ANKARA : Sept membres d'une famille kurde, dont trois femmes, ont été abattues par des assaillants armés vendredi dans la province centrale de Konya en Anatolie.
Les assaillants ont également mis le feu à la maison après le massacre qui a eu lieu en plein jour.
«Nous avons prévenu les autorités à plusieurs reprises», a tweeté l'avocat de la famille Abderrahman Karabulut le 30 juillet.
La famille kurde vivait à Konya depuis 24 ans et a été attaqué par 60 ultranationalistes en mai, avec quatre membres de la famille grièvement blessés par des couteaux, des pierres et des bâtons. On leur a dit qu'ils ne seraient plus autorisés à vivre dans ce district.
À la suite de l'attaque de mai, 10 personnes ont été arrêtées et sept d'entre elles ont été placées en garde à vue. Mais beaucoup ont été libérés.
L'Association des droits de l'homme (İnsan Hakları Derneği) suit l'affaire depuis des mois et a été informée que les membres de la famille étaient harcelés. Le président de l’association, Eren Keskin, a tweeté : «Ils ont assassiné la famille qu'ils avaient auparavant attaquée».
Les autorités savaient que la famille était en danger et n'ont pas réussi à la protéger, a signalé la directrice de Human Rights Watch pour la Turquie, Emma Sinclair-Webb.
La violence contre les Kurdes a suscité la colère du public au cours des derniers mois. Les agressions seraient le résultat de la polarisation politique dans le pays, où le Parti démocratique du peuple (HDP) pro-kurde a été menacé de fermeture et des centaines de ses politiciens ont été sanctionnés d'une interdiction de cinq ans.
Au cours d'une attaque armée contre le bureau du HDP dans la province occidentale d'Izmir en juin, une femme membre du personnel du parti a été tuée.
Des attaques similaires contre les Kurdes ont connu une augmentation récemment avec des cas dans les provinces d'Afyon, de Konya et de la capitale turque Ankara.
Les médias d'extrême droite et pro-gouvernementaux ont alimenté les théories du complot contre le HDP avec un discours de plus en plus haineux et raciste contre les Kurdes.
Bien que des témoins aient affirmé que l'attaque était à motivation raciale, les autorités ont rejeté cette allégation et ont déclaré que l'enquête était en cours et jusqu'à présent, il n’y aucun lien avec leur origine kurde.
Yaşar Dedeogullari, l'une des victimes, avait révélé en mai que la famille avait été attaquée parce qu'elle était kurde.
«Nous sommes des nationalistes, vous êtes des Kurdes, nous vous chasserons d'ici, c'est ce qu'ils disent depuis 12 ans, nous ne laisserons pas les Kurdes vivre ici», a-t-il ajouté.
Dans une déclaration commune, 48 barreaux à travers la Turquie ont récemment critiqué le quotidien pro-gouvernemental Yeni Safak pour avoir pris pour cible les 15 barreaux qui avaient condamné les attaques contre les Kurdes.
Un titre de Yeni Safak disait «Les Barons de Qandil», une référence au siège du Parti des travailleurs du Kurdistan interdit dans les montagnes du nord de l'Irak.
«Nous avons reçu des nouvelles d'un terrible massacre de Konya. Le sujet étant très sensible, je n'ai pas voulu parler avant que les détails ne soient clarifiés. Notre délégation est actuellement dans la région. Les résultats seront partagés», a tweeté le chef du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple.
«Notre atout le plus précieux est la fraternité turco-kurde. Je sais que notre pays fait face à plusieurs problèmes, mais nos cœurs sont solidaires. J'appelle les gangs qui commettent l'erreur de se considérer comme l'État profond : Nous ne laisserons certainement pas vos actions déchirer la fraternité de notre peuple ! » a-t-il ajouté.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com