Réunion de Genève : dialogue «substantiel» pour Washington, «pragmatique» pour Moscou

Vladimir Poutine lors d’une cérémonie militaire avec les chefs des armées russes. Mardi, le président américain s'en est pris sans détour à son homologue russe en déclarant : Vladimir Poutine "a un vrai problème, il est à la tête d'une économie qui a des armes nucléaires et des puits de pétrole et rien d'autre", a dit Joe Biden, ajoutant : "cela le rend encore plus dangereux selon moi". (Photo, AFP)
Vladimir Poutine lors d’une cérémonie militaire avec les chefs des armées russes. Mardi, le président américain s'en est pris sans détour à son homologue russe en déclarant : Vladimir Poutine "a un vrai problème, il est à la tête d'une économie qui a des armes nucléaires et des puits de pétrole et rien d'autre", a dit Joe Biden, ajoutant : "cela le rend encore plus dangereux selon moi". (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 29 juillet 2021

Réunion de Genève : dialogue «substantiel» pour Washington, «pragmatique» pour Moscou

  • Deuxième tour de table des discussions stratégiques entre hauts diplomates russes et américains sur les bords du lac Léman
  • Les relations entre les deux puissances au plus bas sur fond d'accusations d'ingérence électorale, d'espionnage et de cyberattaques imputées à la Russie

GENEVE : Le deuxième tour de table entre hauts diplomates russes et américains pour poursuivre le dialogue entamé par Vladimir Poutine et Joe Biden en vue de stabiliser des relations bilatérales très dégradées, a été substantiel pour Washington et "pragmatique" pour Moscou.

La réunion mercredi sur les bords du lac Léman, entre les délégations dirigées par le numéro 2 du département d'Etat américain, Mme Wendy Sherman, et par le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, côté russe, s'est déroulée à huis clos et sans accès des médias.

"Les discussions à Genève ont été professionnelles et substantielles et les deux délégations sont tombées d'accord pour se retrouver en séance plénière à la fin septembre", a expliqué Ned Price, le porte-parole de la diplomatie américaine dans un communiqué.

M. Riabkov s'est dit "très satisfait" du déroulement de la réunion, avec des discussions "pragmatiques, professionnelles et précises", et il a confirmé le prochain rendez-vous de fin septembre, selon les agences de presse russes.

Les responsables américains doivent informer leurs alliés de l'Otan de la teneur des discussions lors d'un passage à Bruxelles jeudi.

En attendant la nouvelle réunion de septembre, les deux parties auront des consultations informelles pour déterminer "quels sujets seront abordés par des groupes d'experts à cette deuxième plénière", a précisé M. Price.

M. Riabkov a souligné pour sa part que Washington et Moscou n'avaient pu se mettre d'accord sur la façon de surmonter la crise concernant le contrôle des armements.

"C'est très compliqué. Ce problème a été négligé depuis trop longtemps et nous ne sommes qu'au tout début du processus d'échanges de points de vue", a-t-il dit aux médias russes.

Vladimir Poutine "a un vrai problème, il est à la tête d'une économie qui a des armes nucléaires et des puits de pétrole et rien d'autre. Cela le rend encore plus dangereux selon moi"

Joe Biden

Selon une haute responsable du département d'Etat, qui s'exprimait sous couvert d'anonymat, "ce dialogue se rapporte aux problèmes qui ont trait, ou pourraient mener, à la menace d'une utilisation d'armes nucléaires dans une crise ou en cas de conflit, ou qui menacent de déstabiliser la relation bilatérale".

"La réunion d'aujourd'hui est le commencement de ce dialogue avec la Fédération de Russie. La délégation américaine a discuté des priorités américaines, de l'environnement sécuritaire actuel, de la perception nationale des menaces sur la stabilité stratégique, des perspectives en matière de contrôle des armements et du format des futures séances du dialogue stratégique", a précisé pour sa part le porte-parole du Département d'Etat.

Les deux parties avaient pris soin de tempérer les attentes avant la réunion.

La rencontre de mercredi intervient dans un contexte de tensions sur plusieurs fronts entre les deux nations, les Etats-Unis ayant menacé Moscou de prendre des mesures si la Russie ne mettait pas fin à la vague de cyberattaques qui, selon les autorités américaines, proviennent en grande partie de son territoire.

La Russie nie toute responsabilité à ce sujet mais M. Poutine a salué les efforts de M. Biden en vue de rendre les relations plus prévisibles.

Toutefois, mardi encore, le président américain s'en est pris sans détour à son homologue russe dans une allocution devant les services de renseignement. Il a accusé la Russie d'œuvrer une nouvelle fois à influer sur les élections américaines à l'instar de ce qui s'est passé à l'occasion de la présidentielle de 2016. "C'est une violation pure et simple de notre souveraineté", a-t-il accusé.

Vladimir Poutine "a un vrai problème, il est à la tête d'une économie qui a des armes nucléaires et des puits de pétrole et rien d'autre", a dit Joe Biden, ajoutant : "cela le rend encore plus dangereux selon moi".

Au cours de leur sommet, les présidents russe et américain -qui sont à la tête des deux plus grands arsenaux nucléaires du monde- avaient insisté sur la nécessité de se parler, soulignant que, même au plus fort de la Guerre froide, Moscou et Washington discutaient pour éviter le pire.

Les médias ayant été tenus à l'écart, les seules images de la réunion sont deux photos diffusées par la représentation américaine à Genève. On y voit Wendy Sherman et Sergueï Riabkov se cogner le coude en guise de salutation devant un drapeau américain et un drapeau russe. Sur la deuxième image, les deux diplomates, qui portent un masque de protection, se font face.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.