
  • Les documents fuités proviendraient d'une sous-section de l'unité Shahid Kaveh du CGRI

LONDRES : Des documents fuités révèlent que l'Iran effectue des recherches secrètes sur les moyens d’utiliser la cybercapacité de la République pour couler des cargos, faire sauter une station-service ou d'autres formes de cyberattaque, selon un rapport de Sky News.

Les documents divulgués, un ensemble de fichiers internes, comprennent également des informations sur les appareils de communication par satellite utilisés dans le transport maritime mondial, et sur un système informatique qui contrôle les lumières et autres appareils dans les bâtiments intelligents à travers le monde.

Ils révèlent de plus que la République islamique s'intéresse de près aux entreprises et aux activités britanniques, américaines et françaises.

Sky News rapporte que la source anonyme qui a lui confié les documents croit que Téhéran récolte ces informations pour identifier les d’éventuelles cyberattaques.

«Ils créent une banque de cible à utiliser au moment opportun», selon la source.

L'Iran aurait été à l'origine d'un nombre d'attaques ces dernières semaines. Parmi elles, un effort long de plusieurs années pour tromper les responsables de la sécurité et de l'armée britanniques, américains et autres forces occidentales afin qu'ils révèlent des informations sensibles sur leurs activités.

Les documents, marqués «très confidentiels», révèlent aussi que le régime participe à un effort concerté pour faire de l'Iran un cyber acteur mondial. Un effort dont le centre névralgique repose sur les travaux d’une unité secrète du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI ) pour améliorer la capacité du pays ermite à frapper les infrastructures civiles et militaires occidentales.

Une citation du guide suprême Ali Khamenei au début de l’un des documents rappelle que la «République islamique d'Iran doit devenir parmi les plus puissantes au monde dans le secteur du cyber».

La source de Sky estime que cette déclaration constitue la «déclaration d'intention du commandant».

Les documents fuités proviendraient d'une sous-section de l'unité Shahid Kaveh du CGRI. Le nom est celui de l'un des premiers partisans fanatiques à se joindre à l'ayatollah Khomeini au début de la guerre de la République islamique avec l'Irak, et qui deviendra ensuite son garde du corps.

L'unité, précise la source, «est censée être plutôt clandestine. Elle prépare des cyberoffensives à l'échelle mondiale».

Le rapport, divisé en cinq articles différents, énumère une liste d'attaques potentielles que Shahid Kaveh serait en train de préparer.

Les documents contiennent des informations générales sur le fonctionnement des systèmes de ballast des cargos. Une analyse est effectuée pour savoir s’ils pourraient être utilisés comme arme contre le navire.

«Ces pompes sont utilisées pour amener de l'eau dans les réservoirs à travers des centrifugeuses, et pour fonctionner correctement, la tâche doit être accomplie avec précision. Le moindre problème pourrait entraîner le naufrage du navire», explique le rapport iranien. «Tous les types de manipulation perturbatrice peut provoquer un disfonctionnement de ces systèmes, et causer des dommages importants et irréparables au navire».

Un deuxième document étudie si les pompes à essence dans les stations-service, dont certaines disposent de cyberdéfenses très poreuses en raison d'infrastructures obsolètes, peuvent être utilisées par le CGRI.

Le rapport indique qu'une «explosion de ces pompes à essence est possible si les systèmes sont piratés et contrôlés à distance».

Les agents iraniens ont également envisagé l’utilisation de «bâtiments intelligents» pour provoquer des perturbations, et ont examiné les dispositifs de communication maritime comme moyen d'agression potentiel. Ces deux voies ne semblent cependant pas avoir abouti.

Ben Wallace, secrétaire britannique à la Défense, affirme à Sky News que si les documents sont authentiques, ils prouvent que le Royaume-Uni et ses alliés sont vulnérables aux cyberattaques.

«À moins que nous ne fassions quelque chose à ce sujet, notre infrastructure nationale critique et notre mode de vie pourraient être assez facilement menacés», dit-il.

La cyberguerre est de plus en plus considérée comme un outil clé dans l'avenir des conflits.

Les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie, la Chine, Israël, la Corée du Nord et l'Iran possèdent tous des cybercapacités offensives, mais la nature de la cyberstratégie rend difficile l’exercice d’estimer la capacité de chaque pays.

Outre l’offensive iranienne, d'autres cyberattaques comptent l'attaque massive de Solarwinds, qui a téléchargé un virus sur des milliers d'appareils informatiques du gouvernement américain, et l'attaque de rançon, ou ransomware, sur Colonial Pipeline. Cette dernière a vu des hackers pirater les systèmes d'un oléoduc et exiger des millions de dollars avant de rendre le contrôle aux propriétaires du pipeline.

L'attaque du pipeline à elle seule a vu les prix du pétrole monter en flèche sur la côte ouest américaine. Elle a provoqué des achats de panique généralisés et perturbé l'économie américaine.

Le général Patrick Sanders, le plus haut officier militaire du Royaume-Uni responsable des cyber-opérations, déclare que que l'Iran est «l'un des cyberacteurs les plus avancés. Nous prenons leurs capacités au sérieux. Nous ne pourrions jamais assez le souligner. Ils sont de sérieux acteurs, et ils se sont comportés de manière vraiment irresponsable dans le passé».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.