En Espagne, des villages en lutte pour l'eau potable

Un homme transporte des bouteilles d'eau minérale à Lastras de Cuellar le 28 juin 2021. À Lastras de Cuellar, dans la région centrale de Castilla y León, les nitrates et l'arsenic ont rendu l'eau non potable pour les habitants du village, qui sont au nombre de 350 en hiver et près de 1 000 en été. (Pierre-Philippe Marcou / AFP)
Un homme transporte des bouteilles d'eau minérale à Lastras de Cuellar le 28 juin 2021. À Lastras de Cuellar, dans la région centrale de Castilla y León, les nitrates et l'arsenic ont rendu l'eau non potable pour les habitants du village, qui sont au nombre de 350 en hiver et près de 1 000 en été. (Pierre-Philippe Marcou / AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 30 juillet 2021

En Espagne, des villages en lutte pour l'eau potable

  • En Espagne, où la qualité de l'eau est menacée par la pollution agricole, le manque de contrôles et la sécheresse, des dizaines de villages souffrent du même problème
  • Dans le pays de la charcuterie, "l'élevage intensif, les maxi-exploitations sont un réel problème" pour la qualité de l'eau dans les zones où elles sont implantées

LASTRAS DE CUELLAR, Espagne : "Je me lave les dents avec de l'eau en bouteille", soupire Francisca Benítez, 76 ans, venue chercher de l'ombre au café de Lastras de Cuéllar, village privé d'eau potable à moins de deux heures de Madrid.

En Espagne, où la qualité de l'eau est menacée par la pollution agricole, le manque de contrôles et la sécheresse, des dizaines d'autres villages souffrent, comme Lastras, du même problème.

Dans cette bourgade de Castille-et-Léon (centre), les nitrates et l'arsenic rendent depuis six ans l'eau imbuvable pour les habitants, qui sont 350 l'hiver et près de 1.000 en été.

Alors, chaque lundi, ils défilent sur la place principale pour récupérer, à bout de bras ou dans des brouettes, des packs d'eau financés en partie par la mairie. Comme Alejandro Martín, 17 ans, qui aide son grand-père de 95 ans à ramener la précieuse eau minérale avant de la verser dans une casserole pour préparer un café.

Dehors, des bouquets et des guirlandes de bouteilles en plastique sont suspendus aux balcons où des banderoles exigent l'accès à l'eau potable.

"Ce n'est pas normal au XXIe siècle", s'indigne Mercedes Rodríguez, 41 ans, membre d'un collectif d'habitants. Le maire, Andrés García, dénonce de son côté "le manque d'argent" public qui a ralenti un projet qui devrait ramener l'eau potable à la fin de l'année.

Rien qu'en Castille-et-Léon, 63 communes en étaient privées en mars selon la télévision régionale. Il n'existe aucun chiffre officiel national sur le sujet.

D'après le ministère de la Santé, 67.050 analyses effectuées en 2019 au niveau national - parfois au même endroit à des dates différentes - ont montré que l'eau n'était pas potable.

Et les niveaux de nitrates inquiètent partout alors que plus du quart (28%) des stations d'eaux souterraines du pays en mesurent une concentration supérieure ou proche du seuil de potabilité et que près du quart du pays (22%) est "vulnérable" à cette pollution en raison de la nature des sols ou des activités agricoles, selon le ministère de la Transition écologique.

"20.000 porcs pour 50 habitants"

Des pollutions agricoles de plus en plus pointées du doigt. Comme à Lierta, village de la région d'Aragon (nord-est), privé d'eau potable depuis 2018 à cause des nitrates et où les habitants se battent contre un projet d'installation d'une nouvelle exploitation de 3.000 truies.

Sous un soleil de plomb, seul un chien s'abreuve à la fontaine débordant d'algues plus vertes que les montagnes alentour, qui dominent une vaste étendue de champs dorés de céréales parsemés de porcheries.

Ici, c'est déjà "près de 20.000 porcs pour 50 habitants", fustige Bernard Más, 68 ans, membre de l'association d'habitants qui vient d'obtenir la suspension du projet pour un an au dernier conseil municipal.

Dans le pays de la charcuterie, "l'élevage intensif, les maxi-exploitations sont un réel problème" pour la qualité de l'eau dans les zones où elles sont implantées, à cause des rejets de purins, estime Luis Babiano, président de l'Association espagnole des opérateurs publics de distribution et d'assainissement de l'eau.

Mais les excès de nitrates dans les sources d'eau restent d'abord une "conséquence de l'usage des fertilisants dans l'activité agricole" qui constitue "le principal problème" à la campagne, soulignait un rapport du ministère de la Transition écologique fin 2020.

"Non potable sans le savoir"

"En milieu rural, il y a un contrôle insuffisant des eaux et les habitants des petites communes pourraient être en train de boire de l'eau non potable sans le savoir", mettait en garde ce même rapport.

Une situation qui inquiète jusqu'à Bruxelles, où la Commission européenne a lancé un ultimatum à l'Espagne en 2020 pour qu'elle améliore son contrôle de la qualité des eaux, sous peine de lourdes amendes.

A terme, la sécheresse, qui pourrait s'aggraver en Espagne en raison du changement climatique, pourrait aussi mettre en péril la qualité de l'eau dans le pays.

Car si la quantité d'eau diminue et que celle de produits nocifs ne baisse pas, la proportion de ceux-ci augmente dans l'eau, explique Luis Babiano.

A Lastras, Mercedes Rodríguez craint, elle, que la pollution de l'eau n'entraîne l'"extinction" de son village car "qui va venir dans un village où on ne peut pas boire l'eau du robinet ?".


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Short Url
  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Short Url
  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Short Url
  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.