En Jordanie, la sécheresse menace les cultures et l'accès à l'eau potable

Une femme jordanienne récolte des haricots verts dans une ferme de Ghor al-Haditha, à environ 80 km au sud de la capitale Amman, le 20 avril 2021 (Photo, AFP)
Une femme jordanienne récolte des haricots verts dans une ferme de Ghor al-Haditha, à environ 80 km au sud de la capitale Amman, le 20 avril 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 06 mai 2021

En Jordanie, la sécheresse menace les cultures et l'accès à l'eau potable

  • Le cultivateur marche sur une terre craquelée et maculée de taches blanchâtres dues aux remontées de sel
  • La saison des pluies, qui s'étend d'octobre à fin avril, a été très faible cette année

GHOR AL-HADITHA: Ahmad Daoud arpente ses plants de tomates mais son champ n'est cette année que désolation en raison de la sécheresse extrême qui frappe la Jordanie, un des pays les plus pauvres au monde en eau. 

Le cultivateur marche sur une terre craquelée et maculée de taches blanchâtres dues aux remontées de sel. Accablé, il balaie du regard ses tomates, pas plus grosses que des billes, desséchées avant d'avoir muri. 

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Ahmad Daoud balaie du regard ses tomates, pas plus grosses que des billes, desséchées avant d'avoir muri, le 20 avril 2021 (Photo, AFP)

« Regardez comment la terre a soif. Tout ce que j'ai planté sur mes 50 dounams (cinq hectares) est mort. S'il y avait eu de l'eau, cette tomate aurait eu la grosseur de mon poing », lâche le métayer pakistanais de 25 ans. 

Né en Jordanie de parents arrivés dans le pays en 1976 --comme quelque 3 200 Pakistanais ayant emménagé dans le royaume à partir des années 1960--, Ahmad loue son champ à des propriétaires jordaniens à Ghor al-Haditha, au sud de la mer Morte.  

Dans cette région située à 80 km au sud d'Amman, la terre est riche et les fermes maraîchères nombreuses. Mais aujourd'hui, c'est l'affliction. 

« Nous souffrons habituellement de pénurie d'eau, mais cette année, c'est bien pire. Quand elle arrive, le débit est trop faible pour arroser nos cultures ou remplir nos réservoirs », explique M. Daoud. 

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Une vue partielle de la mer Morte, dont la hauteur baisse considérablement en raison de la grave sécheresse, le 20 avril 2021 (Photo, AFP)

Chute des précipitations 

La saison des pluies, qui s'étend d'octobre à fin avril, a été très faible cette année. Les précipitations se sont élevées à 4,5 milliards de m3, affirme Omar Salameh, directeur de la communication au ministère de l'Eau et de l'Irrigation, soit 60% seulement du volume qui arrose d'habitude le pays. 

« La situation est critique », résume-t-il.  

Selon les experts, la Jordanie connait une des plus graves sécheresses de son histoire et le pire est à venir. Les précipitations pourraient chuter de quasiment un tiers d'ici 2100, tandis que la température moyenne augmenterait de quelque 4,5 degrés. 

Dans une ferme proche de celle de M. Daoud, Ibrahim Dgheimat, accablé par la chaleur, désespère. 

« Normalement, je cultive sur mes 90 dounams des poivrons, des tomates, des aubergines, des courgettes et des choux. Mais cette année, les deux tiers de ma récolte ont été détruits par le manque d'eau », assure cet agriculteur de 43 ans. 

« Mes pertes s'élèvent à plus de 30 000 dinars (environ 35.800 euros). Je n'ai pas de quoi payer ces ouvrières », ajoute-t-il en regardant huit femmes ramasser des haricots verts. 

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Une récolte de haricots verts dans une ferme de Ghor al-Haditha, à environ 80 km au sud de la capitale Amman, le 20 avril 2021 (Photo, AFP)

D'autant que les prix ont chuté en raison de la pandémie. Les exportations de fruits et légumes ont baissé de 20% en 2020 avec la fermeture des frontières alors que les hôtels et les restaurants travaillent au ralenti. 

« Ce sont cinq mois d'efforts qui vont partir en fumée, je m'apprête à brûler la récolte pour préparer celle de l'an prochain », déplore M. Daoud. 

Manque d'eau potable  

Au-delà de l'irrigation des cultures, la sécheresse pourrait réduire l'accès des Jordaniens à l'eau potable. 

« La part annuelle d'eau par habitant est passée de 3.400 m3 en 1946 à moins de 100 m3 aujourd'hui, en raison de la baisse des précipitations, du réchauffement climatique, de la croissance démographique et des afflux successifs de réfugiés », affirme M. Salameh, ce qui fait de la Jordanie un des pays les plus pauvres en eau du monde. 

Tout usage compris (eau potable ou non), la Jordanie a besoin  d'environ 1,3 milliard de m3 d'eau par an, mais les quantités disponibles tournent autour de 850 à 900 millions de m3.  

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L'eau se déverse dans un réservoir d'irrigation agricole à Ghor al-Haditha, à environ 80 km au sud de la capitale jordanienne Amman, le 20 avril 2021 (Photo, AFP)

Cette année, les réserves des trois barrages d'eau potable, ont atteint un seuil critique de 41 millions de m3, soit un tiers de leur capacité normale. 

En outre, la consommation d'eau potable dans les foyers a augmenté de 10% depuis la pandémie car beaucoup travaillent chez eux et les cours se font à la maison. 

Le pays pourrait donc manquer de 40 millions de m3 pour subvenir à ses besoins et M. Salameh a donc appelé les habitants à « rationner leur consommation ». 

Aux termes de l'accord de paix de 1994, Israël fournit gratuitement au royaume 55 millions de m3 d'eau tous les ans, selon Amman. 

Cette année, la Jordanie a demandé à son voisin de lui fournir un surplus de huit millions de m3. L’Etat hébreu n'a finalement accepté de lui en vendre que trois millions supplémentaires. 

Pour combler le déficit, la Jordanie va devoir pomper dans les nappes phréatiques, affirme M. Salameh. Et surtout tenter d'empêcher le sabotage des canalisations, une pratique courante pour s'approvisionner gratuitement en eau. 


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.