Le tourisme en Jordanie devrait exploser d'ici à 2023, selon des responsables du tourisme

Le secteur du tourisme en Jordanie a progressivement commencé à montrer des signes de redressement après un quasi-effondrement. (Photo AN/Sarah Glubb)
Le secteur du tourisme en Jordanie a progressivement commencé à montrer des signes de redressement après un quasi-effondrement. (Photo AN/Sarah Glubb)
Début juillet, le gouvernement a levé la plupart des mesures de confinement après une forte baisse des infections. (Photo AN/Sarah Glubb)
Début juillet, le gouvernement a levé la plupart des mesures de confinement après une forte baisse des infections. (Photo AN/Sarah Glubb)
L'Union européenne a inclus la Jordanie parmi une douzaine de nouveaux pays sûrs concernant l’épidémie au 1er juillet. (Photo AN/Sarah Glubb)
L'Union européenne a inclus la Jordanie parmi une douzaine de nouveaux pays sûrs concernant l’épidémie au 1er juillet. (Photo AN/Sarah Glubb)
Le roi Abdallah II a demandé au gouvernement de travailler d’arrache-pied, via ses ambassadeurs, afin de présenter la Jordanie comme un pays «sûr» pour voyager. (Photo AN/Sarah Glubb)
Le roi Abdallah II a demandé au gouvernement de travailler d’arrache-pied, via ses ambassadeurs, afin de présenter la Jordanie comme un pays «sûr» pour voyager. (Photo AN/Sarah Glubb)
La Jordanie a commencé par s'ouvrir au tourisme local, puis aux pays voisins du Golfe, et enfin au tourisme international. (Photo AN/Sarah Glubb)
La Jordanie a commencé par s'ouvrir au tourisme local, puis aux pays voisins du Golfe, et enfin au tourisme international. (Photo AN/Sarah Glubb)
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Publié le Samedi 31 juillet 2021

Le tourisme en Jordanie devrait exploser d'ici à 2023, selon des responsables du tourisme

  • Le tourisme régional a commencé à se redresser et les touristes internationaux devraient revenir en août, septembre et octobre
  • Le roi Abdallah II a demandé au gouvernement de travailler d’arrache-pied, via ses ambassadeurs, afin de présenter la Jordanie comme un pays «sûr» pour voyager

AMMAN/LONDRES: Le secteur du tourisme en Jordanie a progressivement commencé à montrer des signes de redressement après un quasi-effondrement dû à la pandémie de Covid-19, déclarent des responsables du tourisme.

Le ministère du Tourisme et des Antiquités et l’Office du tourisme de Jordanie (JTB) ont commencé à s'ouvrir au tourisme intérieur, puis au pays du Golfe ainsi qu’aux pays voisins, afin de faciliter les mouvements frontaliers, déclare à Arab News Dr Abed al-Razzaq Arabiyat, directeur général du JTB.

«Nous attendons le retour du tourisme international en août, septembre et octobre après avoir surmonté plusieurs difficultés», ajoute le directeur.

La Jordanie s'est distinguée par ses faibles taux d’infection à la Covid-19 au début de la pandémie, mais a ensuite connu une augmentation exponentielle des cas confirmés et a enregistré en novembre le plus grand nombre de décès liés au coronavirus par habitant au Moyen-Orient. Les autorités ont déclaré l'état d'urgence et imposé l'un des confinements les plus stricts au monde, frappant durement le secteur du tourisme.

La Jordanie a depuis réussi à faire baisser la courbe épidémiologique; elle est passée d'un pays de la «liste rouge» du Royaume-Uni à la «liste orange» et a considérablement accéléré en février sa campagne de vaccination.

«L'immunité collective est élevée et notre situation épidémiologique donne des indications positives afin qu'une percée complète pour le tourisme dans le Royaume soit possible», déclare M. Arabiyat, ajoutant que la Jordanie a davantage assoupli ses restrictions que de nombreux autres pays, ce qui jouera un rôle majeur pour attirer les touristes.

Il précise que le roi Abdallah II a demandé au gouvernement de travailler d’arrache-pied, via ses ambassadeurs, afin de présenter la Jordanie comme un pays sûr, et que le pays «s’oriente clairement dans cette direction». Des campagnes de marketing sont en place et les offices de tourisme sont prêts à apporter leur contribution, car certains pays ont déjà placé le Royaume sur leurs listes «vertes». Les hôtels et complexes jordaniens ont également commencé à enregistrer des réservations du monde entier pour la période de septembre à novembre.

Le secteur du tourisme en Jordanie a progressivement commencé à montrer des signes de redressement après un quasi-effondrement. (Photo AN/Sarah Glubb)
Le secteur du tourisme en Jordanie a progressivement commencé à montrer des signes de redressement après un quasi-effondrement. (Photo AN/Sarah Glubb)

Le ministre des Transports, Wajih Azayza, déclare que l'aéroport international Queen Alia a accueilli 9 millions de passagers en 2019 et espère revenir à ces chiffres après la pandémie.

