« Notre patrie brûle »: en Sibérie, des bénévoles au front des feux de forêts             

Des arbres calcinés à perte de vue. (AFP).
Des arbres calcinés à perte de vue. (AFP).
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Publié le Vendredi 30 juillet 2021

« Notre patrie brûle »: en Sibérie, des bénévoles au front des feux de forêts             

  • En juillet, Iakoutsk a été recouverte plusieurs jours d'un smog considéré par des observateurs comme l'un des pires épisodes de pollution atmosphérique enregistrés dans le monde
  • Dans cette ville de 300.000 habitants, des volontaires se préparent fin juillet à partir pour le district de Gorny, où se trouvent Bias-Kiouïol et certains des incendies les plus intenses

BIAS-KIOUIOL: Le père et le fils se tiennent côte à côte, la forêt sibérienne brûlant tout autour d'eux: l'aîné avec une pelle à la main, le plus jeune avec une bouteille en plastique remplie d'essence.


Pendant que le fils verse l'essence au sol, regardant les flammes monter et noircir les troncs des bouleaux, son père envoie de la terre sur les braises qui jaillissent de l'autre côté d'une tranchée creusée pour un "brûlage dirigé".

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En juillet, Iakoutsk a été recouverte plusieurs jours d'un smog considéré par des observateurs comme l'un des pires épisodes de pollution atmosphérique enregistrés dans le monde. (AFP).


Cet après-midi de juillet en Iakoutie, immense région de Sibérie grande comme cinq fois la France mais peuplée de moins d'un million d'habitants, Ivan Fiodorov et son fils Piotr aident les pompiers à empêcher un énième incendie d'atteindre leurs terres.


Les grands feux de forêt sont un phénomène habituel de Sibérie mais depuis trois ans, les flammes frappent avec une violence inouïe la Iakoutie.


Face aux difficultés rencontrées par les pompiers, des centaines de bénévoles participent aux efforts pour combattre ces incendies, liés selon des experts au changement climatique.


Un premier feu s'était approché des terres agricoles environnant son village de Bias-Kiouïol en juin, explique Ivan Fiodorov, 65 ans. Ils avaient réussi à le repousser mais un deuxième incendie est survenu, puis un troisième.


"À ce moment-là, nous n'avions pas de force. C'est bien qu'ils soient venus", soupire-t-il en parlant de la dizaine de pompiers travaillant à proximité.

« Que faire d'autre ? »

Regrettant l'inaction du gouvernement, M. Fiodorov explique que lui et les siens ont pris le combat en main. Son fils Piotr, 42 ans, l'a aidé 17 jours d'affilée.


Ses trois autres fils et sa fille ont fait quatre heures de voiture début juillet depuis la capitale régionale, Iakoutsk, pour faire leur part. 


"Nous n'avons pas encore pu couper notre foin parce que étions occupés à combattre les incendies", assure-t-il.


Quand à savoir ce qu'il ferait si les feux continuaient à s'intensifier dans les années à venir, il n'hésite pas: "Je combattrai les incendies, qu'est-ce que je peux faire d'autre?"


"J'ai vécu toute ma vie dans la taïga. Je suis dépendant de la nature", ajoute l'homme: "Nous devons la protéger."

 

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L'air est irrespirable... (AFP).


La taïga n'est pas la seule touchée.


En juillet, Iakoutsk a été recouverte plusieurs jours d'un smog considéré par des observateurs comme l'un des pires épisodes de pollution atmosphérique enregistrés dans le monde.

« Impossible de respirer »

Dans cette ville de 300.000 habitants, des volontaires se préparent fin juillet à partir pour le district de Gorny, où se trouvent Bias-Kiouïol et certains des incendies les plus intenses.


Plusieurs dizaines de membres d'un club d'athlétisme sont rassemblés autour d'un mannequin posé au sol, dans un centre pour bénévoles: deux employés du ministère des Situations d'urgences dirigent une formation aux gestes de secours.