L'aéroport a annoncé le 17 juillet avoir accueilli plus de 1,2 million de passagers au cours du premier semestre de l'année, le nombre le plus élevé ayant été enregistré en juin avec plus de 389 000 passagers. La contribution économique totale de l'aéroport a dépassé 3,53 milliards de dollars (1 dollar = 0,84 euro), soit près de 8,9 % du produit intérieur brut (PIB).

Le gouvernement a également initié des programmes de subvention et lancé un fonds de risque touristique évalué à 28,2 millions de dollars afin de soutenir le secteur et atténuer les dommages. En 2019, la Jordanie a accueilli un chiffre record de 3 millions de visiteurs, rapportant 5,78 milliards de dollars, alors que ce chiffre est tombé à 1,41 milliard de dollars en 2020.

La pandémie de Covid-19 a été un désastre pour l’industrie touristique jordanienne, qui a subi son pire recul depuis des décennies l’année dernière. (Photo AN/Sarah Glubb)
La pandémie de Covid-19 a été un désastre pour l’industrie touristique jordanienne, qui a subi son pire recul depuis des décennies l’année dernière. (Photo AN/Sarah Glubb)

Le mois dernier, le roi a appelé à des efforts unifiés afin d’aider le secteur du tourisme et des voyages à se redresser – secteur qui représente près de 20 % du PIB –, et promouvoir le tourisme dans le «Triangle d'or» de Pétra, Wadi Rum et Aqaba.

Abed al-Razzaq Arabiyat souligne que Pétra, l'une des sept merveilles du monde, était la plus touchée en raison de sa forte dépendance au tourisme international, mais il s'attend à «entendre des nouvelles positives d'ici à septembre, car il y a une forte demande pour le “Triangle d'or”».

À partir du 1er juillet, les autorités ont mis en œuvre la deuxième phase de la stratégie jordanienne de retour à la vie normale, les installations touristiques étant autorisées à rouvrir à pleine capacité. Le couvre-feu dans les zones du «Triangle d’or» dans le Sud a été levé et les visiteurs entièrement vaccinés peuvent s’y rendre car elles ont été déclarées zones sans Covid. La phase 3 débutera le 1er septembre, à condition que le nombre de cas reste faible et que le gouvernement atteigne son objectif de vaccination.

La Jordanie a considérablement assoupli les restrictions par rapport à de nombreux pays, ce qui jouera un rôle majeur pour attiser le tourisme. (Photo AN/Sarah Glubb)
La Jordanie a considérablement assoupli les restrictions par rapport à de nombreux pays, ce qui jouera un rôle majeur pour attiser le tourisme. (Photo AN/Sarah Glubb)

M. Arabiyat souligne que le JTB a également lancé la campagne estivale de marketing baptisée «Breathe» pour cibler les touristes, en particulier les familles des pays du Golfe.

Il explique qu'après avoir enduré deux années épuisantes de pandémie, «revenir à la vie telle que nous la connaissions est devenu un rêve que tout le monde aspire à réaliser; envie de voyager et de profiter de la vie, envie de se sentir à nouveau en vie, d'où le nom de notre campagne “Breathe”… les gens doivent pouvoir profiter de la vie et simplement respirer.»

Fawzi al-Hammouri, président de l'Association des hôpitaux privés de Jordanie, déclare qu'il y a eu une très importante augmentation du nombre de patients arrivant en Jordanie afin d’être soignés en juin, particulièrement en provenance d'Arabie saoudite et d'autres pays du Golfe, après avoir connu une baisse au cours de l'année dernière.

M. Arabiyat souligne toutefois que la plus grande préoccupation est de préserver l'emploi dans le secteur du tourisme.

La Jordanie prend plusieurs mesures afin de ramener le nombre de touristes étrangers au niveau record de 3 millions de visiteurs en 2019. (Photo AN/Sarah Glubb)
La Jordanie prend plusieurs mesures afin de ramener le nombre de touristes étrangers au niveau record de 3 millions de visiteurs en 2019. (Photo AN/Sarah Glubb)

Layali Nashashibi, directrice de la communication et des relations publiques chez Mövenpick Hotels and Resorts, déclare que le groupe n’a pas licencié de personnel durant la pandémie, même s'il a dû fermer les deux hôtels de Pétra et un à Aqaba, tandis que l'hôtel de la mer Morte a été utilisé par le gouvernement pour les mises en quarantaine au moment du rapatriement des Jordaniens de l'étranger.

«Aqaba, au début, n’était pas affectée par la Covid-19, mais Aqaba a le tourisme et le port. Si les deux activités fermaient, l'économie en souffrirait donc énormément; les autorités ont alors décidé qu'Aqaba resterait ouverte de 6 heures à 17 heures», précise Layali Nashashibi à Arab News.

«J'ai dû intervenir auprès du gouvernement afin de prolonger certains horaires d’ouverture d’hôtels et de restaurants, ainsi que pour ouvrir davantage d’établissements», précise-t-elle, ajoutant qu'après avoir parlé avec le Premier ministre, le groupe a réussi à prolonger les heures d'ouverture jusqu'à 22 heures dans tout le Royaume.

Les efforts du gouvernement afin de relancer le secteur du tourisme semblent porter leurs fruits, mais les responsables s'attendent à une convalescence de deux ans. (Photo AN/Sarah Glubb)
Les efforts du gouvernement afin de relancer le secteur du tourisme semblent porter leurs fruits, mais les responsables s'attendent à une convalescence de deux ans. (Photo AN/Sarah Glubb)

«Nous comptons désormais sur le tourisme international en Jordanie… Nous sommes optimistes, le gouvernement, le ministère du Tourisme et le JTB nous ont promis que Ryanair et EasyJet reprendront leurs vols vers Aqaba d'ici au mois d’octobre», ajoute-t-elle. EasyJet a commencé à enregistrer des réservations pour Aqaba à partir de novembre, tandis que les navires de croisière ont également commencé à affluer, l'un d'entre eux en provenance de Djeddah devant arriver à Aqaba au début du mois d'août.

Mme Nashashibi déclare avoir également organisé des séjours réservés aux voyagistes. Les autorités proposent différents types de réductions fiscales et de remises sur les taxes d'atterrissage. Les touristes d'Europe de l'Est ont commencé à venir à Aqaba à partir de la fin juin, et les vols en provenance de Russie devraient augmenter au cours de la période à venir.

La ville est réglementée par l'Autorité de la zone économique spéciale d'Aqaba, qui en a fait une ville à faible taux d'imposition et exempte de droits de douane, attirant plusieurs mégaprojets d'investissement comme Ayla Oasis, Saraya Aqaba, Marsa Zayed et contribuant à l'expansion du port; tous ont été fortement affectés.

Les autorités ont annoncé des mesures spéciales pour le «Triangle d'or» de la Jordanie, qui comprend Pétra, Wadi Rum et Aqaba; les visiteurs entièrement vaccinés peuvent s’y rendre car ces zones ont été déclarées sans Covid-19. (Photo AN/Sarah Glubb)
Les autorités ont annoncé des mesures spéciales pour le «Triangle d'or» de la Jordanie, qui comprend Pétra, Wadi Rum et Aqaba; les visiteurs entièrement vaccinés peuvent s’y rendre car ces zones ont été déclarées sans Covid-19. (Photo AN/Sarah Glubb)

«J'espère que la Covid-19 disparaîtra et que tout sera comme avant ou mieux qu'avant», déclare Layali Nashashibi, ajoutant qu'elle n’imagine pas le secteur du tourisme s'améliorer avant le troisième trimestre 2022 et qu’elle s'attend à un boom du tourisme et économique d'ici à 2023.

Sally Abu Hijleh, de l'agence Montana Travel and Tourism, déclare également qu'il faudra près d’un an pour que le tourisme se rétablisse complètement, ajoutant que l’agence travaillait sur des offres et des prix réduits afin d’encourager les voyages.

Selon Marwan Eid Abo al-Adas, propriétaire de la boutique de souvenirs Bazaar al-Wadeeh à Jerash, même si les touristes reviennent cet été, tous les secteurs du tourisme ont subi des pertes si lourdes que, selon lui, ils auront encore du mal à s’en sortir. «Il faut compter deux ou trois ans car il doit y avoir une continuité dans le secteur du tourisme», explique-t-il.

Marwan Soudi, un Jordanien vivant à l'étranger, qui n'a pas pu rentrer chez lui l'année dernière, déclare: « Avec la façon dont elles gèrent la pandémie et la campagne de vaccination en Jordanie, les autorités prévoient que le tourisme revienne à la normale d'ici à 2022-2023, je dirais que cela semble être un objectif raisonnable.»

Le touriste saoudien Abdelaziz al-Shalawi indique qu'en raison du fait que la Jordanie présente l'un des taux d'infection les plus bas, les touristes d'Arabie saoudite préfèrent s'y rendre cet été plutôt que dans n'importe quel autre pays, notamment en Europe, car sa «sécurité est excellente».

M. Al-Shalawi explique que la Jordanie est belle et variée et que les Saoudiens sont également attirés par le Royaume pour ses prestations médicales. «La Jordanie a du potentiel et de très bons médecins et s’efforce d'attirer le tourisme médical, tout en proposant des loisirs», ajoute-t-il.