"Notre travail est de vous préparer le plus rapidement possible", crie l'un d'eux mais les hommes, impatients de partir, écoutent à moitié.


"Quand notre patrie brûle, on ne peut pas rester sur la touche", assure le responsable du club, Tourgoun Popov, 50 ans.

 

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"Quand notre patrie brûle, on ne peut pas rester sur la touche", assure le responsable du club, Tourgoun Popov, 50 ans. (AFP).


Leur but n'est pas d'éteindre les incendies par eux-mêmes mais de donner aux professionnels "la possibilité de se reposer quelques heures ou quelques jours parce qu'ils éteignent les feux depuis des mois", ajoute-t-il.


Plus tôt cette journée, le centre avait envoyé 10 bénévoles par hélicoptère dans le parc naturel des colonnes de la Léna - une formation rocheuse naturelle inscrite sur la liste du patrimoine de l'Unesco. D'autres doivent suivre.


Pendant que les employés du ministère formaient les membres du club, Lili Odoun, une bénévole de 25 ans, a reçu deux appels d'autres personnes intéressées pour se déployer.


M. Popov montre le ciel brumeux pour expliquer pourquoi les gens se portent volontaires: "Il n'y a rien à respirer".


Le Soudan du Sud annonce un accord avec les belligérants soudanais sur un champ pétrolier frontalier

Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
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  • Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises
  • "Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes"

JUBA: Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi.

Le site de Heglig, qui abrite la principale installation de traitement du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation via Port-Soudan, est situé à l'extrême sud de la région soudanaise méridionale du Kordofan, frontalière du Soudan du Sud.

Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises (SAF) depuis 2023.

"Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes", a déclaré le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Ateny.

Le Soudan du Sud, préoccupé par l'insécurité croissante le long du champ pétrolier, a "toujours plaidé en faveur d'une solution pacifique et diplomatique", a souligné M. Ateny lors d'une conférence de presse, sans donner de détails supplémentaires sur le contenu de l'accord.

Importantes réserves pétrolières 

"La production pétrolière se poursuit", a assuré le porte-parole, assurant ne pas avoir d'informations sur des "dégâts importants ayant pu faire cesser la production".

L'AFP n'a pas pu vérifier ces informations.

Contactés par l'AFP, le RSF et l'armée soudanaise n'ont pas réagi dans l'immédiat sur l'accord.

Les FSR ont annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de Heglig "après la fuite de l'armée" soudanaise.

Selon Juba, quelque 1.650 sous-officiers et 60 officiers ayant abandonné leurs positions sur le site pétrolier et déposé leurs armes au Soudan du Sud devraient être rapatriés vers le Soudan.

Les FSR ont cette semaine accusé l'armée soudanaise d'avoir mené une attaque de drone contre le champ pétrolier, qui aurait tué "des dizaines" de personnes, dont des ouvriers et des ingénieurs.

Lors de son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession, mais, enclavé, continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour l'exporter.

Malgré l'exploitation de ce pétrole, le plus jeune pays du monde connaît depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté.

Au Soudan, la guerre entre l'armée et les paramilitaires a tué depuis deux ans et demi des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de douze millions d'habitants, mais aussi dévasté les infrastructures du pays.


Le Premier ministre espagnol appelle à «élever la voix» pour ne pas «oublier» les Palestiniens

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
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  • Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien"
  • "Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Se prononçant une nouvelle fois à la mise en oeuvre d'une solution à deux Etats, "la seule solution possible" pour mettre fin au conflit opposant Israéliens et Palestiniens, le chef du gouvernement espagnol s'est engagé à la promouvoir en "élevant la voix pour que la situation dramatique dans laquelle se trouve le peuple palestinien ne tombe pas dans l'oubli".