Le touriste américain Tom Langdon déclare qu'il espère que le tourisme s'ouvrira davantage à partir de juillet pour aider les Bédouins de Pétra et les personnes qui dépendent du tourisme.

«C'est assez malheureux. Je suis allé à Pétra, il devait y avoir à peu près 20 personnes là-bas; l'un des vendeurs m'a montré une vidéo, qui ressemblait à un concert de rock, on aurait dit qu'on pouvait à peine bouger sans toucher quelqu'un et il m’a expliqué que c’était comme ça avant la pandémie de Covid-19», explique-t-il.

«Je pense que la Jordanie est une source inexploitée, et je trouve regrettable qu'une grande partie de ce pays ne soit pas connue de plus de gens. Pratiquement tous les endroits que j’ai visités en Jordanie étaient absolument magnifiques et j'ai passé un très bon moment.»

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Israël menace d'intensifier les attaques contre le Hezbollah dans le sud du Liban

L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé.  L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah. (AFP)
L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé. L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes qu'elle a présentées comme des membres d'une force d'élite du Hezbollah
  • A l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire dimanche, M. Netanyahu a ensuite affirmé que le Hezbollah tentait de se "réarmer"

JERUSALEM: Israël a menacé dimanche d'intensifier ses attaques au Liban contre le Hezbollah, que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accusé de tenter de se "réarmer", exhortant Beyrouth à tenir ses engagements de le désarmer.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le mouvement pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions libanais du Hezbollah et d'occuper cinq positions frontalières dans le sud du Liban.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes qu'elle a présentées comme des membres d'une force d'élite du Hezbollah.

"L'engagement du gouvernement libanais à désarmer le Hezbollah et le chasser du sud du Liban doit être pleinement tenu", a d'abord déclaré dans un communiqué le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, affirmant que le groupe "joue avec le feu" et que "le président libanais traîne des pieds".

"Nous ne tolèrerons aucune menace contre les habitants du nord" d'Israël, a-t-il ajouté.

A l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire dimanche, M. Netanyahu a ensuite affirmé que le Hezbollah tentait de se "réarmer".

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", a-t-il averti.

"Nous ne permettrons pas au Liban de redevenir un nouveau front contre nous et nous agirons comme il faudra".

Des milliers d'Israéliens vivant près de la frontière nord avaient dû évacuer leurs domiciles pendant des mois, après l'ouverture par le Hezbollah d'un front contre Israël à la suite de la guerre déclenchée à Gaza en octobre 2023.

Les tirs de roquette du mouvement chiite avaient provoqué un conflit de plus d'un an, culminant par deux mois de guerre ouverte avant la conclusion d'un cessez-le-feu fin 2024.

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent, invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.

Raid meurtrier et nouvelle frappe 

L'armée israélienne a intensifié ses attaques contre des cibles du Hezbollah ces derniers jours.

Jeudi, elle a mené un raid meurtrier dans le sud du Liban, poussant le président libanais, Joseph Aoun, à ordonner à l'armée de faire face à de telles incursions.

M. Aoun avait appelé à des négociations avec Israël à la mi-octobre, après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu à Gaza, parrainé par le président américain Donald Trump.

Il a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de dialogue en intensifiant ses attaques, avant qu'une nouvelle frappe israélienne ne tue quatre personnes samedi dans le sud du pays, dans le district de Nabatiyeh.

L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé.

L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah.

"Le terroriste était impliqué dans le transfert d'armes et dans les tentatives de reconstitution des infrastructures terroristes du Hezbollah dans le sud du Liban", a-t-elle indiqué, précisant que trois autres membres du groupe avaient été tués.

"Les activités de ces terroristes constituaient une menace pour l'Etat d'Israël et ses civils, ainsi qu'une violation des accords entre Israël et le Liban", a ajouté l'armée.

La veille, elle avait annoncé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement.

A Nabatiyeh, des centaines de personnes se sont rassemblées dimanche pour rendre hommage aux cinq membres du Hezbollah tués, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les participants lançaient des pétales de fleurs sur les cercueils, recouverts du drapeau du Hezbollah, en scandant: "Mort à Israël, mort à l'Amérique".

"Voici le prix que le Sud (du Liban) paie chaque jour", a déclaré à l'AFP Rana Hamed, la mère de l'un des cinq hommes tués. "Nous savons qu'Israël est notre ennemi depuis des décennies."

L'émissaire américain, Tom Barrack, a exhorté samedi le Liban à engager des pourparlers directs avec Israël, affirmant que si Beyrouth franchissait le pas, les Etats-Unis pourraient faire "pression sur Israël pour qu'il se montre raisonnable".


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
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  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.