"Oui, il y a eu un accord de cessez-le-feu mais cet accord doit être réel ; il ne peut pas être factice. C’est pourquoi nous ne nous reposerons pas tant que les attaques contre la population n'auront pas cessé et qu'il n'y aura, par conséquent, plus aucune victime", a-t-il poursuivi,

Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien".

"Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

"Pour reconstruire l'espoir, nous avons besoin d'une véritable paix et cette véritable paix doit reposer sur la justice. C’est pourquoi je veux être très clair : (...) les responsables de ce génocide devront rendre des comptes, tôt ou tard, afin que les victimes obtiennent justice, réparation et un certain apaisement", a-t-il ajouté.

A ses côtés, Mahmoud Abbas a quant à lui notamment remercié l'Espagne, qui avait reconnu l'Etat de Palestine en mai 2024, "pour son rôle moteur dans la création d’une coalition internationale visant à obtenir une reconnaissance plus large de notre pays", appelant également à "mettre fin à la violence sous toutes ses formes", dans la bande de Gaza mais aussi en Cisjordanie.

L'Espagne, où la cause palestinienne est très populaire, est en Europe l'un des critiques les plus véhéments de l'offensive militaire d'Israël dans la bande de Gaza déclenchée après les attaques du 7 octobre 2023 commises par le Hamas.


Ukraine: une proposition sur les concessions territoriales soumises à Trump (Merz)

Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
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  • L’Allemagne a transmis à Washington une proposition portant sur de possibles concessions territoriales ukrainiennes, tout en soulignant que seules les autorités ukrainiennes peuvent en décider
  • Les Européens cherchent à influencer les négociations de paix sans céder aux exigences russes, tandis que Washington presse pour une avancée rapide dans les discussions

BERLIN: Une proposition concernant des concessions territoriales ukrainiennes dans le cadre d'un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine ont été soumises mercredi au président américain Donald Trump, a annoncé jeudi le chancelier allemand Friedrich Merz.

"Il existe une proposition dont (M. Trump) n'avait pas encore connaissance au moment où nous nous sommes entretenus au téléphone (mercredi), car elle n'avait pas encore été transmise aux Américains. Nous l'avons fait hier en fin d'après-midi. Il s'agit avant tout de (savoir) quelles concessions territoriales l'Ukraine est prête à faire", a déclaré M. Merz lors d'une conférence de presse à Berlin avec le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte.

Le chancelier n'a pas apporté de précisions, relevant que c'est "au président ukrainien et au peuple ukrainien" de répondre à cette question.

M. Merz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keith Starmer se sont entretenus mercredi avec M. Trump.

Les Européens, qui font bloc autour de Kiev, tentent de peser sur les pourparlers visant à mettre fin à la guerre en Ukraine sans céder pour autant aux revendications maximalistes de la Russie.

Le président Trump s'est lui montré impatient, disant avoir eu des "mots assez forts" lors de l'entretien, et prévenant que les États-Unis ne voulaient "pas perdre (leur) temps".

M. Merz a, lui, décrit "un entretien téléphonique très constructif au cours duquel les positions respectives ont été clairement exposées et le respect mutuel exprimé".

Selon de hauts responsables ukrainiens interrogés par l'AFP mercredi, l'Ukraine a envoyé à Washington une nouvelle version du plan de sortie du conflit, sans en divulguer les détails.

La proposition américaine initiale était jugée bien trop favorable à Moscou, celle-ci prévoyant notamment de céder à la Russie des territoires ukrainiens qu'elle n'a pas conquis.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé mardi que le plan en cours d'élaboration avait été divisée en trois documents: un accord-cadre en 20 points, un document sur la question des garanties de sécurité et un autre sur la reconstruction de l'Ukraine après la guerre.

Le chancelier allemand a, lui, relevé jeudi que le plan devant poursuivre trois objectifs: un cessez-le-feu, des garanties de sécurité "robustes" pour l'Ukraine et une solution négociée préservant les intérêts sécuritaires européens, Moscou étant considéré comme la menace continentale.